Sur le reste de certaines formules de quadrature

Abstrait

Traduction en anglais du titre

On the remainder of certain quadrature formulas

Auteur(s)

T. Popoviciu
Institutul de Calcul

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Pour citer ce travail

T. Popoviciu, Sur le reste de certaines formules de quadrature, Aequationes Math., 2 (1969) nos. 2-3, pp. 265-268 (in French) Dédié à M.A. Ostrowski à l’occasion de son 75-ème anniversaire 

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Aequationes Math.

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Sur le reste de certaines formules de quadrature

Tiberiu Popoviciu à Cluj (Roumanie)

Dédié à M. A. Ostrowski à l’occasion de son 75ième anniversaire

  1. 1.

    On peut exprimer de plusieurs manières le reste R[f]R[f] de la formule de quadrature

abf(x)𝑑x=α=1nAαf(xα)+R[f]\int_{a}^{b}f(x)dx=\sum_{\alpha=1}^{n}A_{\alpha}f\left(x_{\alpha}\right)+R[f] (1)

xα(α=1,2,,n)x_{\alpha}(\alpha=1,2,\ldots,n) sont des points distincts de l’axe réel et Aα,α=1,2,,nA_{\alpha},\alpha=1,2,\ldots,n des constantes réelles données, indépendantes de la fonction ff. Nous supposerons que aa et bb, où a<ba<b, soient finis, que toutes les fonctions considérées soient réelles, et nous désignerons par II un intervalle contenant les points a,b,xα,(α=1,2,,n)a,b,x_{\alpha},(\alpha=1,2,\ldots,n).

Soit mm le degré d’exactitude du reste R[f]R[f] (ou de la formule de quadrature (1)), donc le nombre, bien déterminé par les conditions : R[1]=R[x]==R[xm]=0R[1]=R[x]=\cdots=R\left[x^{m}\right]=0, R[xm+1]0R\left[x^{m+1}\right]\neq 0. Si R[1]0R[1]\neq 0 nous prenons m=1m=-1 et siR[1]=0\operatorname{si}R[1]=0 nous avons 0m2n10\leqq m\leqq 2n-1.

Si ff est une fonction continue sur l’intervalle II nous avons [1]

R[f]=A[ξ1,ξ2,,ξm+2;f]+B[ξ1,ξ2,,ξm+2;f]R[f]=A\left[\xi_{1},\xi_{2},\ldots,\xi_{m+2};f\right]+B\left[\xi_{1}^{\prime},\xi_{2}^{\prime},\ldots,\xi_{m+2}^{\prime};f\right] (2)

Les points ξα\xi_{\alpha}, d’une part, et les points ξα\xi_{\alpha}^{\prime}, d’autre part, sont distincts mais dépendent en général de la fonction ff. Les constantes A,BA,B sont indépendantes de la fonction ff. Nous avons A+B=R[xm+1]A+B=R\left[x^{m+1}\right] et [y1,y2,,yr;f]\left[y_{1},y_{2},\ldots,y_{r};f\right] désigne la différence divisée, d’ordre r1r-1, de la fonction ff sur les points (ou noeuds) y1,y2,,yry_{1},y_{2},\ldots,y_{r}. Si m0m\geqq 0 les points ξα,ξα\xi_{\alpha},\xi_{\alpha}^{\prime}, peuvent être choisis à l’intérieur de l’intervalle II et si de plus la fonction ff a une ( m+1m+1 )-ième dérivée f(m+1)f^{(m+1)} à l’intérieur de II, on a

R[f]=Af(m+1)(ξ)(m+1)!+Bf(m+1)(ξ)(m+1)!R[f]=A\underset{(m+1)!}{f^{(m+1)}(\xi)}+B\frac{f^{(m+1)}\left(\xi^{\prime}\right)}{(m+1)!} (3)

ξ,ξ\xi,\xi^{\prime}, étant deux points de l’intérieur de l’intervalle II et A,BA,B étant, d’ailleurs, les mêmes constantes que dans (2).

Si on peut prendre B=0B=0 dans (2) ou dans (3), on dit que le reste R[f]R[f] est de la forme simple. Nous avons donné autrefois des conditions nécessaires et suffisantes pour qu’il en soit ainsi [1], mais le reste n’est pas toujours de la forme simple.

Nous allons montrer que même si le reste n’est pas de la forme simple, dans le sens précédent, nous pouvons, dans certains cas, introduire des différences divisées
modifiées de manière que le reste devient de la forme simple par rapport à ces nouvelles différences divisées. La définition de la différence divisée qui interviendra ici résultera de ce qui suit.
2. Soit toujours mm le degré d’exactitude de R[f]R[f] et désignons par k(0kn)k(0\leqq k\leqq n) le nombre des points xαx_{\alpha} compris dans l’intervalle ouvert ( a,ba,b ). Si k>0k>0 nous pouvons supposer que les points x1,x2,,xkx_{1},x_{2},\ldots,x_{k}, sont dans ( a,ba,b ) et si k<nk<n que les points xk+1x_{k+1}, xk+2,,xnx_{k+2},\ldots,x_{n}, sont en dehors de ( a,ba,b ). Désignons par c,d(ca<bd)c,d(c\leqq a<b\leqq d), les extrémités de l’intervalle II et considérons les polynomes

Pα=(xc)αR[(xc)α]R[(xc)m+1](xc)m+1(α=0,1,,n+k)P_{\alpha}=(x-c)^{\alpha}-\frac{R\left[(x-c)^{\alpha}\right]}{R\left[(x-c)^{m+1}\right]}(x-c)^{m+1}\quad(\alpha=0,1,\ldots,n+k)

qui sont bien définis puisque R[(xc)m+1]=R[xm+1]0R\left[(x-c)^{m+1}\right]=R\left[x^{m+1}\right]\neq 0 et qui vérifient les égalités

R[Pα]=0,(α=0,1,,n+k).R\left[P_{\alpha}\right]=0,(\alpha=0,1,\ldots,n+k). (4)

Il est facile de voir qu’on doit avoir mn+k1m\leqq n+k-1. En effet si nous prenons le polynome

l=(xx1)2(xx2)2(xxk)2(xxk+1)(xxk+2)(xxn)l=\left(x-x_{1}\right)^{2}\left(x-x_{2}\right)^{2}\ldots\left(x-x_{k}\right)^{2}\left(x-x_{k+1}\right)\left(x-x_{k+2}\right)\ldots\left(x-x_{n}\right)

(dont la forme est facile à écrire si k=0k=0 ou k=nk=n ), nous avons

R[l]=abl(x)𝑑x0R[l]=\int_{a}^{b}l(x)dx\neq 0 (5)

Désignons maintenant par D(y1,y2,,yn+k+1;f)D\left(y_{1},y_{2},\ldots,y_{n+k+1};f\right) le déterminant des valeurs des fonctions P0,P1,,Pm,Pm+2,Pm+3,,Pn+k,fP_{0},P_{1},\ldots,P_{m},P_{m+2},P_{m+3},\ldots,P_{n+k},f (si m=1m=-1 des fonctions P1,P2,P_{1},P_{2},\ldots, Pn+k,f)\left.P_{n+k},f\right) sur les points y1,y2,,yn+k+1y_{1},y_{2},\ldots,y_{n+k+1}, et par D(y1,y2,,yn+k)D^{*}\left(y_{1},y_{2},\ldots,y_{n+k}\right) le mineur correspondant à l’élément f(yn+k+1)f\left(y_{n+k+1}\right) de ce déterminant, donc le déterminant des valeurs des fonctions P0,P1,,Pm,Pm+2,Pm+3,,Pn+kP_{0},P_{1},\ldots,P_{m},P_{m+2},P_{m+3},\ldots,P_{n+k} sur les points y1,y2,,yn+ky_{1},y_{2},\ldots,y_{n+k}. Nous avons D(y1,y2,,yn+k+1;xm+1)=(1)n+km1V(y1,y2,,yn+k+1)D\left(y_{1},y_{2},\ldots,y_{n+k+1};x^{m+1}\right)=(-1)^{n+k-m-1}V\left(y_{1},y_{2},\ldots,y_{n+k+1}\right)V(y1,y2,V\left(y_{1},y_{2},\ldots\right., yn+k+1y_{n+k+1} ) est le déterminant de Vandermonde des nombres y1,y2,,yn+k+1y_{1},y_{2},\ldots,y_{n+k+1}.

La nouvelle différence divisée que nous introduisons est définie par la formule

[y1,y2,,yn+k+1;f]=D(y1,y2,,yn+k+1;f)D(y1,y2,,yn+k+1;xm+1).\left[y_{1},y_{2},\ldots,y_{n+k+1};f\right]^{*}=\frac{D\left(y_{1},y_{2},\ldots,y_{n+k+1};f\right)}{D\left(y_{1},y_{2},\ldots,y_{n+k+1};x^{m+1}\right)}. (6)

Dans cette définition nous avons supposé que les points yαy_{\alpha} sont distincts. Mais on peut étendre la définition aussi au cas des points yαy_{\alpha} non pas nécessairement distincts par un passage à la limite dans la formule (6). Ceci revient a maintenir la formule de définition (6) en modifiant convenablement le déterminant DD (et aussi les déterminants
D,V)\left.D^{*},V\right) tel que nous l’avons expliqué antérieurement [1]. Ceci exige l’existence d’un certain nombre de dérivées de la fonction ff. De cette manière la différence divisée (6) est définie quels que soient les points yαy_{\alpha} distincts ou non.
3. Avec les notations précédentes considérons la fonction continue φ(x)\varphi(x) qui en dehors des points xαx_{\alpha} est égale à la combinaison linéaire l(x)[x1,x1,x2,x2,l(x)\left[x_{1},x_{1},x_{2},x_{2},\ldots\right., xk,xk,xk+1,xk+2,,xn,x;f]\left.x_{k},x_{k},x_{k+1},x_{k+2},\ldots,x_{n},x;f\right]^{*} des fonctions P0,P1,Pm,Pm+1,Pm+2,,Pn+k,fP_{0},P_{1}\ldots,P_{m},P_{m+1},P_{m+2},\ldots,P_{n+k},f. On a alors φ(xα)=0(α=1,2,,n)\varphi\left(x_{\alpha}\right)=0(\alpha=1,2,\ldots,n) donc aussi

R[φ]=abφ(x)𝑑xR[\varphi]=\int_{a}^{b}\varphi(x)dx

et compte tenant de (4), (5), nous avons

R[f]=R[xm+1]R[l]abφ(x)𝑑xR[f]=\frac{R\left[x^{m+1}\right]}{R[l]}\int_{a}^{b}\varphi(x)dx

En remarquant que la fonction ll ne change pas de signe sur (a,b)(a,b), il en résulte que

R[f]=R[xm+1][ξ1,ξ2,,ξn+k+1;f]R[f]=R\left[x^{m+1}\right]\left[\xi_{1},\xi_{2},\ldots,\xi_{n+k+1};f\right]^{*} (7)

où les ξα\xi_{\alpha} sont des points distincts de l’intérieur de II (dépendant en général de la fonction ff ), à condition qu’on puisse appliquer les théorèmes de la moyenne aux différences divisées (6). Je réfère le lecteur pour ces théorèmes à un travail précédent [1]. Cette condition est sûrement vérifiée si :
(H). Le déterminant D(y1,y2,,yn+k)D^{*}\left(y_{1},y_{2},\ldots,y_{n+k}\right) est 0\neq 0, quels que soient les points y1y_{1}, y2,,yn+ky_{2},\ldots,y_{n+k} distincts ou non.

Dans la démonstration précédente de la formule (7) on a supposé que la fonction continue ff ait une dérivée (au moins sur les points x1,x2,,xkx_{1},x_{2},\ldots,x_{k} ). On peut voir facilement que le résultat obtenu est valable sous la seule hypothèse de continuité sur l’intervalle fermé [a,b][a,b] de la fonction ff.

Si nous désignons par W(g1,g2,,gs)W\left(g_{1},g_{2},\ldots,g_{s}\right) le wronskien des fonctions g1,g2,,gsg_{1},g_{2},\ldots,g_{s}, si nous supposons de plus que la fonction ff ait une (n+k)(n+k)-ième dérivée sur l’intérieur de II et si la condition (H)(H) est vérifiée, nous avons (le wronskien a ses lignes et ses colonnes dans l’ordre habituel)

R[f]=(1)n+km11!2!(n+k)!R[xm+1]{W(P0,P1,,Pm,Pm+2,Pm+3,,Pn+k,f)}x=ξR[f]=\frac{(-1)^{n+k-m-1}}{1!2!\ldots(n+k)!}R\left[x^{m+1}\right]\left\{W\left(P_{0},P_{1},\ldots,P_{m},P_{m+2},P_{m+3},\ldots,P_{n+k},f\right)\right\}_{x=\xi}

ξ\xi étant un point intérieur de II. Remarquons que le second membre de cette formule
est de la forme

α=0n+km1Qα(ξ)f(m+1+α)(ξ)\sum_{\alpha=0}^{n+k-m-1}Q_{\alpha}(\xi)f^{(m+1+\alpha)}(\xi)

QαQ_{\alpha} est un polynome de degré α\alpha indépendant de la fonction f(α=0,1,f(\alpha=0,1,\ldots, n+km1n+k-m-1 ).
4. Si p0=1p_{0}=1 et pα(α=0,1,,n+k)p_{\alpha}(\alpha=0,1,\ldots,n+k) sont les fonctions symétriques fondamentales des nombres yαc,(α=1,2,,n+k)y_{\alpha}-c,(\alpha=1,2,\ldots,n+k), nous avons

D(y1,y2,,yn+k)=\displaystyle D^{*}\left(y_{1},y_{2},\ldots,y_{n+k}\right)=
=V(y1,y2,,yn+k)α=1n+km1(1)αR[(xc)m+1+α]R[(xc)m+1]Pn+km1α\displaystyle\quad=V\left(y_{1},y_{2},\ldots,y_{n+k}\right)\sum_{\alpha=1}^{n+k-m-1}(-1)^{\alpha}\frac{R\left[(x-c)^{m+1+\alpha}\right]}{R\left[(x-c)^{m+1}\right]}P_{n+k-m-1-\alpha}

Il en résulte que la condition ( HH ) est vérifiée si les nombres

α=0n+km1(1)αR[(xc)m+1+α]R[(xc)m+1](sn+km1α)(dc)n+km1α(s=0,1,,n+k)\begin{array}[]{r}\sum_{\alpha=0}^{n+k-m-1}(-1)^{\alpha}\frac{R\left[(x-c)^{m+1+\alpha}\right]}{R\left[(x-c)^{m+1}\right]}\binom{s}{n+k-m-1-\alpha}(d-c)^{n+k-m-1-\alpha}\\ (s=0,1,\ldots,n+k)\end{array}

sont tous positifs ou tous négatifs.
Exemple. Considérons la formule de quadrature

02f(x)𝑑x=2f(0)+6f(1)+2f(2)5+R[f]\int_{0}^{2}f(x)dx=\frac{2f(0)+6f(1)+2f(2)}{5}+R[f]

Dans ce cas nous avons k=m=1k=m=1 et nous pouvons prendre c=0,d=2c=0,d=2. Le reste n’est pas de la forme simple habituelle (on a R[f]=7375f′′(ξ)32375f′′(ξ)R[f]=\frac{7}{375}f^{\prime\prime}(\xi)-\frac{32}{375}f^{\prime\prime}\left(\xi^{\prime}\right) si la dérivée seconde existe). Dans ce cas les nombres (8) sont tous de même signe et différents de 0 , donc la condition (H)(H) est vérifiée. Si la fonction ff est continue sur [0,2][0,2] et a une dérivée quatrième sur (0,2)(0,2), nous avons

R[f]=160[4f′′(ξ)4(ξ1)f′′′(ξ)+(2ξ24ξ+3)fIV(ξ)],0<ξ<2R[f]=-\frac{1}{60}\left[4f^{\prime\prime}(\xi)-4(\xi-1)f^{\prime\prime\prime}(\xi)+\left(2\xi^{2}-4\xi+3\right)f^{\mathrm{IV}}(\xi)\right],\quad 0<\xi<2
  1. 5.

    On peut facilement étendre les considérations précédentes aux formule de quadrature où le second membre contient aussi linéairement certaines des valeurs sur les points xαx_{\alpha} des dérivées succesives de la fonction ff et aussi à des formules d’approximation linéaire correspondant à des fonctionnelles linéaires plus générales.

BIBLIOGRAPHIE

[1] Popoviciu, T., Sur le reste dans certaines formules linéaires d’approximation de l’analyse, Mathematica, Cluj II (24), 95-142 (1959).

Institutul de Calcul

1969

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