Sur certaines problèmes de maximum de Stieltjes

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On some maximum problems of Stieltjes

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T. Popoviciu, Sur certaines problèmes de maximum de Stieltjes, Bull. Math. de la Soc. Roum. des Sci., 38 (1936) no. 1, pp. 73-96 (in French).

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Bulletin Mathematique de la Societe des Sciences Mathematiques de Roumanie

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SUR CERTAINS PROBLÈMES DE MAXIMUM DE STIELTJES

PAR
TIBERIU POPOVICIU
(Cluj)

Sur quelques théorèmes de Stieltjes et de M. I. Schur

  1. 1.

    Désignons par V(α1,α2,,αn)V\left(\alpha_{1},\alpha_{2},\ldots,\alpha_{n}\right) le déterminant de Van Der Monde des nombres (ou points) α1,α2,,αn\alpha_{1},\alpha_{2},\ldots,\alpha_{n}. Le carré de ce déterminant est le discriminant des nombres αi\alpha_{i}, ou le discriminant du polynome de degré nn ayant comme zéros les points αl\alpha_{l}.

Dans une note Stieljes a énoncé le théorème suivant 2 ) :
Théorème 1. Lorsque α>0,β>0\alpha>0,\beta>0 et que les x1\mathrm{x}_{1} restent compris dans l’intervalle ( 0,1 ), l’expression

D=D(x1,x2,,xn)=[i=1nxiα(1xi)β]V2(x1,x2,,xn)\mathrm{D}=\mathrm{D}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n}\right)=\left[\prod_{i=1}^{n}x_{i}^{\alpha}\left(1-x_{i}\right)^{\beta}\right]\mathrm{V}^{2}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n}\right)

devient maximum quand les x1\mathrm{x}_{1} sont les zéros du polynome de Jacobi Pn(x)=F(n,α+β+n1,α,x)=x1α(1x)1βα(α+1)(α+n1)dndxnxα+n1(1x)β+n1\mathrm{P}_{n}(x)=\mathrm{F}(-n,\alpha+\beta+n-1,\alpha,x)=\frac{x^{1-\alpha}(1-x)^{1-\beta}}{\alpha(\alpha+1)\ldots(\alpha+n-1)}\frac{d^{n}}{dx^{n}}x^{\alpha+n-1}(1-x)^{\beta+n-1}

La valeur de ce maximum est

Mn(α,β)=i=1nii(α+i1)α+i1(β+i1)β+i1(α+β+n+i2)α+β+n+i2\mathrm{M}_{n}(\alpha,\beta)=\prod_{i=1}^{n}\frac{i^{i}(\alpha+i-1)^{\alpha+i-1}(\beta+i-1)^{\beta+i-1}}{(\alpha+\beta+n+i-2)^{\alpha+\beta+n+i-2}}

Stieltjes a donné la démonstration dans un autre travail 3 ), sur lequel nous reviendrons plus loin. Le calcul de Mn(x,β)\mathrm{M}_{n}(x,\beta) n’est pas indiqué par Stieltjes mais il peut se faire en suivant la méthode, développée sur certains cas particuliers, de M. I. Schur 4 ).

  1. 1.

    J’ai entrepris ce travail à la suite des discussions que j’ai eu avec M. le Prof. Th. Angheluta à l’Institut Mathématique de l’Université de Cluj.
    2 ) Th. J. Stieltjes „Sur les polynomes de Jacobi", C. R. Acad. Sc., Paris, t. 100 (1885), p. 620.
    3 ) Th. J. Stieltjes "Sur certains polynomes qui vérifient une équation différentielle linéaire du second ordre et sur la théorie des fonctions de lamÉ". Acta Math., t. 6 (1885), p. 321.
    4) I. Schur „Uber die Verteilung der Warzeln gewissen algebraischen Gleichungen mit ganzzahligen Koeffizienten". Maih. Zeitschrift, t. 1 (1918), p. 377.

  1. 2.

    La démonstration du théorème I peut se faire facilement. Remarquons d’abord que D(x1,x2,,xn)\mathrm{D}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n}\right) a un maximum pour 0xi10\leq x_{i}\leq 1 qui est nécessairement atteint et notamment pour des valeurs xix_{i} toutes distinctes et ne coïncidant pas avec 0 et 1 .

On peut voir facilement que ce maximum ne peut être atteint que pour un seul système de points xi\mathrm{x}_{\mathrm{i}}. Supposons, en effet, que
max.D(x1,x2,xn)=D(y1,y2,,yn)=D(y1,y2,,yn)\operatorname{max.\penalty 10000\ }\mathrm{D}\left(x_{1},x_{2}\ldots,x_{n}\right)=\mathrm{D}\left(y_{1},y_{2},\ldots,y_{n}\right)=\mathrm{D}\left(y_{1}^{\prime},y_{2}^{\prime},\ldots,y_{n}^{\prime}\right)
(0,1)(0,1) et (1)

0<y1<y2<<yn<1;0<y1<y2<<yn<1|y1y1|+|y2y2|++|ynyn|>0\begin{gathered}0<y_{1}<y_{2}<\ldots<y_{n}<1;0<y_{1}^{\prime}<y_{2}^{\prime}<\ldots<y_{n}^{\prime}<1\\ \left|y_{1}-y_{1}^{\prime}\right|+\left|y_{2}-y_{2}^{\prime}\right|+\ldots+\left|y_{n}-y_{n}^{\prime}\right|>0\end{gathered}

Si nous posons

yi′′=yi+yi2,i=1,2,,ny_{i}^{\prime\prime}=\frac{y_{i}+y_{i}^{\prime}}{2},\quad i=1,2,\ldots,n

nous avons

(yi′′)2yiyi,(1yi′′)2(1yi)(1yi),(yi′′yj′′)2|(yiyj)(yiyj)|\left(y_{i}^{\prime\prime}\right)^{2}\geqslant y_{i}y_{i}^{\prime},\left(1-y_{i}^{\prime\prime}\right)^{2}\geqslant\left(1-y_{i}\right)\left(1-y_{i}^{\prime}\right),\left(y_{i}^{\prime\prime}-y_{j}^{\prime\prime}\right)^{2}\geqslant\left|\left(y_{i}-y_{j}\right)\left(y_{i}^{\prime}-y_{j}^{\prime}\right)\right|

l’égalité, dans l’une de ces formules, ne pouvant avoir lieu que si yi=yiy_{i}=y_{i}^{\prime}, resp. yiyj=yiyjy_{i}-y_{j}=y_{i}^{\prime}-y_{j}^{\prime}.

Il en résulte que
(2) D(y1′′,y2′′,,yn′′)VD(y1,y2,,yn)D(y1,y2,,yn)¯\quad\mathrm{D}\left(y_{1}^{\prime\prime},y_{2}^{\prime\prime},\ldots,y_{n}^{\prime\prime}\right)\geq V\overline{\mathrm{D}\left(y_{1},y_{2},\ldots,y_{n}\right)\mathrm{D}\left(y_{1}^{\prime},y_{2}^{\prime},\ldots,y_{n}^{\prime}\right)}
l’égalité n’étant possible que si les suites (1) coincident. C’est en contradiction avec nos hypothèses et l’unicité signalée en résulte.

On en déduit, en particulier, que si α=β\alpha=\beta les points pour lesquels le maximum est atteint sont simétriquement distribués par rapport au milieu de l’intervalle (0,1)(0,1). Cela résulte du fait que si α=β\alpha=\beta, on a
D(1x1,1x2,,1xn)=D(x1,x2,,xn)(0xi1)\mathrm{D}\left(1-x_{1},1-x_{2},\ldots,1-x_{n}\right)=\mathrm{D}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n}\right)\quad\left(0\leq x_{i}\leq 1\right)
3. Stieltjes a démontré que la détermination du maximum se fait à l’aide du calcul différentiel. Posons

P(x)=(xx1)(xx2)(xxn)\mathrm{P}(x)=\left(x-x_{1}\right)\left(x-x_{2}\right)\ldots\left(x-x_{n}\right)

Le maximum est donné par le système

Dxi=0,i=1,2,,n\frac{\partial\mathrm{D}}{\partial x_{i}}=0,i=1,2,\ldots,n

qui admet, comme il va en résulter plus loin, une seule solution sous l’hypothèse que les xix_{i} sont distincts entre eux. Cette unicité est d’ailleurs démontrable directement à l’aide de l’inégalité (2).

Un calcul simple nous donne

1DDxi=αxiβ1xi+2j=1n1xixj=αxiβ1xi+P′′(xi)P(xi)\frac{1}{\mathrm{D}}\frac{\partial\mathrm{D}}{\partial x_{i}}=\frac{\alpha}{x_{i}}-\frac{\beta}{1-x_{i}}+2\sum_{j=1}^{n}\frac{1}{x_{i}-x_{j}}=\frac{\alpha}{x_{i}}-\frac{\beta}{1-x_{i}}+\frac{\mathrm{P}^{\prime\prime}\left(x_{i}\right)}{\mathrm{P}^{\prime}\left(x_{i}\right)}

Σ\Sigma^{\prime} désignant une sommation où la valeur j=ij=i est exclue.

Le maximum sera donc donné par le système

xl(1xi)P′′(xi)+[α(α+β)xi]P(xj)=0i=1,2,,n.\begin{gathered}x_{l}\left(1-x_{i}\right)\mathrm{P}^{\prime\prime}\left(x_{i}\right)+\left[\alpha-(\alpha+\beta)x_{i}\right]\mathrm{P}^{\prime}\left(x_{j}\right)=0\\ i=1,2,\ldots,n.\end{gathered}

On voit immédiatement que le polynome P(x)\mathrm{P}(x), qui est de degré nn, doit vérifier l’équation différentielle

x(1x)y′′+[α(α+β)x]y+λy=0x(1-x)y^{\prime\prime}+[\alpha-(\alpha+\beta)x]y^{\prime}+\lambda y=0

λ\lambda étant une constante. On trouve λ=n(n+α+β1)\lambda=n(n+\alpha+\beta-1) et on voit que P(x)\mathrm{P}(x) s’exprime à l’aide de la série hypergéométrique de Gauss, F(α,β,γ,x)\mathrm{F}(\alpha,\beta,\gamma,x). On trouve effectivement que ce polynome, à un facteur constant près, est égal à F(n,α+β+n1,α,x)\mathrm{F}(-n,\alpha+\beta+n-1,\alpha,x) donc il est un polynome de Jacobi de degré nn.
4. Pour calculer la valeur du maximum Mn(x,β)M_{n}(x,\beta) nous allons faire d’abord quelques considérations un peu plus générales.

Soit

Q0(x),Q1(x),,Qn(x),\mathrm{Q}_{0}(x),\mathrm{Q}_{1}(x),\ldots,\mathrm{Q}_{n}(x),\ldots

une suite de polynomes définis par les relations de récurrence
(3) Q0=1,Q1=b1x+c1,Qn=(bnx+cn)Qn1+anQn2\mathrm{Q}_{0}=1,\mathrm{Q}_{1}=b_{1}x+c_{1},\mathrm{Q}_{n}=\left(b_{n}x+c_{n}\right)\mathrm{Q}_{n-1}+a_{n}\mathrm{Q}_{n-2}

n=2,3,n=2,3,\ldots

où nous supposons que les aia_{i} et les btb_{t} sont différents de zéro.
Désignons par ξ1(n),ξ2(n),,ξn(n)\xi_{1}^{(n)},\xi_{2}^{(n)},\ldots,\xi_{n}^{(n)} les zéros du polynome Qn(x)Q_{n}(x) et par

Δn=l=1nQn\Delta_{n}=\prod_{l=1}^{n}\mathrm{Q}_{n} (i)

le résultant des polynomes Qn1,QnQ_{n-1},Q_{n} (ce résultant étant défini de cette manière).

De (3) nous déduisons que le coefficient de xnx^{n} dans Qn(x)\mathrm{Q}_{n}(x) est égal à b1b2bnb_{1}b_{2}\ldots b_{n}. Faisant ensuite succesivement x=ξ1(n1),ξ2(n1),,ξn1(n1)x=\xi_{1}^{(n-1)},\xi_{2}^{(n-1)},\ldots,\xi_{n-1}^{(n-1)}, nous en déduisons

i=1n1Qn(ξi(n1))=ann1i=1n1Qn2(ξi(n1))ann1Δn1\prod_{i=1}^{n-1}\mathrm{Q}_{n}\left(\xi_{i}^{(n-1)}\right)=a_{n}^{n-1}\prod_{i=1}^{n-1}\mathrm{Q}_{n-2}\left(\xi_{i}^{(n-1)}\right)\doteq a_{n}^{n-1}\Delta_{n-1}

Mais

l=1n1Qn(ξl(n1))=bnn1b1b2bn1Δn\prod_{l=1}^{n-1}\mathrm{Q}_{n}\left(\xi_{l}^{(n-1)}\right)=\frac{b_{n}^{n-1}}{b_{1}b_{2}\ldots b_{n-1}}\Delta_{n}

donc

Δn=b1b2bn1bnn1ann1Δn1\Delta_{n}=\frac{b_{1}b_{2}\ldots b_{n-1}}{b_{n}^{n-1}}a_{n}^{n-1}\Delta_{n-1}

Si on remarque maintenant que Δ1=1\Delta_{1}=1, on obtient

Δn=a2b2(a3b3)2(an1bn1)n2(anbn)n1b1n1b2n2bn22bn1\Delta_{n}=\frac{a_{2}}{b_{2}}\left(\frac{a_{3}}{b_{3}}\right)^{2}\cdots\left(\frac{a_{n-1}}{b_{n-1}}\right)^{n-2}\left(\frac{a_{n}}{b_{n}}\right)^{n-1}b_{1}^{n-1}b_{2}^{n-2}\ldots b_{n-2}^{2}b_{n-1} (4)

En particulier, les polynomes Pn(x)=F(n,α+β+n1,α,x)\mathrm{P}_{n}(x)=\mathrm{F}(-n,\alpha+\beta+n-1,\alpha,x) sont liés par des relations de la forme (3). Dans ce cas
(5) bn=(α+β+2n2)(α+β+2n3)(α+n1)(α+β+n2),(b1=α+βα)\quad b_{n}=-\frac{(\alpha+\beta+2n-2)(\alpha+\beta+2n-3)}{(\alpha+n-1)(\alpha+\beta+n-2)},\left(b_{1}=-\frac{\alpha+\beta}{\alpha}\right) et on trouve

anbn=(n1)(β+n2)(α+β+2n3)(x+β+2n4)\frac{a_{n}}{b_{n}}=\frac{(n-1)(\beta+n-2)}{(\alpha+\beta+2n-3)(x+\beta+2n-4)}

(6) Δn=(1)n(n1)2i=1n1ii(β+i1)i(α+i1)ni(α+β+n+i2)i\quad\Delta_{n}=(-1)^{\frac{n(n-1)}{2}\prod_{i=1}^{n-1}\frac{i^{i}(\beta+i-1)^{i}}{(\alpha+i-1)^{n-i}(\alpha+\beta+n+i-2)^{i}}\text{. }}
5. Passons maintenant au calcul de Mn(α,β)M_{n}(\alpha,\beta). Si ξ1,ξ2,,ξn\xi_{1},\xi_{2},\ldots,\xi_{n} sont les zéros du polynome Pn(x)\mathrm{P}_{n}(x), nous avons

Mn(α,β)=[i=1nξiα(1ξi)β]V2(ξ1,ξ2,,ξn).M_{n}(\alpha,\beta)=\left[\prod_{i=1}^{n}\xi_{i}^{\alpha}\left(1-\xi_{i}\right)^{\beta}\right]V^{2}\left(\xi_{1},\xi_{2},\ldots,\xi_{n}\right).

Les relations

Pn(0)=1,Pn(1)=(1)ni=1nβ+i1α+i1Pn(x)=(1)n[i=1nα+β+n+i2α+i1](xξ1)(xξ2)(xξn)\begin{gathered}P_{n}(0)=1,\quad P_{n}(1)=(-1)^{n}\prod_{i=1}^{n}\frac{\beta+i-1}{\alpha+i-1}\\ P_{n}(x)=(-1)^{n}\left[\prod_{i=1}^{n}\frac{\alpha+\beta+n+i-2}{\alpha+i-1}\right]\left(x-\xi_{1}\right)\left(x-\xi_{2}\right)\ldots\left(x-\xi_{n}\right)\end{gathered}

nous donnent

{ξ1ξ2ξn=i=1nα+i1α+β+n+i2(1ξ1)(1ξ2)(1ξn)=i=1nβ+i1α+β+n+i2\left\{\begin{array}[]{c}\xi_{1}\xi_{2}\ldots\xi_{n}=\prod_{i=1}^{n}\frac{\alpha+i-1}{\alpha+\beta+n+i-2}\\ \left(1-\xi_{1}\right)\left(1-\xi_{2}\right)\ldots\left(1-\xi_{n}\right)=\prod_{i=1}^{n}\frac{\beta+i-1}{\alpha+\beta+n+i-2}\end{array}\right.

Nous avons maintenant

V2(ξ1,ξ2,,ξn)=(1)n(n1)2i=1(b1b2bn)nPn(ξi)\mathrm{V}^{2}\left(\xi_{1},\xi_{2},\ldots,\xi_{n}\right)=(-1)^{\frac{n(n-1)}{2}}\prod_{\frac{i=1}{\left(b_{1}b_{2}\ldots b_{n}\right)^{n}}\mathrm{P}_{n}^{\prime}\left(\xi_{i}\right)} (8)

Mais les polymones Pn,Pn1\mathrm{P}_{n},\mathrm{P}_{n-1} et la dérivée du premier vérifient encore la relation suivante

x(1x)Pn(x)=(dnx+en)Pn(x)n(β+n1)α+β+2n2Pn1(x)x(1-x)\mathrm{P}_{n}^{\prime}(x)=\left(d_{n}x+e_{n}\right)\mathrm{P}_{n}(x)-\frac{n(\beta+n-1)}{\alpha+\beta+2n-2}\mathrm{P}_{n-1}(x)

dn,end_{n},e_{n} étant deux constantes sans importance pour nous.
Si nous faisons succesivement x=ξ1,ξ2,,ξnx=\xi_{1},\xi_{2},\ldots,\xi_{n} nous obtenons

l=1nPn(ξl)=(1)nnn(β+n1)n(α+β+2n2)nΔnl=1nξl(1ξl)\prod_{l=1}^{n}\mathrm{P}_{n}^{\prime}\left(\xi_{l}\right)=(-1)^{n}\frac{n^{n}(\beta+n-1)^{n}}{(\alpha+\beta+2n-2)^{n}}\frac{\Delta_{n}}{\prod_{l=1}^{n}\xi_{l}\left(1-\xi_{l}\right)} (9)

Enfin, compte tenant de (5), (6), (7), (8), (9) nous obtenons

Mn(α,β)=i=1nii(α+i1)α+i1(β+i1)β+i1(α+9+n+i2)α+β+n+i2\mathrm{M}_{n}(\alpha,\beta)=\prod_{i=1}^{n}\frac{i^{i}(\alpha+i-1)^{\alpha+i-1}(\beta+i-1)^{\beta+i-1}}{(\alpha+9+n+i-2)^{\alpha+\beta+n+i-2}}

qui est précisément la formule demandée.
6. Une transformation linéaire simple permet d’énoncer le théorème suivant :

Théorème II. Lorsque α>0,β>0\alpha>0,\beta>0 et que les xi\mathrm{x}_{\mathrm{i}} restent compris dans l’intervalle (a,b),a<b(\mathrm{a},\mathrm{b}),\mathrm{a}<\mathrm{b}, l’expression

[i=1n(xia)α(bxi)β]V2(x1,x2,,xn)\left[\prod_{i=1}^{n}\left(x_{i}-a\right)^{\alpha}\left(b-x_{i}\right)^{\beta}\right]\mathrm{V}^{2}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n}\right)

devient maximum quand les xi\mathrm{x}_{\mathrm{i}} sont les zéros du polynome

(xa)1α(bx)1βdndxn(xa)α+n1(bx)β+n1(x-a)^{1-\alpha}(b-x)^{1-\beta}\frac{d^{n}}{dx^{n}}(x-a)^{\alpha+n-1}(b-x)^{\beta+n-1}

La valeur de ce maximum est

(ba)n(α+f+n1)Mn(α,β)(b-a)^{n(\alpha+f+n-1)}\mathrm{M}_{n}(\alpha,\beta)

En particulier si a=1,b=1,α=β=1a=-1,b=1,\alpha=\beta=1 on obtient un autre théorème de Stieltjes 5 ) :

Théorème III. Lorsque les 𝐱𝐢\mathbf{x}_{\mathbf{i}} restent dans l’intervalle (1,1)(-1,1), l’expression

(1x12)(1x22)(1xn2)V2(x1,x2,,xn)\left(1-x_{1}^{2}\right)\left(1-x_{2}^{2}\right)\ldots\left(1-x_{n}^{2}\right)V^{2}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n}\right)

devient maximum quand les xi\mathrm{x}_{\mathrm{i}} sont les zéros du polynome Xn\mathrm{X}_{\mathrm{n}} de legendre de degré n. La valeur de ce maximum est

2436n2n3355(2n1)2n1\frac{2^{4}3^{6}\ldots n^{2n}}{3^{3}5^{5}\ldots(2n-1)^{2n-1}}
  1. 7.

    Stieltjes a encore énoncé le théorème suivant 6 ) :

Théorème IV. Lorsque les xi\mathrm{x}_{\mathrm{i}} sont dans l’intervalle (1,1)(-1,1) l’expression

V2(x1,x2,,xn)\mathrm{V}^{2}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n}\right)

devient maximum quand les xi\mathrm{x}_{\mathrm{i}} sont les zéros du polynome Vn\mathrm{V}_{n} qui provient du développement

12xz+z2=n=0Vn(x)zn\sqrt{1-2xz+z^{2}}=\sum_{n=0}^{\infty}V_{n}(x)z^{n}

La valeur de ce maximum, qu’on peut désigner par 2n(n1)Mn(0,0)2^{\mathrm{n}(\mathrm{n}-1)}\mathrm{M}_{\mathrm{n}}(0,0), est

2233(n2)n22233nn3355(2n3)2n3\frac{2^{2}3^{3}\ldots(n-2)^{n-2}2^{2}3^{3}\ldots n^{n}}{3^{3}5^{5}\ldots(2n-3)^{2n-3}}
00footnotetext: 5) Th. J. Stieltjes „Sur quelques théorèmes d’algèbre", C. R. Acad. Sc., Paris, t. 100 (1885) p. 439.
6 ) Loc cit. 5 ).

Ce théorème correspond au cas où α=β=0\alpha=\beta=0. Il a été démontré par M. I. Schur 7 ). Les résultats précédents ne sont pas applicables sans précautions, mais on peut voir àisément que cette propriété résulte du théorème II. On voit, en effet, que ce maximum ne peut être atteint que si les xix_{i} sont tous distinct et si l’un coincide avec 0 et un autre avec 1. On déduit donc le théorème IV du théorème II en yy faisant a=1a=-1, b=1,α=β=2b=1,\alpha=\beta=2 et en prenant n2n-2 au lieu nn.

Remarquons que

12n1(n1)!dn2dxn2(x21)n1=n(x21)2n1(n2)!dndxn(x21)n1==1xXn1(x)𝑑x=Vn(x)\begin{gathered}\frac{1}{2^{n-1}(n-1)!}\frac{d^{n-2}}{dx^{n-2}}\left(x^{2}-1\right)^{n-1}=-\frac{n\left(x^{2}-1\right)}{2^{n-1}(n-2)!}\frac{d^{n}}{dx^{n}}\left(x^{2}-1\right)^{n-1}=\\ =-\int_{-1}^{x}X_{n-1}(x)dx=V_{n}(x)\end{gathered}

On peut aussi, de la même manière, traiter les cas où α=0\alpha=0 ou β=0\beta=0 seulement. Par exemple le cas α=0,β0\alpha=0,\beta\neq 0 résulte du théorème II en yy faisant x=2x=2 et en prenant n1n-1 au lieu de nn. On définit ainsi les nombres Mn(0,p),Mn(α,0)\mathrm{M}_{n}(0,\mathrm{p}),\mathrm{M}_{n}(\alpha,0).

On trouve effectivement 8 )

Mn(α,0)=Mn(0,α)=Mn1(α,2)=i=1n1ii(i+1)i+1(α+i1)α+i1(α+n+i1)α+n+i1M_{n}(\alpha,0)=M_{n}(0,\alpha)=M_{n-1}(\alpha,2)=\prod_{i=1}^{n-1}\frac{i^{i}(i+1)^{i+1}(\alpha+i-1)^{\alpha+i-1}}{(\alpha+n+i-1)^{\alpha+n+i-1}}
  1. 8.

    Sur les nombres Mn(α,β)M_{n}(\alpha,\beta) nous pouvons faire quelques remarques. Délimitons d’abord le nombre Mn(α,β)M_{n}(\alpha,\beta) à l’aide de Mn(0,0)M_{n}(0,0).

Nous avons
(10) Mn(x,β)<max(0,1)V2(x1,x2,,xn)=Mn(0,0)(α+β>0)(0,1)M_{n}(x,\beta)<\max_{(0,1)}V^{2}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n}\right)=M_{n}(0,0)\quad(\alpha+\beta>0)(0,1)
Remarquons que

V2(η1,η2,,ηn)=V2(η0,η1,,ηn,ηn+1)(η0ηn+1)2i=1n(η0ηl)2(ηn+1ηl)2\mathrm{V}^{2}\left(\eta_{1},\eta_{2},\ldots,\eta_{n}\right)=\frac{\mathrm{V}^{2}\left(\eta_{0},\eta_{1},\ldots,\eta_{n},\eta_{n+1}\right)}{\left(\eta_{0}-\eta_{n+1}\right)^{2}\prod_{i=1}^{n}\left(\eta_{0}-\eta_{l}\right)^{2}\left(\eta_{n+1}-\eta_{l}\right)^{2}}

Si η0=1,η1,,ηn,ηn+1=1\eta_{0}=-1,\eta_{1},\ldots,\eta_{n},\eta_{n+1}=1 sont les zéros du polynome Vn+2(x)V_{n+2}(x), nous avons

2n(α+β+n1)Mn(α,β)[i=1n(1+ηi)α(1ηi)β]V2(η1,η2,,ηn)==2(n+2)(n+1)2Mn+2(0,0)[i=1n(1+ηi)α2(1ηi)β2]\begin{gathered}2^{n(\alpha+\beta+n-1)}M_{n}(\alpha,\beta)\geqslant\left[\prod_{i=1}^{n}\left(1+\eta_{i}\right)^{\alpha}\left(1-\eta_{i}\right)^{\beta}\right]V^{2}\left(\eta_{1},\eta_{2},\ldots,\eta_{n}\right)=\\ =2^{(n+2)}(n+1)-2M_{n+2}(0,0)\left[\prod_{i=1}^{n}\left(1+\eta_{i}\right)^{\alpha-2}\left(1-\eta_{i}\right)^{\beta-2}\right]\end{gathered}

7 ) Loc cit. 4 ).

Mn(α,0)=limβ0Mn(α,β);Mn(0,0)=limα0Mn(α,β)β0\displaystyle\qquad\begin{aligned} \mathrm{M}_{n}(\alpha,0)=\lim_{\beta\rightarrow 0}\mathrm{M}_{n}(\alpha,\beta)&;\mathrm{M}_{n}(0,0)=\lim_{\alpha\rightarrow 0}\mathrm{M}_{n}(\alpha,\beta)\\ &\beta\rightarrow 0\end{aligned}
compte tenant de αα1 lorsque α0.\displaystyle\text{ compte tenant de }\alpha^{\alpha}\rightarrow 1\text{ lorsque }\alpha\rightarrow 0.

Nous avons

Vn+1(x)=(2n+1)!2nn!(n+2)!xn+2+\mathrm{V}_{n+1}(x)=-\frac{(2n+1)!}{2^{n}n!(n+2)!}x^{n+2}+\cdots

donc

i=1n(1ηi)=2nn!(n+2)!(2n+1)!lim\displaystyle\prod_{i=1}^{n}\left(1-\eta_{i}\right)=-\frac{2^{n}n!(n+2)!}{(2n+1)!}\lim Vn+2(x)x21=2n1n!(n+2)!(2n+1)!Vn+2(1)\displaystyle\frac{\mathrm{V}_{n+2}(x)}{x^{2}-1}=-\frac{2^{n-1}n!(n+2)!}{(2n+1)!}\mathrm{V}_{n+2}^{\prime}(1)
x1\displaystyle x\rightarrow 1
i=1n(1+ηi)=(1)n+12nn!(n+2)!(2n+1)!\displaystyle\prod_{i=1}^{n}\left(1+\eta_{i}\right)=(-1)^{n+1}\frac{2^{n}n!(n+2)!}{(2n+1)!} limVn+2(x)x21\displaystyle\lim\cdot\frac{\mathrm{V}_{n+2}(x)}{x^{2}-1}
=1\displaystyle=-1
=(1)n+22n+1n!(n+2)!(2n+1)!Vn+2(1)\displaystyle=(-1)^{n+2}\frac{2^{n+1}n!(n+2)!}{(2n+1)!}\mathrm{V}_{n+2}^{\prime}(-1)

Mais

Vn+2(1)=1,Vn+2(1)=(1)n+2\mathrm{V}_{n+2}^{\prime}(1)=-1,\mathrm{\penalty 10000\ V}_{n+2}^{\prime}(-1)=(-1)^{n+2}

donc

i=1n(1+ηi)=i=1n(1ηi)=2n1n!(n+2)!(2n+1)!\prod_{i=1}^{n}\left(1+\eta_{i}\right)=\prod_{i=1}^{n}\left(1-\eta_{i}\right)=\frac{2^{n-1}n!(n+2)!}{(2n+1)!}

Tenant compte de la formule
2(n+2)(n+1)Mn+2(0,0)=2n(n1)(n1)n1nn(n+1)n+1(n+2)n+2(2n1)2n1(2n+1)2n+1Mn(0,0)2^{(n+2)(n+1)}\mathrm{M}_{n+2}(0,0)=\frac{2^{n(n-1)}(n-1)^{n-1}n^{n}(n+1)^{n+1}(n+2)^{n+2}}{(2n-1)^{2n-1}(2n+1)^{2n+1}}\mathrm{M}_{n}(0,0) nous en déduisons

Mn(α,β)\displaystyle\mathrm{M}_{n}(\alpha,\beta) =(n1)n1nn(n+1)n+1(n+2)n+22α+β+2(2n+1)(2n1)2n1(2n+1)2n+1\displaystyle=\frac{(n-1)^{n-1}n^{n}(n+1)^{n+1}(n+2)^{n+2}}{2^{\alpha+\beta+2(2n+1)}(2n-1)^{2n-1}(2n+1)^{2n+1}} (11)
[n!(n+2)!(2n+1)!]α+β4Mn(0,0)\displaystyle\because\left[\frac{n!(n+2)!}{(2n+1)!}\right]^{\alpha+\beta-4}\mathrm{M}_{n}(0,0)

et cette formule est évidemment valable pour α0,β0\alpha\geqslant 0,\beta\geqslant 0.
Compte tenant de la formule de Stirling, on voit que la racine n(n1)éme n(n-1)^{\text{éme }} du coefficient de Mn(0,0)\mathrm{M}_{n}(0,0) dans (11) tend vers 1 pour nn\longrightarrow\infty. D’autre part M. M. Fekete 9 ) a déjà remarqué que

Mn(0,0)n(n1)14n\begin{gathered}\sqrt[n(n-1)]{\mathrm{M}_{n}(0,0)}\longrightarrow\frac{1}{4}\\ n\longrightarrow\infty\end{gathered}

ce nombre étant le diamètre transfini du segment 010-1. Les formules (10), (11) nous montrent donc que :

Théorème V. α,β\alpha,\beta étant deux nombres non-négatifs, l’expression

Mn(α,β)n(n1)\sqrt[n(n-1)]{\mathrm{M}_{n}(\alpha,\beta)}

9 ) M. Fekete „Über die Verteilung der Wurzeln bei gewissen algebraischen Gleichungen mit ganzzahligen Koeffizienten" Math. Zeitschrift,t. 17 (1923), p. 228.
tend, pour n\mathrm{n}\longrightarrow\infty, vers le diamètre transfini 14\frac{1}{4} du segment 01100-1^{10} ).

On établit facilement que Mn(α,β)M_{n}(\alpha,\beta) est une fonction décroissante de α\alpha et de β\beta. On vérifie immédiatement que la fonction

(α+i1)log(α+i1)+(β+i1)log(β+i1)(α+β+n+i2)log(α+β+n+i2)\begin{gathered}(\alpha+i-1)\log(\alpha+i-1)+(\beta+i-1)\log(\beta+i-1)-\\ -(\alpha+\beta+n+i-2)\log(\alpha+\beta+n+i-2)\end{gathered}

est convexe par rapport à α\alpha et β\beta lorsque in,α>0,β>0i\leq n,\alpha>0,\beta>0.
La fonction logMn(α,β)\log M_{n}(\alpha,\beta) est une somme de fonctions convexes et nous pouvons donc énoncer la propriété suivante :

Théorème VI. La fonction Mn(α,β)M_{n}(\alpha,\beta) est décroissante et son logarithme est une fonction convexe par rapport aux deux variables a et β\beta.

On peut facilement voir que la propriété est valable pour α0,β0\alpha\geq 0,\beta\geq 0.
On trouve facilement les propriétés correspondantes quand, au lieu de l’intervalle ( 0,1 ), on prend un intervalle fini quelconque ( a,ba,b ).
9. Prenons a=0,b=βa=0,b=\beta dans le théorème II ; nous en déduisons que pour 0xlβ0\leq x_{l}\leq\beta l’expression

[l=1nxiα(1xlβ)β]V2(x1,x2,,xn)\left[\prod_{l=1}^{n}x_{i}^{\alpha}\left(1-\frac{x_{l}}{\beta}\right)^{\beta}\right]\mathrm{V}^{2}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n}\right)

devient maximum quand les xix_{i} sont les zéros du polynome (écrit sous une forme convenable)

x1α(1xβ)1βn!dndxnxα+n1(1xβ)β+n1.\frac{x^{1-\alpha}\left(1-\frac{x}{\beta}\right)^{1-\beta}}{n!}\frac{d^{n}}{dx^{n}}x^{\alpha+n-1}\left(1-\frac{x}{\beta}\right)^{\beta+n-1}.

Si nous faisons maintenant β\beta\longrightarrow\infty, nous obtenons le
Théorème VII. Lorque x>0x>0 et que les x1x_{1} restent non-négatifs, l’expression
(12) (x1x2xn)αe(x1+x2++xn)V2(x1,x2,,xn)\quad\left(x_{1}x_{2}\ldots x_{n}\right)^{\alpha}e^{-\left(x_{1}+x_{2}+\ldots+x_{n}\right)}\mathrm{V}^{2}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n}\right)
10 ) M. Fekete a établi l’existence de la limite n(n1)n(n-1) que la suite

{Mn(0,0)n}n=2,3,\left\{\sqrt[n]{\mathrm{M}_{n}(0,0)}\right\}\quad n=2,3,\ldots

est décroissante. α,β\alpha,\beta étant donnés, la suite plus générale

{VMn(α,β)¯}n=k,k+1,\left\{V\overline{M_{n}(\alpha,\beta)}\right\}\quad n=k,k+1,\ldots

est aussi décroissante si on prend le nombre kk suffisament grand.
devient maximum quand les xi\mathrm{x}_{\mathrm{i}} sont les zéros du polynome de Laguerre généralisé

Ln(α)(x)=exx1αn!dndxnexxα+n1L_{n}^{(\alpha)}(x)=\frac{e^{x}x^{1-\alpha}}{n!}\frac{d^{n}}{dx^{n}}e^{-x}x^{\alpha+n-1}

La valeur de ce maximum est

Nn(α)=en(α+n1)i=1nii(α+i1)α+i1.\mathrm{N}_{n}(\alpha)=e^{-n(\alpha+n-1)}\prod_{i=1}^{n}i^{i}(\alpha+i-1)^{\alpha+i-1}.

Le passage à la limite est justifié par le fait - qu’on démontre comme au No. 2-que l’expression (12) admet un maximum atteint pour un seul système de points xi0\mathrm{x}_{\mathrm{i}}\geq 0.

Si α=1\alpha=1 le problème correspondant est résolue par le polynome de Laguerre proprement dit.

Le cas α=0\alpha=0 peut aussi se rattacher au cas α=2\alpha=2. En effet si α=0\alpha=0 pour que (12) soit maximum il faut qu’un des points xix_{i} coincide avec 0 . Faisant donc α=2\alpha=2 et prenant n1n-1 au lieu de nn on déduit le

Théorème VIII. Lorsque les x1\mathrm{x}_{1} restent non-négatifs, l’expression

e(x1+x2++xn)V2(x1,x2,,xn)e^{-\left(x_{1}+x_{2}+\ldots+x_{n}\right)}\mathrm{V}^{2}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n}\right)

devient maximum quand les x1\mathrm{x}_{1} sont les zéros du polynome

exxn!dndxnexxn1=exn!dn1dxn1exxn=0xLn1(x)𝑑x=Gn(x)-\frac{e^{x}x}{n!}\frac{d^{n}}{dx^{n}}e^{-x}x^{n-1}=\frac{e^{x}}{n!}\frac{d^{n-1}}{dx^{n-1}}e^{-x}x^{n}=\int_{0}^{x}\mathrm{\penalty 10000\ L}_{n-1}(x)dx=\mathrm{G}_{n}(x)

La valeur de ce maximum est

Nn(0)=en(n1)2233(n1)n12233nn\mathrm{N}_{n}(0)=e^{-n(n-1)}2^{2}3^{3}\ldots(n-1)^{n-1}2^{2}3^{3}\ldots n^{n}

Ln1(x)\mathrm{L}_{n-1}(x) est le polynome de Laquerre

Ln1(x)=ex(n1)!dn1dxn1exxn1\mathrm{L}_{n-1}(x)=\frac{e^{x}}{(n-1)!}\frac{d^{n-1}}{dx^{n-1}}e^{-x}x^{n-1}

de degré n1n-1.
10. Faisons quelques remarques sur les nombres Nn(α)\mathrm{N}_{n}(\alpha).

Si ξ1,ξ2,,ξn\xi_{1},\xi_{2},\ldots,\xi_{n} sont les zéros de Ln(α)(x)L_{n}^{(\alpha)}(x), nous avons

Nn(α)(ξ1ξ2ξn)αNn(0)11)\left.\mathrm{N}_{n}(\alpha)\leq\left(\xi_{1}\xi_{2}\ldots\xi_{n}\right)^{\alpha}\mathrm{N}_{n}(0)^{11}\right)

Si η0=0,η1,η2,,ηn\eta_{0}=0,\eta_{1},\eta_{2},\ldots,\eta_{n} sont les zéros de Gn+1(x)G_{n+1}(x)

Nn(α)(η1η2ηn)αe(η1+η2++ηn)V2(η1,η2,,ηn)==(η1η2ηn)α2e(η0+η1++ηn)V2(η0,η1,,ηn)==(η1η2ηn)α2Nn+1(0)\begin{gathered}\mathrm{N}_{n}(\alpha)\geqslant\left(\eta_{1}\eta_{2}\ldots\eta_{n}\right)^{\alpha}e^{-\left(\eta_{1}+\eta_{2}+\ldots+\eta_{n}\right)}\mathrm{V}^{2}\left(\eta_{1},\eta_{2},\ldots,\eta_{n}\right)=\\ =\left(\eta_{1}\eta_{2}\ldots\eta_{n}\right)^{\alpha-2}e^{-\left(\eta_{0}+\eta_{1}+\ldots+\eta_{n}\right)}\mathrm{V}^{2}\left(\eta_{0},\eta_{1},\ldots,\eta_{n}\right)=\\ =\left(\eta_{1}\eta_{2}\ldots\eta_{n}\right)^{\alpha-2}\mathrm{\penalty 10000\ N}_{n+1}(0)\end{gathered}

Mais, un calcul simple nous donne
ξ1ξ2ξn=α(x+1)(x+n1),η1η2ηn=(n+1)!\xi_{1}\xi_{2}\ldots\xi_{n}=\alpha(x+1)\ldots(x+n-1),\eta_{1}\eta_{2}\ldots\eta_{n}=(n+1)!
donc
(13) [(n+1)!]α2Nn+1(0)Nn(x)[x(α+1)(α+n1)]αNn(0)[(n+1)!]^{\alpha-2}\mathrm{\penalty 10000\ N}_{n+1}(0)\leq\mathrm{N}_{n}(x)[x(\alpha+1)\ldots(\alpha+n-1)]^{\alpha}\mathrm{N}_{n}(0).
11 ) L’égalité n’est d’ailleurs possible que si α=0\alpha=0.

Or, l’ordre de grandeur du produit 22332^{2}3^{3}. nnn^{n} est

nn22+n2+112en24n^{\frac{n^{2}}{2}}+\frac{n}{2}+\frac{1}{12}e^{-\frac{n^{2}}{4}}

ce qui signifie que

V2233nnn(n1)n1e4n.\begin{gathered}\frac{\sqrt[n(n-1)]{V2^{2}3^{3}\cdots n^{n}}}{\sqrt{n}}\rightarrow\frac{1}{\sqrt[4]{e}}\\ n\rightarrow\infty.\end{gathered}

On en déduit que

Vn(n1)Nn(0)¯n\displaystyle\frac{\sqrt[n(n-1)]{V}\overline{\mathrm{\penalty 10000\ N}_{n}(0)}}{n} 1eVe¯\displaystyle\rightarrow\frac{1}{eV\bar{e}}
n\displaystyle n\rightarrow\infty

Remarquons encore que Nn(α)\mathrm{N}_{n}(\alpha) n’est pas une fonctions monotone mais son logarithme est convexe. Compte tenant aussi de (13) et de Nn+1(0)=e2nnn(n+1)n+1Nn(0)\mathrm{N}_{n+1}(0)=e^{-2n}n^{n}(n+1)^{n+1}\mathrm{\penalty 10000\ N}_{n}(0) nous avons le

Thèorème IX. Le logarithme de la fonction Nn(α)\mathrm{N}_{n}(\alpha) est convexe pour α0\alpha\geqslant 0. a étant donné on a

Nn(α)n(n1)n1ee\frac{\sqrt[n(n-1)]{\mathrm{N}_{n}(\alpha)}}{n}\rightarrow\frac{1}{e\sqrt{e}}
  1. 11.

    Prenons maintenant a=2β,b=2β,α=βa=-\sqrt{2\beta,}b=\sqrt{2\beta,}\alpha=\beta dans le théorème II. Nous déduisons que pour 2βxi2β-\sqrt{2\beta}\leq x_{i}\leq\sqrt{2\beta} l’expression

[i=1n(1xi22β)β]V2(x1,x2,,xn)\left[\prod_{i=1}^{n}\left(1-\frac{x_{i}^{2}}{2\beta}\right)^{\beta}\right]\mathrm{V}^{2}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n}\right)

devient maximum quand les xix_{i} sont les zéros du polynome (écrit sous une forme convenable)

(1)n(1x22β)1βdndxn(1x22β)β+n1(-1)^{n}\left(1-\frac{x^{2}}{2\beta}\right)^{1-\beta}\frac{d^{n}}{dx^{n}}\left(1-\frac{x^{2}}{2\beta}\right)^{\beta+n-1}

Faisant β\beta\longrightarrow\infty nous obtenons un troisième théorème énoncé par Stieltjes 12 ).
12 ) Loc. cit. 5 ).

Théorème X. L’expression

e12(x12+x22++xn2)V2(x1,x2,xn)(xi réels )e^{-\frac{1}{2}\left(x_{1}^{2}+x_{2}^{2}+\cdots+x_{n}^{2}\right)}\mathrm{V}^{2}\left(x_{1},x_{2},\ldots x_{n}\right)\quad\left(x_{i}\text{ réels }\right)

devient maximum quand les xi\mathrm{x}_{\mathrm{i}} sont les zéros du polynome d’Hermite

Hn(x)=(1)nex22dndxnex22\mathrm{H}_{n}(x)=(-1)^{n}e^{\frac{x^{2}}{2}}\frac{d^{n}}{dx^{n}}e^{-\frac{x^{2}}{2}}

La valeur de ce maximum est

Nn=en(n1)22233nn\mathrm{N}_{n}^{*}=e^{-\frac{n(n-1)}{2}}2^{2}3^{3}\ldots n^{n}

Le passage à la limite, on le démontre facilement, est parfaitement justifié.

Nous avons

Nnn(n1)n¯1e¯34\frac{\sqrt[n(n-1)]{\mathrm{N}_{n}^{*}}}{\sqrt{\bar{n}}}\rightarrow\frac{1}{\sqrt[4]{\bar{e}^{3}}}
  1. 12.

    Remarquons qu’on a

(1)nn!Ln(α)(x)=xnn(α+n1)xn1+(-1)^{n}n!\mathrm{L}_{n}^{(\alpha)}(x)=x^{n}-n(\alpha+n-1)x^{n-1}+\cdots

On voit que la somme des zéros du polynome Ln(α)(x)L_{n}^{(\alpha)}(x). est égale à n(α+n1)n(\alpha+n-1). Le théorème VII nous montre alors que si α>0,xi\alpha>0,x_{i} sont non-négatifs et

x1+x2++xnn(α+n1)x_{1}+x_{2}+\ldots+x_{n}\leq n(\alpha+n-1) (14)

l’expression

(x1x2,xn)αV2(x1,x2,,xn)\left(x_{1}x_{2},\ldots x_{n}\right)^{\alpha}\mathrm{V}^{2}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n}\right)

atteint son maximum, égal à i=1nil(x+i1)x+i1\prod_{i=1}^{n}i^{l}(x+i-1)^{x+i-1}, quand les xix_{i} sont les zéros du polynome Ln(α)(x)L_{n}^{(\alpha)}(x). On a pu supprimer le facteur e(x1+x2++xn)e^{-\left(x_{1}+x_{2}+\ldots+x_{n}\right)} puisque la fonction exe^{x} croît lorque xx croît à partir de la valeur zéro. On voit d’ailleurs qu’il faut prendre l’égalité dans (14) pour avoir le maximum.

La substitution xn(x+n1),xx\mid n(x+n-1),x permet d’énoncer le théorème suivant :

Théorème XI. Lorsque x>0x>0, les xix_{i} sont non-négatifs et
l’expression

x1+x2++xn1(x1x2xn)αV2(x1,x2,,xn)\begin{gathered}x_{1}+x_{2}+\ldots+x_{n}\leq 1\\ \left(x_{1}x_{2}\ldots x_{n}\right)^{\alpha}\mathrm{V}^{2}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n}\right)\end{gathered}

devient maximum quand les n(α+n1)xi\mathrm{n}(\alpha+\mathrm{n}-1)\mathrm{x}_{\mathrm{i}} sont les zéros du polynome de Laguerre généralisé Ln(α)(x)\mathrm{L}_{\mathrm{n}}^{(\alpha)}(\mathrm{x}). La valeur de ce maximum est

Mn(α)=i=1nii(α+n1)α+n1[n(α+n1)]n(α+n1)M_{n}^{*}(\alpha)=\frac{\prod_{i=1}^{n}i^{i}(\alpha+n-1)^{\alpha+n-1}}{[n(\alpha+n-1)]^{n(\alpha+n-1)}}\ldots

On a, en particulier, le
Théorème XII. Lorsque les x1\mathrm{x}_{1} sont non-négatifs et

x1+x2++xn1x_{1}+x_{2}+\ldots+x_{n}\leq 1

le discriminant

V2(x1,x2,,xn)\mathrm{V}^{2}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n}\right)

devient maximum quand les n(n1)xi\mathrm{n}(\mathrm{n}-1)\mathrm{x}_{\mathrm{i}} sont les zéros du polynome Gn(x)\mathrm{G}_{n}(\mathrm{x}). La valeur de ce maximum est

Mn(0)=2233nn2233(n1)n1[n(n1)]n(n1)M_{n}^{*}(0)=\frac{2^{2}3^{3}\ldots n^{n}2^{2}3^{3}\ldots(n-1)^{n-1}}{[n(n-1)]^{n(n-1)}}

De la même manière, en remarquant que

Hn(x)=xnn(n1)2xn2+\mathrm{H}_{n}(x)=x^{n}-\frac{n(n-1)}{2}x^{n-2}+\ldots

on voit que la somme des carrés des zéros du polynome Hn(x)\mathrm{H}_{n}(x) est égale à n(n1)n(n-1). On obtient alors, comme plus haut, le

Théorème XIII. Lorsque les nombres réels xi\mathrm{x}_{\mathrm{i}} vérifient l’inégalité

x12+x22++xn21x_{1}^{2}+x_{2}^{2}+\ldots+x_{n}^{2}\leq 1

le discriminant

V2(x1,x2,,xn)\mathrm{V}^{2}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n}\right)

devient maximum quand les Vn(n1)¯x1V\overline{\mathrm{n}(\mathrm{n}-1)}\mathrm{x}_{1} sont les zéros du polynome d’Hermite Hn(x)\mathrm{H}_{\mathrm{n}}(\mathrm{x}). La valeur de ce maximum est

Mn=2233nn[n(n1)]n(n1)2\mathrm{M}_{n}^{*}=\frac{2^{2}3^{3}\cdots n^{n}}{[n(n-1)]^{\frac{n(n-1)}{2}}}

Les théorèmes XII, XIII sont dus à M. I. Schur qui les a démontré par une autre voie 13 ).
13. Exactement comme plus haut on démontre que :

Théorème XIV. La fonction Mn(x)\mathrm{M}_{n}^{*}(x) est décroissante et son logarithme est convexe pour α0\alpha\geq 0. Nous avons la limite

nMn(α)¯nn1e\begin{gathered}n{}_{n\rightarrow\infty}\overline{M_{n}^{*}(\alpha)}\\ n\rightarrow\frac{1}{\sqrt{e}}\end{gathered}

pour toute valeur donnée de xx.

00footnotetext: 13 ) Loc. cit. 4 ).

Nous avons aussi

nn(n1)VM¯n1V4en\begin{gathered}\sqrt{n}^{\frac{n(n-1)}{V}}\overline{\mathrm{M}}_{n}^{*}\longrightarrow\frac{1}{V^{\frac{4}{e}}}\\ n\longrightarrow\infty\end{gathered}

II.

Généralisation du problème de Stieltjes

  1. 14.

    Considérons maintenant l’expression

En=E(x1,x2,,xn;f)=f(x1)f(x2)f(xn)V2(x1,x2,,xn)\mathrm{E}_{n}=\mathrm{E}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n};f\right)=f\left(x_{1}\right)f\left(x_{2}\right)\ldots f\left(x_{n}\right)\mathrm{V}^{2}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n}\right)

dont nous chercherons à étudier le maximum quand les xix_{i} restent dans un intervalle fini. Nous pouvons toujours nous rapporter à l’intervalle (0,1)(0,1), mais il va sans dire qu’on passe aux problèmes analogues pour un intervalle quelconque par des transformations simples.

Bien entendu, pour avoir des propriétés intéressantes nous allons nous borner au cas ou la fonction f(x)f(x) a une certaine forme particuliere. Précisons avant tout les hypotheses que nous faisons sur la fonction f(x)f(x).

Nous dirons que la fonction f(x)f(x), réelle, définie et uniforme dans l’intervalle fermé ( 0,1 ) vérifie les conditions ( C ) ou bien que c’est une fonction (C), si :
101^{0}. elle est positive dans l’intervalle ouvert (0,1)(0,1).
202^{0}. elle est continue aux points 0 et 1 .
30.f(0)=f(1)=03^{0}.f(0)=f(1)=0.
404^{0}. elle est exponentiellement concave dans l’intervalle (0,1)(0,1).
Nous dirons aussi que f(x)f(x) vérifie les conditions ( C\mathrm{C}^{\prime} ) ou bien que c’est une fonctions ( C\mathrm{C}^{\prime} ) si, en dehors des propriétés 10,20,30,401^{0},2^{0},3^{0},4^{0}, elle vérifie aussi la propriété suivante :
50.f(x)5^{0}.\mathrm{f}(\mathrm{x}) a une dérivée en tout point de l’intervalle ouvert (0,1)(0,1).
La propriété 404^{0} est entendue au sens restrictif (et non pas au sens de Jensen), donc

f(x2)>f(x1)x3x2x3x1f(x3)x2x1x3x1f\left(x_{2}\right)>f\left(x_{1}\right)^{\frac{x_{3}-x_{2}}{x_{3}-x_{1}}}f\left(x_{3}\right)^{\frac{x_{2}-x_{1}}{x_{3}-x_{1}}} (15)

quels que soient les points x1<x2<x3x_{1}<x_{2}<x_{3} de l’intervalle (0,1)(0,1).
En particulier nous avons

f(x1+x22)>Vf(x1)f(x2)¯f\left(\frac{x_{1}+x_{2}}{2}\right)>V\overline{f\left(x_{1}\right)f\left(x_{2}\right)} (16)

pour deux points x1,x2x_{1},x_{2} de (0,1)(0,1). La fonction logf(x)\log f(x) est concave dans tout intervalle complètement intérieur à (0,1)(0,1).

Des propriétés bien connues résulte qu’une fonction (C) est bornée superieurement dans (0,1)(0,1) et est continue non seulement à l’intérieur mais, par suite de la propriété 202^{0}, partout dans (0,1)(0,1).

Le problème que nous nous proposons d’examiner est le suivant :
La fonction f(x)\mathrm{f}(\mathrm{x}) vérifiant les conditions ( C ), déterminer et étudier le maximum de l’expression En\mathrm{E}_{\mathrm{n}} lor sque les xi\mathrm{x}_{\mathrm{i}} restent dans l’intervalle (0,1)(0,1).

On pourrait étudier ce problème aussi quand la fonction f(x)f(x) ne vérifie pas les conditions (C), mais nos hypothèses paraissent être les plus intéressantes. Soit par exemple la fonction f(x)f(x) égale à 1 pour 0<x<10<x<1 et f(0)=f(1)=0f(0)=f(1)=0. Cette fonction vérifie les propriétés 10,30,401^{0},3^{0},4^{0}. On a dans ce cas

max(0,1)E(x1x2,)=1\max_{(0,1)}\mathrm{E}\left(x_{1}x_{2},\right)=1

mais il est clair que ce maximum n’est pas atteint.
Passons maintenant à l’étude de notre problème.
15. L’expression En\mathrm{E}_{n} est une fonction simétrique et est continue dans le domaine 0x1x2xn10\leq x_{1}\leq x_{2}\leq\ldots\leq x_{n}\leq 1. Elle s’annule sur la frontière de ce domaine, donc

Théorème XV. Si f(x)\mathrm{f}(\mathrm{x}) est une fonction (C) l’expression En\mathrm{E}_{\mathrm{n}} admet dans (0,1)(0,1) un maximum atteint pour au moins un système de points xi\mathrm{x}_{\mathrm{i}} distincts et situés à l’intérieur de l’intervalle (0,1)(0,1).

Supposons que le maximum soit atteint pour deux systèmes différents de points xix_{i}

0<y1<y2<<yn<1,0<y1<y2<<yn<1\displaystyle 0<y_{1}<y_{2}<\ldots<y_{n}<1,\quad 0<y_{1}^{\prime}<y_{2}^{\prime}<\ldots<y_{n}^{\prime}<1 (17)
|y1y2|+|y2y2|++|ynyn|>0.\displaystyle\left|y_{1}-y_{2}^{\prime}\right|+\left|y_{2}-y_{2}^{\prime}\right|+\ldots+\left|y_{n}-y_{n}^{\prime}\right|>0.

En prenant alors les points

yi′′=yi+yi2,i=1,2,,ny_{i}^{\prime\prime}=\frac{y_{i}+y_{i}^{\prime}}{2},\quad i=1,2,\ldots,n

et tenant compte de (16) on déduit, exactement comme au No. 2, que

E(y1′′,yn′′,,yn′′;f)E(y1,y2,,yn;f)E(y1,y2,,yn;f)\mathrm{E}\left(y_{1}^{\prime\prime},y_{n}^{\prime\prime},\ldots,y_{n}^{\prime\prime};f\right)\geq\sqrt{\mathrm{E}\left(y_{1},y_{2},\ldots,y_{n};f\right)\mathrm{E}\left(y_{1}^{\prime},y_{2}^{\prime},\ldots,y_{n}^{\prime};f\right)}

l’égalité n’étant possible que si les deux suites (17) coincident. C’est en contradiction avec nos hypothèses. Nous avons donc le

Théorème XVI. Si f(x)\mathrm{f}(\mathrm{x}) est une fonction ( C ) l’expression En\mathrm{E}_{\mathrm{n}} admet dans (0,1)(0,1) un maximum atteint pour un seul système de points xi\mathrm{x}_{\mathrm{i}} distincts et situés à l’intérieur de intervalle (0,1)(0,1)

Nous désignerons par 0<ξn,1<ξn,2<<ξn,n<10<\xi_{n,1}<\xi_{n,2}<\ldots<\xi_{n,n}<1 les points pour lesquels ce maximum est atteint. Nous appelons see système le système maximisant de En\mathrm{E}_{\mathrm{n}}. Le polynome

Pn(x)=(xξn,1)(xξn,2)(xξn,n)\mathrm{P}_{n}(x)=\left(x-\xi_{n,1}\right)\left(x-\xi_{n,2}\right)\ldots\left(x-\xi_{n,n}\right)

sera appelé le polynome maximisant de En\mathrm{E}_{\mathrm{n}}.

Enfin nous désignerons par

Mn(f)=max(0,1)En=E(ξn,1,ξn,2,,ξn,n,f)\mathrm{M}_{n}(f)=\max_{(0,1)}\mathrm{E}_{n}=\mathrm{E}\left(\xi_{n,1},\xi_{n,2},\ldots,\xi_{n,n},f\right)

qui est èvidemment un nombre positif.
16. Nous allons démontrer maintenant que la correspondance entre une fonction (C)(\mathrm{C}) et son système maximisant ou son polynome maximisant est continue.

Nous avons besoin de la propriété suivante :
Lemme I. Nous pouvons faire correspondre à tout nombre positif ε\varepsilon un autre nombre positif η\eta tel que si
on ait aussi

E(x1,x2,,xn;f)Mn(f)<η\mathrm{E}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n};f\right)-\mathrm{M}_{n}(f)\mid<\eta
|xiξn,i|<ε(x1<x2<<xn)i=1,2,,n\begin{gathered}\left|x_{i}-\xi_{n,i}\right|<\varepsilon\left(x_{1}<x_{2}<\ldots<x_{n}\right)\\ i=1,2,\ldots,n\end{gathered}

Cette propriété est une conséquence de l’unicité. Supposons, en effet, que la propriété ne soit pas vraie. Par un raisonnement classique on voit qu’il existerait alors un nombre positif ε\varepsilon et une suite de systèmes de points

x1(m)x2(m)xn(m),m=1,2,x_{1}^{(m)}\leq x_{2}^{(m)}\leq\ldots\leq x_{n}^{(m)}\quad,\quad m=1,2,\ldots

telles qu’on ait

|E(x1(m),x2(m),,xn(m);f)Mn(f)|<1m,m=1,2,\left|\mathrm{E}\left(x_{1}^{(m)},x_{2}^{(m)},\ldots,x_{n}^{(m)};f\right)-\mathrm{M}_{n}(f)\right|<\frac{1}{m}\quad,\quad m=1,2,\ldots

et que l’une au moins des inégalités

|xi(m)ξn,i|ε,i=1,2,,n\left|x_{i}^{(m)}-\xi_{n,i}\right|\geq\varepsilon,\quad i=1,2,\ldots,n

soit vérifiée pour tout mm. On en déduit l’existence d’un système

x1x2xn)14\left.x_{1}\leq x_{2}\leq\ldots\leq x_{n}{}^{14}\right)

tel que

E(x1,x2,,xn;f)=Mn(f)|x1ξn,1|+|x2ξn,2|++|xnξn,n|ε\begin{gathered}\mathrm{E}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n};f\right)=\mathrm{M}_{n}(f)\\ \left|x_{1}-\xi_{n,1}\right|+\left|x_{2}-\xi_{n,2}\right|+\ldots+\left|x_{n}-\xi_{n,n}\right|\geq\varepsilon\end{gathered}

ce qui est en contradiction avec le théorème XVI.
Considérons maintenant deux fonctions (C), f(x),g(x)f(x),g(x).
Soient ξn,1<ξn,2<<ξn,n\xi_{n,1}<\xi_{n,2}<\ldots<\xi_{n,n} et ξn,1<ξn,2<<ξn,n\xi_{n,1}^{\prime}<\xi_{n,2}^{\prime}<\ldots<\xi_{n,n}^{\prime} les sys-
tèmes maximisants correspondants. Soit A la borne supérieure de la fonction f(x)f(x) et B la borne supérieure de |f(x)g(x)||f(x)-g(x)|,

A=max.f(x),B=max.|f(x)g(x)|\mathrm{A}=\max.f(x),\quad\mathrm{B}=\max.|f(x)-g(x)|

(0,1)(0,1)
(0,1)(0,1)

00footnotetext: 14) Nous savons d’ailleurs que partout nous avons le signe <.

Nous avons
donc

f(x)g(x)+B,g(x)f(x)+Bf(x)\leq g(x)+\mathrm{B},\quad g(x)\leq f(x)+\mathrm{B}
f(x1)f(x2)f(xn)g(x1)g(x2)g(xn)+Cg(x1)g(x2)g(xn)f(x1)f(x2)(xn)+C\begin{gathered}f\left(x_{1}\right)f\left(x_{2}\right)\ldots f\left(x_{n}\right)\leq g\left(x_{1}\right)g\left(x_{2}\right)\ldots g\left(x_{n}\right)+\mathrm{C}\\ g\left(x_{1}\right)g\left(x_{2}\right)\ldots g\left(x_{n}\right)\leq f\left(x_{1}\right)f\left(x_{2}\right)\ldots\left(x_{n}\right)+\mathrm{C}\end{gathered}

C=(A+B)nAn\mathrm{C}=(\mathrm{A}+\mathrm{B})^{n}-\mathrm{A}^{n}.
Nous en déduisons
E(x1,x2,,xn;f)E(x1,x2,,xn;g)+CV2(x1,x2,,xn)\mathrm{E}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n};f\right)\leq\mathrm{E}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n};g\right)+\mathrm{CV}^{2}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n}\right)

E(x1,x2,,xn;g)E(x1,x2,,xn;f)+CV2(x1,x2,,xn)\mathrm{E}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n};g\right)\leq\mathrm{E}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n};f\right)+\mathrm{CV}^{2}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n}\right)

d’où

E(x1,x2,,xn;f)Mn(g)+CMn(0,0)\displaystyle\mathrm{E}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n};f\right)\leq\mathrm{M}_{n}(g)+\mathrm{CM}_{n}(0)
E(x1,x2,,xn;g)Mn(f)+CMn(0,0)\displaystyle\mathrm{E}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n};g\right)\leq\mathrm{M}_{n}(f)+\mathrm{CM}_{n}(0)

Nous avons, en particulier,

Mn(f)Mn(g)+CMn(0,0),Mn(g)Mn(f)+CMn(0,0)|Mn(f)Mn(g)|CMn(0,0)\begin{gathered}M_{n}(f)\leqslant M_{n}(g)+\mathrm{CM}_{n}(0,0),\quad M_{n}(g)\leqslant M_{n}(f)+\mathrm{CM}_{n}(0,0)\\ \therefore\quad\left|M_{n}(f)-M_{n}(g)\right|\leqslant\mathrm{CM}_{n}(0,0)\end{gathered}

Ici Mn(0,0)M_{n}(0,0) est le nombre défini au §\S précédent.
Nous avons aussi

E(ξn,1,ξn,2,,ξn,1;f)Mn(g)+CMn(0,0)\displaystyle\mathrm{E}\left(\xi_{n,1}^{\prime},\xi_{n,2}^{\prime},\ldots,\xi_{n,1}^{\prime};f\right)\leq\mathrm{M}_{n}(g)+\mathrm{CM}_{n}(0)
Mn(g)E(ξn,1,ξn,2,ξn,n;f)+CMn(0,0)\displaystyle\mathrm{M}_{n}(g)\leq\mathrm{E}\left(\xi_{n,1}^{\prime},\xi_{n,2}^{\prime},\ldots\xi_{n,n}^{\prime};f\right)+\mathrm{CM}_{n}(0)
|E(ξn,1,ξn,2,,ξn,n;f)Mn(g)|CMn(0,0).\displaystyle\left|\mathrm{E}\left(\xi_{n,1}^{\prime},\xi_{n,2}^{\prime},\ldots,\xi_{n,n}^{\prime};f\right)-\mathrm{M}_{n}(g)\right|\leq\mathrm{CM}_{n}(0).

On en déduit que

|E(ξn,1,ξn,2,,ξn,n;f)Mn(f)|2CMn(0,0).\left|E\left(\xi_{n,1}^{\prime},\xi_{n,2}^{\prime},\ldots,\xi_{n,n}^{\prime};f\right)-M_{n}(f)\right|\leq 2\mathrm{CM}_{n}(0,0).

Or, C tend vers zéro avec B. Tenant alors compte du lemme I, il en résulte le

Théorème XVII. Nous pouvons faire correspondre à tout nombre positif a un autre nombre positif η\eta tel que, pour la fonction (C) f(x)\mathrm{f}(\mathrm{x}) et pour tout autre fonction (C) g(x)\mathrm{g}(\mathrm{x}) qui vérifie l’inégalité
on ait aussi

|f(x)g(x)|<η dans (0,1)|f(x)-g(x)|<\eta\text{ dans }(0,1)
|ξn,iξn,i|<ε,i=1,2,,n\left|\xi_{n,i}-\xi_{n,i}^{\prime}\right|<\varepsilon,i=1,2,\ldots,n

pour les systèmes maximisants correspondants.
C’est la propriété que nous avions en vue.
Nous en déduisons, en particulier, le
Théorème XVIII. Si une suite de fonctions (C)

f1(x),f2(x),,fn(x),f_{1}(x),f_{2}(x),\ldots,f_{n}(x),\ldots

converge uniformément vers une fonction (C), f(x)\mathrm{f}(\mathrm{x}), le système maximisant ξn,1(m)<ξn,2(m)<<ξn,n(m)\xi_{\mathrm{n},1}^{(\mathrm{m})}<\xi_{\mathrm{n},2}^{(\mathrm{m})}<\ldots<\xi_{\mathrm{n},\mathrm{n}}^{(\mathrm{m})} correspondant à fm(x)\mathrm{f}_{\mathrm{m}}(\mathrm{x}) tend, pour
m\mathrm{m}\longrightarrow\infty, vers le système maximisant ξn,1<ξn,2<ξn,n\xi_{\mathrm{n},1}<\xi_{\mathrm{n},2}\ldots<\xi_{\mathrm{n},\mathrm{n}} correspondant à f(x)15\mathrm{f}(\mathrm{x})^{15} ).

ξn,i(m)ξn,ii=1,2,,nm\begin{gathered}\xi_{n,i}^{(m)}\longrightarrow\xi_{n,i}\quad i=1,2,\ldots,n\\ m\longrightarrow\infty\end{gathered}

Cette propriété sera fondamentale pour nous dans la suite.
17. Supposons maintenant que f(x)f(x) soit une fonction (C)\left(\mathrm{C}^{\prime}\right). Pour déterminer alors le maximum nous pouvons appliquer le calcul différentiel. Le maximum est donc déterminé par le système

1EnaEndxi=P′′(xi)P(xi)+f(xi)f(xi),i=1,2,,n\frac{1}{\mathrm{E}_{n}}\frac{a\mathrm{E}_{n}}{dx_{i}}=\frac{\mathrm{P}^{\prime\prime}\left(x_{i}\right)}{\mathrm{P}^{\prime}\left(x_{i}\right)}+\frac{f^{\prime}\left(x_{i}\right)}{f\left(x_{i}\right)},i=1,2,\ldots,n (18)
P(x)=(xx1)(xx2)(xxn).P(x)=\left(x-x_{1}\right)\left(x-x_{2}\right)\ldots\left(x-x_{n}\right). (où)

II est facile de voir que, par suite des hypothèses faites et surtout à cause de la propriété 404^{0} (concavité), nous avons le

Lemme II. Si f(x)\mathrm{f}(\mathrm{x}) est une fonction ( C\mathrm{C}^{\prime} ) le système (18) admet une solution et une seule telle que les x1\mathrm{x}_{1} soient dans l’intervalle (0,1)(0,1).

Compte tenant du théorème XV, nous avons le
Théorème XIX. Si f(x)\mathrm{f}(\mathrm{x}) est une fonction (C)\left(\mathrm{C}^{\prime}\right), nous avons

f(ξn,i)Pn′′(ξn,i)+(ξn,i)Pn(ξn,i)=0i=1,2,,n\begin{gathered}f\left(\xi_{n,i}\right)\mathrm{P}_{n}^{\prime\prime}\left(\xi_{n,i}\right)+\left(\xi_{n,i}\right)\mathrm{P}_{n}^{\prime}\left(\xi_{n,i}\right)=0\\ i=1,2,\ldots,n\end{gathered}
  1. 18.

    Avant d’aller plus loin, nous devons montrer comment les démonstrations des propriétés énoncées pour les fonctions (C) et qui vont suivre se déduisent des démonstrations des propriétés correspondantes pour les fonctions ( C\mathrm{C}^{\prime} ).

Démontrons avant tout le
Lemme III. Si

0<x1<x2<<xm<10<x_{1}<x_{2}<\ldots<x_{m}<1

est une suite de points situés à l’intérieur de l’intervalle (0,1)(0,1) et si

c1>c2>>cmc_{1}>c_{2}>\ldots>c_{m}

est une suite de nombres non-croissants, il existe une fonction ’ (C)\left(\mathrm{C}^{\prime}\right) dont la dérivée logarithmique prend les valeurs ci\mathrm{c}_{\mathrm{i}} aux points correspondants 𝐱1\mathbf{x}_{1}.

Soit φ(x)\varphi(x) la fonction continue définie dans l’intervalle ( x1,xmx_{1},x_{m} ) telle que

φ(xl)=ci,i=1,2,,m\varphi\left(x_{l}\right)=c_{i},\quad i=1,2,\ldots,m

φ(x)=\varphi(x)= une fonction linéaire dans (xi,xi+1),i=1,2,,m1\left(x_{i},x_{i+1}\right),i=1,2,\ldots,m-1.
15) Que la limite soit une fonction (C) n’est pas essentiel, mais nous appliquerons ce théorème sous cette forme dans la suite.

La fonction

φ1(x)=x1xφ(x)𝑑x\varphi_{1}(x)=\int_{x_{1}}^{x}\varphi(x)dx

est concave dans l’intervalle ( x1,xmx_{1},x_{m} ).
Nous allons maintenant prolonger convenablement cette fonction dans l’intervalle (0,1)(0,1). Prenons la fonction φ2(x)\varphi_{2}(x) définie de la manière suivante :

φ2(x)=(|c1|+1c1)(x1x)+x1(|c1|+1)x12(|c1|+1)x,0<xx1φ2(x)=φ1(x),xxmφ2(x)=(cm1|cm|)(xxm)+φ1(xm)+(1xm)(|cm|+1)(1xm)2(|cm|+1)1x,xmx<1.\begin{gathered}\varphi_{2}(x)=\left(\left|c_{1}\right|+1-c_{1}\right)\left(x_{1}-x\right)+x_{1}\left(\left|c_{1}\right|+1\right)-\frac{x_{1}^{2}\left(\left|c_{1}\right|+1\right)}{x},0<x\leq x_{1}\\ \varphi_{2}(x)=\varphi_{1}(x),\quad\leq x\leq x_{m}\\ \varphi_{2}(x)=\left(c_{m}-1-\left|c_{m}\right|\right)\left(x-x_{m}\right)+\varphi_{1}\left(x_{m}\right)+\left(1-x_{m}\right)\left(\left|c_{m}\right|+1\right)-\\ -\frac{\left(1-x_{m}\right)^{2}\left(\left|c_{m}\right|+1\right)}{1-x},\quad x_{m}\leq x<1.\end{gathered}

Enfin la fonction f(x)f(x) définie de la manière suivante

f(0)=f(1)=0\displaystyle f(0)=f(1)=0
f(x)=eΦ2(x) pour 0<x<1\displaystyle f(x)=e^{\Phi_{2}(x)}\quad\text{ pour }0<x<1

est une fonction ( C\mathrm{C}^{\prime} ) et vérifie les conditions du lemme III.
Le prolongement de la fonction φ1(x)\varphi_{1}(x) se fait en somme par raccordement à l’aide d’arcs d’hyperboles convenablement choisies. Si c1c_{1} est non-négatif la fonction φ2(x)\varphi_{2}(x) est croissante dans l’intervalle (0,x1)\left(0,x_{1}\right) et si cmc_{m} est non-positif ρ2(x)\rho_{2}(x) est décroissante dans l’intervalle ( xm,1x_{m},1 ). Cette remarque nous sera utile pour la propriété suivante.

Le lemme III a une conséquence importante :
Si Pn1(x),Pn2(x),,Pnk(x)\mathrm{P}_{\mathrm{n}_{1}}(\mathrm{x}),\mathrm{P}_{\mathrm{n}_{2}}(\mathrm{x}),\ldots,\mathrm{P}_{\mathrm{n}_{\mathrm{k}}}(\mathrm{x}) sont les polynomes maximisants correspondants à une fonction ( C ) et à k valeurs de n , ces polynomes sont aussi les polynomes maximisants correspondants à une fonction ( C\mathrm{C}^{\prime} ) et aux mêmes valeurs de n.

La démonstration ne présente aucune difficulté et résulte immédiatement du lemme II et du théorème XIX.

Dans la suite nous appliquerons cette propriété pour les polynomes Pn(x),Pn1(x)\mathrm{P}_{n}(x),\mathrm{P}_{n-1}(x).

Nous avons encore le
Lemme IV. Toute fonction (C) est la limite d’une suite de fonctions ( C\mathrm{C}^{\prime} ) convergeant uniformément dans l’intervalle ( 0,1 ).

Il existe d’abord un nombre positif ρ\rho tel que dans l’intervalle (0,ρ)(0,\rho) la fonction f(x)f(x) soit non-decroissante et dans l’intervalle ( 1p,11-p,1 ) non-croissante. (On prend bien entendu ρ12\rho\leq\frac{1}{2} ). Soit maintenant ε\varepsilon un nombre positif arbitraire. Il existe un nombre positif δ<ρ\delta<\rho tel que

f(x)<εf(x)<\varepsilon

pour 0xδ0\leq x\leq\delta, et pour 1δx11-\delta\leq x\leq 1.

Dans l’intervalle fermé ( δ,1δ\delta,1-\delta ) la fonction F(x)=logf(x)\mathrm{F}(x)=\log f(x) est continue et concave. Il existe un nombre A tel que dans cet intervalle |F(x)|A|\mathrm{F}(x)|\leq\mathrm{A}. Considérons maintenant la suite de polynomes 16 )

Q1(x),Q2(x),,Qm(x),\mathrm{Q}_{1}(x),\mathrm{Q}_{2}(x),\ldots,\mathrm{Q}_{m}(x),\ldots (19)

Qm(x)=1(12δ)mi=1mF(δi12δm)(mi)(xδ)i(1δx)mi\mathrm{Q}_{m}(x)=\frac{1}{(1-2\delta)^{m}}\sum_{i=1}^{m}\mathrm{\penalty 10000\ F}\left(\delta-i\frac{1-2\delta}{m}\right)\binom{m}{i}(x-\delta)^{i}(1-\delta-x)^{m-i}
qui vérifient les propriétés suivantes :
10.Qm(δ)=F(δ),Qm(1δ)=F(1δ)1^{0}.\quad\mathrm{Q}_{m}(\delta)=\mathrm{F}(\delta),\mathrm{Q}_{m}(1-\delta)=\mathrm{F}(1-\delta)
20.|Qm(x)|A2^{0}.\left|\mathrm{Q}_{m}(x)\right|\leq\mathrm{A}, dans (δ,1δ)(\delta,1-\delta)
303^{0}. Qm(x)\quad\mathrm{Q}_{m}(x) est concave dans ( δ,1δ\delta,1-\delta )
4. 𝐐m(δ)=m12δ[F(δ+12δm)F(δ)]\quad\mathbf{Q}_{m}^{\prime}(\delta)=\frac{m}{1-2\delta}\left[\mathrm{\penalty 10000\ F}\left(\delta+\frac{1-2\delta}{m}\right)-\mathrm{F}(\delta)\right]

Qm(1δ)=m12δ[F(1δ)F(1δ12δm)]\mathrm{Q}_{m}^{\prime}(1-\delta)=\frac{m}{1-2\delta}\left[\mathrm{\penalty 10000\ F}(1-\delta)-\mathrm{F}\left(1-\delta-\frac{1-2\delta}{m}\right)\right]

505^{0}. La suite (19) converge uniformément vers F(x)\mathrm{F}(x) dans tout l’intervalle ( δ,1δ\delta,1-\delta ).

Nous prolongeons le polynome Qm(x)\mathrm{Q}_{m}(x) exactement comme nous l’avons fait avec Φ1(x)\Phi_{1}(x) et nous désignons par Qm(x)Q_{m}^{*}(x) la fonction ainsi définie dans tout l’intervalle ouvert ( 0,1 ). Définissons enfin la fonction fm(x)f_{m}(x) par

fm(0)=fm(1)=0\displaystyle f_{m}(0)=f_{m}(1)=0
fm(x)=eQm(x),0<x<1\displaystyle f_{m}(x)=e^{Q^{*}m(x)}\quad,\quad 0<x<1

Les fonctions fm(x)f_{m}(x) vérifient les conditions ( C\mathrm{C}^{\prime} ).
Pour m>ρδ12δm>\frac{\rho-\delta}{1-2\delta} nous avons Qm(δ)0,Qm(1δ)0Q_{m}^{\prime}(\delta)\geq 0,Q_{m}^{\prime}(1-\delta)\leq 0, donc fm(x)f_{m}(x) est respectivement croissante et décroissante dans les intervalles (0,δ)(0,\delta), ( 1δ,11-\delta,1 ), donc à fortiori

fm(x)<ε pour 0xδ,1δx1,m>pδ12δf_{m}(x)<\varepsilon\text{ pour }0\leq x\leq\delta,1-\delta\leq x\leq 1,m>\frac{p-\delta}{1-2\delta}

D’autre part, nous pouvons determiner un nombre mm^{\prime} tel que pour m>mm>m^{\prime} on ait

|Qm(x)F(x)|<log(ε+eA)A,δx1δ\left|\mathrm{Q}_{m}(x)-\mathrm{F}(x)\right|<\log\left(\varepsilon+e^{\mathrm{A}}\right)-\mathrm{A},\quad\delta\leq x\leq 1-\delta

10 ) Les polynomes Qm(x)\mathrm{Q}_{m}(x) sont les polynomes de M. S. Bernstein. Pour la démonstration des propriétés du texte voir : Tiberiu Popoviciu „Sur l’approximation des fonctions convexes d’ordre supérieur" Mathematica t. X (1935), p. 49.

Nous en déduisons

|fm(x)f(x)|<ε,δx1δ,m>m\left|f_{m}(x)-f(x)\right|<\varepsilon,\quad\delta\leq x\leq 1-\delta,\quad m>m^{\prime}

Finalement donc
|fm(x)f(x)|<ε\left|f_{m}(x)-f(x)\right|<\varepsilon pour 0x1,m>max.(m,ρδ12o)0\leq x\leq 1,m>\max.\left(m^{\prime},\frac{\rho-\delta}{1-2o}\right)
ce qui démontre le lemme IV.
19. Nous dirons que deux suites

x1<x2<<xn et x1<x2<<xn1x_{1}<x_{2}<\ldots<x_{n}\text{ et }x_{1}^{\prime}<x_{2}^{\prime}<\ldots<x_{n-1}^{\prime} (20)

de nn et de n1n-1 points respectivement, se séparent au sens strict si l’on a

x1<x1<x2<x2<<xn1<xn1<xnx_{1}<x_{1}^{\prime}<x_{2}<x_{2}^{\prime}<\ldots<x_{n-1}<x_{n-1}^{\prime}<x_{n}

Nous dirons aussi que les deux suites (20) se séparent au sens large si l’on a

x1x1x2x2xn1xn1xnx_{1}\leq x_{1}^{\prime}\leq x_{2}\leq x_{2}^{\prime}\leq\ldots\leq x_{n-1}\leq x_{n-1}^{\prime}\leq x_{n}

et si les suites ont au moins un point commun.
On peut aussi dire que les zéros des polynomes

P(x)=(xx1)(xx2)(xxn),P1(x)=(xx1)(xx2)(xxn1)\mathrm{P}(x)=\left(x-x_{1}\right)\left(x-x_{2}\right)\ldots\left(x-x_{n}\right),\mathrm{P}_{1}(x)=\left(x-x_{1}^{\prime}\right)\left(x-x_{2}^{\prime}\right)\ldots\left(x-x_{n-1}^{\prime}\right)

se séparent respectivement au sens strict et au sens large.
Le polynome P1(x)\mathrm{P}_{1}(x) peut toujours s’écrire sous la forme

P1(x)=P(x)i=1nsixxi(i=1nsi=1)\mathrm{P}_{1}(x)=\mathrm{P}(x)\sum_{i=1}^{n}\frac{s_{i}}{x-x_{i}}\quad\left(\sum_{i=1}^{n}s_{i}=1\right)

qui n’est autre que la formule d’interpolation de Lagrange. Les constantes sis_{i} sont complètement déterminées.

Nous avons le
Lemme V. La condition nécessaire et suffisante pour que les zéros des polynomes P(x)\mathrm{P}(\mathrm{x}) et P1(x)\mathrm{P}_{1}(\mathrm{x}) se séparent au sens strict est que les coefficients si soient tous positifs. La condition nécessaire et suffisante pour que les zéros de ces polynomes se séparent au sens large est que les si soient tous non-négatifs l’un au moins étant nul.

Ces propriétés sont bien connues la démonstration étant immédiate. Revenons maintenant aux polynomes maximisants Pn(x),Pn1(x)\mathrm{P}_{n}(x),\mathrm{P}_{n-1}(x) correspondants à une fonction ( C\mathrm{C}^{\prime} ). Nous avons le

Théorème XX. Les zéros des polynomes maximisants Pn(x)\mathrm{P}_{\mathrm{n}}(\mathrm{x}), Pn1(x)\mathrm{P}_{\mathrm{n}-1}(\mathrm{x}) correspondants à une fonction ( C\mathrm{C}^{\prime} ) ne peuvent pas se séparer au sens large.

La démonstration est facile. Supposons le contraire. Nous pouvons alors écrire

Pn1(x)=Pn(x)i=1nsixξn,i\mathrm{P}_{n-1}(x)=\mathrm{P}_{n}(x)\sum_{i=1}^{n}\frac{s_{i}}{x-\xi_{n,i}}

si0,i=1nsi=1s_{i}\geq 0,\sum_{i=1}^{n}s_{i}=1. Pour fixer les idées, supposons que s1=0s_{1}=0. On a alors ξn,1=ξn1,1\xi_{n,1}=\xi_{n-1,1}. Dérivant deux fois de suite nous avons

Pn1(x)=Pn(x)i=1nsixξn,iPn(x)i=1nsi(xξn,i)2\mathrm{P}_{n-1}^{\prime}(x)=\mathrm{P}_{n}^{\prime}(x)\sum_{i=1}^{n}\frac{s_{i}}{x-\xi_{n,i}}-\mathrm{P}_{n}(x)\sum_{i=1}^{n}\frac{s_{i}}{\left(x-\xi_{n,i}\right)^{2}}
Pn1′′(x)=Pn′′(x)i=1nsixξn,i2Pn(x)i=1n\displaystyle\mathrm{P}_{n-1}^{\prime\prime}(x)=\mathrm{P}_{n}^{\prime\prime}(x)\sum_{i=1}^{n}\frac{s_{i}}{x-\xi_{n,i}}-2\mathrm{P}_{n}^{\prime}(x)\sum_{i=1}^{n} si(xξn,i)2+\displaystyle\frac{s_{i}}{\left(x-\xi_{n,i}\right)^{2}}+
+2Pn(x)i=1nsi(xξn,i)3\displaystyle+2\mathrm{P}_{n}(x)\sum_{i=1}^{n}\frac{s_{i}}{\left(x-\xi_{n,i}\right)^{3}}

d’où

Pn1(ξn,1)=Pn(ξn,1)i=2nsiξn,1ξn,iPn1′′(ξn,1)=Pn′′(ξn,1)i=2nsiξn,1ξn,i2Pn(ξn,1)i=2nsi(ξn,1ξn,i)2\begin{gathered}\mathrm{P}_{n-1}^{\prime}\left(\xi_{n,1}\right)=\mathrm{P}_{n}^{\prime}\left(\xi_{n,1}\right)\sum_{i=2}^{n}\frac{s_{i}}{\xi_{n,1}-\xi_{n,i}}\\ \mathrm{P}_{n-1}^{\prime\prime}\left(\xi_{n,1}\right)=\mathrm{P}_{n}^{\prime\prime}\left(\xi_{n,1}\right)\sum_{i=2}^{n}\frac{s_{i}}{\xi_{n,1}-\xi_{n,i}}-2\mathrm{P}_{n}^{\prime}\left(\xi_{n,1}\right)\sum_{i=2}^{n}\frac{s_{i}}{\left(\xi_{n,1}-\xi_{n,i}\right)^{2}}\end{gathered}

Tenant compte de ξn,1=ξn,1\xi_{n,1}=\xi_{n,1} et du théorème XIX nous en déduisons

f(ξn,1)Pn(ξn,1)i=2nsi(ξn,1ξn,l)2=0f\left(\xi_{n,1}\right)\mathrm{P}_{n}^{\prime}\left(\xi_{n,1}\right)\sum_{i=2}^{n}\frac{s_{i}}{\left(\xi_{n,1}-\xi_{n,l}\right)^{2}}=0

Mais, f(ξn,1)Pn(ξn,1)0f\left(\xi_{n,1}\right)\mathrm{P}_{n}^{\prime}\left(\xi_{n,1}\right)\neq 0, il en résulte donc que

s2=s3==sn=0s_{2}=s_{3}=\ldots=s_{n}=0

C’est en contradiction avec l’hypothèse i=1nsi=1\sum_{i=1}^{n}s_{i}=1 et le théorème XX est donc démontré.
20. Nous nous proposons de démontrer maintenant la propriété que nous avions en vue et qui s’exprime par le

Théorème XXI. Les zéros de deux polynomes maximisants consécutifs Pn(x),Pn1(x)\mathrm{P}_{\mathrm{n}}(\mathrm{x}),\mathrm{P}_{\mathrm{n}-1}(\mathrm{x}) correspondants à une fonction (C)(\mathrm{C}) se séparent au sens strict.

Montrons d’abord qu’il suffit de démontrer la propriété pour les fonctions (C)\left(\mathrm{C}^{\prime}\right). En effet, si la propriété est vraie pour les fonctions (C)\left(\mathrm{C}^{\prime}\right), le théorème XVIII et le lemme IV nous montrent que pour une fonction (C) les zéros se séparent ou bien au sens strict ou bien se séparent au sens large. Mais, en vertu de la conséquence du lemme III, c’est bien le premier cas qui arrive.

Il reste à démontrer la propriété dans le cas où f(x)f(x) est une fonction ( C\mathrm{C}^{\prime} ). Considérons pour cela la fonction

fm(x)=[x(1x)]1m[f(x)]m0m1,f0(x)=x(1x),f1(x)=f(x)\begin{gathered}f_{m}(x)=[x(1-x)]^{1-m}[f(x)]^{m}\\ 0\leq m\leq 1,f_{0}(x)=x(1-x),f_{1}(x)=f(x)\end{gathered}

fm(x)f_{m}(x) est une fonction (C)\left(\mathrm{C}^{\prime}\right). Lorque mm croit de 0 à 1 , la fonction f0(x)f_{0}(x) ou x(1x)x(1-x) se déforme d’une façon continue et tend uniformément vers f1(x)f_{1}(x) ou f(x)f(x).

Les théorèmes XVIII et XX nous montrent alors qu’il suffit de démontrer la propriété pour la fonction f0(x)=x(1x)\mathrm{f}_{0}(\mathrm{x})=\mathrm{x}(1-\mathrm{x}). Or, dans ce cas

Pn(x)=F(n,n+1,1,x),Pn1(x)=F(n+1,n,1,x)\mathrm{P}_{n}(x)=\mathrm{F}(-n,n+1,1,x),\mathrm{P}_{n-1}(x)=\mathrm{F}(-n+1,n,1,x)

et il est bien connu que les zéros de ces polynomes de Jacobi se séparent au sens strict. Le théorème est donc complétement démontré.
21. Nous nous proposons de dire maintenant quelques mots sur le maximum Mn(f)M_{n}(f).

Soit A le maximum (ou bien la borne supérieure) de f(x)f(x). Nous avons

Mn(f)An.max(0,1)V2(x1,x2,,xn)=AnMn(0,0)\mathrm{M}_{n}(f)\leqslant\mathrm{A}^{n}.\max_{(0,1)}\mathrm{V}^{2}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n}\right)=\mathrm{A}^{n}\mathrm{M}_{n}(0,0) (0,1)

Le théorème de M. M. Fekete nous montre donc que
(21)

lim¯nlimn(f)n(n1)14\varlimsup_{n\rightarrow\infty}\sqrt[n(n-1)]{\lim_{n}(f)}\leq\frac{1}{4}

Soit ε<14\varepsilon<\frac{1}{4} un nombre positif arbitraire. Dans l’intervalle (2ε,12ε)(2\varepsilon,1-2\varepsilon) la fonction f(x)f(x) a un minimum positif aa. Soient ξ1,ξ2,,ξn\xi_{1},\xi_{2},\ldots,\xi_{n} les points pour lesquels

max.V2(x1,x2,,xn)=mn(ε)\displaystyle\quad\max.\mathrm{V}^{2}\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{n}\right)=m_{n}(\varepsilon)
(2ε,12ε)\displaystyle(2\varepsilon 1-2\varepsilon)

est atteint. Nous avons

f(ξ1)f(ξ2)f(ξn)mn(ε)E(ξ1,ξ2,,ξn;f)Mn(f)f\left(\xi_{1}\right)f\left(\xi_{2}\right)\ldots f\left(\xi_{n}\right)m_{n}(\varepsilon)\leq\mathrm{E}\left(\xi_{1},\xi_{2},\ldots,\xi_{n};f\right)\leq M_{n}(f)

d’où

anmn(ε)Mn(f)a^{n}m_{n}(\varepsilon)\leq M_{n}(f)

Mais

ann(n1)1, pour nmn(ε)n(n1)14ε, pour n\begin{gathered}\sqrt[n(n-1)]{a^{n}}\longrightarrow 1,\text{ pour }n\longrightarrow\infty\\ \sqrt[n(n-1)]{m_{n}(\varepsilon)}\longrightarrow\frac{1}{4}-\varepsilon,\text{ pour }n\longrightarrow\infty\end{gathered}

et il en résulte que

lim.nMn(f)n(n1)14ε\underset{n\rightarrow\infty}{\lim.}\sqrt[n(n-1)]{\mathrm{M}_{n}(f)}\geq\frac{1}{4}-\varepsilon (22)

quel que petit que soit ε\varepsilon. Les relations (21) et (22) nous montrent donc que :

Théorème XXII. Si f(x)\mathrm{f}(\mathrm{x}) est une fonction (C) l’expression

Mn(f)n(n1)\sqrt[n(n-1)]{\mathrm{M}_{n}(f)}

a, pour n\mathrm{n}\longrightarrow\infty, une limite qui est égale au diamètre transfini 14\frac{1}{4} du segment 0–1.
22. Nous allons maintenant considerer un cas particulier.

Soit
f(x)=|xa1|σ1|xa2|σ2|xah|σh|xah+1|σh+1|xah+k|σh+kf(x)=\left|x-a_{1}\right|^{\sigma_{1}}\left|x-a_{2}\right|^{\sigma_{2}}\ldots\left|x-a_{h}\right|^{\sigma_{h}}\left|x-a_{h+1}\right|^{\sigma_{h+1}}\ldots\left|x-a_{h+k}\right|^{\sigma_{h+k}}a1<a2<<ah1<ah=0<ah+1=1<ah+2<<ah+ka_{1}<a_{2}<\ldots<a_{h-1}<a_{h}=0<a_{h+1}=1<a_{h+2}<\ldots<a_{h+k} et σ1,σ2,,σh+k\sigma_{1},\sigma_{2},\ldots,\sigma_{h+k} sont h+kh+k nombres positifs. C’est une fonction ( C\mathrm{C}^{\prime} ). Le polynome maximisant Pn(x)\mathrm{P}_{n}(x) est alors solution de l’équation différentielle linéaire homogène d’ordre 2

y′′+(σ1xa1+σ2xa2++σh+kxah+k)y+\displaystyle y^{\prime\prime}+\left(\frac{\sigma_{1}}{x-a_{1}}+\frac{\sigma_{2}}{x-a_{2}}+\ldots+\frac{\sigma_{h+k}}{x-a_{h+k}}\right)y^{\prime}+\ldots (23)
+ψ(x)(xa1)(xa2)(xah+k)y=0\displaystyle\cdots+\frac{\psi(x)}{\left(x-a_{1}\right)\left(x-a_{2}\right)\ldots\left(x-a_{h+k}\right)}y=0

ψ(x)\psi(x) est un polynome de degré h+k2h+k-2 convenablement choisi. Nos résultats permettent donc de dire qu’une équation de la forme (23) admet une solution polynome de degré nn et une seule tel que ce polynome ait tous ses zéros réels et compris dans l’un des intervalles ( ai,ai+1a_{i},a_{i+1} ). Soit Pn(x)\mathrm{P}_{n}(x) la solution de degré nn qui a ses zéros dans l’intervalle ( ai,ai+1a_{i},a_{i+1} ) et Pn1(x)\mathrm{P}_{n-1}(x) la solution de degré n1n-1 qui a ses zéros dans le même intervalle. Nous pouvons alors dire que les zéros des polynomes Pn(x)\mathrm{P}_{\mathrm{n}}(\mathrm{x}) et Pn1(x)\mathrm{P}_{\mathrm{n}-1}(\mathrm{x}) se séparent au sens strict.

C’est Stieltjes qui a étudié pour la première fois les solutions polynomiales de l’équation (23) 17 ). Il a montré, compte tenant du fait que l’équation a au plus

(n+h+k2h+k2)=(n+1)(n+2)(n+h+k2)1.2(h+k2)\binom{n+h+k-2}{h+k-2}=\frac{(n+1)(n+2)\cdots(n+h+k-2)}{1.2\cdots(h+k-2)}

solutions polynomes de degré nn, que cette équation a exactement (n+h+k2h+k2)\binom{n+h+k-2}{h+k-2} solutions de cette forme qui ont tous leurs zéros réels et compris dans l’intervalle ( a1,ah+ka_{1},a_{h+k} ). Les zéros de ces polynomes sont distribués de toutes les manières possibles dans les intervalles ( ai,ai+1a_{i},a_{i+1} ), à chaque distribution correspondant une seule solution. D’ailleurs à toute solution correspond un problème de maximum. Ces problèmes de maxima, qui constituent une généralisation du problème étudié dans ce travail, ainsi que d’autres problèmes sur la distribution des zéros des solutions polynomiales d’une équation de la forme (23) seront examinés par nous dans un autre travail qui paraîtra prochenement 18 ).

00footnotetext: 17 ) Loc. cit. 3 )
18) Nous avons énoncé des résultats plus généraux dans notre note : „Sur un problème de maximum de Stielties". C. R. Acad. Sc., Paris, t. 202 (1936) p. 1645.
1936

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