NOTES SUR LES FONCTIONS CONVEXES D’ORDRE SUPÉRIEUR (IX)
PAR
TIBERIU POPOVICIU
(Cluj)
1 Inégalités linéaires et bilinéaires entre les fonctions convexes.
1.-Considérons points ordonnés
(1)
et une fonctionnelle linéaire
(2)
définie pour les fonctions , finies et uniformes sur les points (1). Les constantes , qui caractérisent la fonctionnelle , sont indépendantes de la fonction .
Nous avons étudié les inégalités linéaires de la forme
(3)
vérifiées par toute fonction , non-concave d’ordre sur les points (1) 1 )
Nous allons reprendre ici ce problème.
Tout polynome de degré est non-concave d’ordre , l’inégalité
(3) doit donc être vérifiée, en particulier, par les fonctions
On trouve ainsi les conditions nécessaires
(4)
00footnotetext: 1) Voir les notes III et IV de cette série dans Máthematica, 16, 74-86 (1940) resp. Disquisitiones Mathematicae et Physicae 1, 163-171 (1940).
Pour trouver d’autres conditions nécessaires, considérons les fonctions , définies par
La fonction est donc nulle sur les premiers points (1) et est un polynome de degré sur les derniers points (1). En particulier nous prenons
Nous allons démontrer maintenant le
Lemme 1. Les fonctions sont non-concaves d’ordre n sur les points (1).
Employons, comme d’habitude, les notations
(6)
pour les différences divisées de la fonction , prises sur des points consécutifs d’une suite ordonnée, telle que (1).
La démonstration du lemme 1 est alors immédiate. On a, avec la notation (6),
2 ) Cette démonstration est basée sur la propriété suivante : La condition nécessaire et suffisante pour qu’une fonction soit non-concave d’ordre n sur les points or donnés (1) est que l’on ait
Ceci est une con séquence de la formule de la moyenne des différences divisées Voir : Tiberiu Popoviciu „Introduction à la théorie des différences divisées" Bull Ma’h. Soc. Roumaine des Sc, 42, 65-78 (1940).
Réciproquement, la formule de la moyenne s’obtient de la non-concavité d’ordre des fonctions . Il y a donc intérêt à démontrer directement cette non-concavité, Sans entrer dans des details, il suffit de dire ici que cette démonstration résulte de la formule de récurrence
(où)
Pour l’inégalité (3) nous obtenons donc les conditions nécessaires
(8)
2.
—
Montrons maintenant que les conditions (4) et (8) sont aussi suffisantes. Cette propriété resultera du lemme suivant.
Lemme 2.-Toute fonction , non-concave d’ordre n sur les points (1) est de la forme
(9)
où est un polynome de degré n et les sont des constantes nonnégatives.
La démonstration est simple. Faisant dans (9), nous trouvons un système de équations linéaires en inconnues, qui sont les et les coefficients du polynome . On voit facilement que le déterminant de ce système est .
Nous avons
et la formule (7) nous montre que
(10)
En remarquant que
—
nous pouvons écrire
avec la notation que nous utilisons pour le polynome de Lagrange de la fonction , relatif aux points .
Finalement donc la formule (9) peut s’écrire
(11)
(x)
La suffisance des conditions (4) et (8) est maintenant immédiate.
Nous avons
(12)
d’où la propriété.
Si, de plus, les sont tous les conditions (4) et (8) sont nécessaires et suffisantes pour que l’inégalité plus précise
(13)
soit vérifiée par toute fonction convexe d’ordre sur les points (1). Mais si , par suite de la non prolongeabilité d’une fonction convexe d’ordre , l’hypothèse précédente, que nous avons adopté dans la note ) pour plus de simplicité, est un peu restrictive.
La formule (12) nous montre que si (4) et (8) sont satisfaites, ou bien est identiquement nul ou bien (13) est vérifiée par toute fonction convexe d’ordre . Pour que (13) soit vérifiée il suffit donc de plus qu’il le soit par une fonction convexe d’ordre , par exemple par la fonction .
Finalement nous pouvons énoncer le
Théorème 1. Pour que l’inégalité (3) soit vérifiée par toute fonction non-concave d’ordre n sur les points (1), il faut et il suffit que les conditions (4) et (8) soient satisfaites.
Pour que l’inégalité plus précise (13) soit verifiée par toute fonction convexe d’ordre n sur les points (1), il faut et il suffit que les conditions (4), (8) et soient satisfaites.
3. Considérons la fonctionnelle linéaire
Les nombres
(14)
sont les moments correspondants à cette fonctionnelle. Un polynome de degré , qui vérifie les égalités
est un polynome orthogonal de degré attaché à la fonctionnelle . Ce polynome est dit normal si de plus
Considérons aussi les déterminants
3.
Voir loc. cit. 1 )
Si nous désignons par
le déterminant de Vandermonde des nombres , nous pouvons écrire
la sommation s’étendant à toutes les combinaisons des nombres pris à ). En employant un interessant artifice de Stieltjes 5 ), nous pouvons écrire
étant l’opération B par rapport à une fonction de la variable .
Le polynome orthogonal et normal de degré est complètement déterminé si et ce polynome est alors
Nous disons que la fonctionnelle est non-négative si
(17)
quelle que soit la fonction non-négative . La fonctionnelle est dite positive si, de plus, l’égalité dans (17) n’est possible que si est identiquement nul. Pour que soit non-négative il faut et il suffit que les coefficients soient non-négatifs et pour que soit positive il faut et il suffit que les soient positifs. Cette notion de positivité est, bien entendu, strictement relative aux points (1). Si est une fonctionnelle non-négative, tous les déterminants (15) pour sont non-négatifs et si est une fonctionnelle positive tous ces déterminants sont positifs. Si B (f) est non-négative,
00footnotetext: 4 ) est une notation abrégée pour
on a si et seulement si au moins des coefficients sont positifs et on a alors nécessarement ,
Désgnons maintenant pai le détemmant qu’on obtient de lorsqu’on remplace les élements par respectivement. On a alors
Tenant compte de lexpression (16) des polynomes orthogonaux, on trouve, en supposant ,
(18)
et on obtient le
Théorème 2. Si B (f) est une fonctionnelle inéaire non-négative telle que et si est le polynome orthogonal (et normal) de degré correspondant à cette fonctionnelle, on a
(19)
pour toute fonction non-concave resp. convexe d’ordre n sur les points (1).
Phs exactement, légalité dans (19) r’est possible, dans le champs des fonctions non-concoves d’ordre n, que si la fonction se réduit à un polynome de degré n sur les paines (1) auxques correspondent des cozfficients non nuts.
Dans le cas particulier où est de la forme on a pu établir l’inégalité directement, à l’aide de (18), sans employer les conditions (4) et (8) trouvées plus haut.
Il est évident qu’on peut remplacer dans (19) le polynome , par étant une constante positive.
4. - Considérons maintenant me fonctionnelle bilinéaire
(20)
dans le champs des fonctions définies sur les points (1). Cherchons les conditions pour que l’on ait
(21)
pour tout couple de deux fonctions non-concaves d’ordre sur (1).
I] faut d’abord que cette inégalité soit vérifiée si resp. est un polynome de degré et resp. me fonction non-concave d’ordre . On trouve done les conditions nécessaires
ou est une fonction non-concave d’ordre quelconque.
Remarquons que
Lemme 3. Si est une fonctionnelle lineaire et si pour toute fonction non-concave d’ordre n, cette égalité est verijiée identiquement par toute fonction (c’est-à-dire que la fonctionnelle est nulle identiquement).
En effet, de il résulte que s’annule aussi pour toute fonction non-convexe d’ordre . Mais, toute fonction sur (1) est la différence de deux fonctions non-concave d’ordre (ou la somme d’une fonction non-concave et d’une fonction non-convexe d’ordre ). D’oú la propriété.
Nous pouvons donc dire que les égalités (22) sont vérifiées identiquement par rapport à la fonction .
D’autres conditions nécessaires pour l’inégalité (21) sont
(23)
On voit facilement que les conditions précédentes sont aussi suffisantes.
En effet, compte tenant de la formule (11), on trouve, si sont non-concaves d’ordre .
Enfin, pour que l’inégalité plus précise
(24)
soit vérifiée par tout couple de deux fonctions convexes d’ordre , il faut et il suffit de plus que
(25)
En effet, est une fonctionnelle lineaire de et on a A pour toute fonction convexe d’ordre , d’après le
théorème 1 et, encore d’après le théorème 1 , on a (24) si est aussi convexe d’ordre .
Finalement nous avons donc le
Théorème 3. Pour que l’inégalité (21) soit vérifiée par tout couple de deux fonctions non-concaves d’ordre n sur les points (1), il jaut et il suffit que les conditions (22) (identiquement par rapport à la fonction ) et (23) soient satisfaites.
Pour que l’inégalité plus précise (24) soit véri iiée par tout couple de deux fonctions convexes d’ordre n sur les pounts (1), il faut et il sufjit que les conditions (22), (24) et (25) soient satisfaites.
Il est clair, qu’en même temps qu’avec deux fonctions non-concaves d’ordre quelconques, nos inégalités sont vérifiées aussi par deux fonctions non-convexes d’ordre . L’inégalité contraire est toujours vraje si l’une des fonctions est non-concave et l’autre non-convexe (resp. convexe et concave) d’ordre sur les points (1).
5. - Reprenons la fonctionnelle B ( ) de Nr. 3. Si cette fonctionnelle est non-négative on a évidemment
(26) ,
pour tout couple de deux fonctions non-concaves d’ordre sur (1).
Cherchons à exprimer le premier membre de (24) à l’aide de la fonctionnelle . Cette expression s’écrit aussi
qui est aussi égal à
Si nous reprenons les polynomes orthogonaux (16), un calcul facile, sur lequel il est inutile d’insister, nous montre que le déterminant qui intervient dans la detxième sommation est égal à
L’expression (27) devient donc
et on peut énoncer le
Théorème 4. Si B(f) est une fonctionnelle linéaire non-négative, telle que , et si l’on construit les polynomes orthogonaux (et normaux) (16) correspondants à cette fonctionnelle, on a
(28)
pour-tout couple de deux fonctions non-concaves d’ordre n sur les points (1). Si les fonctions sont convexes d’ordre n sur les points (1) le signe est toujours valable dans (28).
D’ailleurs, si l’une des fonctions est convexe d’ordre l’égalité n’est possible dans (28) que si l’autre fonction se réduit à un polynome. de degré sur les points auxquels correspondent des coefficients non nuls, cette fonction étant supposée, bien entendu, non-concave d’ordre .
Pour nous trouvons l’inégalité classique de Tohebycheff, en termes finis et qui peut s’écrire
les suites finies , étant monotones de même sens et .
6. - D’une inégalité bilinéaire on déduit facilement des inégalités linéaires, en particularisant l’une des fonctions. Par exemple, en prenant dant (26) nous retrouvons l’inégalité du Nr. 3. Le théorèm résulte donc du théorème 4.
Remarquons aussi que l’inégalité (26) est vraie quelle que. fonction identique à la fonction . On en déduit le
Théorème 5. Si B (f) est une fonctionnelle linéaire non-négative, telle que , toute fonction f sur les points (1) vérifie l’inégalité
(29)
L’égalité dans (29) n’est possible que si f se réduit à un polynome de degré n sur les points (1) auxquels correspondent des coefficients positifs.
D’ailleurs, l’inégalité n’est autre que l’inégalité de Bessel correspondante au développement de la fonction suivant les polynomes orthogonaux et normaux (16).
§ 2. - Sur quelques propriétés préliminaires des fonctions convexes d’ordre supérieu :
7.
—
Nous allons maintenant considérer, sauf avis contraire, uniquement des fonctions finies, uniformes et définies dans un intervalle fini et fermé .
Une fonction non-concave d’ordre dans est toujours bornée dans et si elle est toujours continue dans l’intervalle ouvert ( ). Pour toute fonction non-concave d’ordre les limites existent et on a
La fonction définie par
est non-concave resp. convexe d’ordre en même temps que .
On voit que toute fonction qui est à la fois non-concave de deux ordres de parités différentes est continue même au point .
Nous allons considérer des fonctions qui sont à la fois non-concaves d’ordres . Nous dirons qu’une telle fonction est ( )fois monotone. Une fonction qui est non-concave de tout ordre est dite complètement monotone. Une fonction ( )-fois monotone, pour , est continue dans l’intervalle fermé à gauche et ouvert à droite. Nous allons montrer qu’on peut préciser d’avantage l’allure d’une telle fonction au voisinage de .
Lemme 4. Toute fonction - fois monotone, , dans l’interv :alle a des dérivées non-négatives d’ordre au point cl.
Par cet énoncé nous voulons dire que pour chaque , la limite
existe 6 ).
La démonstration se fait de la manière suivante : Soit d’abord une suite infinie décroissante
et ayant pour limite le point . La suite des nombres non-négatifs
(31)
est non-croissante puisque
Donc
existe et est non-négatif.
Soit maintenant un nombre naturel et points distincts, différents de et tous compris dans l’intervalle ( ). Une formule connue de la théorie des différences divisées nous donne
.
Mais, nous pouvons trouver un nombre naturel tel que soit à gauche de tous les points . La même formule nous montre alors que
.
Toute différence divisée , pourvu que les points soient suffisamment près de , est donc comprise entre deux différences divisées de la forme (31). Le lemme en résulte.
8. - Examinons maintenant les fonctions qui correspondent, dans le cas d’un intervalle, aux fonctions qui interviennent dans le cas d’un ensemble fini (1).
6 ) Sans entrer dans des délails, il suffit de dire ici qu’alors la dérivée d’ordre au sens ordinaire existe et est égale à .
Considérons les fonctions définie par la formule
(32) , en supposant . Cette fonction est donc nulle dans l’intervalle et se réduit au polynome dans l’intervalle . Nous complétons la définition pour par la suivante
Nous avons la relation de récurrence
(33)
Lemme 5. La fonction 1n+1, est non-négative et ( )-fois monotone dans l’intervalle
Le signe de est évident. Pour démontrer la monotonie il faut montrer que
(34)
quels que soient et .
Nous allons procéder par induction. Supposons la propriété vraie jusqu’à et démontrons-la pour .
Si , la différence divisée (34) est nulle.
Si et , la différence divisée (34) est encore nulle.
Si et nous employons la formule
qu’on déduit facilement de la formule de Leibniz donnant la différence divisée du produit de deux fonctions 7 ).
Si nous employons la formule de récurrence
qu’on déduit de la même formule de LeIbNIZ appliquée à (33).
9. - Une combinaisons linéaire de polynomes de degré et d’un nombre fini de fonctions de la forme est dite une fonction élémentaire d’ordre n. Pour le moment nous supposons . Une fonction élémentaire est donc de la forme
(35)
(x)
où
Les polynomes de degré et les fonctions sont des fonctions élémentaires d’ordre particulères. Remarquons que toute fonction élémentaire d’ordre est continue dans .
Lemme 6. Pour que la fonction élémentaire d’ordre n (35) soit non-concave d’ordre n dans il faut et il suffit que les constantes soient non-négatives.
Les conditions sont évidemment suffisantes. Montrons qu’elles sont aussi nécessaires. Si nous désignons la fonction (35) par ( ) et si nous prenons les points tels que
nous avons
On voit facilement que pour qu’un polynome de degré soit non-négatif et ( )-fois monotone dans il faut et il suffit que si on ordonne ce polynome suivant les puissances de , tous ses coefficients sojent . Nous en déduisons le
Lemme 7. Pour que la fonction élémentaire d’ordre n (33) soit non-négative et - fois monotone dans l’intervalle il faut et il suffit que les constantes soient o et que les coefficients du polynome
soient aussi non-négatifs.
Dans le cas des fonctions définies sur un nombre fini de points nous avons déjà remarqué que toute fonction non-concave d’ordre est de la forme (9) avec des coefficients non-négatifs. Le polynome de cette formule peut aussi s’écrire
Il en résulte que toute fonction non-négative et ( ) - fois monotone sur les points (1) est de la forme
où les et les sont non-négatifs.
10. - Nous allons maintenant démontrer la propriété suivante.
Théorème 6. Toute fonction continue et non-concave d’ordre n dans l’intervalle est la limite d’une suite uniformément convergente de fonctions élémentaires d’ordre n , non-concaves d’ordre n dans .
C’est une propriété que nous avons souvent utilisé. Nous en allons donner maintenant une démonstration directe, sans passer par les dérivées de la fonction considérée.
Soit la fonction et divisons l’intervalle en parties égales par les points
(36)
Supposons, pour fixer les idées, assez grad, en espèce . Considérons alors la fonction élémentaire d’ordre
(37)
la notation (6) étant relative à la suite (36). Nous avons et
(38)
Nous pouvons alors écrire :
Pour ,
Pour ,
Considérons le polynome 9 )
Nous allons démontrer que la fonction
(39)
qui est bien de la forme (35), converge uniformément vers la fonction dans ).
Remarquons que
Il en résulte que la fonction se réduit identiquement à 1 lorsque . La différence s’obtient donc de en remplaçant partout par . Enfin désignons par le module d’oscillation de .
8) Le coefficient de pour est
et est donc nul identiquement, d’après une propriété connue des différences d’ordre .
9 ) Dans le cas n’est autre que le polynome de lagrange .
10 ) Lorsque représent la ligne polyonale inscrite dans la courbe suivant les abscisses
Nous avons alors :
Pour ,
et on a
donc
où
est indépendant de .
Pour ,
et on obtient de la même manière
où
est indépendant de .
Pour ,
d’où il résulte, comme plus haut,
où
est indépendant de et de .
Finalement donc
où est un nombre indépendant de , ce qui démontre la propriété.
11. - Le théorème 6 reste vrai pour . Dans ce cas, on peut écrire
Supposons que sont des points quelconques, non pas équidistants en général et posons
Nous avons alors
et on voit que
Il suffit donc de prendre des points tels que pour déduire le théorème 6 ,
Voyons maintenant ce qui se passe pour les fonctions nondécroissantes quelconques. Pour cela nous allons généraliser, un peu les fonctions élémentaires d’ordre 0.
Considérons les fonctions définies par
où , et, en particulier,
La fonction coïncide donc avec .
Nous dirons encore que ces fonctions et, plus généralement, toute combinaison linéaire de la forme
(41)
est une fonction élémentaire d’ordre 0 . Dans on peut, d’ailleurs, toujours supposer que si on a et si on a .
Pour qu’une fonction élémentaire (41) soit non-décroissante il faut et il suffit que .
Nous pouvons alors démontrer le
Théorème 7. Toute fonction non-décroissante dans l’intervalle est la limite d’une suite uniformément convergente de fonctions élémentaires d’ordre 0 , non-décroissantes dans l’intervalle .
Soit une fonction non-décroissantes dans . On peut toujours écrire
(42)
où est continue et non-décroissante dans et est la fonction des sauts de . Si sont les points de discontinuité de la fonction , on a
, où la sommation s’étend à toutes les discontinuités . On convient de poser . Remarquons que
est non-décroissante et est, ou bien une fonction élémentaire d’ordre 0 , ou bien est la somme d’une série absolument et uniformément convergente de fonctions élémentaires d’ordre 0 . Le théorème 7 en résulte.
Pour les fonctions qui sont continues à droite le théorème 7 coïncide avec le théorème 6. Dans ce cas, en effet, est continue à droite et n’introduit que des fonctions élémentaires de la forme .
La décomposition (42) peut aussi s’écrire pour une fonction nonconcave d’ordre . Dans ce cas, en modifiant légèrement la formule (42), on peut prendre pour la fonction (30) et pour la fonction
.
Nous pouvons en conclure que est encore la limite d’une suite uniformément convergente de fonctions élémentaires d’ordre , non-concaves d’ordre et corrigées par la fonction .
Lorsque la fonction est continue en , la fonction se réduit à
(43)
12.
—
Supposons et reprenons le polynome , donné au No. 10. En remarquant que
nous pouvons écrire
Compte tenant de la formule de transformation
et de la formule (38), nous trouvons
.
Supposons maintenant que la fonction soit ( )-fois monotone dans . D’après le lemme 4, nous avons
D’autre part
puisque
et, évidemment, cette limite est atteinte uniformément dans . Il en résulte que
uniformément dans .
Nous en déduisons le
Théorème 8. Toute fonction continue, non-négative et ( )fois monotone dans l’intervalle [ ] est la limite d’une suite uniformément convergente de fonctions élémentaires d’ordre n , de la forme (35), où les sont et le polynome , ordonné suivant les puissances de a tous ses coefficients .
II suffit de prendre les fonctions
Si nous considérons des fonctions ( )-fois monotones quelconques (non pas nécessairement continues en ) il suffit de corriger les fonctions correspondantes à la fonction par la fonction (43).
13. Supposons maintenant que soit complètement monotone dans . Nous avons alors le théorème suivant
Théorème 9. Toute fonction non-négative et complètement monotone dans l’intervalle [ ] est la limite dune suite uniformément
convergente de polynomes non-négatifs et complètement monotones dans l’intervalle .
Toute fonction continue non-négative et complètement monotone est donc limite uniforme de polynomes qui ordonnés suivant les puissances de ont tous leurs coefficients non-négatifs.
On obtient facilement cette propriété en considérant les polynomes de M. S. Bernstein.
(44)
qui jouissent bien des propriété exigées 11 ).
Si nous considérons des fonctions complètement monotones quelconques il suffit de corriger les polynomes (44), correspondants à la fonction par la fonction (43) et sera la limite uniforme de ces polynomes ainsi corrigés.
§ 3. - Inégalités linéaires pour les fonctions convexes définies dans un intervalle
14.
—
Considérons une fonctionnelle linéaire définie pour les fonctions , bornées et ayant au plus des discontinuités de premières espèce dans l’intervalle . Pour fixer les idées prenons
(45)
où est une fonction continue à variation bornée dans , les sont en nombre fini ou en infinité au plus dénombrable et la série est alors absolument convergente. Ces points sont les points critiques de la fonctionnelle linéaire .
Remarquons que la fonctionnelle considerée au § 1 est un cas particulier où se réduit à une constante et le nombre des points critique est fini.
On sait, d’ailleurs, que toute fonctionnelle linéaire définie pour les fonctions continues dans est de la forme 12 ).
où est une fonction à variation bornée dans . Lorsqu’il s’agit uniquement des fonctions continues, on peut toujours prendre sous cette forme.
On voit que
(46)
si la suite des fonctions converge uniformément vers la fonction limite .
Nous nous proposons de trouver des conditions nécessaires et suffisantes pour que l’inégalité
(47)
ait lieu pour toute fonction non-concave d’ordre dans l’intervalle . Les résultats du § 1 permettent de traiter un peu plus rapidement cette question.
Nous allons supposer d’abord .
On voit, comme au § 1, que les conditions
(48)
sont nécessaires.
Le lemme 5 nous montre que les conditions
(49)
sont aussi nécessaires
Ces conditions sont aussi suffisantes. En effet, supposons d’abord continue et non-concave d’ordre . Construisant la fonction (39) et compte tenant de (48), (49) nous trouvons
(50)
12 ) FrédÉric Riesz „Sur les opérations fonctionnelles linéaires" C. R. Acad. sc. Paris, 149, 974-977 (1909). .
NOTES SUR LES FONCTIONS CONVEXES D’ORDRE SUPÉRIEUR (IX) 107
et, d’après (46), en tenant compte de la démonstration du théorème 6,
(51)
Si les extrémités de l’intervalle ne sont pas des points critiques de les résultats précédents sont évidemment valables pour toutes les fonctions non-concaves d’ordre dans .
Démontrons maintenant le
Lemme 8. Si l’extrémité a est un point critique de la fonctionnelle A(f) et si les conditions (48) et (49) sont satisfaites, on a
(52)
étant le coefficient correspondant au point critique a.
Si l’extrémité b est un point critique, dans les même conditions, on a
(53)
étant le coefficient correspondant au point critique ).
Désignons par etc., des sommations qui s’étendent à toutes les valeurs de pour lesquelles etc. On a alors
Nous en déduisons, pour ,
et faisant on trouve (52).
13 ) Cette propriété est valable aussi dans le cas ou A ( ) se réduit à une fonctionnelle telle que (2). Les points (1) étant ordonnes et l’inégalité étant vérifiée par toute ’onction non-concave d’ordre définie sur les points (1) ou définie dans l’intervalle (en supposant , ce qui ne restrient pas la généralité), .
De même, nous avons,
et pour on déduit (53).
Soit maintenant une fonction non-concave d’ordre . La fonction donnée par (30) est continue et aussi non-concave d’ordre . Sous les hypothèses (48), (49) on a donc
et
(54) , donc, en vertu du lemme 8,
Finalement donc nous avons le
Théorème 10. Pour que l’inégalité (47) soit véritiée par toute fonction non-concave d’ordre in dans [a, b], il faut et il suffit que les conditions (48) et (49) soient satisfaites.
15. - Cherchons maintenant les conditions sous lesquelles l’inégalité plus précise
(55)
est vraie pour toute fonction convexe d’ordre dans l’intervalle . Les conditions (48) et (49) sont encore nécessaires, puisque toute fonction non-concave d’ordre est la limite d’une suite uniformément convergente de fonctions convexes d’ordre ).
La relation (54) nous montre qu’il suffit de considérer des fonctions continues et convexes d’ordre .
Remarquons que la fonction
est continue et non-négative dans .
Démontrons alors le
Lemme 9. Si les conditions (48) et (49) sont satisfaites, et si la fonction n’est pas identiquement nulle, toute fonction continue et convexe d’ordre n vérifie l’inégalité (55).
00footnotetext: 14) Par exemple est limite de pour .
NOTES SUR LES FONCTIONS CONVEXES D’ORDRE SUPÉRIEUR (IX)
109
En effet, la continuité de nous montre qu’on peut trouver un intervalle et un nombre positif C tels que
(56)
On peut toujours choisir les nombres de manière qu’ils divisent rationnellement l’intervalle et que l’on ait . Soit
oú étant des entiers.
Reprenons les points (36) avec , où est assez grand, en espèce , et les fonctions (37) correspondantes.
Ces fonctions peuvent s’écrire
Les inégalités (50) et (56) nous donnent
Divisons l’intervalle en parties égales par les points
Une formule bien connue des différences divisées nous donne
.
,
Il en résulte que
Nous avons donc
Faisons maintenant , alors , mais les points sont indépehdants de , donc de (51) il résulte que
ce qui démontre le lemme 9.
Nous complétons la propriété précédente par le
Lemme 10. Si les conditions (48), (49) sont satisfaites et si l’inégalité (55) est vérifiée par une fonction continue et convexe d’ordre n , alors cette inégalité sera verifiée par toute fonction continue et convexe d’ordre n.
En effet, si l’inégalité (55) est satisfaite pour une fonction convexe , la formule (51) nous montre que ne peut être identiquement nul. En particulier, est une fonction convexe d’ordre et nous déduisons le
Théorème 11. Pour que l’inégalité (55) soit vérifiée par toute fonction convexe d’ordre n dans l’intervalle il faut et il suffit que les conditions (48), (49) soient satisfaites et que, de plus, l’on ait
(57)
On peut aussi chercher dans quels cas l’égalité
(58)
est valable pour une fonction non-concave d’ordre dans .
L’analyse précédente nous montre que si les conditions (48), (49) sont satisfaites, l’égalité (58) n’est possible, pour une fonction nonconcave d’ordre que si cette fonction se réduit a un polynome de degré dans tout intervalle où est positif.
16. - Nous avons supposé jusqu’ici . Supposons maintenant que . Nous allons démontrer que les théorèmes 9 et 10 restent vrais encore dans ce cas 15 ).
00footnotetext: 15) Cette propriété est comprise, en partie, dans le théorème 399 de l’excellent livie de MM. G. H. Hardy, J. E. Littlewood et G. Polya „Inequalities", Cambridge Univ., Press. 1934.
Toutes les conditions précédentes sont évidemment nécessaires. Il reste à montrer qu’elles sont aussi suffisantes.
La suffisance des conditions (48), (49) pour l’inégalité (47) résulte, dans le cas où la fonction est continue, comme plus haut.
Si la fonction non-décroissante n’est pas continue le théorème 10 se démontre comme plus haut, mais en s’appuyant sur le théorème 7. Pour cela il faut démontrer que si les conditions (48), (49) sont vérifiées, l’inégalité (37) est vraie pour toutes les fonctions données par (40). Dans le cas où ne coïncide pas avec un point critique de ceci est évident, puisqu’alors A ( ) ne dépend pas de la valeur de la fonction au point .
Supposons donc que coïncide avec le point critique . Si nous prenons, comme plus haut,
la condition (49) s’écrit, pour ,
La fonction n’est pas continue en général, mais elle n’a que des discontinuités de première espèce au plus (plus exactement elle est à variation bornée). On en déduit que
La propriété résulte maintenant de
Examinons maintenant le théorème 11. Supposons donc (48), (49) et satisfaites. Je dis que, dans ce cas, on peut trouver un sousintervalle de tel que
En effet, dans le cas contraire, l’ensemble des pour lesquels serait partout dense dans . Sous cette hypothèse, con-
struisons la fonction du Nr. 11, en prenant les dans cet ensemble tel que
(59)
D’autre part
qui est en contradiction avec (59). La propriété est donc démontrée. - L’inégalité (55) pour une fonction continue et croissante résulte maintenant comme au Nr. précédent. Pour une fonction croissante quelconque, la décomposition (42) nous montre que la propriété est encore vraie. En effet, est alors continue et croissante et on a
Maintenant, ou bien il y a des discontinuités de comprises entre et et alors , ou bien est croissante dans et alors , comme il résulte de la démonstration du Nr. précedent.
Les conclusions relatives à l’égalité (58) s’étendent au cas . Si est non-décroissante, pour que cette égalité ait lieu il faut et il suffit que
La première égalité ne peut avoir lieu que si se réduit à une constante dans tout intervalle où reste plus grand qu’un nombre positif fixe. Pour que la seconde égalité ait lieu il faut que
pour toutes les discontinuités de .
Mais,
si n’est pas un point critique de et
si coïncide avec le point critique .
NOTES SUR LES FONCTIONS CONVEXES D’ORDRE SUPÉRIEUR (IX) 113
II en résulte que l’égalité (58) n’est possible pour une fonction non-décroissante que si cette fonction se réduit à une constante dans tout intervalle ou reste plus grand qu’un nombre positif fixe.
17. Des résultats précédents nous déduisons une importante formule de moyenne qui, au moins sous une forme particulière, est due à M. N. Ciorănescu 16 ).
Soit la fonctionnelle linéaire considérée plus haut et supposons que (48), (49) et (57) soient satisfaites ( ).
Si une fonction continue vérifie l’égalité , elle ne peut être ni convexe ni concave d’ordre . Or, pour une telle fonction on peut toujours trouver points distincts situés dans l’intervalle et tels que
Soit alors une fonction continue quelconque dans l’intervalle . Nous avons
et en appliquant le résultat précédent, on trouve
donc
Théorème 12. Si A (f) est une fonctionnelle linéaire définie pour les fonctions continues dans l’intervalle [a, b] et si
pour toute fonction continue dans l’intervalle on peut trouver points distincts de cet intervalle tels que l’on ait
La formule proprement dite de M. N. Cioranescu en résulte pour les fonctions admettant une dérivée d’ordre .
16) N. Ciorănescu „La généralisation de la première formule de la moyenne" l’Enseignement Mathématique, 37, 292-302 (1938).
18. - Les résultats du Nr. 3 s’étendent immédiatement. Soit B (f) une fonctionnelle linéaire telle que (45). Nous construisons à l’aide de cette fonctionnelle les moments (14), les déterminants (15) et les polynomes orthogonaux et normaux (16). La fonctionnelle B ( ) est nonnégative resp. positive dans les mêmes conditions qu’au Nr. 3.
Nous déduisons le
Théorème 13. Si est une fonctionnelle linéaire non-négative telle que et si est le polynome orthogonal (et normal) de degré correspondant à cette fonctionnelle, on a
(60)
pour toute fonction non-concave resp. convexe d’ordre n.
Ce théorème résulte d’ailleurs de la formule
.
En particulier, nous pouvons prendre
(61)
où est une fonction bornée sommable et non-négative, ayant une integrale positive dans . C’est alors bien une fonctionnelle linéaire positive.
Par exemple, si , le polynome diffère seulement par un facteur constant positif du polynome
(62)
de Legendre de degré . En considérant la fonctionnelle
nous pouvons facilement calculer maintenant la fonction .
On a
et un calcul facile nous donne
Nous avons donc le
Théorème 14. Si est le polynome de Legendre de degré , on a l’inégalité
pour toute fonction non-concave d’ordre n dans l’intervalle . L’égalité n’est possible que si la fonction se réduit à un polynome de degré n dans l’intervalle ouvert ( ).
Il est facile d’énoncer une propriété analogue correspondante à la fonctionnelle linéaire positive (61).
§ 4. - Inégalités bilinéaires pour les fonctions convexes définies dans un intervalle
19.
—
Considérons maintenant une fonctionnelle bilinéaire définie dans le champs des fonctions bornées et admettant au plus des discontinuités de première espèce dans l’intervalle . A ( ) est donc une fonctionnelle linéaire de resp. de de la nature indiquée au § 3, pour toute fonction donnée resp. . Un cas trés particulier est la fonctionnelle bilinéaire (20) étudiée au § 1. Il est inutile de préciser ici la forme de dans le cas général.
Proposons nous de chercher des conditions nécessaires et suffisantes pour que l’inégalité
(63)
soit vérifiée par tout couple de deux fonctions non-concaves d’ordre dans .
Supposons d’abord .
Tout d’abord on trouve, comme plus haut, les conditions nécessaires
(64)
où est une fonction non-concave d’ordre dans .
D’ailleurs, si les conditions (64) sont satisfaites par non-concave d’ordre , elles sont satisfaites identiquement pour toute fonction continue dans . Cette propriété résulte du lemme suivant.
Lemme 11. Si A (f) est une fonctionnelle linéaire et si A (f) pour toute fonction continue et non-concave d’ordre n dans , on a cette même égalité pour toute fonction continue dans .
En effet, de il résulte que l’égalité est vérifiée aussi par toute fonction non-convexe d’ordre . La propriété est donc vraie aussi pour toute fonction qui est la somme d’une fonction nonconcave et d’une fonction non-convexe d’ordre . Or, toute fonction continue est la limite uniforme de fonctions qui sont des tels sommes (des polynomes par exemple). D’où la propriété.
La nature des conditions (64) est donc précisée.
Le lemme 4 nous montre que les conditions
(65)
sont aussi nécessaires pour l’inégalité (63).
Les conditions (64), (65) sont aussi suffisantes. Pour le voir il suffit de construire les fonctions correspondantes à et à supposées continues et non-concaves d’ordre dans . Soient ces fonctions. On voit d’abord que
et ensuite
Pour que l’inégalité plus précise
(66)
soit vérifiée par tout couple de deux fonctions convexes d’ordre n, il est nécessaire de plus que
(67)
Cette condition est aussi suffisante. En effet, si (64), (65) et (67) sont satisfaites on a
pour toute fonction convexe d’ordre , puisque la fonctionnelle linéaire de vérifie les conditions (48), (49) et (57). étant une fonction convexe d’ordre , la fonctionnelle linéaire de
vérifie aussi les conditions (48), (49) et (57). On a donc l’inégalité (66) si est aussi convexe d’ordre .
Enfin, si les fonctions ne sont pas continues, en voit que les résultats subsistent. En effet, étant les fonctions (30) correspondantes, on a d’abord
d’où
La fonctionnelle linéaire de nous montre alors la propriété.
Finalement donc
Théorème 15. Pour que l’inégalité (62) soit vérifiée par tout couple de deux fonctions non-concaves d’ordre n dans [a, b], il faut et il suffit que les conditions (64), (65) soient satisfaites.
Pour que l’inégalité plus précise (66) soit vérifiée par tout couple de deux fonctions convexes d’ordre n dans , il faut et il suffit que les conditions (64), (65) et (67) soient satisfaites.
Si les conditions (64), (65) et (67) sont satisfaites et si est une fonction convexe d’ordre donnée, on trouve les conditions sous lesquelles
pour une fonction non-concave d’ordre , comme plus haut, en considérant la fonctionnelle linéaire de .
20. - Les résultats du Nr. 5 peuvent se généraliser immediatement. Ce que nous avons établi jusqu’ici nous permet d’énoncer le
Théorème 16. Si B (f) est une fonctionnelle linéaire non-négative telle que et si on considère les polynomes orthogonaux (et normaux) (16) relatifs à cette fonctionnelle, on a
(68)
pour tout couple de deux fonctions non-concaves resp. convexe d’ordre n dans l’intervalle .
Cette propriété résulte d’ailleurs immédiatement de l’inégalité
En particulier, on peut prendre la fonctionnelle positive (61). Dans ce cas, si reste plus grand qu’un nombre positif fixe, on peut affirmer que l’égalité dans (68) n’est possible, si l’une des fonctions est
convexe d’ordre et l’autre non-concave d’ordre , que si cette dernière se réduit à un polynome de degré dans l’intervalle ouvert ( ).
Prenons le cas particulier sont alors, à des facteurs constants positifs près, les polynomes de Legendre (62). On a
et nous déduisons le
Théorème 17. Si sont les polynomes de Legendre de degrés , on a l’inégaliré
(69)
pour tout couple de deux fonctions non-concaves resp. convexes d’ordre n dans l’intervalle .
D’ailleurs, si l’une des fonctions est convexe et l’autre nonconcave d’ordre in dans | - 1, 1], l’égalité dans (69) n’est possible que si cette seconde fonction se réduit à un polynome de degré n dans l’intervalle ouvert (-1,1).
Il est facile d’énoncer une propriété analogue pour la fonctionnelle plus générale (61).
21. - Le théorème 16 généralise une inégalité de Tchebycheff. Pour l’inégalité (69) revient à celle de Tchebycheff. Sous une forme un peu plus générale cette inégalité peut s’écrire
, étant non-décroissantes dans et de la nature indiquée dans (61).
De toute inégalité bilinéaire (63) resp. (66) on déduit une inégalité linéaire, en particularisant l’une des fonctions . Ainsi le théorème 13 peut se déduire du théorème 16 en prenant .
L’inégalité (68) est vérifiée identiquement si et nous obtenons ainsi le
Théorème 18. Toute fonction bornée et ayant au plus des discontinuités de première espèce dans [a, b], vérifie l’inégalité 17 )
(70)
où et ont la même signification que dans le théorème 16.
C’est n’est autre que l’inégalité de Bessel correspondante au développement de la fonction suivant les polynomes orthogonaux et normaux .
Dans certains cas on peut affirmer immédiatement que l’égalité dans (70) n’est possible que si se réduit à un polynome de degré . Il en est ainsi, par exemple, si est supposée être continue et est de la forme (61) avec , dans .
§ 5. - Sur quelques limitations d’une fonctionnelle linéaire
22.
—
Considérons une fonctionnelle linéaire . Dans ce nous supposerons toujours que cette fonctionnelle vérifie l’égalité
donc qu’elle ne dépend pas d’une constante additive de .
Il en résulte que si est l’oscillation de la fonction (là où elle est définie), il existe une constante , indépendante de la fonction , telle que l’on ait
(72)
La fonctionnelle étant donnée, le nombre M de (72) a un minimum qui est évidemment donné par l’égalité
le maximum étant relatif à toute les fonctions (admises) dont les valeurs restent comprises entre 0 et 1 .
Nous allons chercher à préciser la limitation (72) lorsqu’on impose à la fonction des conditions supplémentaires. Supposons, par exemple, que soit -fois monotone. Le nombre de (72) a alors un minimum qui est donné par
où le maximum est relatifs à toutes les fonctions -fois monotones dont les valeurs restent comprises entre 0 et 1 .
17) L’inégalité reste vraie dans des cas beaucoup plus généraux. Par exemple, si on prend la fonctionnelle (61), pour toute fonction mesurable et bornée dans .
Si la fonction est définie dans un intervalle, on peut aussi considérer des fonctions complètement monotones. Dans ce cas le minimum de M est donné par
le maximum étant relatif à toutes les fonctions complètement monotones dont les valeurs restent comprises entre 0 et 1 .
La suite
(73)
est non-croissante. Si est définie sur points cette suite a termes. Si est définie dans un intervalle la suite est infinie et on a évidemment
(74)
23.
—
Supposons d’abord que la fonction soit définie sur les points ordonnés (1) et considérons la fonctionnelle (2) satisfaisant, bien entendu, à (71).
On voit immédiatement que
et ce maximum est atteint par toute fonction qui prend la valeur 0 en tous les points auxquels correspondent des coefficients de même signe et la valeur 1 en tous les points auxquels correspondent des coefficients qui ont le signe contraire.
Voyons maintenant comment on détermine les nombres . On voit immédiatement que pour trouver il suffit de considérer seulement les fonctions non-négatives -fois monotones et telles que
Si , une telle fonction est de la forme
(75)
où .
Le nombre est donc égal au maximum de lorsque les nombres non-négatifs ont leur somme égale à 1. Mais, nous avons
et il en résulte que
Ce maximum est atteint par toute fonction (75) dans laquelle tous les sont nuls, sauf ceux pour lesquels .
Si , la fonction est de la forme
(76)
où les sont non-négatifs et vérifient l’égalité
(77)
Le nombre est alors égal au maximum de
lorsque les restent non-négatifs et vérifient l’égalité (77).
Posons
Nous avons alors
(78)
et ce maximum est atteint par toute fonction de la forme (76) où tous les sont nuls sauf ceux pour lesquels resp. et les non nuls satisfaisant bien entendu, à (77).
24. L’égalité a certainement lieu si la suite des coefficients de ,
(79)
présente une seule variation de signe 18 ). Dans ce cas, en effet, est atteint par une fonction qui est 1 -fois monotone (non-décroissante). Plus exactement nous avons le
Théorème 19. Pour que l’on ait il faut et il suffit que la suite (79) présente une seule variation de signe.
Nous avons déjà remarqué que la condition est suffisante. Montrons qu’elle est aussi nécessaire. Soit
De on déduit
ce qui exige que d’une part et d’autre part soient de même signe. Le théorème est donc démontré.
Examinons maintenant la possibilité de l’égalité .
00footnotetext: 18.Cette suite présente au moins une variation de signe, en vertu de (71). Nous supposons, bien entendu, que les ne sont pas tous nuls. Le cas contraire ne présente aucun intérêt puisqu’alors est nul identiquement.
Considérons d’abord les nombres
Nous avons
et
donc
Lemme 12. Le nombre est une moyenne arithmétique (généralisée) des nombres
Il en résulte que
l’égalité n’étant possible et ayant effectivement lieu seulement si
Remarquons aussi que nous avons
quel que soit . Nous pouvons alors énoncer le
Lemme 13. Si on a aussi .
Tout d’abord du lemme 12 il résulte que
(80)
Je dis que l’égalité entraint . En effet, supposons le contraire. Il existe alors un indice tel que . Le lemme 12 nous montre alors que
donc , ce qui est impossible. Nous avons donc bien , ce qui démontre le lemme 13.
Nous pouvons maintenant démontrer le
Théorème 20. Dans le cas de la fonctionnelle (2), vérifiant la condition (71), la suite est, ou bien décroissante, ou bien il existe un indice tel que l’on ait
Posons
Nous avons alors
Supposons maintenant que . Il suffit de démontrer qu’on a alors aussi . Si la propriété est démontrée puisque le maximum est alors atteint par un polynome qui est aussi ( )-fois monotone. Si , de et de
il résulte que , donc aussi, d’après le lemme 13, .
L’égalité résulte alors de
Le maximum est toujours atteint par une fonction de la forme et le maximum , par une fonction de la forme
ou par un polynome de la forme
Si est atteint par un tel polynome on a nécessairement .
25. - Donnons un exemple. Prenons les points
et soit
qui est une fonctionnelle de la forme (18).
Ici nous sommes précisément dans le cas où, d’après le théorème 19 , on a
(suivant que est pair ou impair).
Dans ce cas nous pouvons facilement calculer les nombres . On trouve
et on en déduit
Nous avons donc
Cet exemple nous montre aussi que l’égalité est bien possible sans que tous les soient égaux.
26. - Considérons maintenant des fonctions définies dans un intervalle et prenons la fonctionnelle linéaire (45), satisfaisant toujours à (71).
On peut facilement calculer le nombre . Sans insister ici sur la démonstration, disons seulement qu’on a
où V est la variation totale de la fonction . Mais, en général, il n’est pas sûr que ce maximum est atteint par une fonction ayant seulement des discontinuités de première espèce. Par exemple, si A (f) est de la forme
où est sommable et bornée dans l’intégrale étant prise au sens de Lebesgue, le maximum est atteint par la fonction qui est égale à 1 en tout point où est positif (négatif) et en tout point auquel correspond un coefficient positif (négatif) et est égale à 0 aux autres points de . Cette fonction est mesurable et bornée, donc est sommable.
Quelquefois on peut immédiatement conclure que . Il en est ainsi, par exemple, si
où change une seule fois de signe dans . Dans ce cas, en effet, est atteint par une fonction non-décroissante.
Voyons maintenant comment on peut déterminer les nombres ,
Si , une fonction non-décroissante est, ou bien une fonction élémentaire d’ordre 0 , ou bien la limite uniforme de telles fonctions. On voit facilement que, pour calculer , il suffit de considérer seulement des fonctions élémentaires d’ordre 0 , non-décroissantes et telles que . Une telle fonction est de la forme
(81)
où et .
On en déduit, comme plus haut,
Reprenons la fonction du Nr. 16. Alors est toujours compris entre et . On a donc
(82)
Considérons le cas . Toute fonction -fois monotone est, ou bien une fonction élémentaire d’ordre et -fois monotone, ou bien la limite uniforme de telles fonctions, éventuellement corrigées par la fonction (43). On voit encore que, pour calculer , il suffit de considérer seulement des fonctions élémentaires d’ordre -fois monotones, corrigées par la fonction (43) et telles que . Une telle fonction est de la forme
(83)
où et
(84)
Posons encore
(85)
Nous avons alors
(86)
Si l’extrémité de l’intervalle n’est pas un point critique de , on a . Dans ce cas donc
(87)
27.
—
La fonction , de n’est autre que . Nous savons que cette fonction est bornéa et n’a que des discontinuités de première espèce au plus. On a, d’ailleurs,
et il en résulte que
où nous désignons par un nombre égal à zéro si n’est pas un point critique de et égal au coefficient correspondant au point critique , dans le cas contraire.
Prenons maintenant la fonction de pour . Nous avons
(88)
C’est une fonction continue de dans l’intervalle .
La partie intégrale de (88) tend vers zéro pour . Il suffit, en effet, d’écrire
et d’appliquer à la dernière intégrale la première formule de la moyenne. Compte tenant de l’absolue convergence de la série on déduit aussi que
(89)
tend vers zéro si .
Il en résulte donc que
(90)
ayant la signification du plus haut. Cette formule est donc vraie pour , .
00footnotetext: 19.Les fonctions n’étant définies que dans l’intervalle signife
-0 .
Démontrons aussi le
Lemme 14. Si , la fonction de tend uniformément vers la constante dans l’intervalle
Pour démontrer ce lemme montrons d’abord que la partie intégrale de (88) tend uniformément vers zéro pour .
Désignons toujours par V la variation totale de la fonction dans et par sa variation totale dans l’intervalle . La fonction étant continue et à variation bornée dans on a
Nous pouvons écrire
et, si ,
d’aprés la formule de la moyenne d’une intégrale de Stieltjes.
Nous en déduisons
Mais,
et on voit que le sacond membre est indépendent de et tend vers zéro pour .
D’autre part l’absolue convergence de la série nous montre immédiatement que (89) tend uniformément vers zéro pour .
Le lemme 14 est donc démontré.
Considérons aussi les nombres . Nous avons . Le lemme 14 s’applique donc et on a
(91)
28.
—
Nous pouvons maintenant étudier les nombres Remarquons que
ce qu’on peut aussi écrire
(92)
donc
Lemme 15. - La fonction , de est une moyenne aritméthique de la fonction , de dans l’intervalle .
C’est l’analogue du lemme 12.
Il en résulte que la suite
(93)
est non-croissante. D’après le lemme 14, on a
(94)
donc nous avons aussi
Nous avons . On peut donc toujours substituer la formule (87) à la formule (86).
Nous supposons évidemment que n’est pas identiquement 7 nul. Il est facile de voir alors, en appliquant un raisonnement analogue à celui que nous avons employé pour la démonstration du lemme 11, que tous les nombres (93) sont non nuls, donc positifs.
Si nous supposons , d’après de lemme 15, on doit avoir aussi . Il en résulte que si on a nécessairement , donc
Si n’est pas un point critique de ce dernier cas ne se présente pas puisqu’alors .
Nous obtenons ainsi l’analogue du lemme 13,
Lemme 16. - Le suite (93) est, ou bien décroissante ou bien il existe un indice k tel que
Si l’extrémité b de l’intervalle n’est pas un point critique de , nous sommes toujours dans le premier cas.
Examinons aussi la suite
Cette suite est évidemment bornée et non-décroissante. D’aprés le lemme 14, on a
(95)
D’ailleurs, étant supposé non identiquement nul, les ne sont pas tous nuls.
Considerons maintenant la suite non-croissante
(96)
Une démonstration identique à celle employée pour le théorème , nous montre que si on a aussi Si le point n’est pas un point critique, la formule (94) nous montre qu’il existe nécessairement un indice tel que .
Pour trouver le nombre M* il suffit de considérer seulement des polynomes en à coefficients non-négatifs, corrigés éventuellement par la fonction (43) et prenant la valeur 0 en et la valeur 1 en en résulte que
(97)
et, compte tenant de (94) et (95),
ce qui précise, enfin, la formule (74).
Finalement donc nous pouvons énoncer l’analogue suivant du théorème 20,
Théorème 21. Dans le cas d’une fonctionnelle (f) de la forme (45), vérifiant la condition (71), la suite (96) est, ou bien croissante, ou bien il existe un indice k tel que l’on ait
Si l’extrémité b de l’intervalle n’est pas un point critique de (f) nous sommes toujours dans ce dernier cas.
Le nombre M* est toujours égal à la limite de la suite (96).
De l’analyse précédente il résulte que le maximum est atteint par une fonction de la forme . Le maximum est toujours atteint par une fonction de la forme , ou par un polynome avec . Si est atteint par on est sûr que est ici partout une constante convenable.
29. - Examinons quelques exemples,
Considérons d’abord
Dans ce cas . Les se calculent facilement.
Nous avons
et il résulte que
Considérons aussi la fonctionnelle
L’extrémité droite de l’intervalle est, dans ce cas, un point critique. On a encore . Nous trouvons
ll suffit, d’ailleurs, de remarquer que, dans ce cas, est atteint par le fonction ? qui est aussi complètement monotone.
Considérons aussi la fonctionnelle
C’est une fonctionnelle de la forme (60). est précisément le polynome de Legendre de degré 1 . Dans ce cas on a encore et
donc
Nous avons donc et
Si nous prenons la fonctionneile
où est le polynome de Legendre de degré , le calcul des nombres , est plus compliqué. Toutefois il est encore facile d’obtenir le nombre M *. Nous avons, en effet,
dont le maximum s’obtient pour . Nous avons donc
Dans ce cas , donc surement,
Cette observation est d’ailleurs valable pour toute fonctionnelle A (f) qui vérifie les relations
et pour laquelle l’extrémité droite de l’intervalle , n’est pas un point critique. En effet, une égalité entrainerait , qui est en contradiction avec (94) ( ).
§ 6. - Sur quelques limitations d’une fonctionnelle bilinéaire.
30.
—
On peut aussi se proposer de chercher des limitations analogues pour une fonctionnelle bilinéaire . Nous nous contenterons ici de donner quelques indications sur ce problème dans le cas particulier de la fonctionnelle
que nous avons considéré au Nrs. 5 et 20. Nous supposerons donc que est une fonctionnelle linéaire non-négative telle que et que sont les polynomes orthogonaux et normaux (16) correspondants.
Remarquons que cette fonctionnelle est symétrique en et et que , quelle que soit la fonction . Il est facile d’en déduire l’inégalité de Schwarz
(98)
Il suffit de nous occuper de la fonctionnelle quadratique . Nous avons
identiquement par rapport à la fonction , donc si est une constante. On voit alors qu’il existe une constante N telle que
(99)
étant toujours l’oscillation de la fonction (là où elle est définie).
Le nombre N a un minimum, soit , qui est déterminé par la condition de maximum
(100)
relative à toutes les fonctions (admises) dont les valeurs sont comprises entre 0 et 1 . De même soit le minimum de N lorsque reste -fois monotone et le minimum de N lorsque reste complètement monotone. Les nombres s’obtiennent par des conditions de maximum telle que (100), exactement comme pour les nombres du Nr. 22.
Les nombres étant déterminés, on déduit de (98) des limitations
où sont les oscillations de et resp. suivant qu’on impose à ces fonctions les conditions de monotonie signalées.
On peut facilement trouver une limitation supérieure pour . Nous avons évidemment
Si reste comprise entre 0 et 1 , nous pouvons écrire
donc
On a donc nécessairement
(101)
Mais, il est à remarquer que l’égalité peut ne pas avoir lieu même dans des cas très simples. Il en est ainsi, par exemple, si
étant impair. Ce fait se présente d’ailleurs seulement si nous nous trouvons dans le cas des fonctions définies sur un ensemble fini (1). Au contraire l’égalité dans (101) a lieu généralement si les valeurs des fonc-
tions interviennent effectivement dans une infinité de points. Il en est ainsi, par exemple, si
comme nous le verons à la fin de ce travail (nous prendrons , , ce qui ne restreint pas la généralité).
Nous pouvons, en tout cas, énoncer le
Théorème 22. Si est une fonctionnelle linéaire non-négative et telle que et si sont les polynomes orthogonaux (et normaux) de degré , correspondants à cette fonctionnelle, on a
étant les oscillations des fonctions .
Bien entendu, les fonctions sont définies sur, les points (1) ou dans l’intervalle suivant les cas.
31. - Cherchons à déterminer les nombres dans le cas où les fonctions sont définies sur les points (1).
Prenons d’abord le cas . On voit encore qu’il suffit de considérer des fonctions de la forme (75) avec
Alors devient une forme quadratique en ,
Cette forme quadratique est non-négative et on voit donc, compte tenant de (98), que
Dans le cas , un raissonnement absolument identique nous montre que
où
Remarquons que
Nous en déduisons
et, en vertu de (98),
(102)
C’est la formule analogue à la formule de la moyenne du Nr. 24. On voit que la suite
est non-croissante. On a encore
qui est donc indépendant de . On en déduit, comme pour le lemme 13, que si on a aussi .
D’autre part la suite
est évidemment non-décroissante.
Finalement on obtient l’analogue suivant du théorème 20.
Théorème 23. - La suite
est, ou bien décroissante, ou bien il existe un indice k tel que
La démonstration est la même que pour le théorème 20.
IJ est clair que si est atteint par un polynome de la forme
on a nécessairement ,
32. - Supposons maintenant que les fonctions soient définies dans l’intervalle .
On voit alors que
Nous avons, dans ce cas
qui est une formule facile à vérifier.
Nous pouvons alors écrire, en tenant compte de (98),
qui est la formule (102) correspondante et est l’analogue de (92).
Dans ce cas, encore la suite
(103)
est non-croissante et si on a nécessairement
La suite
est non-décroissante.
Remarquons que
et alors le lemme 15 peut s’appliquer aux fonctionnelles linéaires B (P ) de et à B ( ) de . On en déduit que la suite (103) tend vers une limite pour ,
qui est nécessairement nulle si l’extrémité n’est pas un point critique de B (f). On a aussi
En poursuivant le raisonnement comme au Nr. 28, on en déduit le
Théorème 24. - Dans le cas d’un intervalle [ , la suite (104)
est, ou bien décroissante, ou bien il existe un indice k tel que l’on ait
Si l’extrémité droite de l’intervalle n’est pas un point critique de , nous sommes toujours dans le second cas.
Enfin, le nombre est toujours égal à la limite de la suite (104). Les nombres sont atteints par des fonctions élémentaires simples comme dans le cas du théorème 21. Il est clair que si est atteint par un polynome de la forme , on a nécessairement .
33. - Pour donner un exemple prenons la fonctionnelle bilinéaire
où sont les polynomes de Legendre.
Dans le cas nous avons
Nous en déduisons , et
On en déduit que
Ce résultat est du à MM. G. Gruss et E. Landau 20 ).
20 ) Gerhard Gruss "Uber das Maximum des absoluten Betrages von
Math. Zeitschrift, 39, 215-226 (1934). Edmund Landau „Uber mehrfach monotone Folgen" Prace mat.-fiz., 44, 337-351 (1937).
Si la détermination exacte des nombres est un calcul plus compliqué. Si on peut obtenir facilement
Le nombre N* peut être déterminé car
et il suffit de chercher le nombre naturel tel que cette expression devient maximum. La valeur de ce maximum est la valeur de .
Pour terminer, nous allons montrer que dans ce cas nous avons égalité dans la formule (101), donc que .
Pour cela construisons la fonction
oú . Il suffit de montrer qu’on peut déterminer les points , de manière que
(105)
Le système (105) est vérifié si
et d’après un résultat de A . Korkine et G . Zolotareff 21 ) ceci a effectivement lieu si les sont les zéros du polynome trigonométrique
21 ) A. Korkine et G. Zolotareff "Sur un certain minimum" Nouv. Annales de Math , (2) 12, 337-355 (1873).