Sur la conservation par le polynome d’interpolation de L. Féjer, du signe ou de la monotonie de la fonction

Abstrait

Traduction en anglais du titre

On the conservation by the interpolation polynomial of L. Féjer, of the sign or the monotonicity of the function

Auteur(s)

T. Popoviciu
Institutul de Calcul

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Pour citer ce travail

T. Popoviciu, Sur la conservation par le polynome d’interpolation de L. Féjer, du signe ou de la monotonie de la fonction, An. Şti. Univ. “Al. I. Cuza” Iaşi Secţ. I (N.S.) 8 (1962), pp. 65-84 (in French).

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SUR LA CONSERVATION, PAR LE POLYNOME D’INTERPOLATION DE L. FEJÉR, DU SIGNE OU DE LA MONOTONIE DE LA FONCTION

PAR
TIBERIU POPOVICIU
à Cluj

§ 1. Conservation du signe de la fonction

  1. 1.

    Soient

x1<x2<<xnx_{1}<x_{2}<\ldots<x_{n} (1)

n(2)n(\geqslant 2) points de l’axe réelle, f=f(x)f=f(x) une fonction, réelle, de la variable réelle xx, définie sur un ensemble linéaire EE contenant les points (1) et considérons le polynome d’interpolation

F[fx]=i=1nf(xi)htF[f\mid x]=\sum_{i=1}^{n}f\left(x_{i}\right)h_{t} (2)

correspondant à la fonction ff sur les noeuds (d’interpolation) (1).
Le polynome (2) (de L. Fejér) est le premier terme du polynome de Lagrange-Hermite

H[fx]=i=1nf(xi)hi+i=1nf(xi)ktH[f\mid x]=\sum_{i=1}^{n}f\left(x_{i}\right)h_{i}+\sum_{i=1}^{n}f^{\prime}\left(x_{i}\right)k_{t} (3)

de degré 2n12n-1 prenant, avec la fonction ff et avec sa dérivée ff^{\prime}, les mêmes valeurs sur les noeuds.

Dans (3) les hih_{i} sont les polynomes fondamentaux d’interpolation de la première et les kik_{i} les polynomes fondamentaux d’interpolation de la seconde espèce correspondants aux noeuds (1). Ces polynomes sont donnés par les formules

Plusieurs auteurs, surtout d’abord L. Fejér [1], ont étudié des cas, très importants pour la convergence des suites de polynomes d’interpolation, où les polynomes (4) sont non-négatifs sur un certain intervalle II.

Dans ce premier \int nous reproduisons, en les complétant un peu, les résultats de L. Fejér [1]. Nous reprenons aussi les cas où les noeuds sont les racines des polynomes orthogonaux classiques de Jacobi, Laguerre et Hermite considérés par L. Fejér [1] et G. Szegö [4].

Ces résultats sont utiles pour mettre mieux en évidence les propriétés que nous étudierons au §2\S 2.
2. Soit II un intervalle quelconque. Nous disons que le polynome d’interpolation F[fx]F[f\mid x] conserve le signe de la fonction (plus exactement: conserve le signe de la fonction ff sur l’intervalle II ) s’il est non-négatif sur II pour toute fonction ff, non-négative sur les points (1). Il en est toujours ainsi si II se réduit à un noeud. Si l’intervalle II est non nul 1 ) ou s’il se réduit à un point différent d’un noeud, pour que F[fx]F[f\mid x] conserve le signe de la fonction, il faut et il suffit que les fonctions linéaires

vi=1l′′(xi)l(xi)(xxi),i=1,2,,nv_{i}=1-\frac{l^{\prime\prime}\left(x_{i}\right)}{l^{\prime}\left(x_{i}\right)}\left(x-x_{i}\right),\quad i=1,2,\ldots,n (7)

soient non-négatives sur ll. Dans le cas contraire nous disons que le po lynome d’interpolation F[fx]F[f\mid x] ne conserve pas le signe de la fonction (plus exactement: ne conserve pas le signe de la fonction ff sur l’intervalle II ). Dans ce cas il existe au moins un point de II sur lequel l’un au moins des polynomes (7) prend une valeur négative.

La formule bien connue

i=1nhi=1\sum_{i=1}^{n}h_{i}=1 (8)

nous montre que les polynomes (4) ne peuvent s’annuler tous à la fois sur un même point. Il en résulte que si F[fx]F[f\mid x] conserve le signe de la fonction il est aussi positif sur II pour toute fonction positive sur les points (1). On voit facilement que, sous la même hypothèse, le polynome F[fx]F[f\mid x] est non-positif respectivement négatif sur II pour toute fonc-

00footnotetext: 1. Donc a une longueur non nulle. De même nous disons que l’intervalle est nul s’il se réduit à un seul point.
hi=[l(x)(xxi)l(xi)]2[1l′′(xi)l(xi)(xxi)],i=1,2,,n\displaystyle h_{i}=\left[\frac{l(x)}{\left(x-x_{i}\right)l^{\prime}\left(x_{i}\right)}\right]^{2}\left[1-\frac{l^{\prime\prime}\left(x_{i}\right)}{l^{\prime}\left(x_{i}\right)}\left(x-x_{i}\right)\right],i=1,2,\ldots,n (4)
ki=[l(x)(xxi)l(xi)]2(xxi),i=1,2,,n\displaystyle k_{i}=\left[\frac{l(x)}{\left(x-x_{i}\right)l^{\prime}\left(x_{i}\right)}\right]^{2}\left(x-x_{i}\right),\quad i=1,2,\ldots,n (5)
l(x)=(xx1)(xx2)(xxn).\displaystyle l(x)=\left(x-x_{1}\right)\left(x-x_{2}\right)\ldots\left(x-x_{n}\right). (où)

tton ff, non-positive respectivement négative sur les points (1). Il s’agit bien entendu, d’un intervalle II non nul. Plus simplement nous pourrions dire que si le polynome dinterpolation F[fx]F[f\mid x] conserve la non-négativité, alors il conserve aussi la non-positivité, la positivité et la négativité de la fonction.
3. L’importante notion de points conjugués des noeuds, introduite par L. Fejér, permet de discuter complètement le problème de la conservation, par le polynome F[fx]F[f\mid x], du signe de la fonction.

Les points conjugués des noeuds (1) sont les points

Xi=xi+l(xi)ln(xi),i=1,2,,nX_{i}=x_{i}+\frac{l^{\prime}\left(x_{i}\right)}{l^{n}\left(x_{i}\right)},i=1,2,\ldots,n (6)

XlX_{l} étant le conjugué du point xl1x_{l}{}^{1} ).
Le point XiX_{i} existe si l′′(xi)0l^{\prime\prime}\left(x_{i}\right)\neq 0. Si l′′(xi)=0l^{\prime\prime}\left(x_{i}\right)=0 on peut prendre Xi==+X_{i}==+\infty et alors tous les résultats suivants restent valables en opérant avec le nombre impropre ++\infty comme d’habitude en analyse mathématique.

Le point XiX_{i} ne coïncide jamais avec xix_{i}.
L’inégalité vi0v_{i}\geqq 0 sur II est équivalente à l’inégalité

(Xixi)(Xix)0 sur I.\left(X_{i}-x_{i}\right)\left(X_{i}--x\right)\geqq 0\text{ sur }I.

Nous avons

l′′(xi)l(xi)=2j=1n1xixj,i=1,2,,n\frac{l^{\prime\prime}\left(x_{i}\right)}{l^{\prime}\left(x_{i}\right)}=2\sum_{j=1}^{n}\frac{1}{x_{i}-x_{j}},i=1,2,\ldots,n (10)

où l’accent’ au signe d\sum_{d}^{\prime} signifie que la valeur ii de l’indice jj est exclue.
Des inégalités (1) et de (10) il résulte que

l′′(x1)l(x1)<0,l′′(xn)l(xn)>0\frac{l^{\prime\prime}\left(x_{1}\right)}{l^{\prime}\left(x_{1}\right)}<0,\frac{l^{\prime\prime}\left(x_{n}\right)}{l^{\prime}\left(x_{n}\right)}>0

donc aussi X1<x1,Xn>xnX_{1}<x_{1},X_{n}>x_{n}. Les points X1,XnX_{1},X_{n} sont finis et nous avons I[X1,Xn]I\subseteq\left[X_{1},X_{n}\right] si le polynome F[fx]F[f\mid x] conserve le signe de la fonction sur l’intervalle II.

En particulier, le polynome d’interpolation F[fx]F[f\mid x] ne conserve le signe de la fonction sur aucun intervalle infini.

Cette propriété résulte, d’ailleurs, aussi de la formule (8) et du fait qu’aucun des polynomes (4) ne se réduit à une constante 2 ). En effet, l’un au moins de ces polynomes doit tendre vers ++\infty et l’un au moins vers -\infty lorsque x+x\rightarrow+\infty ou xx\rightarrow-\infty.

00footnotetext: 1) Lorsque (1) sont les racines du polynome de Tchebycheff cos(narccosx)\cos(n\arccos x) les points xi,Xi(=1xi)x_{i},X_{i}\left(=\frac{1}{x_{i}}\right) sont harmoniquement conjugués par rapport aux points 1,1-1,1.
{}^{\text{2 }} ) Seulement de (8) et du fait qu’un au moins des polynomes (4) ne se réduit pas

4. Si l′′(xi)=0l^{\prime\prime}\left(x_{i}\right)=0, on a vi=1>0v_{i}=1>0 pour tout xx. Désignons p i1,i2,,iki_{1},i_{2},\ldots,i_{k} les valeurs de l’indice ii pour lesquelles l′′(xi)l(x)<0\frac{l^{\prime\prime}\left(x_{i}\right)}{l^{\prime}(x)}<0 et par j1,j2,,jmj_{1},j_{2},\ldots,j_{m} les valeurs de l’indice ii pour lesquelles l′′(xi)l(xi)>0\frac{l^{\prime\prime}\left(x_{i}\right)}{l^{\prime}\left(x_{i}\right)}>0. Nous avons k+mnk+m\leqq n. D’après (11) il existe de tels indices (donc k1,m1k\geqq 1,m\geqq 1 ). On le voit aussi en remarquant que i=1nl′′(xi)l(xi)=0\sum_{i=1}^{n}\frac{l^{\prime\prime}\left(x_{i}\right)}{l^{\prime}\left(x_{i}\right)}=0 et que l′′(xi),i=1,2,,nl^{\prime\prime}\left(x_{i}\right),i=1,2,\ldots,n ne peuvent être tous nuls 1 ).

Deux cas peuvent alors se présenter:
4.1. Nous avons

XirXjs,r=1,2,,k,s=1,2,,mX_{i_{r}}\leqq X_{j_{s}},r=1,2,\ldots,k,s=1,2,\ldots,m

Alors pour que F[fx]F[f\mid x] conserve le signe de la fonction sur l’intervalle II il faut et il suffit que l’on ait I[Z,Z+]I\subseteq\left[Z^{-},Z^{+}\right]

Z=maxr=1,2,kXir,Z+=mins=1,2,,mXjsZ^{-}=\max_{r=1,2\ldots,k}X_{i_{r}},\quad Z^{+}=\min_{s=1,2,\ldots,m}X_{j_{s}}

Le plus grand intervalle (supposé non nul) sur lequel le polynome F[fx]F[f\mid x] conserve le signe de la fonction est l’intervalle [Z,Z+]\left[Z^{-},Z^{+}\right].

Dans le cas des noeuds 1,13,13,1(n=4)-1,-\frac{1}{\sqrt{3}},\frac{1}{\sqrt{3}},1(n=4) nous avons Z==Z+=0Z^{-}==Z^{+}=0, qui ne coïncide pas avec un noeud et dans le cas des noeuds 1,12,0,12,1(n=5)-1,-\frac{1}{\sqrt{2}},0,\frac{1}{\sqrt{2}},1(n=5) nous avons encore Z=Z+=0Z^{-}=Z^{+}=0, qui coïncide avec un noeud.
4.2. Il existe un indice rr et un indice ss tels que

Xtr>XJs.X_{t_{r}}>X_{J_{s}}. (12)

Dans ce cas il n’existe aucun intervalle II, ne se réduisant pas à un noeud, sur lequel le polynome F[fx]F[f\mid x] conserve le signe de la fonction,
5. Si l’intervalle II est fini, qui peut être toujours supposé fermé, mais quelconque, les résultats de L. Fejér nous montrent que la conservation du signe peut effectivement avoir lieu. Il en est ainsi si les noeuds (1) sont normalement distribués par rapport à l’intervalle II. Si I=[a,b]I=[a,b], a<ba<b, on dit que les noeuds (1) sont normalement distribués par rapport à II, si tous les points xix_{i} appartiennent à l’intervalle II et tous les points conjugués XiX_{i} sont à l’extérieur de l’intervalle (ouvert) ( a,ba,b ). Il est facile de voir que, dans ce cas, le polynome F[fx]F[f\mid x] conserve le signe de la fonction sur II.

00footnotetext: 1 ) Car le polynome l′′l^{\prime\prime} est de degré n2n-2 et non identiquement nul.

On peut aussi obtenir un résultat en quelque sorte contraire.
Nous avons la propriété
I. Si n4n\geq 4, on peut construire des systèmes de noeuds (1) tels que e polynome d’interpolation F[fx]F[f\mid x] ne conserve le signe de la fonction sur aucun intervalle II, nul ou non et ne se réduisant pas à un noeud.

Cette propriété est une conséquence du
Lemme 1. Si n4n\geqq 4 et si les noeuds (1) vérifient les inégalités
(13)

x2x1x3x2n1,xnxn1xn1xn2n1x_{2}-x_{1}\leqq\frac{x_{3}-x_{2}}{n-1},x_{n}-x_{n-1}\leqq\frac{x_{n-1}-x_{n-2}}{n-1}

le polynome d’interpolation F[fx]F[f\mid x] ne conserve le signe de la fonction sur aucun intervalle II, nul ou non et ne se réduisant pas à un noeud.

En vertu des inégalités (1) et (13), nous avons

12l′′(x2)l(x2)=\displaystyle\frac{1}{2}\cdot\frac{l^{\prime\prime}\left(x_{2}\right)}{l^{\prime}\left(x_{2}\right)}= 1x2x1i=3n1xix2>1x2x1n2x3x2\displaystyle\frac{1}{x_{2}-x_{1}}-\sum_{i=3}^{n}\frac{1}{x_{i}-x_{2}}>\frac{1}{x_{2}-x_{1}}-\frac{n-2}{x_{3}-x_{2}}\geqq
n1x3x2n2x3x2=1x3x2>0\displaystyle\geqq\frac{n-1}{x_{3}-x_{2}}-\frac{n-2}{x_{3}-x_{2}}=\frac{1}{x_{3}-x_{2}}>0 (14)

donc l′′(x2)l(x2)>2x3x2>0\frac{l^{\prime\prime}\left(x_{2}\right)}{l^{\prime}\left(x_{2}\right)}>\frac{2}{x_{3}-x_{2}}>0. On voit, de la même manière, que

ln(xn1)l(xn1)<2xn1xn2<0\frac{l^{n}\left(x_{n-1}\right)}{l^{\prime}\left(x_{n-1}\right)}<\frac{-2}{x_{n-1}-x_{n-2}}<0

Il en résulte qu’il suffit de démontrer l’inégalité (12) correspondante, donc l’inégalité
(15)

Xn1>X2.X_{n-1}>X_{2}.

De (14) on déduit que
donc

2x3x2l′′(x2)l(x2)<2x3x22x3x2=0\frac{2}{x_{3}-x_{2}}-\frac{l^{\prime\prime}\left(x_{2}\right)}{l^{\prime}\left(x_{2}\right)}<\frac{2}{x_{3}-x_{2}}-\frac{2}{x_{3}-x_{2}}=0
x3x22l(x2)l′′(x2)>0\frac{x_{3}-x_{2}}{2}-\frac{l^{\prime}\left(x_{2}\right)}{l^{\prime\prime}\left(x_{2}\right)}>0 (16)

et on démontre de la même manière que

xn1xn22+l(xn1)l′′(xn1)>0.\frac{x_{n-1}-x_{n-2}}{2}+\frac{l^{\prime}\left(x_{n-1}\right)}{l^{\prime\prime}\left(x_{n-1}\right)}>0. (17)

Compte tenant de (1), (16) et (17), nous avons

Xn1X2=xn1x2+l(xn1)l′′(xn1)l(x2)l′′(x2)=xn1+xn2x3x22++[x3x22l(x2)l′′(x2)]+[xn1xn22+l(xn1)l′′(xn1)]>0,\begin{gathered}X_{n-1}-X_{2}=x_{n-1}-x_{2}+\frac{l^{\prime}\left(x_{n-1}\right)}{l^{\prime\prime}\left(x_{n-1}\right)}-\frac{l^{\prime}\left(x_{2}\right)}{l^{\prime\prime}\left(x_{2}\right)}=\frac{x_{n-1}+x_{n-2}-x_{3}-x_{2}}{2}+\\ +\left[\frac{x_{3}-x_{2}}{2}-\frac{l^{\prime}\left(x_{2}\right)}{l^{\prime\prime}\left(x_{2}\right)}\right]+\left[\frac{x_{n-1}-x_{n-2}}{2}+\frac{l^{\prime}\left(x_{n-1}\right)}{l^{\prime\prime}\left(x_{n-1}\right)}\right]>0,\end{gathered}

ce qui démontre l’inégalité (15), donc le lemme 1.
6. La propriété étudiée plus haut n’est pas vraie pour n=2n=2 et pour n==3n==3. Dans ces cas il existe toujours des intervalles II, non nuls, sur lesquels le polynome d’interpolation F[fx]F[f\mid x] conserve le signe de la fonction.
Q.1. Pour n=2n=2, nous avons

X1=x1x2x12,X2=x2+x2x12X_{1}=x_{1}-\frac{x_{2}-x_{1}}{2},\quad X_{2}=x_{2}+\frac{x_{2}-x_{1}}{2}

et le polynome diaterpolation F[fx]F[f\mid x] conserve le signe de la fonction sur l’intervalle II si et seulement si I[X1,X2]I\subseteq\left[X_{1},X_{2}\right].
6.2. Pour n=3n=3 la discussion est un peu plus compliquée et dépend du paramètre ϱ=x2x1x3x1\varrho=\frac{x_{2}-x_{1}}{x_{3}-x_{1}}, qui reste compris entre 0 et 1(0<ϱ<1)1(0<\varrho<1). Nous avons

X1=x1x2x12(1+ϱ),X3=x3+x3x22(2ϱ)\displaystyle X_{1}=x_{1}-\frac{x_{2}-x_{1}}{2(1+\varrho)},X_{3}=x_{3}+\frac{x_{3}-x_{2}}{2(2-\varrho)}
X2=x2+1ϱ2(12ϱ)(x2x1)=x2ϱ2(2ϱ1)(x3x2);(ϱ12),\displaystyle X_{2}=x_{2}+\frac{1-\varrho}{2(1-2\varrho)}\left(x_{2}-x_{1}\right)=x_{2}-\frac{\varrho}{2(2\varrho-1)}\left(x_{3}-x_{2}\right);\left(\varrho\neq\frac{1}{2}\right),
X2=+(ϱ=12),\displaystyle X_{2}=+\infty\left(\varrho=\frac{1}{2}\right),

et nous déduisons que le polynome d’interpolation F[fx]F[f\mid x] conserve le signe de la fonction sur l’intervalle II si et seulement si:
6.2.1. I[X1,X3]I\subseteq\left[X_{1},X_{3}\right] lorsque ϱ=12\varrho=\frac{1}{2}.
6.2.2. I[X1,min(X2,X3)]I\subseteq\left[X_{1},\min\left(X_{2},X_{3}\right)\right] lorsque e<12e<\frac{1}{2}. Dans ce cas on a X1<X2,X1<X3X_{1}<X_{2},X_{1}<X_{3} et nous avons X2<X_{2}<, =, respectivement >X3>X_{3} suivant que ϱ<,=\varrho<,=, respectivement >7265(=0,420)>\frac{7-2\sqrt{6}}{5}(=0,420\ldots).
6.2.3. I [max(X1,X2),X3]\subseteq\left[\max\left(X_{1},X_{2}\right),X_{3}\right] lorsque ϱ>12\varrho>\frac{1}{2}. Dans ce cas on a X1<<X3,X2<X3X_{1}<<X_{3},X_{2}<X_{3} et nous avons X1<X_{1}<, =, respectivement >X2>X_{2} suivant que ϱ>,=\varrho>,=, respectivement <2625(=0,579)<\frac{2\sqrt{6}-2}{5}(=0,579\ldots).
6.3 Considérons aussi le cas n=4n=4, les noeuds étant symétriquement distribués par rapport à un certain point de l’axe réelle, donc en supposant que x2+x3=x1+x4x_{2}+x_{3}=x_{1}+x_{4}. Sur ce cas on peut déjà apercevoir les diverses circonstances qui peuvent se présenter. La discussion dépend du paramètre τ=x3x2x2x1=x3x2x4x3\tau=\frac{x_{3}-x_{2}}{x_{2}-x_{1}}=\frac{x_{3}-x_{2}}{x_{4}-x_{3}}, qui reste positif. Si nous posons x2x1=ux_{2}-x_{1}=u, nous avons x3x2=τu,x4x3=ux_{3}-x_{2}=\tau u,x_{4}-x_{3}=u et

X1=x1u(τ+1)(τ+2)2(τ2+5τ+5),X2=x2+uτ(τ+1)2(τ2τ1)\displaystyle X_{1}=x_{1}-\frac{u(\tau+1)(\tau+2)}{2\left(\tau^{2}+5\tau+5\right)},X_{2}=x_{2}+\frac{u\tau(\tau+1)}{2\left(\tau^{2}-\tau-1\right)}
X3=x3uτ(τ+1)2(τ2τ1),X4=x4+u(τ+1)(τ+2)2(τ2+5τ+5)\displaystyle X_{3}=x_{3}-\frac{u\tau(\tau+1)}{2\left(\tau^{2}-\tau-1\right)},\quad X_{4}=x_{4}+\frac{u(\tau+1)(\tau+2)}{2\left(\tau^{2}+5\tau+5\right)}

Nous en déduisons

X2X1=u2τ2(τ+2)25τ(τ+2)6(τ2τ1)(τ2+5τ+5)X4X2=u(τ+1)τ2(τ+2)27τ(τ+2)6(τ2τ1)(τ2+5τ+5)\begin{gathered}X_{2}-X_{1}=u\frac{2\tau^{2}(\tau+2)^{2}-5\tau(\tau+2)-6}{\left(\tau^{2}-\tau-1\right)\left(\tau^{2}+5\tau+5\right)}\\ X_{4}-X_{2}=u(\tau+1)\frac{\tau^{2}(\tau+2)^{2}-7\tau(\tau+2)-6}{\left(\tau^{2}-\tau-1\right)\left(\tau^{2}+5\tau+5\right)}\end{gathered}
X3X2=uττ22τ2τ2τ1.X_{3}-X_{2}=u\tau\frac{\tau^{2}-2\tau-2}{\tau^{2}-\tau-1}.

Si nous posons

τ1=9+7321=1,094τ2=9+7321=1,961τ3=1+3=2,732\begin{gathered}\tau_{1}=\frac{\sqrt{9+\sqrt{73}}}{2}-1=1,094\ldots\\ \tau_{2}=\frac{\sqrt{9+\sqrt{73}}}{\sqrt{2}}-1=1,961\ldots\\ \tau_{3}=1+\sqrt{3}=2,732\ldots\end{gathered}

les nombres τ1,τ2,τ3\tau_{1},\tau_{2},\tau_{3} sont les valeurs (uniques) de τ\tau pour lesquelles on a X2=X1,X2=X4,X2=X3X_{2}=X_{1},X_{2}=X_{4},X_{2}=X_{3} respectivement. Il résulte alors que l’intervalle [Z,Z+]\left[Z^{-},Z^{+}\right]se réduit à [X2,X3],[X1,X4]\left[X_{2},X_{3}\right],\left[X_{1},X_{4}\right] respectivement [X3,X2]\left[X_{3},X_{2}\right] suivant que 0ττ1,τ1ττ20\leqq\tau\leqq\tau_{1},\tau_{1}\leqq\tau\leqq\tau_{2} respectivement τ2ττ3\tau_{2}\leqq\tau\leqq\tau_{3}. Si τ>τ3\tau>\tau_{3} l’intervalle [Z,Z+]\left[Z^{-},Z^{+}\right]n’existe pas.

D’autres valeurs remarquables de τ\tau sont

τ4=1,τ5=3+334=2,186,τ6=2,\tau_{4}=1,\tau_{5}=\frac{3+\sqrt{33}}{4}=2,186\ldots,\tau_{6}=2,

pour lesquelles on a X2=x1X_{2}=x_{1} (et X3=x4X_{3}=x_{4} ), X2=x3X_{2}=x_{3} (et X3=x2X_{3}=x_{2} ), X2=x4X_{2}=x_{4} (et X3=x1X_{3}=x_{1} ) respectivement.
7. Il y a des cas particuliers importants dans lesquels on peut affirmer l’existence d’un intervalle [ Z,Z+Z^{-},Z^{+}], non nul, sur lequel le polynome d’interpolation (2) conserve le signe de la fonction.

Désignons par ii^{\prime} le plus grand des indices i1,i2,,iki_{1},i_{2},\ldots,i_{k} et par i′′i^{\prime\prime} le plus petit des indices j1,j2,,jmj_{1},j_{2},\ldots,j_{m} définis au no. 4 . Nous avons Z<<xiZ^{-}<<x_{i^{\prime}} et xi′′<Z+x_{i^{\prime\prime}}<Z^{+}, donc: si i<i′′i^{\prime}<i^{\prime\prime}, l’intervalle [Z,Z+]\left[Z^{-},Z^{+}\right]existe et est non nulnul (on a [xi,xi′′][Z,Z+]\left[x_{i^{\prime}},x_{i^{\prime\prime}}\right]\subset\left[Z^{-},Z^{+}\right]).

L’inégalité i<i′′i^{\prime}<i^{\prime\prime} est vérifiée s’il existe une fonction Ψ(x)\Psi(x) définie et non-décroissante sur un intervalle contenant les noeuds et telle que l’on ait

l′′(xi)l(xi)=Ψ(xi),i=1,2,,n.\frac{l^{\prime\prime}\left(x_{i}\right)}{l^{\prime}\left(x_{i}\right)}=\Psi\left(x_{i}\right),\quad i=1,2,\ldots,n.

Dans ce cas, d’ailleurs, ir=r,r=1,2,k,js=nm+s,s==1,2,,m,i=k,in=nm+1i_{r}=r,r=1,2\ldots,k,j_{s}=n-m+s,s==1,2,\ldots,m,i^{\prime}=k,i^{n}=n-m+1 et lorsque Ψ(x)\Psi(x) est croissant on a même i′′i2(m+kn1)i^{\prime\prime}-i^{\prime}\leqq 2(m+k\geqq n-1).

La fonction Ψ¯¯(x)\overline{\bar{\Psi}}(x) existe et est même croissante dans les cas suivants :
7.1. Considérons p(2)p(\geqq 2) points distincts a1<a2<<apa_{1}<a_{2}<\ldots<a_{p} de l’axe réelle et soient σ1,σ2,,σp,p\sigma_{1},\sigma_{2},\ldots,\sigma_{p},p nombres positifs. Alors, pour chaque q=1,2,,p1q=1,2,\ldots,p-1, il existe un polynome et un seul de degré nn, de la forme (6), les noeuds (1) étant compris dans l’intervalle ( aq,aq+1a_{q},a_{q+1} ) et vérifiant l’équation différentielle

ln+(j=1nσjxaj)l+C(x)A(x)l=0l^{n}+\left(\sum_{j=1}^{n}\frac{\sigma_{j}}{x-a_{j}}\right)l^{\prime}+\frac{C(x)}{A(x)}l=0 (18)

A=(xa1)(xa2)(xap)A=\left(x-a_{1}\right)\left(x-a_{2}\right)\ldots\left(x-a_{p}\right) et CC est un polynome de degré p2p-2.
Dans ce cas on peut prendre

Ψ(x)=j=1pσjxaj\Psi(x)=-\sum_{j=1}^{p}\frac{\sigma_{j}}{x-a_{j}}

qui est bien une fonction croissante sur l’intervalle ( aq,aq+1a_{q},a_{q+1} ).
7.2. Si, en particulier, p=2,a1=1,a2=11p=2,a_{1}=-1,a_{2}=1^{1} ) et si nous posons σ1=β+1,σ2=α+1\sigma_{1}=\beta+1,\sigma_{2}=\alpha+1, l’équation différentielle (18) devient
(19) (1x2)l′′[(α+β÷2)xβ+α]l+n(n+α+β+1)l=0\left(1-x^{2}\right)l^{\prime\prime}-[(\alpha+\beta\div 2)x-\beta+\alpha]l^{\prime}+n(n+\alpha+\beta+1)l=0,

00footnotetext: 1 ) L’hypothèse a1=1,a2=1na_{1}=-1,a_{2}=1\mathrm{n} ’est pas une restriction essentielle. Par une transformation lineare on peut passer à un intervalle fini [ a1,a2a_{1},a_{2} ] quelconque.

les paramètres réels α,β\alpha,\beta vérifiant les inégalités α>1,β>1\alpha>-1,\beta>-1. Dans ce cas (1) sont les racines des polynomes de Jacobi de degré nn et de paramètres α,β\alpha,\beta. Nous avons

xk<βαα+β+2<xnm+1,x_{k}<\frac{\beta-\alpha}{\alpha+\beta+2}<x_{n-m+1},

donc aussi

Z<βαα+β+2<Z+.Z^{-}<\frac{\beta-\alpha}{\alpha+\beta+2}<Z^{+}.

7.3. Si (1) sont les racines du polynome de Laguerre de degré nn de paramètre a>1a>-1, le polynome (6) vérifie l’équation différentielle

xln(xa1)l+nl=0.xl^{n}-(x-a-1)l^{\prime}+nl=0. (20)

Dans ce cas, les noeuds sont positifs et nous pouvons prendre Ψ(x)=1a+1x\Psi(x)=1-\frac{a+1}{x} qui est bien une fonction croissante pour x>0x>0. Nous avons Z<α+1<Z+Z^{-}<\alpha+1<Z^{+}.
7.4. Si (1) sont les racines du polynome de Hermite de degré nn, le polynome (6) vérifie l’équation différentielle

l′′2xl+2nl=0.l^{\prime\prime}-2xl^{\prime}+2nl=0.

On peut donc prendre Ψ(x)=2x\Psi(x)=2x qui est aussi une fonction croissante. Dans ce cas Z<0<Z+Z^{-}<0<Z^{+}.
7.5. Nous sommes encore dans le cas précédent si les noeuds sont équidistants. Soient xi=x1+(i1)h(h>0),i=1,2,,nx_{i}=x_{1}+(i-1)h(h>0),i=1,2,\ldots,n les noeuds.

La formule

l′′(xi+1)l(xi+1)ln(xi)l(xi)=2ni(ni)h>0,i=1,2,,n1\frac{l^{\prime\prime}\left(x_{i+1}\right)}{l^{\prime}\left(x_{i+1}\right)}-\frac{l^{n}\left(x_{i}\right)}{l^{\prime}\left(x_{i}\right)}=\frac{2n}{i(n-i)h}>0,i=1,2,\ldots,n-1

nous montre que la suite (l′′(xi)l(xi))i=1n\left(\frac{l^{\prime\prime}\left(x_{i}\right)}{l^{\prime}\left(x_{i}\right)}\right)_{i=1}^{n} est croissante. Nous avons, dans ce cas, i=[n2],i′′=[n+12]+1i^{\prime}=\left[\frac{n}{2}\right],i^{\prime\prime}=\left[\frac{n+1}{2}\right]+1 et

Z<x1+([n2]1)h<x1+[n+12]h<Z+.Z^{-}<x_{1}+\left(\left[\frac{n}{2}\right]-1\right)h<x_{1}+\left[\frac{n+1}{2}\right]h<Z^{+}.
  1. 8.

    L. Fejér a étudié [1] très en détail le cas des polynomes de Jacobi, en précisant les extrémités Z,Z+Z^{-},Z^{+}de l’intervalle [Z,Z+]\left[Z,Z^{+}\right]. Ainsi, lorsque les inégalités

1<α0,1<β0-1<\alpha\leqq 0,\quad-1<\beta\leqq 0 (21)

sont vérifiées, on peut obtenir un résultat plus précis. En effet, si nous supposons que

(α+β+2)xiβ+α0,(α+β+2)xi+1β+α0(\alpha+\beta+2)x_{i}-\beta+\alpha\neq 0,\quad(\alpha+\beta+2)x_{i+1}-\beta+\alpha\neq 0

nous avons

Xi+1Xixi+1xi=L(xi,xi+1)[(α+β+2)xiβ+α][(α+β+2)xi+1β+α]\frac{X_{i+1}-X_{i}}{x_{i+1}-x_{i}}=\frac{L\left(x_{i},x_{i+1}\right)}{\left[(\alpha+\beta+2)x_{i}-\beta+\alpha\right]\left[(\alpha+\beta+2)x_{i+1}-\beta+\alpha\right]} (22)

L(u,v)=(α+β+1)(α+β+2)uv(βα)(α+β+1)(u+v)++(βα)2(α+β+2)\begin{gathered}L(u,v)=(\alpha+\beta+1)(\alpha+\beta+2)uv-(\beta-\alpha)(\alpha+\beta+1)(u+v)+\\ +(\beta-\alpha)^{2}-(\alpha+\beta+2)\end{gathered}

Remarquons que L(u,v)L(u,v) est une fonction linéaire de uu et de vv. Il en résulte que si u,v(1,1),L(u,v)u,v\in(-1,1),L(u,v) reste compris entre le plus petit et le plus grand des nombres L(1,1),L(1,1),L(1,1)=L(1,1)L(1,1),L(-1,-1),L(1,-1)=L(-1,1). Mais, compte tenant de (21),L(1,1)=4α(α+1)0,L(1,1)=4β(β+1)0,L(1,1)=L(1,1)=4(α+1)(β+1)<0(21),L(1,1)=4\alpha(\alpha+1)\leqq 0,L(-1,-1)=4\beta(\beta+1)\leqq\leqq 0,L(1,-1)=L(-1,1)=-4(\alpha+1)(\beta+1)<0. On en déduit facilement que nous avons L(u,v)<0L(u,v)<0 pour 1<u,v<1-1<u,v<1.

Nous avons donc L(xt,xt+1)<0,i=1,2,,n1L\left(x_{t},x_{t+1}\right)<0,i=1,2,\ldots,n-1 et la formule (22) et les résultats du no. 4 nous montrent que Z=X1,Z+=XnZ^{-}=X_{1},Z^{+}=X_{n}.

Les résultats précédents peuvent avoir lieu aussi pour d’autres valeurs des paramètres α,β\alpha,\beta, par exemple pour α=β=1\alpha=\beta=-1. Si 2<α-2<\alpha, 2<β-2<\beta, l’équation différentielle (19) est encore vérifiée par un polynome de degré nn ayant toutes ses racines réelles et distinctes. Les (1) sont alors les racines d’un polynome de Jacobi généralisé de degré nn [5]. Mais, ces racines sont des fonctions continues de α,β\alpha,\beta et les résultats précédents restent valables si α,β\alpha,\beta diffèrent suffisamment peu de -1 . Si n4n\geqq 4 et si α2,β2\alpha\rightarrow-2,\beta\rightarrow-2, on a x11,x21,xn11,xn1x_{1}\rightarrow-1,x_{2}\rightarrow-1,x_{n-1}\rightarrow 1,x_{n}\rightarrow 1 et on en déduit que si α,β\alpha,\beta sont suffisamment près de -2 nous sommes dais les conditions du lemme 1 et l’intervalle [Z,Z+]\left[Z^{-},Z^{+}\right]n’existe pas.
9. Dans le cas des racines du polynome de Laguerre on peut aussi préciser les nombres Z,Z+Z^{-},Z^{+}. En étudiant la fonction x+1Ψ(x)=x++xα1xx+\frac{1}{\Psi(x)}=x++\frac{x-\alpha-1}{x}, on trouve facilement que

Zα+1α+1<α+1+a+1Z+Z^{-}\leqq\alpha+1-\sqrt{\alpha+1}<\alpha+1+\sqrt{a+1}\leqq Z^{+}

Mais, ces délimitations sont assez peu précises. En effet, en faisant α1\alpha\rightarrow-1, nous en déduisons seulement ZZ+Z^{-}\leqq Z^{+}, quoique, comme nous le verrons plus loin, ici c’est l’inégalité stricte qui est valable. L’équation différentielle (20) a comme solution un polynome de degré nn ayant toutes ses racines réelles et distinctes pour 2<a-2<a.

Pour 2<a1-2<a\leqq-1 nous sommes dans le cas des polynomes de Laguerre généralisés de paramètre α[5]\alpha[5]. Si α=1\alpha=-1, on a x1=0x_{1}=0 et x1>x_{1}>
>0,i=2,3,,n>0,i=2,3,\ldots,n sont les racines du polynome de Laguerre de degré n1n-1 et de paramètre 1. Si 2<α<1-2<\alpha<-1, on a x1<0x_{1}<0 et xi>0,i==2,3,,nx_{i}>0,i==2,3,\ldots,n. Lorsque α2,x1,x2\alpha\rightarrow-2,x_{1},x_{2} tendent vers 0 tous les deux et les xi,i=3,4,,nx_{i},i=3,4,\ldots,n vers les racines (positives) du polynome de Laguerre de degré n2n-2 et de paramètre 2 .

Pour α=1\alpha=-1, nous avons

l′′(x1)l(x1)=(n1),l′′(xi)l(xi)=1,i=2,3,,n\frac{l^{\prime\prime}\left(x_{1}\right)}{l^{\prime}\left(x_{1}\right)}=-(n-1),\frac{l^{\prime\prime}\left(x_{i}\right)}{l^{\prime}\left(x_{i}\right)}=1,\quad i=2,3,\ldots,n

Nous avons donc 1n1=Z<1<Z+=x2+1-\frac{1}{n-1}=Z^{-}<1<Z^{+}=x_{2}+1.
Pour 2<a<1-2<a<-1, nous avons

l′′(xi)l(xi)=xia1xi,i=1,2,,n\frac{l^{\prime\prime}\left(x_{i}\right)}{l^{\prime}\left(x_{i}\right)}=\frac{x_{i}-a-1}{x_{i}},\quad i=1,2,\ldots,n

qui est négatif pour i=1i=1 et positif pour i=2,3,,ni=2,3,\ldots,n. Pour i>1i>1, hous avons

Xi+1Xixi+1xi=1a+1(xia1)(xi+1a1)>0\frac{X_{i+1}-X_{i}}{x_{i+1}-x_{i}}=1-\frac{a+1}{\left(x_{i}-a-1\right)\left(x_{i+1}-a-1\right)}>0

et nous déduisons que

x1(x1a)x1a1=X1=Z<0<Z+=X2=x2(x2a)x2a1.\frac{x_{1}\left(x_{1}-a\right)}{x_{1}-a-1}=X_{1}=Z^{-}<0<Z^{+}=X_{2}=\frac{x_{2}\left(x_{2}-a\right)}{x_{2}-a-1}.

L’intervalle [Z,Z+]\left[Z,Z^{+}\right]existe donc et est non nul pour 2<α-2<\alpha. On peut facilement voir que la longueur de cet intervalle tend vers 0 pour α2\alpha\rightarrow-2.

Disons aussi un mot sur le cas où (1) sont les racines du polynome d’Hermite de degré nn. Dans ce cas la fonction x+1ψ(x)=x+12xx+\frac{1}{\psi(x)}=x+\frac{1}{2x} a un maximum égal à 2-\sqrt{2} pour x<0x<0 et un minimum égal à 2\sqrt{2} pour x>0x>0. On en déduit que Z2<2Z+Z^{-}\leqq-\sqrt{2}<\sqrt{2}\leqq Z^{+}.

§2. Conservation de la monotonie de la fonction

  1. 10.

    Nous dirons que le polynome d’interpolation (2) conserve la monotonie de la fonction (plus exactement: conserve la monotonie de la fonction ff sur l’intervalle II ) s’il est non-décroissant sur II pour toute fonction ff non-décroissante sur les points (1). Pour qu’il en soit ainsi il faut et il suffit que l’on ait F[f,x]0F^{\prime}[f,x]\geqq 0 sur II pour toute fonction ff non-décroissante sur les points (1). L’intervalle II peut être supposé non nul

De la formule (8) il résulte que

i=1nhi=0\sum_{i=1}^{n}h_{i}^{\prime}=0 (23)

identiquement en xx. La transformation d’Abel nous donne alors
F[fx]=i=1n1(j=i+1nhj)(f(xi+1)f(xi))=i=1n1(j=1ihj)(f(xi+1)f(xi))F^{\prime}[f\mid x]=\sum_{i=1}^{n-1}\left(\sum_{j=i+1}^{n}h_{j}^{\prime}\right)\left(f\left(x_{i+1}\right)-f\left(x_{i}\right)\right)=\sum_{i=1}^{n-1}\left(-\sum_{j=1}^{i}h_{j}^{\prime}\right)\left(f\left(x_{i+1}\right)-f\left(x_{i}\right)\right).
Nous en déduisons que le polynome d’interpolation F[fx]F[f\mid x] conserve la monotonie de la fonction si et seulement si

j=1ihj0,i=1,2,,n1\sum_{j=1}^{i}h_{j}^{\prime}\leqq 0,\quad i=1,2,\ldots,n-1 (24)

sur II, ou bien si et seulement si

mii+1nhj0,i=1,2,,n1\sum_{\begin{subarray}{c}m\\ i-i+1\end{subarray}}^{n}h_{j}^{\prime}\geqq 0,\quad i=1,2,\ldots,n-1 (\prime)

sur II.
Si les conditions (24) ou (24’) ne sont pas vérifiées, on peut dire que le polynome d’interpolation (2) ne conserve pas la monotonie de la fonction. On peut alors trouver une fonction ff non-décroissante sur les points (1) telle que le polynome (2) soit décroissant sur un sous-intervalle (non nul) de II.

Le polynome h1h_{1} est de degré effectif 2n132n-1\geqq 3, d’où il résulte que si F[fx]F[f\mid x] conserve la monotonie de la fonction, il est croissant sur II pour toute fonction ff croissante sur les points (1). On démontre facilement que, sous la meme hypothese, F[fx]F[f\mid x] est non-croissant respectivement decroissant sur II pour toute fonction ff non-croissante respectivement décroissante sur les points (1). On peut donc dire que si F[fx]F[f\mid x] conserve la non-décroissance de la fonction, il conserve aussi la noncroissance, la croissance et la décroissance de la fonction.
11. Nous avons la propriété suivante:
II. Le polynome d’interpolation F[fx]F[f\mid x] ne conserve la monotonie de la fonction sur aucun voisinage 1 ) d’un noeud.

En effet, le polynome h1h_{1} a toutes ses racines réelles et plus exactement le point X1(<x1)X_{1}\left(<x_{1}\right) comme racine simple et les noeuds x2,x3,,xnx_{2},x_{3},\ldots,x_{n} comme racines doubles. Il en résulte que la dérivée h1h_{1}^{\prime} du polynome h1h_{1} s’annule, en changeant de signe, sur les points x2,x3,,xnx_{2},x_{3},\ldots,x_{n}. On voit de même manière que la dérivée du polynome hnh_{n} s’annule, en changeant de signe, sur les points x1,x2,,xn1x_{1},x_{2},\ldots,x_{n-1}. La propriété II résulte alors, en tenant compte de la première condition (24) et de la dernière condition ( 2424^{\prime} ).

00footnotetext: 1 ) Par un voisinage d’un point nous entendons un intervalle contenant ce point comme point intérieur.

Nous avons h1(x1)=0h_{1}^{\prime}\left(x_{1}\right)=0 et le polynome h1h_{1} est croissant sur les intervalles (,x1),(xn,)\left(-\infty,x_{1}\right),\left(x_{n},\infty\right) (et hnh_{n} est décroissant sur les mêmes intervalles). Il en résulte que le polynome d’interpolation F[fx]F[f\mid x] ne peut conserver la monotonie de la fonction sur un intervalle II que si I[x1,xn]I\subseteq\left[x_{1},x_{n}\right], mais cette condition nécessaire n’est pas, en général, suffisante.
12. Nous avons aussi la propriété suivante:
III. Il existe un voisinage droit de x1x_{1} et un voisinage gauche 1 ) de xnx_{n} sur lesquels le polynome d’interpolation F[fx]F[f\mid x] conserve la monotonie de la fonction.

Il suffit de démontrer que dans les voisinages considérés les polynomes j=1hj,i=1,2,,n1\sum_{j=1}h_{j},i=1,2,\ldots,n-1 sont décroissants.

Considérons le polynome Pi=j=1ihj(1in1)P_{i}=\sum_{j=1}^{i}h_{j}(1\leqq i\leqq n-1). C’est le polynome de Lagrange Hermite (3) qui prend la valeur 1 sur les noeuds x1,x2,,xix_{1},x_{2},\ldots,x_{i}, la valeur 0 sur les noeuds xi+1,xi+2,,xnx_{i+1},x_{i+2},\ldots,x_{n} et dont la dérivée s’annule sur tous les noeuds. PiP_{i} est de degré effectif 2n12n-1 et sa dérivée a toutes ses racines réelles et simples. Ces racines sont les noeuds et, d’apres le théorème de Rolle, une racine simple dans chacun des intervalles

(x1,x2),(x2,x3),,(xi1,xi),(xi+1,xi+2),,(xn1,xn).\left(x_{1},x_{2}\right),\left(x_{2},x_{3}\right),\ldots,\left(x_{i-1},x_{i}\right),\left(x_{i+1},x_{i+2}\right),\ldots,\left(x_{n-1},x_{n}\right).

Le polynome PiP_{i} est alternativement croissant et décroissant dans les 2n12n-1 intervalles déterminés par les racines de PiP_{i}^{\prime}.

Sur l’intervalle (xi,xi+1)Pi\left(x_{i},x_{i+1}\right)P_{i} est évidemment décroissant, il en résulte donc qu’il est décroissant dans un voisinage droit de x1x_{1} et dans un voisinage gauche de xnx_{n}.

La propriété III est donc démontrée. Un examen plus attentif de l’allure des polynomes PiP_{i} permet de préciser encore davantage la pro-
) Un voisinage droit (gauche) de xx est un intervalle (non nul) ayant le point xx comme extrémité gauche (droite).
priété. Désignons par ξ1(i)<ξ2(i)<<ξn2(i)\xi_{1}^{(i)}<\xi_{2}^{(i)}<\ldots<\xi_{n-2}^{(i)} les n2n-2 racines différentes des noeuds du polynome PiP_{i}^{\prime}. Posons

ηi=min(ξi(i+1),ξi(i+2),,ξi(n1)),i=1,2,,n2\displaystyle\eta_{i}^{\prime}=\min\left(\xi_{i}^{(i+1)},\xi_{i}^{(i+2)},\ldots,\xi_{i}^{(n-1)}\right),i=1,2,\ldots,n-2
ηi′′=max(ξi1(1),ξi1(2),,ξi1(i1)),i=2,3,,n1.\displaystyle\eta_{i}^{\prime\prime}=\max\left(\xi_{i-1}^{(1)},\xi_{i-1}^{(2)},\ldots,\xi_{i-1}^{(i-1)}\right),i=2,3,\ldots,n-1.

Nous avons alors x1<η1<x2,xi<ηi,ηi′′<xi+1,i=2,3,,n2x_{1}<\eta_{1}^{\prime}<x_{2},x_{i}<\eta_{i}^{\prime},\eta_{i}^{\prime\prime}<x_{i+1},i=2,3,\ldots,n-2, xn1<ηn1′′<xnx_{n-1}<\eta_{n-1}^{\prime\prime}<x_{n}.

Désignons par IlI_{l} l’intervalle [ηi′′,ηi]\left[\eta_{i}^{\prime\prime},\eta_{i}^{\prime}\right] lorsque ηi′′<ηi,i=2,3,..,n2\eta_{i}^{\prime\prime}<\eta_{i}^{\prime},i=2,3,..,n-2 et posons aussi I1=[x1,η1],In1=ηn1′′,xnI_{1}=\left[x_{1},\eta_{1}^{\prime}\right],I_{n-1}=\left\lfloor\eta_{n-1}^{\prime\prime},x_{n}\right\rfloor. Alors le polynome d’interpolation F[fx]F[f\mid x] conserve la monotonie de la fonction sur tout intervalle IlI_{l} qui existe, en particulier donc sur chacun des intervalles I1,In1I_{1},I_{n-1}.

Remarque. Le polynome PtP_{t} est analogue au polynome de LagrangeHermite QQ de degré 2n22n-2 qui prend la valeur 1 sur les noeuds x1,x2x_{1},x_{2}, ,xi\ldots,x_{i}, la valeur 0 sur les noeuds xi+1,xi+2,,xnx_{i+1},x_{i+2},\ldots,x_{n} et dont la dérivée s’annule sur les points x1,x2,,xi1,xi+1,,xnx_{1},x_{2},\ldots,x_{i-1},x_{i+1},\ldots,x_{n}. Le polynome QQ intervient dans la démonstration du célèbre théorème de séparation de Tchebycheff-Markoff-Stieltjes (voir, par exemple, G. Szegö [5]).

Le polynome PiP_{i} est croissant pour x>xnx>x_{n}, le coefficient de x2n1x^{2n-1} dans ce polynome est donc positif. Cette propriété s’exprime par les inégalités

j=1il′′(xj)l3(xj)<0,i=1,2,,n1.\sum_{j=1}^{i}\frac{l^{\prime\prime}\left(x_{j}\right)}{l^{\prime}3\left(x_{j}\right)}<0,i=1,2,\ldots,n-1.

Par suite de (8), pour i=ni=n, le premier membre de cette formule est égal à 0 .
13. Nous allons examiner le problème de l’existence des intervalles IiI_{i} (pour 1<i<n11<i<n-1 ) dans quelques cas particuliers.

Nous avons le
Lemme 2. Si

j=1ihj(x0)<0,i=1,2,,n1,\sum_{j=1}^{i}h_{j}^{\prime}\left(x_{0}\right)<0,i=1,2,\ldots,n-1,

il existe un voisinage du point x0x_{0} sur lequel le polynome d’interpolation (2) conserve la monotonie de la fonction.

La propriété résulte immédiatement de la continuité des polynom j=1ihj,i=1,2,,n1\sim\sum_{j=1}^{i}h_{j}^{\prime},i=1,2,\ldots,n-1 et de la condition (24).

Nous avons aussi le
Lemme 3. Si nous avons

h1(x0)<0,hn(x0)>0h_{1}^{\prime}\left(x_{0}\right)<0,h_{n}^{\prime}\left(x_{0}\right)>0 (25)

et si la suite
(26)

h1(x0),h2(x0),,hn(x0)h_{1}^{\prime}\left(x_{0}\right),h_{2}^{\prime}\left(x_{0}\right),\ldots,h_{n}^{\prime}\left(x_{0}\right)

présente une (seule) variation de signe, on peut trouver un voisinage du point x0x_{0} sur lequel le polynome d’interpolation (2) conserve la monotonie de la fonction.

En effet, soit kk le plus grand indice pour lequel hk(x0)<0h_{k}\left(x_{0}\right)<0. Nous avons 1kn11\leqq k\leqq n-1 et

hj(x0){0, pour j=1,2,,k0, pour j=k+1,k+2,,nh_{j}^{\prime}\left(x_{0}\right)\left\{\begin{array}[]{l}\leqq 0,\text{ pour }j=1,2,\ldots,k\\ \geqq 0,\text{ pour }j=k+1,k+2,\ldots,n\end{array}\right.

Compte tenant de (23) on en déduit

=1ihj(x0)h1(x0)<0 pour i=1,2,,k,\displaystyle\sum_{=1}^{i}h_{j}^{\prime}\left(x_{0}\right)\leqq h_{1}^{\prime}\left(x_{0}\right)<0\text{ pour }i=1,2,\ldots,k,
j=1ihj(x0)=j=i+1nhj(x0)hn(x0)<0, pour i=k+1,k+2,,n1\displaystyle\sum_{j=1}^{i}h_{j}^{\prime}\left(x_{0}\right)=-\sum_{j=i+1}^{n}h_{j}^{\prime}\left(x_{0}\right)\leqq-h_{n}^{\prime}\left(x_{0}\right)<0,\text{ pour }i=k+1,k+2,\ldots,n-1

et le lemme 3 résulte du lemme 2 .
14. En utilisant les résultats précédents, examinons la conservation de la monotonie dans un voisinage d’une racine de la dérivée du polynome ll.

Supposons donc que ξ\xi soit une racine du polynome ll^{\prime} et formons la suite (26) pour x0=ξx_{0}=\xi. Compte tenant de l(ξ)=0l^{\prime}(\xi)=0 et l(ξ)0l(\xi)\neq 0, nous avons

hi(ξ)=l2(ξ)(ξxi)2l2(xi)[l′′(xi)l(xi)2ξxi],i=1,2,,n\displaystyle h_{i}^{\prime}(\xi)=\frac{l^{2}(\xi)}{\left(\xi-x_{i}\right)^{2}l^{\prime 2}\left(x_{i}\right)}\left[\frac{l^{\prime\prime}\left(x_{i}\right)}{l^{\prime}\left(x_{i}\right)}-\frac{2}{\xi-x_{i}}\right],i=1,2,\ldots,n (27)
sghi(ξ)=sg[l′′(xi)l(xi)2ξxi]sg(xiξ)sg[2+(xiξ)l(xi)l′′(xi)]=\displaystyle\operatorname{sg}h_{i}^{\prime}(\xi)=\operatorname{sg}\left[\frac{l^{\prime\prime}\left(x_{i}\right)}{l^{\prime}\left(x_{i}\right)}-\frac{2}{\xi-x_{i}}\right]-\operatorname{sg}\left(x_{i}-\xi\right)\operatorname{sg}\left[2+\left(x_{i}-\xi\right)\frac{l^{\prime}\left(x_{i}\right)}{l^{\prime\prime}\left(x_{i}\right)}\right]= (28)
=sg(xiξ)sg[1+(xiξ)i=1i1xixj],i=1,2,,n\displaystyle=\operatorname{sg}\left(x_{i}-\xi\right)\operatorname{sg}\left[1+\left(x_{i}-\xi\right)\sum_{i=1}^{i}\frac{1}{x_{i}-x_{j}}\right],i=1,2,\ldots,n

Compte tenant de (11) et x1<ξ<xnx_{1}<\xi<x_{n} on déduit que les conditions (25) sont toujours vérifiées. Mais, la suite

x1ξ,x2ξ,,xnξx_{1}-\xi,x_{2}-\xi,\ldots,x_{n}-\xi

présente exactement une variation de signe. Il en résulte que
IV. Si ξ\xi est une racine de la dérivée du polynome (6) et si

2+(xiξ)l′′(xi)l(xi)0,i=1,2,,n2+\left(x_{i}-\xi\right)\frac{l^{\prime\prime}\left(x_{i}\right)}{l^{\prime}\left(x_{i}\right)}\geqq 0,i=1,2,\ldots,n (29)

il existe un voisinage du point ξ\xi sur lequel le polynome d’interpolation F[fx]F[f\mid x] conserve la monotonie de la fonction.
15. De l’analyse précédente il résulte que, pour n=2n=2 et pour n=3n=3, la propriété suivante este vraie
V. Le polynome d’interpolation F[fx]F[f\mid x] conserve la monotonie de la fonction dans un voisinage convenable de chacune des racines de la dérivée ll^{\prime} du polynome ll.

D’ailleurs, si n=2n=2, nous avons

h1=h2=6(xx1)(xx2)(x2x1)2h_{1}^{\prime}=-h_{2}^{\prime}=\frac{6\left(x-x_{1}\right)\left(x-x_{2}\right)}{\left(x_{2}-x_{1}\right)^{2}}

et le polynome d’interpolation F[fx]F[f\mid x] conserve la monotonie de la fonction sur l’intervalle II si et seulement si I[x1,x2]I\subseteq\left[x_{1},x_{2}\right].

Pour n=3n=3 la propriété V résulte du fait que, dans ce cas, la suite (26) pour x0=ξx_{0}=\xi présente exactement une variation de signe, quelle que soit la valeur de h2(ξ)h_{2}^{\prime}(\xi). On peut, d’ailleurs, démontrer par un calcul direct que h1(ξ)+h2(ξ)<0h_{1}^{\prime}(\xi)+h_{2}^{\prime}(\xi)<0, dans ce cas.

Considérons encore le cas n=4n=4, les noeuds étant symétriquement distribués, donc x1+x4=x2+x3x_{1}+x_{4}=x_{2}+x_{3}. Sans restreindre la généralité du problème, on peut prendre x1=1,x2=ϱ,x3=ϱ,x4=1x_{1}=-1,x_{2}=-\varrho,x_{3}=\varrho,x_{4}=1, où ϱ\varrho est un nombre positif <1<1. En effet, par une transformation linéaire, qui conserve toujours la monotonie et la symétrie de la distribution, on ramène le cas des noeuds quelconques au cas x1=1,x4=1x_{1}=-1,x_{4}=1.

Un calcul, qu’il est inutile de reproduire en détail, nous donne
h1+h2=(x2ϱ2)(x21)4ϱ3(1+ϱ)3[7(ϱ2+3ϱ+1)x2(3ϱ4+9ϱ3+11ϱ2+9ϱ+3)]h_{1}^{\prime}+h_{2}^{\prime}=\frac{\left(x^{2}-\varrho^{2}\right)\left(x^{2}-1\right)}{4\varrho^{3}(1+\varrho)^{3}}\left[7\left(\varrho^{2}+3\varrho+1\right)x^{2}-\left(3\varrho^{4}+9\varrho^{3}+11\varrho^{2}+9\varrho+3\right)\right].
Les racines du polynome ll^{\prime} sont ϱ2+12,0-\sqrt{\frac{\varrho^{2}+1}{2}},0 et ϱ2+12\sqrt{\frac{\varrho^{2}+1}{2}}.
Pour ξ=ϱ2+12\xi=-\sqrt{\frac{\varrho^{2}+1}{2}} et pour ξ=ϱ2+12\xi=\sqrt{\frac{\varrho^{2}+1}{2}} nous avons

h1(ξ)+h2(ξ)=(1ϱ)4(ϱ2+5ϱ+1)32ϱ3(1+ϱ)<0h_{1}^{\prime}(\xi)+h_{2}^{\prime}(\xi)=-\frac{(1-\varrho)^{4}\left(\varrho^{2}+5\varrho+1\right)}{32\varrho^{3}(1+\varrho)}<0

et pour ξ=0\xi=0 nous avons

h1(ξ)+h2(ξ)=3ϱ4+9ϱ3+11ϱ2+9ϱ+34ϱ(1+ϱ)3<0h_{1}^{\prime}(\xi)+h_{2}^{\prime}(\xi)=-\frac{3\varrho^{4}+9\varrho^{3}+11\varrho^{2}+9\varrho+3}{4\varrho(1+\varrho)^{3}}<0

Dans tous les cas les conditions du lemme 2 sont vérifiées pour x0=ξx_{0}=\xi. Il en résulte que la propriété V est vraie aussi lorsque n=4n=4 et les noeuds sont symétriquement distribués 1 ).
16. En vertu de (7) nous avons

2+(xiξ)l′′(xi)l(xi)=1+vi(ξ),i=1,2,,n.2+\left(x_{i}-\xi\right)\frac{l^{\prime\prime}\left(x_{i}\right)}{l^{\prime}\left(x_{i}\right)}=1+v_{i}(\xi),i=1,2,\ldots,n.

Mais, lorsque les noeuds sont normalement distribués par rapport à un intervalle (no. 5), nous avons vi(ξ)>0,i=1,2,,nv_{i}(\xi)>0,i=1,2,\ldots,n donc les inégalités (29) sont, à fortiori, verifiées. Nous avons donc la propriété suivante
VI. Si les noeuds sont normalement distribués par rapport à un intervalle, le polynome d’interpolation F[fx]F[f\mid x] conserve (le signe et aussi) la monotonie de la fonction dans un voisinage convenable de chacune des racines de la dérivée ll^{\prime} du polynome ll.

Examinons aussi les inégalités (29) dans le cas où les noeuds sont les racines du polynome de Jacobi de degré nn. Puisque 1<ξ<1-1<\xi<1, dans ce cas nous avons

2+(xiξ)ln(xt)l(xi)=2+(xtξ)(α+β+2)xiβ+α1xi22+\left(x_{i}-\xi\right)\frac{l^{n}\left(x_{t}\right)}{l^{\prime}\left(x_{i}\right)}=2+\left(x_{t}-\xi\right)\frac{(\alpha+\beta+2)x_{i}-\beta+\alpha}{1-x_{i}^{2}}

qui reste compris entre

2β+α+(α+β)xi1xi=(1β)(1xi)+(1+α)(1+xi)1xi\displaystyle\frac{2-\beta+\alpha+(\alpha+\beta)x_{i}}{1-x_{i}}=\frac{(1-\beta)\left(1-x_{i}\right)+(1+\alpha)\left(1+x_{i}\right)}{1-x_{i}}
2+βα(α+β)xi1+xi=(1α)(1+xi)+(1+β)(1xi)1+xi\displaystyle\frac{2+\beta-\alpha-(\alpha+\beta)x_{i}}{1+x_{i}}=\frac{(1-\alpha)\left(1+x_{i}\right)+(1+\beta)\left(1-x_{i}\right)}{1+x_{i}}

On voit que si 1<α1,1<β1-1<\alpha\leqq 1,-1<\beta\leqq 1, les inégalités (29) sont vérifiées. Il est facile de voir que ces inégalités sont vérifiées même si 1α1,1β1-1\leqq\alpha\leqq 1,-1\leqq\beta\leqq 1. Il en résulte que nous avons la propriété suivante
VII. Si les noeuds sont les racines du polynome de facobi de degré n et dont les paramètres vérifient les inégalités 1α1,1β1-1\leqq\alpha\leqq 1,-1\leqq\beta\leqq 1, le polynome d’interpolation F[fx]F[f\mid x] conserve la monotonie de la fonction dans un voisinage convenable de chacune des racines du polynome ll^{\prime}.
§3. Sur quelques autres problèmes de conservation de l’allure de la fonction par interpolation
17. On peut chercher à étudier la conservation de la convexité (habituelle, c’est-à-dire d’ordre 1) de la fonction par le polynome d’interpolation (2). \square
1 ) Le problème si la propriété VV est ou non vraie en général reste à résoudre.

La définition de la conservation par [fx]F{}^{F}[f\mid x] de la non-concavité d’ordre 1 est tout à fait analogue a la definition de la conservation de la non-négativité et de la non-décroissance [3].

Si le polynome d’interpolation F[fx]F[f\mid x] conserve la non-concavité d’ordre 1 il doit conserver aussi la non-convexité d’ordre 1. Mais, la fonction f=xf=x est en meme temps non-concave et non-convexe d’ordre 1 sur n’importe quel intervalle. La fonction F[xx]F[x\mid x] doit donc se réduire à un polynome de degré 1. De (3) il résulte alors que le polynome F[xx]=xi=1nkiF[x\mid x]=x-\sum_{i=1}^{n}k_{i} doit être de degré 1 . C’est impossible puisque le coefficient de x2n1x^{2n-1} dans ce polynome est égal à

i=1n1l2(xi)>0.\sum_{i=1}^{n}\frac{1}{l^{\prime 2}\left(x_{i}\right)}>0. (30)

Nous avons donc la propriété suivante:
VIII. Le polynome d’interpolation F[fx]F[f\mid x] ne peut conserver la nonconcavité d’ordre 1 de la fonction sur aucun intervalle (non nul).
18. Lorsque nous étudions la conservation par F[fx]F[f\mid x] du signe, de la monotonie ou de la convexité d’ordre 1 , le fait que nous supposons la fonction ff définie seulement sur les points (1) n’est pas une restriction essentielle. En effet, une telle fonction peut toujours être prolongee sur nimporte quel ensemble lineare contenant les points xix_{i}. Si donc nous supposons que l’ensemble EE est quelconque, nous retrouvons les résultats précédents.
19. Enfin, nous pouvons poser les mêmes problèmes de conservation de l’allure de la fonction pour des polynomes d’interpolation différents du polynome (2) de 𝐋\mathbf{L}. Fejér. Dans un travail antérieur nous nous sommes occupé, en ce sens, du polynome de Lagrange [3].

Considérons ici le polynome d’interpolation de G. Grünwald [2]

G[fx]=i=1nf(xi)[l(x)(xxi)l(xi)]2G[f\mid x]=\sum_{i=1}^{n}f\left(x_{i}\right)\left[\frac{l(x)}{\left(x-x_{i}\right)l^{\prime}\left(x_{i}\right)}\right]^{2}

qui est étroitement lié au polynome (2) de Fejér.
Le polynome d’interpolation G[fx]G[f\mid x] conserve (évidemment) le signe de la fonction sur tout intervalle. Pour qu’il conserve aussi la monotonie il faut qu’il se réduise à une constante pour la fonction f=1f=1. Mais, G[1x]G[1\mid x] est un polynome de degré effectif 2n222n-2\geqq 2 puisque le coefficient de x2n2x^{2n-2} est encore égal à (30). Nous avons donc la propriété suivante:
IX. Le polynome d’interpolation G[fx]G[f\mid x] ne peut conserver la monotonie de la fonction sur aucun intervalle (non nul).

Cluj, le 20 novembre 1961

BIBLIOGRAPHIE

  1. 1.

    Fejér Leopold - Lagrangesche Interpolation und die zugehörigen konjugierten Punkte. Math. Annalen, 106, 1932, 1-55.

  2. 2.

    Grunwald G. — Qn the theory of interpolation, Acta Math. 75, 1943, 219-245.

  3. 3.

    Popoviciu T. - Sur la conservation de l’allure de convexité d’une fonction par ses polynomes d’interpolation, Mathematica, 3 (26) (sous presse).
    p. - Uber gewisse Interpolationspolynome, die zu den Gacobischen und Laguer4. Szegö G. -schen Abszissen gehören, Math. Zeitschrift, 35, 1932, 579-602. Orthogonal Polynomials, 1959.

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