Sur les fonctions constantes par segments

Abstrait

Traduction en anglais du titre

On constant functions by segments

Auteur(s)

T. Popoviciu
Institutul de Calcul

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Pour citer ce travail

T. Popoviciu, Sur les fonctions constantes par segments, Mathematica (Cluj), 7(30) (1965), pp. 333-340 (in French). [MR0202618Zbl 0146.07803]

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Mathematica Cluj

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SUR LES FONCTIONS CONSTANTES PAR SEGMENTS

TIBERIU POPOVICIU

à Cluj

  1. 1.

    Soit EE un ensemble (non vide) de points de l’axe réel (ou de l’axe réel complété par les points impropres -\infty et \infty ). Un sous-ensemble de EE est dite un segment de EE si avec deux points de EE, il contient toujours tous les points de EE compris entre eux. EEE^{\prime}\subseteq E est donc un segment de EE si a,bEab[a,b]EEa,b\in E^{\prime}\wedge a\leqslant b\Rightarrow[a,b]\cap E\subseteq E^{\prime}.

Tout ensemble formé par un seul point de EE et l’ensemble EE lui même sont des segments de EE. Nous pouvons supposer que l’ensemble vide est aussi un segment de EE. L’intersection de deux (ou un nombre quelconque, fini ou infini, de) segments de EE est un segment de EE. La réunion de deux ou plusieurs (un nombre quelconque fini ou infini, de) segments, qui ont au moins un point commun, est un segment.

Remarque. Si EE est l’axe réel la notion de segment coincide avec celle d’intervalle.

Dans le cas général, on pourrait d’abord introduire la notion de segment fermé. C’est un sous-ensemble de EE formé par tous les points de EE compris (au sens large) entre deux points a,ba,b ou aba\leqslant b de EE. Un segment fermé est donc un ensemble de la forme [a,b]E[a,b]\cap Ea,bEa,b\in E. Les points aa et bb sont les extrémités de ce segment. Un segment (quelconque) de EE est alors un sous-ensemble de EE qui, avec deux quelconques de ses points, contient toujours le segment fermé ayant ces points comme extrémités.

Dans le cas de l’axe réel, le segment fermé est un intervalle fermé et le segment, tout court, est un intervalle quelconque.

Dans ce travail il est inutile de faire la distinction entre segment fermé et segment quelconque (éventuellement non fermé). La notion de segment sera donc acceptée au sens du commencement de ce nr.
2. Nous dirons que la suite (finie) (Eα)α=1n\left(E_{\alpha}\right)_{\alpha=1}^{n} de segments de EE forme une décomposition de EE en segments consécutifs ou une partition de EE si:
a) Les segments Eα,α=1,2,,nE_{\alpha},\alpha=1,2,\ldots,n sont non-vides et partagent en classes l’ensemble EE.
b) aEα,bEβ,α<βa<ba\in E_{\alpha},b\in E_{\beta},\alpha<\beta\Rightarrow a<b.

La propriété a) signifie que les segments Eα,α=1,2,,nE_{\alpha},\alpha=1,2,\ldots,n sont sans points communs deux à deux et α=1nEα=E\bigcup_{\alpha=1}^{n}E_{\alpha}=E.

La propriété b) signifie que si α<β\alpha<\beta, tout point de EαE_{\alpha} est à gauche de tous les points de EβE_{\beta}.

On peut désigner par (E1|E2|En)\left(E_{1}\left|E_{2}\right|\ldots\mid E_{n}\right) la partition de EE considérée. Le nombre (naturel) nn peut être égal à 1 . Alors le terme unique de la partition coïncide avec EE. On voit facilement que si EE est fini, le nombre nn peut être égal à un nombre naturel quelconque, au plus égal au nombre des points de EE.

Si EE est un intervalle, les termes d’une partition de EE sont des intervalles, deux à deux disjoints et dont deux consécutifs quelconques ont une extrémité commune.

Toute partition (E1|E2|En)\left(E_{1}\left|E_{2}\right|\ldots\mid E_{n}\right) de EE peut être obtenue en intersectant EE avec les termes d’une partition (R1|R2|Rn)\left(R_{1}\left|R_{2}\right|\ldots\mid R_{n}\right) de l’axe réel (Eα=RαE,α=1,2,,n)\left(E_{\alpha}=R_{\alpha}\cap E,\alpha=1,2,\ldots,n\right).

Si EE est infini, il existe une partition de EE ayant nn termes, quel que soit le nombre naturel nn. En effet, on peut trouver une suite croissante (xα)α=1n+1\left(x_{\alpha}\right)_{\alpha=1}^{n+1} de n+1n+1 termes de E(n>1)E(n>1), telle donc que l’on ait xαE,α==1,2,,n+1x_{\alpha}\in E,\alpha==1,2,\ldots,n+1 et xα<xα+1,α=1,2,,nx_{\alpha}<x_{\alpha+1},\alpha=1,2,\ldots,n. Si nous posons E1==(,x1]E,Eα=(xα1,xα]E,α=2,3,,n1(n>2)E_{1}==\left(-\infty,x_{1}\right]\cap E,E_{\alpha}=\left(x_{\alpha-1},x_{\alpha}\right]\cap E,\alpha=2,3,\ldots,n-1(n>2), En=(x,)EE_{n}=(x,\infty)\cap E, la décomposition (E1|E2|En)\left(E_{1}\left|E_{2}\right|\ldots\mid E_{n}\right) est une partition de EE.
3. Nous allons maintenant dire ce qu’on entend par une contraction ou une dilatation d’une partition de EE.

Étant donnée une partition de EE, on peut en déduire une autre en réunissant des termes consécutifs. On peut dire alors que la seconde partition s’obtient de la première par contraction. Si

(E1|E2|En)\left(E_{1}\left|E_{2}\right|\ldots\mid E_{n}\right) (1)

est une partition de EE et si Fα=β=1kαEk1+k2++kα1+β,α=1,2,,γF_{\alpha}=\bigcup_{\beta=1}^{k_{\alpha}}E_{k_{1}+k_{2}+\ldots+k_{\alpha-1}+\beta},\quad\alpha=1,2,\ldots,\gamma, où r,k1,k2,,krr,k_{1},k_{2},\ldots,k_{r} sont des nombres naturels et k1+k2++kr==n(k0=0)k_{1}+k_{2}+\ldots+k_{r}==n\left(k_{0}=0\right), alors

(F1|F2|Fr)\left(F_{1}\left|F_{2}\right|\ldots\mid F_{r}\right) (2)

est une partition de EE obtenue par contraction de la partition (1).

On peut aussi dire que la partition (1) s’obtient de la partition (2) par dilatation. On peut donc obtenir d’une partition donnée une autre par dilatation en décomposant certains de ses termes en des nouveaux segments consécutifs. Ainsi la partition (1) s’obtient de la partition (2) par dilatation, en remplaçant FαF_{\alpha} par sa partition (Ek1+k2++kα1+1|Ek1+k2++kα1+2|Ek1+k2++kα)\left(E_{k_{1}+k_{2}}+\ldots+k_{\alpha-1}+1\left|E_{k_{1}+k_{2}}+\ldots+k_{\alpha-1}+2\right|\ldots\mid E_{k_{1}+k_{2}}+\ldots+k_{\alpha}\right) pour α==1,2,,r\alpha==1,2,\ldots,r.

L’une des partitions qui s’obtient de la partition (1) par contraction. ou par dilatation est cette partition même.

Si (1), (2) sont deux partitions quelconques de EE (non pas nécessairement obtenues l’un de l’autre par contraction ou par dilatation), les deux premiers termes E1,F1E_{1},F_{1} et de même les deux derniers termes En,FrE_{n},F_{r} sont. dans la relation de sous-ensemble. C’est-à-dire que l’une des relations E1F1,F1E1E_{1}\subseteq F_{1},F_{1}\subset E_{1} et de même 1’une des relations EnFr,FrEnE_{n}\subseteq F_{r},F_{r}\subseteq E_{n} est. toujours vérifiée.
4. Une fonction (réelle ou complexe, finie ou non), définie sur l’ensemble EE de l’axe réel est dite constante par segments s’il existe une partition (1) de EE telle que sur chacun des termes Eα,α=1,2,,nE_{\alpha},\alpha=1,2,\ldots,n, cette fonction soit une constante. Nous pouvons dire que la partition (1) est alors un support de la fonction constante par segments considérée. Le nombre nn des termes de ce support peut être appelé le degré de la fonction. Le degré n’est as bèn déterminé, en général, puisque toute partition obtenue par nn est pas bien dar dilatation d’un support est aussi un support de la fonction.

Le degré, variable avec le nombre des termes d’un support, est un nombre naturel. Il a donc un minimum qui est un nombre naturel et qui est appelé le degré effectif de la fonction constante par segments considérée.

Si la fonction est de degré effectif nn, elle a un support (1) avec nn termes. Dans ce cas la fonction se réduit (si n>1n>1 ) à deux constantes différentes sur deux termes consécutifs quelconques Eα,Eα+1(α=1,2,,n1)E_{\alpha},E_{\alpha+1}(\alpha=1,2,\ldots,n-1). Cette propriété, presque évidente, sera reprise plus loin à l’occasion de la démonstration du théorème 1 .

Nous allons démontrer que si une fonction constante par segments est de degré effectif nn, son support à nn termes est unique. Pour cela supposons que la fonction ait deux supports (E1|E2|En),(F1|F2|Fn)\left(E_{1}\left|E_{2}\right|\ldots\mid E_{n}\right),\left(F_{1}\left|F_{2}\right|\ldots\mid F_{n}\right) avec nn termes. Il suffit de démontrer que Eα=Fα,α=1,2,,nE_{\alpha}=F_{\alpha},\alpha=1,2,\ldots,n. Pour n=1n=1 la propriété est évidente. Si n>1n>1, supposons le contraire. Il existe alors un indice r,1rn1r,1\leqslant r\leqslant n-1, tel que l’on ait Eα=Fα,α=1,2,,r1E_{\alpha}=F_{\alpha},\alpha=1,2,\ldots,r-1, ErFrE_{r}\neq F_{r} (seulement E1F1E_{1}\neq F_{1} si r=1r=1 ). L’un des ensembles Er,FrE_{r},F_{r} doit être un sous-ensemble propre de l’autre. Soit ErFrE_{r}\subset F_{r} pour fixer les idées. Il existe alors un point qui appartient à Er+1FrE_{r+1}\cap F_{r} et qui donc appartient. à Er+1E_{r+1} mais n’appartient pas à ErE_{r}. La fonction considérée n’est pas constante sur FrF_{r} ce qui contredit la définition de cet ensemble.

Ceci démontre l’unicité énoncée.

5. En complétant une remarque déjà faite, nous pouvons démontrer le

THÉOREME 1. Pour que la partition (1) de EE soit le support de la fonction ff, constante par segments et de degré effectif nn sur EE, il faut et il suffit que ff se réduise ( sin>1\mathrm{si}n>1 ) à deux constantes différentes sur deux termes consécutifs quelconques Eα,Eα+1(α=1,2,,n1)E_{\alpha},E_{\alpha+1}(\alpha=1,2,\ldots,n-1).

La partition (1) étant un support de ff, il faut que cette fonction soit une constante sur chacun des termes Eα,α=1,2,,nE_{\alpha},\alpha=1,2,\ldots,n.

Passons à la démonstration du théorème.
La condition est nécessaire, puisqu’autrement par une contraction convenable on pourrait obtenir un support ayant moins de nn termes.

Pour demontrer que la condition est aussi suffisante supposons qu’elle soit satisfaite. Soit alors (2) un support quelconque de la fonction ff. Nous allons démontrer que la partition (2) s’obtient de (1) par dilatation Si n=1n=1 la propriété est immédiate Si i FF is de 1a partition (2) I1 exic queconque ( μ\mu ) indiceα\mathrm{indice}\alpha tel que (A désigne l’ensemble vide)

FβEαΛ.F_{\beta}\cap E_{\alpha}\neq\Lambda. (3)

Autrement, en effet, de la définition d’une partition il résulterait que Fβ(nEα)=FβE=ΛF_{\beta}\cap\left(\cup^{n}E_{\alpha}\right)=F_{\beta}\cap E=\Lambda ce qui est impossible puisque FβF_{\beta} n’est pas vide. Nous avons FβEαF_{\beta}\subseteq E_{\alpha}. En effet, autrement on pourrait trouver un indice α\alpha^{\prime}, différent de α\alpha, tel que

FβEαΛF_{\beta}\cap E_{\alpha^{\prime}}\neq\Lambda (4)

Mais de (3) et (4) il résulte que l’une des relations

FβEα1Λ(siα>1),FβEα+1Λ(siα<n)F_{\beta}\cap E_{\alpha-1}\neq\Lambda(\mathrm{si}\alpha>1),F_{\beta}\cap E_{\alpha+1}\neq\Lambda(\mathrm{si}\alpha<n) (5)

a certainement lieu. Ceci est impossible puisqu’alors la fonction ff ne serrait pas constante sur FβF_{\beta}, contrairement à la définition de cet ensemble. Il résulte donc que tout segment FβF_{\beta} est sous-ensemble d’un et d’un seul (l’unicité de α\alpha dans (3)) segment EαE_{\alpha}.

Remarquons aussi qu’à tout α\alpha doit correspondre au moins un β\beta tel que EαFβ𝚲E_{\alpha}\cap F_{\beta}\neq\boldsymbol{\Lambda}. Autrement, en effet, il résulterait, comme plus haut, que EαE=ΛE_{\alpha}\cap E=\Lambda ce qui est impossible puisque EαE_{\alpha} n’est pas vide.

Ceci demontre que, dans les conditions de la démonstration, la partition (2) s’obtient de (1) par dilatation.

Le théorème 1 est démontré.
Remarquons que nous avons démontré un peu plus que ce qui a été énoncé par le théorème 1 et notamment que tout support d’une fonction constante par segments s’obtient par dilatation de son support ayant le nombre minimum de termes.
6. Considérons deux fonctions f,gf,g constantes par segments sur EE et soient
  

(F1|F2|Fm),(G1|G2|Gn)\left(F_{1}\left|F_{2}\right|\ldots\mid F_{m}\right),\left(G_{1}\left|G_{2}\right|\ldots\mid G_{n}\right) (6)

des supports respectifs de ces fonctions.
Nous allons montrer qu’on peut trouver un support commun des fonctions ff et gg.

Les intersections FαGβ,α=1,2,,m,β=1,2,,nF_{\alpha}\cap G_{\beta},\alpha=1,2,\ldots,m,\beta=1,2,\ldots,n sont des segments deux à deux disjoints et leur réunion est égale à EE. Parmi ces intersections il y en a qui sont certainement non vides. Telles sont les intersections F1G1F_{1}\cap G_{1} et FmGnF_{m}\cap G_{n}. Mais aussi parmi ces intersections il y en a, en général qui sont toujours vides. En rangeant celles des intersections qui ne sont pas vides dans un ordre déterminé on obtient la partition

(E1|E2|Ep)\left(E_{1}\left|E_{2}\right|\ldots\mid E_{p}\right) (7)

qui s’obtient de chacune des partitions (6) par dilatation et il en résulte donc qu’elle est un support commun des fonctions ff et gg.

La propriété précédente résulte de l’analyse suivante. D’abord à tout α(1αm)\alpha(1\leqslant\alpha\leqslant m) correspond, un β(1βn)\beta(1\leqslant\beta\leqslant n) tel que FαGβF_{\alpha}\cap G_{\beta} ne soit pas vide. Ensuite si FαGβF_{\alpha}\cap G_{\beta} n’est pas vide tout FαGβF_{\alpha^{\prime}}\cap G_{\beta^{\prime}} avec α>α,β<β\alpha^{\prime}>\alpha,\beta^{\prime}<\beta est vide, car autrement, tout point de FαGβF_{\alpha^{\prime}}\cap G_{\beta^{\prime}} devrait être à la fois à gauche et à droite de tout point de FαGβF_{\alpha}\cap G_{\beta}. Il en résulte qu’on peut trouver les entiers non-négatifs k1,k2,,kmk_{1},k_{2},\ldots,k_{m} tels que k1+k2++km=nk_{1}+k_{2}+\ldots+k_{m}=n et tels que toutes les intersections FαGβF_{\alpha}\cap G_{\beta} différentes des segments ( k0=0k_{0}=0 )

FaGk1+k2+kα1+β,β=0,1,,kα,α=1,2,,mF_{a}\cap G_{k_{1}+k_{2}+\ldots k_{\alpha-1}+\beta},\quad\beta=0,1,\ldots,k_{\alpha},\alpha=1,2,\ldots,m (8)

soient vides.
Le nombre des segments (8) est égal à m+n1m+n-1 et nous avons donc pm+n1p\leqslant m+n-1 pour le nombre pp des termes de la partition (7).

Ceux des ensembles (8) qui ne sont pas vides, rangés par ordre ,,lexicographique" de leurs indices, forment la suite E1,E2,,EpE_{1},E_{2},\ldots,E_{p}. Ceci signifie que si Eγ=FαGβ,Eγ=FαGβE_{\gamma}=F_{\alpha}\cap G_{\beta},E_{\gamma^{\prime}}=F_{\alpha^{\prime}}\cap G_{\beta^{\prime}}, de γ<γ\gamma<\gamma^{\prime} il résulte que αα\alpha\leqslant\alpha^{\prime}, ββ,α+β<α+β\beta\leqslant\beta^{\prime},\alpha+\beta<\alpha^{\prime}+\beta^{\prime}. Ceci nous montre, en même temps, que les partitions (6) s’obtiennent de (7) par contraction.

Il en résulte aussi que pm,pnp\geqslant m,p\geqslant n, donc que pmax(m,n)p\geqslant\max(m,n).
7. Des résultats précédents on peut déduire quelques propriétés de l’ensemble des fonctions constantes par segments.

La somme et le produit de deux fonctions constantes par segments sont des fonctions constantes par segments. Cette propriété résulte immédiatement si on effectue les opérations d’addition et de multiplication sur les deux fonctions considérées rapportées à un support commun.

En particulier, les constantes sont des fonctions constantes par segments. Il en résulte que l’ensemble des fonctions constantes par segments est un ensemble linéaire (vectoriel) par rapport à l’addition habituelle (valeur par valeur) des fonctions et la multiplication habituelle par un nombre (réel ou complexe) des fonctions.

Des résultats précédents il résulte aussi que si deux fonctions constantes par segments sont respectivement de degré mm et nn, leur somme et leur produit sont de degré m+n1m+n-1. Il est à remarquer que les fonctions considérées peuvent avoir les degrés effectifs mm et nn et, en même temps, leur somme et leur produit le degré 1 (peuvent être des constantes) sans que u u u be y que nn duelconque de EE et si les fonctions f,gf,g sont définies par les formules

f(x)=1+(1)α2 pour xEα,α=1,2,,n,g=1ff(x)=\frac{1+(-1)^{\alpha}}{2}\text{ pour }x\in E_{\alpha},\alpha=1,2,\ldots,n,g=1-f

alors la somme f+gf+g se réduit à la constante 1 et le produit fgfg à la constante 0 .
8. Nous dirons qu’un segment EE^{\prime} de EE est un segment initial (de EE ) s’il n’existe aucun point de EE à gauche de tous les points de EE^{\prime} et de même nous dirons que le segment EE^{\prime} de EE est un segment final (de EE ) s’il n’existe aucun point de EE à droite de tous les points de EE^{\prime}. L’ensemble (ou le segment) vide n’est pas considéré comme un segment initial ou un segment final. Si (1) est une partition de EE le segment Eest E_{\text{est }} en degment initial et EnE_{n} un segment final de EE.

Une fonction définie sur EE sera dite initialement constante respectivement finalement constante s’il existe un segment initial, respectivement un segment final de EE, sur lequel cette fonction est une constante. Toute constante et, en général, toute fonction constante par segments, est initialement constante et aussi finalement constante, quel que soit EE.

Mais, en général, une fonction n’est ni initialement constante et ni finalement constante. Par exemple 1a fonction xx (et aussi tout polynome non constante) n’est ni initialement constante et ni finalement constante sur un intervalle ouvert. Si a=infEEa=\inf E\in E (donc si EE a un minimum), toute fonction définie sur EE est initialement constante, puisque l’ensemble { aa } formé par le seul point aa est un segment initial de EE et toute fonction est constante sur un seul point. On voit de même que si sup EEE\in E (donc si EE a un maximum) toute fonction définie sur EE est finalement constante.

9. Nous nous proposons de démontrer maintenant le

THÉORÈME 2. Une condition nécessaire et suffisante pour que la fonction ff, définie sur l’ensemble EE (ayant au moins n+1n+1 points), soit constante
par segments et de degré nn est que quels que soient les n+1n+1 points x1<<x2<<xn+1x_{1}<<x_{2}<\ldots<x_{n+1} de EE l’on ait

α=1n[f(xα)f(xα+1)]=0\prod_{\alpha=1}^{n}\left[f\left(x_{\alpha}\right)-f\left(x_{\alpha+1}\right)\right]=0 (9)

La condition est nécessaire. En effet, si (1) est un support à nn termes de ff, parmi les points xα,α=1,2,,n+1x_{\alpha},\alpha=1,2,\ldots,n+1 il y en a certainement au moins deux consécutifs xβ,xβ+1x_{\beta},x_{\beta+1} qui appartiennent au même terme EαE_{\alpha} et l’égalité (9) est vérifiée.

Avant d’aller plus loin démontrons le
L e m m e 1. Si la condition exprimée par l’égalité (9), du théorème 2, est vérifiée, la fonction ff est finalement constante.

Supposons donc que la condition du théorème 2 soit satisfaite et supposons que la fonction ff ne soit pas finalement constante. Alors, en particulier, cette fonction n’est pas constante et il existe donc les points x1,x2Ex_{1},x_{2}\in E, tels que x1<x2x_{1}<x_{2} et f(x1)f(x2)f\left(x_{1}\right)\neq f\left(x_{2}\right). Sur le segment final E[x2,)E\cap\left[x_{2},\infty\right) la fonction n’est pas constante et il existe donc un point x3x_{3} de ce segment, tel que x2<x3x_{2}<x_{3} et sur lequel f(x2)f(x3)f\left(x_{2}\right)\neq f\left(x_{3}\right). On peut continuer de cette manière et former la suite (infinie) croissante x1,x2,x_{1},x_{2},\ldots, telle que l’on ait f(xα)f(xα+1)f\left(x_{\alpha}\right)\neq\neq f\left(x_{\alpha+1}\right) pour tout α\alpha. Ceci contredit l’égalité (9) et cette contradiction démontre le lemme 1 .

On démontre de la même manière que, sous les mêmes conditions, la fonction est initialement constante.

Nous allons maintenant procéder par induction complète pour démontrer la suffisance de la condition du théorème 2 .

Pour n=1n=1 la propriété est vraie puisque si f(x1)=f(x2)f\left(x_{1}\right)=f\left(x_{2}\right) pour tout x1,x2Ex_{1},x_{2}\in E, la fonction est constante et est donc constante par segments de degré 1.

Supposons maintenant que n>1n>1 et que le théorème soit démontré pour les fonctions constantes par segments de degré n1n-1. Supposons alors que 1a condition exprimée par l’égalité (9) soit vérifiée. Soit EE^{\prime} la réunion de tous les segments finaux sur lesquels la fonction ff est constante. D’après le lemme 1 l’ensemble EE^{\prime} n’est pas vide. Alors, ou bien E=EE^{\prime}=E, la fonction est constante sur EE et le théorème est démontré. Ou bien alors EEE^{\prime}\subset E, donc EEE-E^{\prime} n’est pas vide. Nous allons démontrer que dans ce cas la fonction ff est constante par segments de degré n1n-1 sur EEE-E^{\prime}. En effet, dans le cas contraire, on pourrait trouver nn points x1<x2<<<xnx_{1}<x_{2}<<\ldots<x_{n} de EEE-E^{\prime} tels que l’on ait

α=1n1[f(xα)f(xα+1)]0\prod_{\alpha=1}^{n-1}\left[f\left(x_{\alpha}\right)-f\left(x_{\alpha+1}\right)\right]\neq 0

Mais sur le segment E[xn,)E\cap\left[x_{n},\infty\right) la fonction ne peut être constante, en vertu de la définition de EE^{\prime}. On peut donc trouver un point xn+1x_{n+1} de ce
segment (donc de EE ), différent de xnx_{n} tel que f(xn)f(xn+1)f\left(x_{n}\right)\neq f\left(x_{n+1}\right). Il en résulterait xn<xn+1x_{n}<x_{n+1} et

α=1n[f(xα)f(xα+1)]0\prod_{\alpha=1}^{n}\left[f\left(x_{\alpha}\right)-f\left(x_{\alpha+1}\right)\right]\neq 0

ce qui contredit l’égalité (9).
Cette contradiction démontre le théorème 2 pour les fonctions constantes par segments de degré nn.

Le théorème 2 est donc démontré.
On voit, par de très légères modifications de la démonstration, que le théorème 2 subsite aussi si EE contient l’un ou les deux points impropres ,-\infty,\infty.

La propriété exprimée par le théorème 2 peut aussi s’exprimer sous 1a forme du

THÉORÈME 3. Une condition nécessaire et suffisante pour qu’une fonction définie sur l’ensemble EE (ayant au moins n+1n+1 points) soit constante par segments de degré n est que cette propriété soit vérifiée, par la fonction considérée, sur tout sous-ensemble de EE formé par n+1n+1 points.
10. Dans ce travail nous considérons seulement des fonctions constantes par segments de degré fini. On peut définir des partitions de EE dont les termes forment une suite infinie ou, plus généralement, un ensemble ordonné de type ordinal donné. À ces partitions correspondent des fonctions constantes par segments d’un type (sorte de degré) correspondant. Il est clair que de telles fonctions ne présentent d’intérêt que si le type ria l’ years ye ordal des supports est different de celui de 1 ensemble ordonne EE. Ainsi, toute fonction définie sur un ensemble bien ordonné de nombre ordinal ω\omega (d’une suite infinie) est évidemment constante par segments de degré ω\omega. Mais, toute fonction définie sur l’axe réel n’est pas constante par segments de degré ω\omega.

La notion d’ensemble ordonné est prise ici dans le sens de l’ordonation des nombres réels d’après leur grandeur numérique. Le type ordinal des partitions, donc aussi le type (le degré) des fonctions constantes par segments correspondantes, peut être précisé de la manière suivante. Soit II un sous-ensemble ordonné de l’axe réel (ordonné). E=EαE=\cup E_{\alpha} est une partition du type ordinal de II si les EαE_{\alpha} sont des segments ff de EE, deux à deux disjoints. Si I=(1,2,,n)I=(1,2,\ldots,n) nous avons les fonctions constantes par segments de degré (fini) nn, étudiées dans ce travail et si I==(1,2,,n,)=1I==(1,2,\ldots,n,\ldots)=1 a suite des nombres naturels, nous avons les fonctions constantes par segments de degré ω\omega.

00footnotetext: Reçu le 18. IV. 1965.
1965

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