Notes sur les fonctions convexes d’ordre supérieur (VII)

Abstrait

Traduction en anglais du titre

Notes on higher order convex functions (VII)

Auteur(s)

Mots-clés

PDF

Pour citer ce travail

T. Popoviciu, Notes sur les fonctions convexes d’ordre supérieur (VII), Bull. de la Sect. Sci. de l’Acad. Roum., 22 (1939) no. 1, pp. 29-33 (in French).

Sur ce travail

Journal

Bulletin de la Section Scientifique de l’Académie Roumaine

Publié par
DOI

Non disponible.

Print ISSN

Non disponible.

Online ISSN

Non disponible.

[MR0001254, Zbl 0024.02201, JFM 65.0214.01]

??

HTML forme du travail (preprint)

PAR

TIBERIU POPOVICIU

Note présentée par Mr S. Stoilov, Mc. A. R., dans la séance du 14 juillet 1939.

SUR L’ALLURE DES FONCTIONS D’ORDRE nn

I. Une fonction f=f(x)f=f(x), définie et uniforme sur un ensemble linéaire quelconque E est dite convexe, non-concave, polynomiale, non-convexe, ou concave d’ordre nn suivant que l’inégalité

[x1,x2,,xn+2;f]>,,=,ou<o\left[x_{1},x_{2},\ldots,x_{n+2};f\right]>,\geqq,=,\leq\mathrm{ou}<\mathrm{o}

est satisfaite quels que soient x1,x2,,xn+2E1)\left.x_{1},x_{2},\ldots,x_{n+2}\in E^{1}\right).
Toutes ces fonctions sont des fonctions d’ordre nn.
Nous dirons que l’ensemble E est décomposé en mm sous-ensembles consécutifs

E1,E2,,Em\mathrm{E}_{1},\mathrm{E}_{2},\ldots,\mathrm{E}_{m}

si EiE,i=1,2,,m\mathrm{E}_{i}\subset\mathrm{E},i=1,2,\ldots,m, si tout point de E appartient à un E et si tout point de Ei\mathrm{E}_{i} est à gauche de tout point de Ei+1,i=1,2,,m1\mathrm{E}_{i+1},i=1,2,\ldots,m-1.

Dans notre Thèse 2 ) nous avons démontré la propriété suivante :
Théorème I. Si ff est d’ordre nn sur E , on peut décomposer cet ensemble en au plus k+1k+1 sous-ensembles consécutifs sur chacun la fonction étant d’ordre nkn-k.

La propriété est vraie pour k=I,2,,n+Ik=I,2,\ldots,n+I.
Cette propriété résulte du
Théorème II. Si ff est d’ordre nn et si
(I)

x1<x2<<xm,m>n+2x_{1}<x_{2}<\ldots<x_{m},m>n+2

est un sous-ensemble tini quelconque de E , la suite
(2)

Δnk+11,Δnk+12,,Δnk+1mn+1\Delta_{n-k+1}^{1},\Delta_{n-k+1}^{2},\ldots,\Delta_{n-k+1}^{m-n+1}
00footnotetext: 1 ) Pour les notations et les propriétés des fonctions d’ordre nn voir nos travaux antérieurs.
2 ) Tiberiu Popoviciu, Sur quelques propriétés des fonctions d’une ou de deux variables réelles, Thèse, Paris 1933 ou Mathematica 8, 1-85 (1934).

présente au plus kk variations de signes. Ici nous avons posé
(3) Δki=[xi,xi+1,,xi+k;f],i=I,2,,mk,k=0,I,,mI\Delta_{k}^{i}=\left[x_{i},x_{i+1},\ldots,x_{i+k};f\right],i=\mathrm{I},2,\ldots,m-k,k=0,\mathrm{I},\ldots,m-\mathrm{I}

Dans cette note nous nous proposons de donner une réciproque du théorème II.
2. Avant d’aller plus loin faisons quelques remarques sur les fonctions d’ordre nn. Usant de la notation (3), toute différence divisée d’ordre n+In+I de ff sur n+2n+2 points, choisis parmi les points (I), est une moyenne arithmétique des différences divisées Δn+11,Δn+12,,Δn+1mn1\Delta_{n+1}^{1},\Delta_{n+1}^{2},\ldots,\Delta_{n+1}^{m-n-1}, donc

[xi1,xi2,,xin+2;f]=i=1mn1AiΔn+1iAi0,i=1,2,,mn1,i=1mn1Ai=1\begin{gathered}{\left[x_{i_{1}},x_{i_{2}},\ldots,x_{i_{n+2}};f\right]=\sum_{i=1}^{m-n-1}\mathrm{\penalty 10000\ A}_{i}\Delta_{n+1}^{i}}\\ \mathrm{\penalty 10000\ A}_{i}\geq 0,i=1,2,\ldots,m-n-1,\sum_{i=1}^{m-n-1}\mathrm{\penalty 10000\ A}_{i}=1\end{gathered}

les Ai\mathrm{A}_{i} étant indépendants de la fonction ff. On a d’ailleurs sûrement
Ai>0,Ain+2nI>0\mathrm{A}_{i}>0,\mathrm{\penalty 10000\ A}_{i_{n+2}-n-\mathrm{I}}>0 si i1<i2<<in+2i_{1}<i_{2}<\ldots<i_{n+2}.
On en déduit immédiatement le
Lemme I. La condition nécessaire et suffisante pour que la fonction ff, définie sur l’ensemble fini (1), soit convexe, non-concave, polynomiale, nonconvexe ou concave d’ordre nn est que l’on ait

Δn+1i>,,=,ou<o,i=I,2,,mnI\Delta_{n+1}^{i}>,\geq,=,\leqq\mathrm{ou}<\mathrm{o},i=\mathrm{I},2,\ldots,m-n-\mathrm{I}

De ce lemme résulte immédiatement le théorème II.
Démontrons encore le
Lemme II. Pour que la fonction ff soit d’ordre nn sur E ayant au moins n+3n+3 points il faut et il suffit que l’on ait

[x1,x2,,xn+2;f][x2,x3,,xn+3;f]0\left[x_{1},x_{2},\ldots,x_{n+2};f\right]\left[x_{2},x_{3},\ldots,x_{n+3};f\right]\geq 0

quels que soient les points x1<x2<<xn+3x_{1}<x_{2}<\ldots<x_{n+3} de E .
La condition est évidemment nécessaire. Montrons qu’elle est aussi suffisante. Il suffit en effet de montrer que la propriété n’est pas vraie pour une fonction qui n’est pas d’ordre nn, il suffit donc de démontrer le

Lemme III. Si la fonction f n’est pas d’ordre nn sur E on peut trouver n+3n+3 points x1<x2<<xn+3x_{1}<x_{2}<\ldots<x_{n+3} de E tels que l’on ait

[x1x2,,xn+2;l][x2,x3,,xn+3;f]<o\left[\begin{array}[]{llll}x_{1}&x_{2}&,\ldots,&x_{n+2}\end{array};l\right]\left[x_{2},x_{3},\ldots,x_{n+3};f\right]<o

Le fait que ff n’est pas d’ordre nn signifie qu’on peut trouver n+2n+2 points α1,α2,,σn+2\alpha_{1},\alpha_{2},\ldots,\sigma_{n+2} de E tels que [α1,α2,,αn+2;f]>0\left[\alpha_{1},\alpha_{2},\ldots,\alpha_{n+2};f\right]>0 et n+2n+2 points β1β2,,βn+2\beta_{1}\beta_{2},\ldots,\beta_{n+2} de E tels que [β1,β2,,βn+2;f]<0\left[\beta_{1},\beta_{2},\ldots,\beta_{n+2};f\right]<0. Rangeons tous les points distincts oi,βio_{i},\beta_{i} dans une suite croissante (I). On a alors n+3m2n+2n+3\leq m\leq 2n+2. La suite des différences divisées

Δn+11,Δn+12,,Δn+1mn1\Delta_{n+1}^{1},\Delta_{n+1}^{2},\ldots,\Delta_{n+1}^{m-n-1} (4)

présente au moins une variation de signe, donc contient au moins deux termes non nuls et de signes contraires. Soit Δn+1p\Delta_{n+1}^{p} le premier terme non nul dans (4) et Δn+1s\Delta_{n+1}^{s} le premier terme non nul et de signe contraire avec Δn+1p\Delta_{n+1}^{p}. Enfin soit Δn+1r\Delta_{n+1}^{r} le dernier terme non nul dans la suite Δn+11,Δn+12\Delta_{n+1}^{1},\Delta_{n+1}^{2}, , Δn+1s1\Delta_{n+1}^{s-1}. On a alors Δn+1r.Δn+1s<0\Delta_{n+1}^{r}.\Delta_{n+1}^{s}<0 et r<sr<s. Si s=r+1s=r+1 l’inégalité Δn+1rΔn+1r+1<o\Delta_{n+1}^{r}\Delta_{n+1}^{r+1}<\mathrm{o} démontre le lemme III. Si s>r+Is>r+\mathrm{I} on a Δn+1r+1=Δn+1r+2==Δn+1s1=0\Delta_{n+1}^{r+1}=\Delta_{n+1}^{r+2}=\ldots=\Delta_{n+1}^{s-1}=0 et l’inégalité
[xr,xr+1,,xr+n,xs+n;f][xr+1,xr+2,,xr+n,xs+n,xs+n+1;f]<0\left[x_{r},x_{r+1},\ldots,x_{r+n},x_{s+n};f\right]\left[x_{r+1},x_{r+2},\ldots,x_{r+n},x_{s+n},x_{s+n+1};f\right]<0 démontre le lemme III.
3. Etablissons maintenant la réciproque du théorème II. Pour cela remarquons que [x1,x2,,xn+2;P]=o\left[x_{1},x_{2},\ldots,x_{n+2};\mathrm{P}\right]=\mathrm{o} identiquement si P est un polynome de degré n1n^{1} ). De là résulte cette propriété importante que toute fonction fPf-\mathrm{P}, où P est un polynome de degré nn, jouit de la même propiété que ff par rapport à tout caractère de convexité d’ordre n\geq n. Nous avons alors le

Théorème III. Si, quels que soient le polynome P de degré nn et le sousensemble fini ( I ) de E , la suite (2) correspondante à ( I ) et à la fonction fPf-\mathrm{P} présente au plus kk variations de signes, la fonction ff est d’ordre nn sur E .

Il suffit de démontrer que si la fonction n’est pas d’ordre nn, on peut trouver une suite (I) de E et un polynome P tels que la suite (2) présente plus de kk variations. Prenons pour celà, comme suite (I), n+3n+3 points x1<x2<<xn+3x_{1}<x_{2}<\ldots<x_{n+3} de E tels que Δn+11.Δn+12<0\Delta_{n+1}^{1}.\Delta_{n+1}^{2}<0, ce qui est possible d’après le lemme III. Déterminons d’abord le polynome P=a0xn+a1xn1++ak1λnk+1\mathrm{P}=a_{0}x^{n}+a_{1}x^{n-1}+\ldots+a_{k-1}\lambda^{n-k+1} de manière que pour la fonction f1=fPf_{1}=f-\mathrm{P} on ait

Δnk+1i=0,i=2,3,,k+1\Delta_{n-k+1}^{i}=0,i=2,3,\ldots,k+1 (5)

La suite (2) correspondante devient, à des facteurs positifs près,

(I)kΔn+I1,0,0,,0k,Δn+I2.(-\mathrm{I})^{k}\Delta_{n+\mathrm{I}}^{1},\overbrace{0,0,\ldots,0}^{k},\Delta_{n+\mathrm{I}}^{2}. (6)

Mais (5), regardé comme un système de kk équations linéaires dans les kk inconnues a0,a1,,ak1a_{0},a_{1},\ldots,a_{k-1}, a son déterminant différent de zéro 2 ). On peut donc modifier ces coefficients de manière que la suite (6) ait tous ses termes non nuls et de signes alternés, donc qu’elle présente k+Ik+I variations de signes. Le théorème III est donc démontré. On voit que dans l’énoncé on peut ne considérer que les sous-ensembles finis de E ayant n+3n+3 points.

00footnotetext: 1 ) de degré effectif n\leq n.
)2\left.{}^{2}\right) Ce déterminant est en effet égal, au signe près, à i=2k[j=0ki(xn+2jxi)](=1\prod_{i=2}^{k}\left[\prod_{j=0}^{k-i}\left(x_{n+2}-j-x_{i}\right)\right](=1 pour k=1)k=1).

4. Nous avons dit que le théorème I résulte du théorème II. Le théorème I a également une réciproque que nous étudierons dans un autre travail. Faisons ici seulement une remarque sur le cas n=In=I. Nous avons démontré dans une note précédente 1 ) que l’inégalité
(7) f(x2)max[f(x1),f(x3)],x1<x2<x3,x1,x2,x3E\quad f\left(x_{2}\right)\leq\max\left[f\left(x_{1}\right),f\left(x_{3}\right)\right],x_{1}<x_{2}<x_{3},x_{1},x_{2},x_{3}\in\mathrm{E}
est nécessaire et suffisante pour qu’on puisse décomposer l’ensemble E en au plus deux sous-ensembles consécutifs tels que sur chacun la fonction ff ou - ff soit monotone, la monotonie étant de sens opposés sur le deux sous-ensembles. En particulier, les fonctions d’ordre I vérifient cette propriété donc sont telle que ff ou - ff vérifie l’inégalité (7). Nous avons ici encore une réciproque et ainsi on peut énoncer le

Théorème IV. Pour que la fonction ff soit d’ordre I sur E il faut et il suffit que, quel que soit le nombre a, on puisse décomposer l’ensemble E en au plus deux sous-ensembles consécutifs sur chacun la fonction fαxf-\alpha x étant monotone, la monotonie étant de sens opposés sur les deux sous-ensembles.

La condition est nécessaire puisque fαxf-\alpha x est d’ordre i si ff est d’ordre I. Montrons qu’elle est aussi suffisante. Il suffit pour cela de montrer que si ff n’est pas d’ordre II on peut trouver un nombre α\alpha de manière que f1f_{1} et f1-f_{1}, avec f1=fαxf_{1}=f-\alpha x, ne vérifient pas la propriété exprimée par l’inégalité (7). Si ff n’est pas d’ordre I on peut trouver 4 points x1x_{1} of <x3<x4<x_{3}<x_{4} de E de manière que

[x1,x2,x3;f][x2,x3,x4;f]<0\left[x_{1},x_{2},x_{3};f\right]\left[x_{2},x_{3},x_{4};f\right]<0

Déterminons le nombre α\alpha de manière que.
[x2,x3;f]>a>max([x1,x2;f],[x3,x4;f])\left[x_{2},x_{3};f\right]>a>\max\left(\left[x_{1},x_{2};f\right],\left[x_{3},x_{4};f\right]\right) si [x1,x2,x3;f]>0[x2,x3;f]<α<min([x1,x2;f],[x3,x4;f])si[x1,x2,x3;f]<0\left[x_{1},x_{2},x_{3};f\right]>0\left[x_{2},x_{3};f\right]<\alpha<\min\left(\left[x_{1},x_{2};f\right],\left[x_{3},x_{4};f\right]\right)\operatorname{si}\left[x_{1},x_{2},x_{3};f\right]<0.

En posant alors f1=fαxf_{1}=f-\alpha x, on a

f1(x2)>f1(x1),f1(x3)<f1(x2),f1(x4)>f1(x3)f_{1}\left(x_{2}\right)>f_{1}\left(x_{1}\right),f_{1}\left(x_{3}\right)<f_{1}\left(x_{2}\right),f_{1}\left(x_{4}\right)>f_{1}\left(x_{3}\right)

dans le premier cas et

f1(x2)<f1(x1),f1(x3)>f1(x2),f1(x4)<f1(x3)f_{1}\left(x_{2}\right)<f_{1}\left(x_{1}\right),f_{1}\left(x_{3}\right)>f_{1}\left(x_{2}\right),f_{1}\left(x_{4}\right)<f_{1}\left(x_{3}\right)

dans le deuxième cas. On vérifie immédiatement que f1f_{1} et f1-f_{1} ne vérifient pas l’inégalité (7).

On peut choisir les nombres α,β\alpha,\beta de manière que si f1=f+αx+βf_{1}=f+\alpha x+\beta on ait f1(x2)=A,f1(x3)=B,A,Bf_{1}\left(x_{2}\right)=\mathrm{A},f_{1}\left(x_{3}\right)=\mathrm{B},\mathrm{A},\mathrm{B} étant deux nombres quelconques. En prenant A négatif, B positif suffisamment petits si [x1,x2,x3;f]>o\left[x_{1},x_{2},x_{3};f\right]>\mathrm{o} et A positif, B négatif suffisamment petits si [x1,x2,x3;f]<0\left[x_{1},x_{2},x_{3};f\right]<0, on a

f1(x1)>0,f1(x2)<0,f1(x3)>0,f1(x4)<0f_{1}\left(x_{1}\right)>0,f_{1}\left(x_{2}\right)<0,f_{1}\left(x_{3}\right)>0,f_{1}\left(x_{4}\right)<0
00footnotetext: 1 ) Tiberiu. Popoviciu, Deux remarques sur les fonctions convexes, Bulletin Scient. Acad. Roumaine, 20, 45-49 (1938).

dans le premier cas et

f1(x1)<0,f1(x2)>0,f1(x3)<0,f1(x4)>0f_{1}\left(x_{1}\right)<0,f_{1}\left(x_{2}\right)>0,f_{1}\left(x_{3}\right)<0,f_{1}\left(x_{4}\right)>0

dans le deuxième cas. On en déduit le
Théorème V. Pour que la fonction j soit d’ordre I sur E il faut et il suffit que, quels que soient les nombres α,β\alpha,\beta, on puisse décomposer l’ensemble E en au plus trois sous-ensembles consécutifs sur chacun la fonction f+αx+βf+\alpha x+\beta étant de signe invariable.

On peut maintenant entrevoir la réciproque du théorème I dans le cas général mais, comme nous l’avons dit, nous reviendrons sur cette question dans un autre mémoire.

Cernăuți, le 5 juillet 1939.

1939

Related Posts