Généralisation d’une propriété des suites de Farey

Abstrait

Traduction en anglais du titre

Generalization of a Property of Farey Sequences

Auteur(s)

Tiberiu Popoviciu
Institutul de Calcul

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T. Popoviciu, Généralisation d’une propriété des suites de Farey, Rev. Roumaine Math. Pures Appl., 17 (1972), pp. 87-92 (in French) [MR0382153Zbl 0239.10030]

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GÉNÉRALISATION D’UNE PROPRIÉTÉ DES SUITES DE FAREY

PAR
TIBERIU POPOVICIU
(Cluj)
Résumé

On établit une propriété des sommes des vièmes v^{\text{ièmes }} termes, pour v=1,2,,kv=1,2,\ldots,k des suites croissantes de kk nombres naturels, premiers entre eux et dont le dernier terme est égal à n(nk)n(n\geqq k).

  1. 1.

    J. A. Blake a remarqué [1] que si nous considérons toutes les fractions ordinaires irréductibles, plus petites que 1 et dont le dénominateur est n\leq n, la somme des dénominateurs est égale à 2 fois la somme des numérateurs. C’est une conséquence immédiate de la propriété que si nous considérons tous les couples ordonnés de nombres naturels ( a,ba,b ) où a<b=na<b=n, les nombres aa et bb étant premiers entre eux, la somme S2(n)S_{2}(n) des secondes composantes bb est égale à 2 fois la somme S1(n)S_{1}(n) des premières composantes aa. On a d’ailleurs, S2(n)=nφ(n)S_{2}(n)=n\varphi(n) et S1(n)=12nφ(n)S_{1}(n)=\frac{1}{2}n\varphi(n) est égale à la somme des nombres naturels n\leqq n et premiers avec nn. On suppose bien entendu, que n>1n>1 et φ(n)\varphi(n) est la fonction bien connue d’Euler  ! (1’ «indicateur» de nn ).
    I. Katz [2] et A. Zane [3] sont revenus sur le résultat précédent de J. A. Blake.

Da ns la suite nous allons donner une généralisation de cette propriété.
2. Nous démontrerons le :

Théorème. Soient k,nk,n deux nombres naturels donnés, où 2kn2\leqq k\leqq n et considérons toutes les suites croissantes ( a1,a2,,aka_{1},a_{2},\ldots,a_{k} ) de kk nombres naturels oû : a).ak=n,ba).a_{k}=n,b ). a1,a2,,aka_{1},a_{2},\ldots,a_{k} sont premiers entre eux. Désignons par Sν(n)S_{\nu}(n) la somme des vvièmes v^{\text{vièmes }} termes ava_{v} de toutes ces suites pour v=1,2,,kv=1,2,\ldots,k.

Nous avons alors
(1) Sν(n)=νS1(n),ν=1,2,,k\quad S_{\nu}(n)=\nu S_{1}(n),\nu=1,2,\ldots,k.

Nous allons déduire la démonstration de ce théorème d’une propriété analogue des suites (a1,a2,,ak)\left(a_{1},a_{2},\ldots,a_{k}\right) dont les termes ne sont pas soumis à la restriction b) du texte. Nous allons donc démontrer le :

Lemme. Soient k,nk,n deux nombres naturels donnés, où 2kn2\leqq k\leqq n et considérons toutes les suites croissantes ( a1,a2,,aka_{1},a_{2},\ldots,a_{k} ) de kk nombres naturels a1,a2,,aka_{1},a_{2},\ldots,a_{k}, dont le dernier terme est égal à nn. Désignons par Av(n)A_{v}(n) la somme des vièmes v^{\text{ièmes }} termes de toutes ces suites pour v=1,2,,kv=1,2,\ldots,k.

Nous avons alors

Av(n)=vA1(n),v=1,2,,k.A_{v}(n)=vA_{1}(n),v=1,2,\ldots,k. (2)
  1. 3.

    Passons à la démonstration du lemme. Nous pouvons calculer les sommes Av(n)A_{v}(n) par récurrence, mais on peut aussi les obtenir rapidement par l’emploi d’une certaine «fonction génératrice». Considérons la fonction génératrice de kk variables x1,x2,,xk,F=F(x1,x2,,xk)==x1a1x2a2xkakx_{1},x_{2},\ldots,x_{k},F=F\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{k}\right)==\sum x_{1}^{a_{1}}x_{2}^{a_{2}}\ldots x_{k}^{a_{k}}, la sommation étant étendue à toutes les suites croissantes (a1,a2,,ak)\left(a_{1},a_{2},\ldots,a_{k}\right) de nombres naturels. Nous avons alors

F=i=1kxixi+1xk1xixi+1xkF=\prod_{i=1}^{k}\frac{x_{i}x_{i+1}\ldots x_{k}}{1-x_{i}x_{i+1}\ldots x_{k}} (3)

Pour simplifier l’écriture désignons par [f] la fonction d’une variable zz qui s’obtient de la fonction f(x1,x2,,xk)f\left(x_{1},x_{2},\ldots,x_{k}\right), en posant x1=x2===xk1=1,xk=zx_{1}=x_{2}=\ldots==x_{k-1}=1,x_{k}=z. Nous avons alors

[Fxν]=n=1+Aν(n)zn\left[\frac{\partial F}{\partial x_{\nu}}\right]=\sum_{n=1}^{+\infty}A_{\nu}(n)z^{n} (4)

pour v=1,2,,k1v=1,2,\ldots,k-1 et

[Fxk]=n1+Ak(n)zn1\left[\frac{\partial F}{\partial x_{k}}\right]=\sum_{n-1}^{+\infty}A_{k}(n)z^{n-1} (5)

Pour n<ν,ν=1,2,,kn<\nu,\nu=1,2,\ldots,k les coefficients Aψ(n)A_{\psi}(n) n’interviennent pas dans le lemme. Ils sont définis par les formules (4) et (5). Nous verrons d’ailleurs qu’ils sont tous nuls. Pour calculer les premiers membres des égalités (4) et (5) remarquons que

[xνxixi+1xk1xixi+1xi]={0, pour ν<iz(1z)2, pour k>νi1(1z)2, pour ν=k\left[\frac{\partial}{\partial x_{\nu}}\frac{x_{i}x_{i+1}\ldots x_{k}}{1-x_{i}x_{i+1}\ldots x_{i}}\right]=\begin{cases}0,&\text{ pour }\nu<i\\ \frac{z}{(1-z)^{2}},&\text{ pour }k>\nu\geqq i\\ \frac{1}{(1-z)^{2}},&\text{ pour }\nu=k\end{cases}

Donc, si nous appliquons la règle de la dérivation d’un produit, nous obtenons

[Fxv]=vzk(1z)k+1,v=1,2,,k1\displaystyle{\left[\frac{\partial F}{\partial x_{v}}\right]=v\frac{z^{k}}{(1-z)^{k+1}},\quad v=1,2,\ldots,k-1}
[Fxk]=kzk1(1z)k+1\displaystyle{\left[\frac{\partial F}{\partial x_{k}}\right]=k\frac{z^{k-1}}{(1-z)^{k+1}}}

Il en résulte immédiatement les formules (2) et le lemme est donc démontré. On obtient d’ailleurs facilement l’expression de Av(n)A_{v}(n) sous la forme

Av(n)=v(nk),v=1,2,,kA_{v}(n)=v\binom{n}{k},\quad v=1,2,\ldots,k (6)
  1. 4.

    Nous allons maintenant démontrer le théorème énoncé. Désignons par 𝔐(n)\mathfrak{M}(n) l’ensemble de toutes les suites de kk nombres naturels qui interviennent dans le lemme et par 𝔐a(n)\mathfrak{M}_{a}(n) le sous-ensemble formé par les éléments de 𝔐(n)\mathfrak{M}(n) dont les termes sont tous divisibles par le nombre dd. Il est clair que dd est un diviseur de nn. On déduit l’ensemble 𝔐d(n)\mathfrak{M}_{d}(n) en multipliant par dd chaque terme des éléments de 𝔐(nd)\mathfrak{M}\left(\frac{n}{d}\right). Il en résulte que l’ensemble 𝔐d(n)\mathfrak{M}_{d}(n) jouit de la même propriété que l’ensemble 𝔐(n)\mathfrak{M}(n). Les sommes Av(n),ν=1,2,,kA_{v}(n),\nu=1,2,\ldots,k correspondant à l’ensemble 𝔐d(dn)\mathfrak{M}_{d}(dn) sont égales à dAv(nd),v=1,2,,kdA_{v}\left(\frac{n}{d}\right),v=1,2,\ldots,k respectivement.

Pour obtenir les suites qui interviennent dans le théorème il faut supprimer de 𝔐(n)\mathfrak{M}(n) les éléments (suites) dont les termes ne sont pas premiers entre eux. Désignons par p1,p2,,prp_{1},p_{2},\ldots,p_{r} (tous) les facteurs premiers (distincts) du nombre nn. Les suites supprimées de 𝔐(n)\mathfrak{M}(n) sont celles pour lesquelles le p.g.c.d. des termes est divisible par au moins l’un des nombres premiers p1,p2,,prp_{1},p_{2},\ldots,p_{r}. En appliquant le principe bien connu d’inclusion et d’exclusion, nous obtenons

Sv(n)=Av(n)+s=1r(1)s(s)pi1pi2pisAv(npi1pi2pis)v=1,2,,k\begin{array}[]{r}S_{v}(n)=A_{v}(n)+\sum_{s=1}^{r}(-1)^{s}\sum_{(s)}p_{i_{1}}p_{i_{2}}\ldots p_{i_{s}}A_{v}\left(\frac{n}{p_{i_{1}}p_{i_{2}}\ldots p_{i_{s}}}\right)\\ v=1,2,\ldots,k\end{array}

où la sommation \sum est étendue à toutes les combinaisons i1,i2,,isi_{1},i_{2},\ldots,i_{s}, & à ss des indices 1(8),2,,r1^{(8)},2,\ldots,r.

Compte tenu de (2), les égalités (1) en résultent. Le théorème est done démontré.
5. Des formules (6) nous déduisons aussi :

Av(n)=vnk(n1k1)v=1,2,,kA_{v}(n)=v\frac{n}{k}\binom{n-1}{k-1}\quad v=1,2,\ldots,k

(n1k1)\binom{n-1}{k-1} est précisément le nombre des éléments de 𝔐(n)\mathfrak{M}(n). De même, si nous désignons par N(n)N(n) le nombre des suites qui intervienuent dans le théorème, nous avons

Sv(n)=vnkN(n),v=1,2,,kS_{v}(n)=v\frac{n}{k}N(n),\quad v=1,2,\ldots,k

Enfin, de la formule (7), pour v=kv=k, nous déduisons

N(n)=(n1k1)+s=1r(1)s(s)(npi1pi2pis1k1).)N(n)=\binom{n-1}{k-1}+\sum_{s=1}^{r}(-1)^{s}\sum_{(s)}\binom{\frac{n}{p_{i_{1}}p_{i_{2}}\ldots p_{i_{s}}}-1}{k-1).} (8)

Pour k=2k=2 nous avons N(n)=φ(n)N(n)=\varphi(n)φ(n)\varphi(n) est la fonction d’Euler (l’indicateur). Pour k>2k>2 la structure arithmétique du nombre N(n)N(n), done aussi des nombres Sν(n),ν=1,2,,kS_{\nu}(n),\nu=1,2,\ldots,k est plus compliquée. Désignons par Ckv,v=0,1,,71C_{k}^{v},v=0,1,\ldots,7-1 les coefficients factoriels du rang h1h_{1} définis par l’égalité polynomiale

(x+1)(x+2)(x+k1)=Ck0xk1+Ck1xk2++Ckk1(x+1)(x+2)\ldots(x+k-1)=C_{k}^{0}x^{k-1}+C_{k}^{1}x^{k-2}+\cdots+C_{k}^{k-1}

Considérons aussi les fonctions arithmétiques

φv(n)=nvi=1r(11piv),v=1,2,\varphi_{v}(n)=n^{v}\prod_{i=1}^{r}\left(1-\frac{1}{p_{i}^{v}}\right),\quad v=1,2,\ldots

les pi,i=1,2,,rp_{i},i=1,2,\ldots,r étant toujours les facteurs premiers distincts de nn Pour ν=1\nu=1 nous retrouvons la fonction d’Euler φ1(n)=φ(n)\varphi_{1}(n)=\varphi(n). En général, φv(n)\varphi_{v}(n) est égal au nombre des suites de v nombres naturels dont les termes sont n\leqq n et ont leur p. g.c.d. premier avec nn.

Si nous remarquons que (n1k1)=(n1)(n2)(nk+1)(k1)!\binom{n-1}{k-1}=\frac{(n-1)(n-2)\ldots(n-k+1)}{(k-1)!}, de la formule (8) nous déduisons

N(n)=1(k1)!s=0k2(1)sCksφk1s(n)N(n)=\frac{1}{(k-1)!}\sum_{s=0}^{k-2}(-1)^{s}C_{k}^{s}\varphi_{k-1-s}(n) (9)
  1. 6.

    Nous pouvons en tirer quelques conséquences et nous pouvons généraliser de plusieurs manières ce que nous avons démontré.

La propriété que nous examinons dans ce travail reste vraie pour l’ensemble des suites croissantes de nombres naturels premiers entre eux et dont le dernier terme est n\leqq n. Ceci résulte du fait que l’ensemble considéré est la réunion des ensembles 𝔐(v),v=k,k+1,,n\mathfrak{M}(v),v=k,k+1,\ldots,n qui sont disjoints deux à deux. Si donc dans ce cas Sy(n)S_{y}^{\prime}(n) est la somme des vièmes termes et N(n)N^{\prime}(n) le nombre des suites de l’ensemble considéré, ces fonctions arithmétiques sont les fonctions sommatoires des fonctions Sy(n)S_{\mathrm{y}}(n) et N(n)N(n) respectivement. Nous avons done

Sv(n)=i=1nSv(i),v=1,2,,k,N(n)=i=1nN(i)S_{v}^{\prime}(n)=\sum_{i=1}^{n}S_{v}(i),\quad v=1,2,\ldots,k,N^{\prime}(n)=\sum_{i=1}^{n}N(i)

où d’ailleurs les Sv(i),N(i)S_{v}(i),N(i) sont nuls pour i<ki<k.
7. La propriété de l’énoncé du théorème est vraie aussi pour l’ensemble de toutes les suites non décroissantes de kk nombres entiers non négatifs premiers entre eux et dont le dernier terme est égal à nn. Si nous désignons dans ce cas par Sv(n),v=1,2,,kS_{v}^{*}(n),v=1,2,\ldots,k et N(n)N^{*}(n) les nombres correspondant à Sv(n),v=1,2,,kS_{v}(n),v=1,2,\ldots,k et N(n)N(n) respectivement, nous avons

Sv(n)=vS1(n)=vnkN(n),v=1,2,,kS_{v}^{*}(n)=vS_{1}^{*}(n)=v\frac{n}{k}N^{*}(n),\quad v=1,2,\ldots,k

et

N(n)=1(k1)!s=0k2Cksφk1s(n)N^{*}(n)=\frac{1}{(k-1)!}\sum_{s=0}^{k-2}C_{k}^{s}\varphi_{k-1-s}(n) (10)

C’est une formule analogue à la formule (9).
On obtient ce résultat en établissant une propriété tout à fait analogue à celle de l’énoncé du lemme et relative à l’ensemble de toutes les suites non décroissantes de kk nombres entiers dont le dernier terme est égal à nn (les termes n’étant pas nécessairement premiers entre eux). Le nombre de ces suites est égal à (n+k1k1)=(n+1)(n+2)(n+k1)(k1)!\binom{n+k-1}{k-1}=\frac{(n+1)(n+2)\ldots(n+k-1)}{(k-1)!}. Il n’est pas nécessaire de détailler la démonstration. Je me contenterais de dire que cette fois-ci il suffit de nous appuyer, au lieu de (3), sur la fonction génératrice

i=1k11xixi+1xk\prod_{i=1}^{k}-\frac{1}{1-x_{i}x_{i+1}\ldots x_{k}}

On pout évidemment donner aussi une propriété analogue à la conséquence examinée au n 0 6. Je propose au lecteur d’énoncer cetto propriété.

Reçu le 3 août 1971

Institut de Calcul Cluj

BIBLIOGRAPHIE

  1. 1.

    Blake, J. A., Some charceteristic properties of the Farey Series. The Amer. Math. Monthly 1966, 73, 50-52.

  2. 2.

    Katz, I., Note on a theoreme of Blake and Aron. ibid., 1967, 74, 1233.

  3. 3.

    Zane, A., A comment on a precedent note on the Farey Series. ibid., 1967, 74, 977.

1972

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