LA SIMPLICITÉ DU RESTE DANS CERTAINES FORMULES DE QUADRATURE
par
TIBERIU POPOVICIU
à Cluj
§ 1.
1.
Considérons la formule de quadrature
(1)
où sont points distincts de l’axe réel, ces sont les noeuds de la formule, sont nombres naturels et des coefficients indépendants de la fonction .
La fonction est définie, continue et admet une dérivée continue d’ordre égal à sur un intervalle contenant les points et les noeuds . La dérivée d’ordre 0 est la fonction elle-même.
Nous désignerons par l’ensemble de ces fonctions. est un ensemble linéaire et contient, en particulier, tous les polynomes.
Les accents dans le second membre de (1) désignent des dérivations successives.
Dans la suite, sauf si on ne dit pas expressément le contraire, nous supposerons que se réduise au plus petit intervalle fermé contenant les noeuds et les points .
L’intégrale du premier membre de (1) pourrait être prise entre deux limites finies quelconques, mais on ne restreint pas la généralité en prenant ces limites égales à -1 et 1 respectivement. Le passage de l’intervalle à l’intervalle fini quelconque d’intégration se fait par la
formule de transformation linéaire . Une telle transformation conserve la continuité, la dérivabilité de tout ordre et aussi tout caractère de convexité des fonctions.
2. Le deuxième terme du second membre de la formule (1) est le reste de cette formule. Il est une fonctionnelle linéaire (additive et homogène) définie sur l’ensemble .
La formule (1) et le reste correspondant ont un degré d’exactitude. C’est le nombre entier complètement déterminé par la condition que soit nul sur tout polynome de degré et que . On dit aussi que la formule (1) ou le reste de cette formule est de degré d’exactitude . Dans la suite on peut toujours supposer , le cas , n’intervenant pas. La condition est, d’ailleurs, équivalente à .
Le reste est dit de la forme simple s’il existe un entier indépendant de la fonction , tel que l’on ait
(2)
où est et indépendant de la fonction , les points étant distincts, à l’intérieur de l’intervalle et dépendants, en général, de la fonction . Dans ce cas le nombre est complètement déterminé (est unique) et est précisément le degré d’exactitude de .
La notation désigne la différence divisée (d’ordre de la fonction sur les points, ou les noeuds, . Nous supposons connues la définition et les principales propriétés des différences divisées sur des noeuds distincts ou non.
On voit facilement que, sous les hypothèses précédentes, le nombre est égal à , où est un polynome quelconque de degré .
Si nous convenons de désigner par une différence divisée d’ordre de la fonction sur noeuds distincts, d’ailleurs non spécifiés, de l’intérieur de l’intervalle , la formule (2) peut s’écrire
(3)
Nous avons introduit la notion de simplicité d’une fonctionnelle linéaire, de la nature de reste (d’abord sous un autre nom) dans d’autres travaux [5, 6]. Nous avons complété et précisé ces recherches dans un mémoire plus détaillé [9]. Nous prions le lecteur de se reporter à ce mémoire pour nos résultats antérieurs et qui seront souvent tacitement utilisés dans la suite.
Ce travail est consacré à l’étude de la simplicité du reste dans certaines formules de quadrature de la forme (1) (§§ 1-3). Ces sont, en somme, des applicationş de nos résultats antérieurs. Dans le dernier § (§ 4) nous ferons quelques remarques sur la simplicité du reste dans certaines formules de quadrature relative à des intégrales étendues à un intervalle infini.
3. Les nombres sont les ordres de multiplicité des noeuds respectifs. Nous posons et nous avons alors . Nous pouvons supposer que noeuds soient confondus dans le point , donc que est un noeud d’ordre de multiplicité (simple si , double si , etc.). Le nombre total des noeuds, distincts ou non, est donc égal à et nous pouvons désigner ces noeuds par , en choisissant les notations, par exemple, de manière que l’on ait (la somme étant remplacée par 0 pour ).
4. Dans la suite nous supposerons toujours que le degré d’exactitude de la formule (1) soit au moins égal à . Avec les données précédentes, cette condition détermine complètement la formule (1) dont le second membre s’obtient alors en approximant la fonction par son polynome de Lagrange-Hermite sur les noeuds [7]. Si donc nous désignons par le degré d’exactitude de la formule (1) et si , les coefficients sont complètement déterminés. Quels que soient les noeuds donnés , il existe donc toujours une formule (1) et une seule ayant un degré d’exactitude .
D’ailleurs pour des noeuds donnés ayant des ordres de multiplicité donnés, le calcul des coefficients est, en général, assez compliqué. La formule (11) qui sera donnée plus loin (no. 7), nous donne
(4)
où
est le polynome (6) de plus loin.
Pour cette formule devient
(5)
Le calcul des autres coefficients est plus compliqué. Nous ne le donnerons ici que dans certains cas très particuliers.
5. On peut facilement délimiter supérieurement le degré d’exactitude de la formule (1) (de degré d’exactitude ). Posons , alors l’hypothèse revient à . Considérons le polynome
(6)
Le polynome est de degré , est nonnégatif (sur et on a . Nous avons donc nécessairement .
On peut raffiner cette délimitation en tenant compte, en une certaine mesure, de la distribution des noeuds. Si nous désignons par le nombre des noeuds appartenant à l’intervalle ouvert , on a . On démontre de la même manière cette propriété en prenant, au lieu de , le polynome où le produit est étendu seulement à ces noeuds.
6. Nous avons 1e
THÉORÈME 1. Pour que la formule (1) (de degré d’exactitude ) soit de degré d’exactitude égal à , il faut et il suffit que le polynome soit orthogonal à tout polynome de degré sur l’intervalle et que l’on ait
(7)
où étant un polynome quelconque de degré .
La condition est nécessaire. Cette propriété résulte de la formule
si est un polynome quelconque.
La condition est suffisante. Cette propriété résulte du fait que si sont respectivement le quotient et le reste de la division du polynome quelconque par le polynome (6), nous avons .
Nous pouvons mettre la propriété exprimée par le théorème 1 sous une autre forme. Posons
(8)
Nous avons alors
et
(9)
et on voit facilement que la propriété exprimée par le théorème 1 peut s’énoncer sous la forme équivalente suivante :
THÉORÈME 2. Pour que la formule (1) (de degré d’exactitude ) soit de degré d’exactitude égal à , il faut et il suffit que :
1.
pour .
2.
, pour .
Le nombre est alors aussi donné par la formule
(10)
7.
Le reste de la formule (1) (de degré d’exactitude ) est donné par
(11)
Si nous posons
(12)
et si nous utilisons la formule d’intégration par parties, nous déduisons ( )
(13)
Nous en déduisous alors le
THÉORÈME 3. S’il existe un nombre entier non-négatif tel que :
1.
ne change pas de signe sur , pour
2.
et ne change pas de signe sur , pow ,
alors le reste de la formule (1) (supposée de degré d’exactitude est de degré d’exactitude égal à et est de la forme simple.
Compte tenant de la formule bien connue
(14)
le théorème résulte, de la formule
(15)
qui est vérifiée sous les hypothèses, admises, et du fait que est de la forme simple si (et seulement si) pour toute fonction . convexe d’ordre sur .
Une fonction est dite convexe d’ordre sur si toutes ses différences divisées (d’ordre ) sur points, non tous confondus, de sont positives. La propriété exprimée par le théorème 3 est ce que nous pouvons appeler le critère de simplicité de Steffensen, en vertue de l’important théorème de J. E. STEFFENSEN [12] relatif au reste de la formule de quadrature de Cotes. J. Is. STEFFENSEN suppose que la fonction ait une dérivée d’ordre continue, mais nous verrons que le reste dans la formule de Cotes est de la forme simple sous la setule hypothèse de la continuité de la fonction .
8. Il faut préciser les conditions sous lesquelles le critère de Steffensen est applicable. Nous démontrerons dans ce travail que le critère de Steffensen s’applique sous la seule hypothèse que . Cette propriété est exprimée par le théorème 5 de plus loin.
Remarquons, en passant, que le nombre du théorème 3 peut ne pas exister. Par exemple, 1e reste de la formule de quadrature
(16)
peut s’écrie
(17)
Dans ce cas . Le nombre du théorème 3 n’existe pas, puisque dans le cas contraire il devrait être égal à 0 . Mais le polynome change de signe sur l’intervalle . Nous verrons plus loin (no. 15) que le reste de la formule (16) est de la forme simple. On obtient ce résultat en interprétant la formule (16) avec la valeur 3 de au lieu de la valeur 4 .
9. Si nous nous rapportons à la façon dont nous avons obtenu la formule (15), on voit que pour que le critère de Steffensen soit applicable, il suffit que la fonction (14) soit continue sur l’intervalle . Si , cette hypothèse supplémentaire est même inutile puisque le produit ’ est égal à la différence entre la fonction et son polynome de Lagrange-Hermite sur les noeuds . Il en résulte le
THÉORÈME 4. Si nous avons sur l’intervalle , le reste de la formule (1) (supposé de degré d’exactitude ) est de degré d’exactitude et est de la forme simple.
I1 en est ainsi, en particulier, si les noeuds sont tous à l’extérieur de l’intervalle ouvert ( ), ou bien si tous les noeuds qui appartiennent à , sont d’un ordre pair de multiplicité.
10. Posons
Pour 1a continuité sur de la fonction (14) i1 suffit que la fonction ait une dérivée, continue d’ordre sur . Ceci a évidemment lieu si
d’après la définition de l’ensemble . Dans ce cas le critère de Steffensen est donc applicable. Mais nous démontrerons que ce critère est toujours applicable, indépendemment de la condition (19).
Considérons les fonctions qui, pour toute valeur réelle du paramètre , admettent une dérivée continue d’ordre sur l’axe réel.
En vertu du théorème 15 de notre travail cité [9], le critère de Steffensen est certainement applicable si
(20)
Ia première condition est toujours vérifiée pour et, puisque , la seconde condition est aussi toujours vérifiée pour . Si , cette seconde condition (20) est vérifiée, sauf si l’un des noeuds est simple et l’autre (simple ou non) appartient à l’intervalle fermé .
Nous pouvons maintenant énoncer le
THÉORÈME 5. Le critère de simplicité de Steffensen (théorème 3) est toujours applicable à la formule (1) (supposée de degré d’exactitude ).
D’aprés ce qui précède le théorème est démontré, sauf dans les cas d’exceptions signalés, donc sauf si les inégalités (20) ne sont pas simultanément vérifées et si , en vertu du théorème 4 , on a de plus .
11. On pourrait éliminer les cas d’exceptions signalés en utilisant, au lieu du théorème 15 du notre travail cité [9], un critère de simplicité plus puissant, mais nous ne nous occuperons pas de cette question ici. Nous continuerons par l’analyse des cas d’exceptions signalés. De cette manière nous aurons l’occasion d’établir l’existence et l’unicité de certaines formules du type (1). La démonstration du théorème 5 dans ces cas d’exceptions sera indirecte et consistera à montrer que si les hypothèses du théorème 3 sont vérifiées cu theoreme 3 sont verinees, le reste est bien de la forme simple.
Compte tenant de la symétrie du problème par rapport à l’intervalle il suffit d’examiner les deux cas d’exceptions suivants :
Cas 1.
Cas 2.
Il suffit aussi d’éliminer d’ici l’examen direct des cas où .
12. Cas . Pour simplifier un peu les notations, posons
(21)
et nous pouvons supposer .
Nous avons
Le polynome ne change pas de signe sur si, ou bien , ou bien est pair. Si est impair et , le polynome change de signe sur et la condition , nous donne . Nous avons alors sur .
Il suffit done de démontrer la simplicité du reste de la formule du type (1) :
Nous donnerons au § suivant la forme explicite de cette formule (formule (40)) et, en général, des formules (1) pour lesquelles .
13. Cas . Pour simplifier les notations nous posons dans ce cas
(22)
Nous avons
et le polynome ne change pas de signe sur dans les cas pair, et .
I1 reste à démontrer la simplicité du reste dans les formules suivantes du type (1) :
( )
( ) pair,
( ) impair,
( ) impair,
( ) impair,
Dans les formules la fonction change de sens de monotonie sur une seule fois (au point pour , et au point pour ). De il résulte donc que ne change pas de signe sur .
L’égalité , dans le cas de la formule , nous donne qui est bien compris dans . Ceci démontre l’existence d’une unique telle formule.
Pour la formule 1’équation devient
(23)
d’où on déduit
(24)
De (23) il résulte, en tenant compte de , que nous avons respectivement suivant que respectivement . De (23) il résulte que . Il en résulte qu’il existe une formule unique pour tout .
Dans le cas des formules , l’égalité devient
(25)
qui détermine en fonction de . La formule (25) nous montre que pour avoir il faut et il suffit que soit négatif. La dérivée de par rapport à ,
nous montre que est une fonction croissante de sur . On voit facilement que si varie de -1 à croît de à Il existe donc une formule et une setule de la forme ( ) et pour cette formule est égal à un nombre compris entre -1 et , bien déterminé. Pour tout il existe une formule et une seunt forme ( ).
Il reste à démontrer qu’il existe une formule de la forme ( ). En supposant , le polynome change de signe sur l’intervalle , dans ce cas, une seule fois. Si donc nous avons , le polynome ne change pas de signe sur . Compte tenant de (25), est donné par la formule
et est une fonction de . I a dérivée de cette fonction est donnée par la formule
La fonction de est donc croissante sur l’intervalle . Elle a la valeur négative pour et est certainement positive pour (puisqu’alors ne change pas de signe sur ). Il en résulte qu’il existe un point et un seul dans l’intervalle pour lequel . Si est la valeur de tirée de (25) pour , l’unique formule de la forme ( ) s’obtient pour .
Nous avons donc démontré l’existence des formules et même l’unicité des formules ’existence de la formule résulte aussi, autrement d’un autre de nos travaux [8].
Nous donnerons au § stuivant la forme explicite de certaines de ces formules (formule (45) ) et, en général des formules pour lesquelles (formule (40)).
Pour les formules (nos. 12, 13) nous avons indiqué aussi 1a valeur correspondante de et leur degré d’exactitude .
La démonstration de la simplicité des restes des formules sera donnée dans le § suivant. De cette façon le théorème 5 sera démontré.
Pour terminer ce § nous allons faire quelques applications.
14. Première application. Les formules de Cotes sont des formules de quadrature de la forme (1) avec tous les noeuds simples et équidistants (et de degré d’exactitude ).
Plus généralement considérons avec J. E. STEFFENSEN, la formule du type (1)
(26)
où , s étant un nombre naturel, un entier et les noeuds (simples) étant donnés par les formules
(27)
Les coefficients sont complètement déterminés par la condition que la formule (26) ait son degré d’exactitude .
Nous avons alors le
THÉORÈME 6. Le reste de la formule de Cotes (26) est de degré d’exaclitude et est de la forme simple.
Pour démontrer ce théorème il suffit de modifier très peu la démonstration de J. E. STEFFENSEN [12] donnée par lui, en supposant que 1a fonction ait une dérivée continue d’ordre
Pour 1a démonstration on distingue deux cas suivant la parité du nombre (ou de )
1.
Si est impair, donc est pair, on a et
(28)
C’est justement cette inégalité qui a été démontrée d’une façon très élégante par J. E. STEFFENSEN.
Le critere de Steffensen est applicable (on considère l’intervalle au lieu de ). Le reste de la formule (26) est de degré d’exactitude et est de la forme simple.
Remarquons, de plus, que, dans ce cas, nous avons
(29)
pour toute fonction (continue) convexe d’ordre .
2. Si est pair, donc est impair, toujours d’après J. E. STEFFENSEN nous décomposons le reste
(30)
en la somme
(31)
correspondante à la décomposition de l’intervalle d’intégration du second membre de (30). Nous avons [12],
qui est le reste d’une formule de la forme (26) correspondante à , donc à un nombre impair de noeuds, mais avec la même valeur de . Il en résulte que nous avons
(32)
pour toute fonction (continue) convexe d’ordre .
Nous avons aussi
Ici nous avons sur l’intervalle et, en vertu du théorème est de degré d’exactitude et de la forme simple. De plus nous avons
(33)
pour toute fonction (continue) , convexe d’ordre .
De (31) - (33) il résulte que l’inégalité (29) est encore vérifiée pour toute fonction (continue) , convexe d’ordre .
On voit que ce résultat est valable même si . On a alors .
Le théorème 6 est donc démontré. On voit aussi que dans la formule (2) our (3), dans ce cas, nous avons . signe du coefficient numérique dépend uniquement du nombre .
15. Seconde application. Une formule du type (1), avec des noeuds simples, des coefficients tous égaux et de degré d’exactitude , s’appelle une formule de quadrature de Tchebycheff. Une telle formule est donc de la forme
(34)
où les noeuds sont déterminés (en dehors d’une permutation) par la condition que la formule considérée ait le degré d’exactitude .
On sait qu’une telle formule existe seulement pour les valeurs 1,2 , de . Les noeuds sont alors à l’intérieur de l’intervalle et on peut prendre .
Nous avons 1 e
théorème 7. Le reste de la formule de Tchebycheff (34) (pour les valeurs possibles de ) est de degré d’exactilude égal à et est de la forme simple.
La propriété résulte en appliquant le théorème 3.
Le polynome se trouve être calculé, par exemple, dans le livre de V. I. Krilov [2]. Ce polynome est donné par le tableau
On en déduit les polynomes correspondants,
On voit que pour impair ne change pas de signe sur . Le théorème 7 résulte donc pour ces valeurs de . Pour pair le polynome change de signe sur , on déduit, pour ces valeurs de , les polynomes correspondants,
qui ne changent pas de signe sur . Le théorème 7 résulte donc aussi pour ces valeurs de .
Nous donnons aussi dans le tableau suivant la valeur du degré d’exactitude et le coefficient des formules de Tchebycheff,
1
2
3
4
5
6
7
9
1
3
3
5
5
7
7
9
Pour le calcul de on peut utiliser la formule (7) et on peut contrôler les résultats obtenus par la formule
et compte tenant de
Pour la formule (34) de T’chebycheff n’est autre que 1a formule (16) dont le reste est donc donné par la formule , quelle que soit la fonction continue sur l’intervalle , les noeuds de la différence divisée qui figure dans cette formule étant à l’intérieur de cet intervalle (et dépendant en général de la fonction ).
16. Troisième application. Le théorème 3 permet aussi de construire des formules (1) ayant un reste de degré d’exactitude donné et de la forme simple. Il suffit de prendre comme noeuds les racines (supposées toutes réelles) d’un polynome de la forme , où est un polynome de degré dont le signe ne change pas sur . Ce polynome peut toujours être choisi de manière que ait toutes ses racines réelles. Si, en particulier, nous prenons , done si est une constante ( ), le polynome est donné par la formule
THÉORÈME 8. Le reste dans la formule de quadrature de Gauss avec noeuds, est de degré d’exactitude et est de la forme simple, quelle que soit la fonction , continue sur l’intervalle d’intégration.
Le coefficient résulte, en appliquant la formule (15),
§ 2
17.
Reprenons la formule (1). Si nous posons , la fonctionnelle linéaire est, définie sur les fonctions dérivables dont la dérivée appartient à .
D’après un résultat antérieur (voir le théorème 13 de notre travail cité [9]), pour que le reste soit de degré d’exactitude et de la forme simple, il faut et il suffit que soit de degré d’exactitude et de la forme simple.
Si nous supposons que ait le degré d’exactitude où , nous avons
(35)
où :
1.
respectivement , suivant que les points sont tous les deux distincts des noeuds , l’un et un seul des points coincïde avec l’un des noeuds , respectivement chacun des points coincide avec l’un des noeuds .
2.
L’inégalité est vérifiée. Elle résulte de l’inégalité qui est une conséquence des délimitations données à au § précédent (no. 5).
3.
. Parmi ces points figurent fois 1 e noeud , pour et chacun des points distincts des noeuds .
4.
Les coefficients sont indépendants de 1a fonction .
Le coefficient est donné par la formule
(36)
D’ailleurs les formules (35), (36) sont valable sous la seule hypothèse que s’annule sur tout polynome de degré .
Nous en déduisons le
théorème 9. Sous les hypothèses et avec les notations précédentes, si tous les coefficients sont de même signe (tous ou tous ), le reste de la formule (1) est de degré d’exactitude et est de la forme simple.
Il résulte des données du problème que les ne sont jamais tous nuls. La formule (36) nous montre d’ailleurs que nous avons
(37)
18.
Première application. Dans le cas , ou , le second membre de (35) contient un seul terme et le reste est nécessairement de la forme simple. Le coefficient (qui est ) peut se calculer par identification des deux membres de l’égalité (35). Nous trouvons ainsi
(38)
où l’on a posé , dans le produit la valeur de est exceptée et où les indices parcourrent les valeurs :
1.
si les points sont tous les deux distincts des noeuds ( ).
2.
et le point 1 est différent des noeuds ( )
3.
et le point -1 est différent des noeuds ( ).
4.
et .
(37) est facile de comparer la valeur de déduite des formules (37), (38) avec celle qu’on obtient de (10).
5.
Un cas particulier important s’obtient pour
où sont des entiers non-négatifs non tous nuls. Dans ce cas nous avons et la formule (1) correspondante est 1a formule d’Obrechkoff [3]. La formule de Gauss est aussi un cas particulier ( ).
Nous avons donc la généralisation suivante du théorème 8 ,
THÉORÈME 10. Le reste dans la formule de quadrature considérée avec noeuds (dont coincident avec -1 et avec 1) est de degré d’exactitude et est de la forme simple, quelle que soit la fonction ayant sur une dérivée continue d’ordre max .
Le coefficient se calcule comme dans le cas particulier de la formule de Gauss et on obtient
20.
Les formules sont de la forme précédente ( ) et ont donc des restes de la forme simple.
Lorsque , en utilisant les notations (21), la formule (1) devient
(39)
Le degré d’exactitude est égal à , sauf si est impair et , quand il est égal à . Dans ce dernier cas nous retrouvons la formule ( ) qui s’écrit donc
(40)
Lorsque, ou bien est pair ou bien est quelconque et , le reste de la formule, en vertu du théorème 3 , est de la forme simple et est donné par la formule
Lorsque est impair et , le reste est bien de degré d’exactitude mais n’est pas de la forme simple. Cette propriété résulte de l’étude de la formule (62) du notre travail cité [9], formule que nous avons donnée comme une généralisation de la formule d’Obrechkoff [3]. Nous reviendrons plus loin sur cette formule (no. 23).
21. Lorsque et , en utilisant les notations (22), la formule (1) devient
(41)
Le degré d’exactitude de cette formule est égal à ou ( est respectivement égal à 0,1 ou 2 ). Nous avons
(42)
Si le degré d’exactitude est , la différence est donnée par la formule
qui revient à (23) respectivement à (25) suivant que est pair respectivement impair et dans ces cas on a
(43)
Pour nous retrouvons, compte tenant de (41), (43), la formule qui s’écrit donc
(45)
La formule s’obtient de (41), en supposant impair, égal au nombre défini au no. 13 et . Le reste de cette formule est égal à
(46)
où le coefficient est donné par la formule (43), avec impair et .
De même, la formule s’obtient de (41) en supposant impair et , où sont les nombres définis au no. 13. Le reste de cette formule est égal à où le coefficient est donné par la formule (44) pour impair et .
22. Seconde application. Supposons maintenat que . Le second membre de (35) contient alors deux termes et le reste est de la forme simple si et seulement si . (donc si et seulement si les deux coefficients sont de même signe). Conformément à la définition du nombre on doit d’ailleurs avoir . Si donc , le reste est de degré d’exactitude et n’est pas de la forme simple. La formule (35) est valable, bien entendu, sous la seule hypothèse que s’annule pour tout polynome de degré , mais lorsque ou on revient, par une modification simple des notations, à la première application (quand il y a un seul terme dans le second membre de (35)).
Nous avons
(47)
Alors si , donc si le degré d’exactitude de est et si les noeuds sont tous dans 1’intervalle ouvert , la formule (35) peut s’écrire ( )
(48)
où les coefficients sont donnés par les formules
(49)
et nous pouvons énoncer le
THÉORÈME 11. Le reste de la formule (1) où les noeuds sont tous dans l’intervalle et dont le degré d’exactitude est égal à , est de la forme simple respectivement ’est pas de la forme simple suivant que este un nombre impair ou un nombre pair.
23. Reprenons la formule (39) pour impair et . Les hypothèses du théorème 11 sont vérifiées et nous avons donc est pair. Il en résulte que la formule est de degré d’exactitude , mais son reste n’est pas de la forme simple.
Les hypothèses du théorème 11 sont vérifiées aussi pour la formule ( ). Dans ce cas et la somme est impaire. Il en résulte que le reste de cette formule, de degré d’exactitude , est de la forme simple. Ce reste est donné par (46) où est donné par 1a formule (43) où est pair.
Un exemple de formule du type est donné par
24.
Pour terminer la démonstration du théorème 5 il nous reste encore à étudier la formule ( ). Dans ce cas nous pouvons écrire
(50)
Pour calculer les coefficients , nous identifions les coefficients de et de dans (47) et (50). Compte tenant de (4), nous déduisons,
Il en résulte bien que le reste de la formule est de la forme simple. Ce reste est encore donné par la formule (43) où, cette fois, est impair.
Le théorème 5 est donc complètement démontré.
La formule
est un exemple de formule du type ( ).
25. Lorsque , nous avons et nous sommes toujours dans le cas ou dans le cas . Pour nous avons étudié la simplicité du reste de cette formule dans un travail antérieur [9]. Dans ce cas, lorsque la formule est de degré d’exactitude , le reste est de la forme simple ou n’est pas de la forme simple suivant que est égal à 1 ou à -1 .
On retrouve la simplicité du reste de la formule de Simpson en prenant . Dans ce cas et sont bien positifs. Remarquons que la simplicité du reste de la formule de Simpson s’obtient aussi du théorème 10 en prenant . En effet, cette formule peut aussi être obtenue en prenant , , mais alors il faut prendre . Dans la première interprétation nous sommes dans le cas , mais dans la seconde interprétation dans le cas .
Pour la formule de Simpson on a, d’ailleurs,
Comme un autre exemple considérons la formule de quadrature de D. G. SANIKIDZE [11],
(51)
Dans ce cas et .
Le reste, égal à , de cette formule est donc de degré d’exactitude 6 et est de la forme simple.
Sur la formule donnée par D. G. SANIKIDZE (formule (11)) dans son travail [11], on ne peut pas assez clairement reconnaître le simplicité du reste*).
26. L’application du théorème 9 nécessite, en général, le calcul des coefficients de la formule (35).
En supposant toujours que la formule (1) ait un degré d’exactitude égal à , nous avons pour tout vérifiant les inégalités
(52)
une égalité de la forme
(53)
les étant indépendants de la fonction .
Nous avons alors
(54)
En partant des coefficients on peut successivement calculer les coefficients pour , à l’aide des formules de récurrence
(55)
L’application de cette méthode nous donne, dans le cas de la formule (51),,
00footnotetext: *). Il résulte de ce qui précède que dans cette formule on peut toujours prendre .
et, en utilisant les formules (55) nous trouvons
Cette formule met clairement en évidence 1a simplicité du reste.
27. La méthode précédente peut être appliquée, en généra1, a des combinaisons linéaires d’un nombre fini de valeurs de la fonction et certaines de ses dérivées, en respectant, bien entendu, les hypothèses qui ont été mise en évidence dans notre travail antérieur [9]. Par exemple, la fonctionnelle linéaire
(56)
est de degré d’exactitude 0 mais, évidemment, ne peut pas se mettre sous la forme (35). La fonctionnelle linéaire (56) est définie pour toute fonction ayant une dérivée continue d’ordre 3 sur un intervalle contenant mais ’est pas de la forme simple. Autrement pour tout il existerait au moins un point appartenant à l’intérieur de tel que l’on ait
(57)
Si nous prenons l’égalité (57) devient qui n’est vérifiée par aucune valeur réelle de .
§ 3
28.
Si les coefficients de la formule (35) sont tous de même signe (et non pas tous nuls) on peut déduire la simplicité du reste sans faire l’hypothèse .17 sur la monotonie de la suite .
Ainsi, on peut énoncer des résultats analogues à celui exprimé par 1e théorème 11 lorsque les noeuds , sans coïncider avec les points -1 et 1, ne sont pas nécessairement tous dans ( ). Compte tenant de (18) et de (49), on déduit que ( ) sg
. Si donc le degré d’exactitude est , le p simple our n’est pas de la forme sime que la somme est impaire ou paire.
29. Considérons la formule du type (1)
(58)
les noeuds étant simples, distincts et différents des points fixer les idées supposons que . Alors si nous supposons que le reste de la formule (58) s’annule pour tout polynome de degré , nous déduisons la formule
(59)
où .
La démonstration de la formule (59) ne présente pas de difficultés. La différence des deux membres de cette inégalité est une combinaison linéaire des valeurs aux points de la fonction et qui s’annule sur tout polynome de degré , elle est donc nulle identiquement.
De la formule (59) nous déduisons le
THÉORÈME 12. Si dans la formule de quadrature (58) les coefficients sont alternativement positifs et négatifs ( ) et si le degré d’exactitude de cette formule est égal à , son reste est de la forme simple.
On suppose toujours que .
Nous avons, en particulier,
qui sont valables pour toute fonction continue sur l’intervalle . S, E. MIKELADZE a donné ces formules [4], en supposant que admette une dérivée respectivement une dérivée continue sur .
L’existence des formules de la forme considérée dans le théorème 12 a été étudiée par S. N. BERNSTEIN [1].
30. On peut facilement généraliser les résultats précédents. Nous nous contenterons d’énoncer le résultat suivant relativement à la formule (1) : Si , si la formule est de degré d’exac-
titude et si pour , , le reste est de la forme simple.
Par exemple, le reste de la formule de quadrature
est simple.
Dans le cas de la formule
nous avons et la simplicité du reste ne résulte pas de la remarque précédente, mais bien du théorème 9 .
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31.
Dans ce § nous ferons quelques remarques sur certaines généralisations du théorème 7. H. E. SALZER a étudié [10], comme une extension des formules de Tchebycheff (34), les formules
(60)
(61)
de degré d’exactitude . Ces sont les formules de Tchebycheff sur l’intervalle semi-infini et l’intervalle infini.
Nous prenons maintenat comme ensemble l’ensemble des fonctions continues sur l’intervalle respectivement sur l’intervalle et pour lesquelles l’intégrale du premier membre 7 existe. contient encore tous les polynomes et est une fonctionnelle linéaire définie sur .
32. La formule (60) n’existe pas pour et la formule (61) n’existe pas pour (et pour des valeurs plus grandes de )
Les formules de Tchebycheff (60) pour et les formules de Tchebycheff (61) pour , ont des restes de la forme simple et s’écrivent respectivement
(62)
(63)
(64)
(65)
(66)
33.
La démonstration des formules (62)-(65) ne présente pas de difficultés puisque ces formules ne changent pas si au second membre on leur ajoute les termes respectivement et le reste de ces formules peut donc s’écrire
respectivement.
On en déduit que les formules (62) - (65) sont valables pour toute fonction dérivable.
34. Sur la formule (66) nous allons établir seulement un résultat moins général. Le reste de cette formule peut s’écrire
et de la formule d’intégration par parties
il résulte que la formule (66) est vraie pour toute fonction pour laquelle l’intégrale du second membre existe (en particulier pour tout polynome).
BIBLIOGRAPHIE
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[7] - 53-122 (1952). Supra numerică a lui Gauss. Studii
[8] - Asupra unei g
[8] - și Cerc. St. Iași, 6, 29-57 (1955). linéaives d’approximation de l’analyse. [9] - Sur le reste dans certaines formules
Mathematica 1 (24), 95-142 (1959). quadrature formulas over semi-infinite [10] Salzer Herbert E., Equally weighted quadvand Phys., XXXIV, 54-63 (1955). and infinite intervalles’. Journan of mazdelenimi raznostiami. Sobsc. Acad. [11] Sanikidze D. G., Interpolirovanie (1960). [12] Steffensen J. F., Interpolation, 1950.