Remarques sur certaines formules de la moyenne

Abstrait

Traduction en anglais du titre

Remarks on Certain Mean Value Formulas

Auteur(s)

Tiberiu Popoviciu
Institutul de Calcul

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Pour citer ce travail

T. Popoviciu, Remarques sur certaines formules de la moyenne, Arch. Math. (Brno), 5 (1969), pp. 147-155 (in French)
Dédié à M.O. Borůvka à l’occasion de son 70-ème anniversaire

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Archivum Mathematicum (Brno)

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REMARQUES SUR CERTAINES FORMULES DE LA MOYENNE

par Tiberiu Popoviciu à Cluj (Roumanie)
Dédié à M. O. Boruvka à l’occasion de son 70-ième anniversaire

Présenté le 14 Avril 1969

  1. 1.

    Considérons une fonctionnelle linéaire (donc additive et homogène) réelle R[f]R[f], définie sur un espace vectoriel S formé par des fonctions réelles et continues f(x)f(x), définies sur un intervalle donné I (de longueur non nulle) de l’axe réel. Nous supposons toujours que S contient tous les polynomes. L’espace SS peut coüncider avec l’ensemble de toutes les fonctions continues f:I𝐑f:\mathrm{I}\rightarrow\mathbf{R}, mais peut aussi être plus restreint. Dans la suite lorsqu’il est nécessaire on précisera l’ensemble SS et la nature de ses éléments.

Le degré d’exactitude de R[f]R[f] est l’entier m1m\geqq-1 qui jouit de la propriété suivante :

R[1]0 si m=1R[1]=R[x]==R[xm]=0,R[xm+1]0 si m0\begin{gathered}R[1]\neq 0\text{ si }m=-1\\ R[1]=R[x]=\ldots=R\left[x^{m}\right]=0,R\left[x^{m+1}\right]\neq 0\text{ si }m\geqq 0\end{gathered}

Le degré d’exactitude peut ne pas exister, mais s’il existe il est bien déterminé. L’existence d’un degré d’exactitude égal à mm est équivalent au fait que la fonctionnelle linéaire R[f]R[f] s’annule sur tout polynome de degré mm mais est différent de zéro sur au moins un polynome de degré m+1m+1.

Lorsqu’il est nécessaire on précisera encore la nature de la fonctionnelle linéaire R[f]R[f].

Rappelons la définition suivante de la simplicité de la fonctionnelle linéaire R[f]R[f] :

La fonctionnelle linéaire R[f]R[f] est dite de la forme simple s’il existe un entier m1m\geqq-1, indépendant de la fonction f(x)f(x), tel que pour tout f(x)Sf(x)\in\mathrm{S} on ait

R[f]=K[ξ1,ξ2,,ξm+2;f]R[f]=K\left[\xi_{1},\xi_{2},\ldots,\xi_{m+2};f\right] (1)

KK est une constante différente de zéro indépendante de la fonction f(x)f(x) et ξα,α=1,2,,m+2\xi_{\alpha},\alpha=1,2,\ldots,m+2 sont m+2m+2 points distincts de l’intervalle I , dépendant en général de la fonction f(x)f(x).

Le nombre mm est déterminé complètement et est précisément le degré d’exactitude de R[f]R[f]. On a d’ailleurs K=R[xm+1]K=R\left[x^{m+1}\right].

Dans la formule (1) nous désignons par [y1,y2,,yr;f]\left[y_{1},y_{2},\ldots,y_{r};f\right] la différence divisée, d’ordre r1r-1, de la fonction f(x)f(x) sur les points ou noeuds (distincts ou non) y1,y2,,yry_{1},y_{2},\ldots,y_{r}.

La théorie des fonctions convexes d’ordre supérieur permet de trouver divers critères de simplicité de la fonctionnelle linéaire R[f]R[f]. Par exemple, un tel critère peut s’énoncer de la manière suivante :

Théorème 1. Une condition nécessaire et suffisante pour que la fonctionnelle linéaire R[f]R[f], de degré d’exactitude mm, soit de la forme simple est que l’on ait R[f]0R[f]\neq 0 pour toute fonction f(x)Sf(x)\in\mathrm{S} convexe d’ordre mm.

Une fonction f(x)f(x) est dite convexe d’ordre mm sur I si toutes ses différences divisées [x1,x2,,xm+2;f]\left[x_{1},x_{2},\ldots,x_{m_{+2}};f\right], d’ordre m+1m+1, sur des noeuds x1,x2,,xm+2Ix_{1},x_{2},\ldots,x_{m_{+2}}\in\mathrm{I} distincts, sont positives. Si ces différences divisées sont toutes non-négatives la fonction est dite non-concave d’ordre mm (sur I). Enfin si les différences divisées d’ordre m+1m+1 de la fonction f(x)f(x) sont toutes négatives respectivement toutes non-positives, cette fonction est dite concave respectivement non-convexe d’ordre mm. Par le passage de la fonction f(x)f(x) à la fonction - f(x)f(x), les propriétés concernant les fonctions concaves respectivement non-convexes d’ordre mm se déduisent, en général, des propriétés correspondantes des fonctions convexes respectivement non-concaves d’ordre mm.

Lorsque R[f]R[f] est de degré d’exactitude mm et est de la forme simple on a

R[xm+1]R[f]>0R\left[x^{m+1}\right]R[f]>0 (2)

pour toute fonction f(x)Sf(x)\in\mathrm{S} convexe d’ordre mm. En effet, d’abord xm+1x^{m+1} est bien convexe d’ordre mm. Ensuite, si R[xm+1]R[f]0R\left[x^{m+1}\right]R[f]\leqq 0 pour une fonction f(x)f(x) convexe d’ordre mm, pour la fonction f1(x)={R[xm+1]}2f(x)f_{1}(x)=\left\{R\left[x^{m+1}\right]\right\}^{2}f(x) -R[xm+1]R[f]xm+1-R\left[x^{m+1}\right]R[f]x^{m+1}, qui est encore convexe d’ordre mm, on aurait R[f1]=0R\left[f_{1}\right]=0 ce qui, d’après le théorème 1 , est impossible.

Dans les mêmes conditions si f(x)f(x) est une fonction non-concave d’ordre mm, on a

R[xm+1]R[f]0.R\left[x^{m+1}\right]R[f]\geqq 0. (3)

En effet, pour tout ε>0\varepsilon>0, la fonction f(x)+εxm+1f(x)+\varepsilon x^{m+1} est convexe d’ordre mm et nous avons donc R[xm+1]{R[f]+εR[xm+1]}=R[xm+1]R[f]++ε{R[xm+1]}2>0R\left[x^{m+1}\right]\left\{R[f]+\varepsilon R\left[x^{m+1}\right]\right\}=R\left[x^{m+1}\right]R[f]++\varepsilon\left\{R\left[x^{m+1}\right]\right\}^{2}>0, d’où, en faisant tendre ε\varepsilon vers 0 , on déduit l’inégalité (3).

Pour les propriétés des fonctions convexes d’ordre supérieur, pour la notion de simplicité d’une fonctionnelle linéaire et pour diverse autres propriétés utilisées dans ce travail, on peut consulter mes travaux antérieurs. Par exemple, mon travail de „Mathematica" [4].

Si m0m\geqq 0, on peut même affirmer que les points ξα,α=1,2,\xi_{\alpha},\alpha=1,2,\ldots, m+2m+2 dans (1) sont à l’intérieur de l’intervalle I .

Si m0m\geqq 0, si R[f]R[f] est de degré d’exactitude mm, est de la forme simple et si f(x)f(x) à une dérivée f(m+1)(x)f^{(m+1)}(x) d’ordre m+1m+1 à l’intérieur de I, nous avons

R[f]=R[xm+1]f(m+1)(ξ)(m+1)!R[f]=R\left[x^{m+1}\right]\frac{f^{(m+1)}(\xi)}{(m+1)!} (4)

ξ\xi est un point à l’intérieur de l’intervalle I.
Les formules (1), (4) permettent, dans le cas de la simplicité, de délimiter la fonctionnelle R[f]R[f] lorsqu’on connait des délimitations de la différence divisée d’ordre m+1m+1 de la fonction f(x)f(x), ou bien des délimitations de la (m+1)ième (m+1)^{\text{ième }} dérivée f(m+1)(x)f^{(m+1)}(x), supposée existante, de cette fonction.
2. Supposons que la fonctionnelle linéaire R[f]R[f] soit définie sur l’ensemble S des fonctions continues sur I et ayant une dérivée f(m+1)(x)f^{(m+1)}(x) d’ordre m+1m+1 sur l’intérieur de I . En plus nous supposons m0m\geqq 0, que R[f]R[f] soit de degré d’exactitude mm et de la forme simple. Alors si ξ\xi est un point donné de l’intérieur de I, la fonctionnelle

R[f]R[xm+1]f(m+1)(ξ)(m+1)!R[f]-R\left[x^{m+1}\right]\frac{f^{(m+1)}(\xi)}{(m+1)!} (5)

est linéaire et s’annule sur tout polynome de degré m+1m+1. En prenant f(x)=xm+2f(x)=x^{m+2} et en tenant compte de la formule de la moyenne (4), on voit qu’il existe une valeur bien déterminé cc (de l’intérieur de l’intervalle I) de ξ\xi pour laquelle la fonctionnelle (5) s’annule aussi sur tout polynome de degré m+2m+2. Le nombre cc est donné par l’équation

R[xm+2](m+2)R[xm+1]c=0R\left[x^{m+2}\right]-(m+2)R\left[x^{m+1}\right]c=0 (6)

Nous avons le
Lemme 1. Sous les hypothèses précédentes la fonctionnelle linéaire

R1[f]=R[f]R[xm+1]f(m+1)(c)(m+1)!R_{1}[f]=R[f]-R\left[x^{m+1}\right]\frac{f^{(m+1)}(c)}{(m+1)!} (7)

est définie sur S et est de degré d’exactitude m+2m+2.
Il suffit de démontrer que R[xm+3]R\left[x^{m+3}\right] n’est pas nul.
Compte tenant de (6), nous déduisons

R[xm+1]R1[xm+3]=\displaystyle R\left[x^{m+1}\right]R_{1}\left[x^{m+3}\right]= 12(m+2){2(m+2)R[xm+1]R[xm+3]\displaystyle\frac{1}{2(m+2)}\left\{2(m+2)R\left[x^{m+1}\right]R\left[x^{m+3}\right]-\right. (8)
(m+3)R2[xm+2]}\displaystyle\left.-(m+3)R^{2}\left[x^{m+2}\right]\right\}

Si nous posons

P(x)=xm+3+(m+3)zxm+2+(m+2)(m+3)2z2xm+1P(x)=x^{m+3}+(m+3)zx^{m+2}+\frac{(m+2)(m+3)}{2}z^{2}x^{m+1} (9)

zz est un paramètre indépendant de xx, nous avons

P(m+1)(x)=(m+3)!2(x+z)2P^{(m+1)}(x)=\frac{(m+3)!}{2}(x+z)^{2}

Nous avons donc P(m+1)(x)>0P^{(m+1)}(x)>0 pour xzx\neq-z. Il en résulte que le polynome (9) est convexe d’ordre mm (partout). Nous avons, d’après (2),

R[xm+1]R[P]==R[xm+1]{R[xm+3]+(m+3)R[xm+2]z++(m+2)(m+3)2R[xm+1]z2}>0\begin{gathered}R\left[x^{m+1}\right]R[P]=\\ =R\left[x^{m+1}\right]\left\{R\left[x^{m+3}\right]+(m+3)R\left[x^{m+2}\right]z+\right.\\ \left.+\frac{(m+2)(m+3)}{2}R\left[x^{m+1}\right]z^{2}\right\}>0\end{gathered}

quel que soit zz. Il résulte que le discriminant de ce trinome de second degré est négatif, donc

(m+3){(m+3)R2[xm+2]2(m+2)R[xm+1]R[xm+3]}<0(m+3)\left\{(m+3)R^{2}\left[x^{m+2}\right]-2(m+2)R\left[x^{m+1}\right]R\left[x^{m+3}\right]\right\}<0

et l’égalité (8) nous montre que

R[xm+1]R1[xm+3]>0R\left[x^{m+1}\right]R_{1}\left[x^{m+3}\right]>0 (10)

Le lemme 1 en résulte.
Nous verons plus loin que la fonctionnelle linéaire (7) est de la forme simple.
3. Nous allons supposer maintenant que l’intervalle 𝐈\mathbf{I} se réduise à l’intervalle borné et fermé [a,b](a<b)[a,b](a<b) et que les éléments f(x)f(x) de S aient une dérivée (m+1)(m+1) ième continue sur [a,b][a,b].

On suppose toujours m0m\geqq 0.
Soit alors R[f]R[f] une fonctionnelle linéaire définie sur S , de degré d’exactitude mm et de la forme simple et considérons la fonctionnelle linéaire (7), le nombre cc étant déterminé par l’équation (6). Nous avons alors a<c<<ba<c<<b.

Nous avons le
Lemme 2. Sous les hypothèses précédentes, s’il existe un entier kk, 0km+10\leqq k\leqq m+1 tel que la fonctionnelle linéaire R[f]R[f] soit bornée par rapport à la norme

f=α=0kmaxx[a,b]|f(α)(x)|\|f\|=\sum_{\alpha=0}^{k}\max_{x\in[a,b]}\left|f^{(\alpha)}(x)\right| (11)

nous avons

R[xm+1]R1[f]0R\left[x^{m+1}\right]R_{1}[f]\geqq 0 (12)

pour toute fonction f(x)Sf(x)\in\mathrm{S} non-concave d’ordre m+2m+2.

Considérons les fonctions

φm+3,λ(x)=(xλ+|xλ|2)m+2\varphi_{m+3,\lambda}(x)=\left(\frac{x-\lambda+|x-\lambda|}{2}\right)^{m+2}

λ\lambda est un paramètre indépendant de xx et compris entre aa et bb.
La fonction φm+3,λ(x)\varphi_{m_{+3},\lambda}(x) appartient à S et est non-concave d’ordre m+2m+2 pour tout λ\lambda. Nous avons

φm+3,λ(m+1)(x)=(m+2)!(xλ+|xλ|2)=(m+2)!φ2,λ(x)\varphi_{m+3,\lambda}^{(m+1)}(x)=(m+2)!\left(\frac{x-\lambda+|x-\lambda|}{2}\right)=(m+2)!\varphi_{2,\lambda}(x)

Nous allons démontrer que l’inégalité (12) est vérifiée pour cette fonction, donc si nous posons f(x)=φm+3,λ(x)f(x)=\varphi_{m_{+3},\lambda}(x). En effet,

R1[φm+3,λ]=R[φm+3,λ](m+2)R[xm+1]φ2,λ(c)R_{1}\left[\varphi_{m+3,\lambda}\right]=R\left[\varphi_{m+3,\lambda}\right]-(m+2)R\left[x^{m+1}\right]\varphi_{2,\lambda}(c)

et si nous tenons compte de (6), nous avons

R1[φm+3,λ]={R[φm+3,λxm+2+(m+2)λxm+1] si λcR[φm+3,λ] si λc.R_{1}\left[\varphi_{m_{+3},\lambda}\right]=\left\{\begin{array}[]{l}R\left[\varphi_{m_{+3},\lambda}-x^{m+2}+(m+2)\lambda x^{m+1}\right]\text{ si }\lambda\leqq c\\ R\left[\varphi_{m_{+3},\lambda}\right]\text{ si }\lambda\geqq c.\end{array}\right.

Mais les fonctions

φm+3,λ(x),φm+3,λ(x)xm+2+(m+2)λxm+1\varphi_{m+3,\lambda}(x),\varphi_{m+3,\lambda}(x)-x^{m+2}+(m+2)\lambda x^{m+1}

sont non-concaves d’ordre mm puisque leurs dérivées d’ordre m+1m+1 sont
(m+2)!(xλ+|xλ|2)0,(m+2)!(|xλ|x+λ2)0(m+2)!\left(\frac{x-\lambda+|x-\lambda|}{2}\right)\geqq 0,\quad(m+2)!\left(\frac{|x-\lambda|-x+\lambda}{2}\right)\geqq 0
respectivement.
Nous avons donc

R[xm+1]R1[φm+3,λ]0R\left[x^{m+1}\right]R_{1}\left[\varphi_{m+3,\lambda}\right]\geqq 0

et, compte tenant de (10),

R1[xm+3]R1[φm+3,λ]0R_{1}\left[x^{m+3}\right]R_{1}\left[\varphi_{m+3,\lambda}\right]\geqq 0

pour tout λ\lambda compris entre aa et bb.
D’un théorème de notre travail oité [4] (thèorème 15) il résulte que la fonctionnelle linéaire R1[f]R_{1}[f] est de la forme simple, dono l’inégalité (12) est vraie pour toute fonction f(x)Sf(x)\in\mathrm{S} non-concave d’ordre m+2m+2 (et même sans égalité possible si f(x)f(x) est convexe d’ordre m+2m+2 ).

Le lemme 2 est donc démontré.
Remarque. Nous avons écrit la norme qui intervient dans le lemme 2 sous la forme (11). On pourrait la remplacer facilement par une autre
ne contenant linéairement que max |f(x)||f(x)| et max |f()m+1(x)|\left|f\left({}^{m+1}\right)(x)\right|, en vertu de certaines délimitations données par J. HADAMARD pour les dérivées d’ordres intermédiaires.
4. Nous pouvons maintenant démontrer le

Théorème 2. Si les hypothèses suivantes sont vérifiées :

  1. 1.

    mm est un entier non-négatif.

  2. 2.

    S est l’espace des fonctions f(x)f(x) ayant une dérivée continue d’ordre m+1m+1 sur l’intervalle borné et fermé [a,b](a,<b)[a,b](a,<b) (ce qui entraine la continuité de f(x)f(x) et de toutes ses dérivées d’ordres 1,2,,m+11,2,\ldots,m+1 sur [a,b][a,b] ).

  3. 3.

    R[f]R[f] est une fonctionnelle linéaire définie sur S , de degré d’exactitude mm, de la forme simple et bornée par rapport à la norme (11) pour un certain entier k,0km+1k,0\leqq k\leqq m+1.

  4. 4.

    cc est le point déterminé par l’équation (6) (On a alors a<c<ba<c<b ).

  5. 5.

    La fonction f(x)f(x) vérifie de plus l’une des 4 propriétés suivantes :
    A. est non-concave d’ordre m+1m+1 et non-concave d’ordre m+2m+2,
    B. est non-convexe d’ordre m+1m+1 et non-concave d’ordre m+2m+2,
    C. est non-concave d’ordre m+1m+1 et non-convexe d’ordre m+2m+2,
    D. est non-convexe d’ordre m+1m+1 et non-convexe d’ordre m+2m+2,
    alors la formule de la moyenne (4) est vérifiée dans les cas AA et DD par au moins un point ξ\xi de l’intervalle [c,b][c,b] et dans les cas B,CB,C pour au moins un point ξ\xi de l’intervalle [a,c][a,c].

Il suffit de faire ici la démonstration dans le cas A . Dans ce cas la fonction

g(x)=R[xm+1]{R[f]R[xm+1]f(m+1)(x)(m+1)!}g(x)=R\left[x^{m+1}\right]\left\{R[f]-R\left[x^{m+1}\right]\frac{f(m+1)(x)}{(m+1)!}\right\} (13)

est non-croissante sur [a,b][a,b] et s’annule surement sur au moins un point intérieur de l’intervalle [a,b][a,b]. Nous avons donc g(a)0,g(b)0g(a)\geqq 0,g(b)\leqq 0 et du lemme 2 il résulte que g(c)0g(c)\geqq 0. La propriété cherchée en résulte. Remarquons d’ailleurs que les points ξ\xi qui vérifient (4) forment un intervalle et la propriété obtenue signifie que cet intervalle a au moins un point en commun avec [c,b][c,b]. Lorsque, en particulier, la fonction f(x)f(x) est convexe d’ordre m+1m+1, le point ξ\xi de (4) est unique et appartient à l’intervalle [c,b][c,b].

On démontre de la même manière le théorème 2 dans les cas B,C,D\mathrm{B},\mathrm{C},\mathrm{D}. D’ailleurs les cas D,CD,C se déduisent respectivement des cas A,BA,B en passant de la fonction f(x)f(x) à la fonction - f(x)f(x).
5. Comme une première application nous avons le

Corollaire 1. Si R[f]R[f] est le reste de la formule de quadrature du type Gauss.

abf(x)𝑑V(x)=α=1nλαf(xα)+R[f]\int_{a}^{b}f(x)dV(x)=\sum_{\alpha=1}^{n}\lambda_{\alpha}f\left(x_{\alpha}\right)+R[f] (14)

nn est un nombre naturel, V(x)V(x) une fonction non-décroissante, ayant au moins n+1n+1 points de croissance et f(x)f(x) une fonction admettant une dérivée continue d’ordre 2n2n sur l’intervalle borné et fermé [a,b][a,b], la formule de la moyenne

R[f]=R[x2n]f(2n)(ξ)(2n)!R[f]=R\left[x^{2n}\right]\frac{f^{(2n)}(\xi)}{(2n)!}

est vérifiée, dans les cas A,DA,D du théorème 2 , pour au moins un point ξ\xi de l’intervalle [c,b][c,b] et dans les cas B,CB,C du théorème 2 , pour au moins un point ξ\xi de l’intervalle [a,c][a,c].

On a posé m=2n1m=2n-1 et cc est donné par l’équation (6) correspondante.

Dans la formule (14) xα,α=1,2,,nx_{\alpha},\alpha=1,2,\ldots,n sont les racines (distinctes et situées à l’intérieur de [a,b][a,b] ) du polynome orthogonal de degré nn relatif à la distribution dV(x)dV(x). Les λα,α=1,2,,n\lambda_{\alpha},\alpha=1,2,\ldots,n sont les coefficients (tous >0>0 ) de Christoffel correspondants.

On peut généraliser cette propriété pour des formules du type Gauss plus générales et que nous avons étudié dans un autre travail [3].
6. Comme une autre application du théorème 2 , nous avons le

Corollaire 2. Si la fonction f(x)f(x) est continue et a une dérivée (m+1)ième (m+1)^{\text{ième }} continue sur un intervalle contenant les m+2m+2 points xα,α=1,2,x_{\alpha},\alpha=1,2,\ldots, m+2m+2 donnés, non tous confondus ( m0m\geqq 0 ), la formule de la moyenne de Cauchy,

[x1,x2,,xm+2;f]=f(m+1)(ξ)(m+1)!\left[x_{1},x_{2},\ldots,x_{m+2};f\right]=\frac{f^{(m+1)}(\xi)}{(m+1)!}

est vérifiée, dans les cas A,DA,D du théorème 2 , pour au moins un point ξ1m+2α=1m+2xα\xi\geqq\frac{1}{m+2}\sum_{\alpha=1}^{m+2}x_{\alpha} et dans les cas B,CB,C du théorème 2 , pour au moins un point ξ1m+2α=1m+zxα\xi\leqq\frac{1}{m+2}\sum_{\alpha=1}^{m+z}x_{\alpha}.

La différence divisée [x1,x2,,xm+2;f]\left[x_{1},x_{2},\ldots,x_{m+2};f\right] où les noeuds xα,α=1,2,x_{\alpha},\alpha=1,2,\ldots, m+2m+2 sont distincts ou non est définie comme d’habitude.

On voit bien que la fonctionnelle linéaire

R[f]=[x1,x2,,xm+2;f]R[f]=\left[x_{1},x_{2},\ldots,x_{m+2};f\right]

vérifie toutes les hypothèses du théorème 2 (porvu que les points xαx_{\alpha} ne soient pas tous confondus), [ a,ba,b ] étant un intervalle qui contient les noeuds xα,α=1,2,,m+2x_{\alpha},\alpha=1,2,\ldots,m+2, Dans ce cas le point cc est précisément la moyenne arithmétique 1m+2α=1m+2xα\frac{1}{m+2}\sum_{\alpha=1}^{m+2}x_{\alpha} de ces noeuds.

En prenant m=0m=0, on obtient les propriétés correspondantes relatives à la formule des acroissements finis

f(x2)f(x1)=(x2x1)f(ξ).f\left(x_{2}\right)-f\left(x_{1}\right)=\left(x_{2}-x_{1}\right)f^{\prime}(\xi).

Nous pouvons nous dispenser d’énoncer ces propriétés.
7. La propriété exprimée par le Corollaire 2 peut se démontrer aussi directement de la manière suivante. Pour fixer les idées supposons que nous soyons dans le cas A, donc que f(x)f(x) soit non-concave d’ordre m+1m+1 et non-concave d’ordre m+2m+2. En raisonnant comme nous l’avons fait sur la fonction (13) pour la démonstration du théorème 2 et en utilisant quelques formules bien connues relatives aux différences divisées, nous avons d’abord, en supposant x1x2xm+2x_{1}\leqq x_{2}\leqq\ldots\leqq x_{m+2},

[x1,x2,,xm+2;f]f(m+1)(x1)(m+1)!==α=2m+2[x1,x1,x1m+4α,x2,x3,,xα;f](xαx1)0[x1,x2,,xm+2;f]f()m+1(xm+2)(m+1)!==α=1m+1[xα,xα+1,,xm+1,xm+2,xm+2,,xm+2α+1;f](xm+2xα)0\begin{gathered}{\left[x_{1},x_{2},\ldots,x_{m+2};f\right]-\frac{f^{(m+1)}\left(x_{1}\right)}{(m+1)!}=}\\ =\sum_{\alpha=2}^{m+2}[\underbrace{x_{1},x_{1},\ldots x_{1}}_{m+4-\alpha},x_{2},x_{3},\ldots,x_{\alpha};f]\left(x_{\alpha}-x_{1}\right)\geqq 0\\ {\left[x_{1},x_{2},\ldots,x_{m+2};f\right]-\frac{f\left({}^{m+1}\right)\left(x_{m+2}\right)}{(m+1)!}=}\\ =-\sum_{\alpha=1}^{m+1}[x_{\alpha},x_{\alpha+1},\ldots,x_{m+1},\underbrace{x_{m+2},x_{m+2},\ldots,x_{m+2}}_{\alpha+1};f]\left(x_{m+2}-x_{\alpha}\right)\leqq 0\end{gathered}

Ici dans les seconds membres les termes où figurent des différences divisées prises sur des noeuds tous confondus doivent être supprimés.

Ensuite si la fonction f(x)f(x) est non-concave d’ordre m+2m+2, nous avons

[x1,x2,,xm+2;f]1(m+1)!f()m+1(x1+x2++xm+2m+2)\left[x_{1},x_{2},\ldots,x_{m+2};f\right]\geqq\frac{1}{(m+1)!}f\left({}^{m+1}\right)\left(\frac{x_{1}+x_{2}+\ldots+x_{m+2}}{m+2}\right)

comme nous l’avons démontré dans un autre travail [2].
8. La propriété exprimée par le corollaire 1 résulte d’ailleurs de la propriété exprimée par le corollaire 2 . En effet, des formules que nous avons établi autrefois [1], il résulte que le reste R[f]R[f] de la formule de Gauss (14) diffère seulement par un facteur constant positif de la différence divisée d’ordre 2n2n de la fonction f(x)f(x) ayant comme noeuds les racines des polynomes orthogonaux des degrés nn et n+1n+1.

Dans certains cas on peut procéder aussi autrement. Prenons en particulier V(x)=xV(x)=x. Alors xα,α=1,2,,nx_{\alpha},\alpha=1,2,\ldots,n sont les racines du polynome Pn(x)=Γα=1n(xxα)P_{n}(x)=\Gamma_{\alpha=1}^{n}\left(x-x_{\alpha}\right) de Legendre de degré nn (avec le plus haut coefficient égal à 1) relatif à l’intervalle [a,b][a,b]. Alors en désignant par F(x)F(x) une primitive de la fonction f(x)f(x), nous avons

R[f]=F(b)F(a)α=1nλαF(xα)=R[F]R[f]=F(b)-F(a)-\sum_{\alpha=1}^{n}\lambda_{\alpha}F^{\prime}\left(x_{\alpha}\right)=R^{*}[F]

Puisque R[f]R[f] est de degré d’exactitude 2n1,R[F]2n-1,R^{*}[F] est de degré d’exactitude 2n2n, donc ne diffère que par un facteur constant (positif) de la différence divisée de la fonction F(x)F(x) sur les noeuds a,b,xα,α==1,2,,na,b,x_{\alpha},\alpha==1,2,\ldots,n, les nn dernier comptés chacun deux fois. On voit facilement que

R[f]=R[F]=(ba)Pn2(b)[a,b,x1,x1,x2,x2,,xn,xn;F]R[f]=R^{*}[F]=(b-a)P_{n}^{2}(b)\left[a,b,x_{1},x_{1},x_{2},x_{2},\ldots,x_{n},x_{n};F\right]

La propriété énoncée en résulte.

BIBLIOGRAPHIE

[1] Popoviciu, T. : Notes sur les fonctions convexes d’ordre supérieur (IV), Disquisitiones Math. et Physicae, I, 163-171 (1940).
[2] Popoviciu, T. : Notes sur les fonctions convexes d’ordre supérieur (V), Bulletin de l’Acad. Roumaine, XXII, 351-356 (1940).
[3] Popoviciu, T. : Asupra unei generalizări a formulei de integrare numerică a lui Gauss, Studii si Cerc. Stiintifice, Iași, VI, 29-57 (1955).
[4] Popoviciu, T. : Sur le reste dans certaines formules linéaires d’approximation de l’analyse, Mathematica, 1 (24), 95-142 (1959).

Université de Cluj
Roumanie

1969

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