BULETINUL SOCIETATII DE STINTE DIN CLUJ (ROMANIA) BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES DE CLUJ (ROUMANIEY
Tome VIII, p. 572-582.
23 juin 1937.
REMARQUES SUR LE MAXIMUM D’UN DETERMINANT DONT TOUS LES ÉLÉMENTS SONT NON NÉGATIES
par
Tiberiu Popoviciu
à Cernăuți.
Reçue le 26 février 1937.
1.
—
Soit un déterminant à éléments réels et d’ordre D’après le théorème, bien connu, de M. J. Hadamard on a
donc
(1)
Soit une forme quadratiquedéfinie positive. Considérant la transformation linéaire qui ramène à sa forme canonique , on trouve immédiatement que
(2)
où est le déterminant de la forme F. L’inégalité (2) n’est d’ailleursqu’une conséquence de celle de M. J. Hadamard. Des exemples simples
(1) On obtient cette formule en multipliant le déterminant ligne par ligne par un déterminant quelconque d’ordre et .
D’une manière plus générale, étant une forme hermitienne définie positive, de déterminant , on a
pour un déterminant à éléments réels ou complexes quelconquesi.
mous montrent qu’un choix convenable de la forme F permet, dans certains cas, de donner, par la formule (2), une limitation meilleure que celle de M. J. Hadamard, pour la valeur absolue du déterminant.
2. - En particulier, nous portons notre attention sur la formule (1). Nous allons supposer que les soient tous et nous allons montrer qu’on peut alors abaisser le facteur dans le second membre de la formule (1). On peut évidemment prendre pour les démonstrations et notre problème peut alors s’énoncer de la manière suivante :
Déterminer la forme F qui, sous l’hypothèse , donne, en général, la meilleure limitation (2).
On voit tout de suite qu’il faut pour cela résoudre cet autre problème :
Déterminer la forme quadratique F , définie positive, de détermi"nant , de manière que
(3)
soit le plus petit possible.
La fonction est convexe au sens de Jensen, - on a donc
,
pourvu que . On sait alors que, dans le domaine (convexe) , elle ne peut atteindre son maximum que sur la frontière. La fonction étant à fortiori convexe par rapport à chaque groupe de variables, on en conclut que
:ne peut être atleint que si sont tous égaux à 0 ou 1. - Ce maximum est donc égal à l’un des nombres qu’on obtient en remplaçant dans F toutes les variables par 0 ou 1 . La valeur est 0 pour et on peut donc la laisser de côté ; les auatres se partagent alors en groupes. Le groupe de valeurs est formé par les nombres qu’on obtient on donnant à des variables la valeur 1 et aux autres variables la valeur 0 . La moyenne arithmétique des nombres du groupe est égale à
en convenant de désigner par une sommation où les valeurs sont exclues.
3. - Pour trouver le minimum de l’expression (3) il suffit de considérer seulement des formes F symétriques par rapport aux variables… Cette propriété résultera du lemme suivant :
Lemme. Si la forme quadratique est définie positive, si est son déterminant et si est le déterminant de la formequadratique symétrique
où
on :
10. La forme G est définie positive.
, l’égalité n’étant possible que si , donc si F estsymétrique.
Le déterminant est une fonction des coefficients (il est un polynome en ). Supposons que ces coefficients varient de manière quela forme reste définie positive et que
Le domaine de variation des est alors ouvert et évidemment borné. Sur la frontière de ce domaine devient nul . Le maximum de . est donc atteint à l’intérieur et on l’obtient en appliquant les règles du calcul différentiel. Si nous désignons par les mineurs (avec leurs
00footnotetext: ( 2 ) Les doivent rester positifs. On a aussi donc ledomaine est bien borné. La frontière correspond évidemment aux formes quia sont seulement positives.
signes) de , il faut pour le maximum que
donc que
(5)
Il faut donc que la forme adjointe et, par conséquent, que la forme elle même soit symétrique.
Comme le maximum doit nécessairement exister et comme, d’autre part, le système (5) n’a que la seule solution G, les propriétés en résultent 3 ).
Théorème I. Si la forme F n’est pas symétrique on peut construire une autre forme pour laquelle le nombre (3) soit plus petit.
La forme G construite plus haut répond à la question. Ceci résulte immédiatement des faits que (4) est une moyenne arithmétique, que cette expression est la même pour la forme et que le lemme est démontré.
4. - Supposons maintenant que soit
(3) La propriété 10 du lemme peut aussi s’établir directement. On peut toujours écrire où les nombres ıéels sont tels que le déterminant . Nous avons alors
la somme étant étendue aux permutations des variables . Une propriété analogue a lieu pour les formes hermitiennes définies positives.
symétrique. Nous avons et pour que la forme soit définie positive il faut que .
Considérons les nombres
—
Nous devons déterminer tel que soit le plus petit possible. Nous avons
(6)
et on voit tout de suite que si ; donc il suffit de considérer les nombres , en désignant par le plus grand entier compris dans . Si nous posons , , la formule (6) nous montre alors q.e dans l’intervalle .
Il reste à examiner dans l’intervalle ( ). Désignons par l dérivés par rapport à , débarassée d’un facteur qui meste positif dans l’intervalle ( ). Nous avons
ot on voit que pour , donc, pour ;
(7) .
Lorsque , on a si est pair et si est impair, donc dans l’intervalle ,
On trouve facilement que (8) est plus petit que les nombes (1)
et nous avons donc le
Théorème II. Si est définie positive on a et ce minimum est atteint pour .
5. - Revenant au déterminant , nous pouvons énoncer le
Théorème III. Si tous les éléments du déterminant sont non négatifs et aux plus égauæ à M , on a
Pour que l’égalité ait lieu dans (9) il faut :
. que l’égalité ait lieu dans (2), qui provient de l’inégalité de M. Hadamard.
20. que parmi les éléments d’une ligne (ou d’une colonne) soient égaux à 1 (à M) et les autres soient égaux à 0 .
La condition s’écrit
qui, en tenant compte de la forme spéciale de la forme de la condition , devient
(10)
( 4 ) Si on pose dans le second membre de la formule (7) on vérifie facilement que la dérivée par rapport a de cette expression est positive pour . Pour impair on a encore à vérifier l’inégalité , ce qui est immédiat.
Le premier membre de (10) est un multiple de , il faut doncque soit de la forme . Dans ce cas la condition et les égalités (10) sont nécessaires et suffisantes pour que le déterminant. soit maximisant. Par exemple pour nous avons les déterminants maximisants
qui sont égaux, en valeur absolue, à respectivement.
6. - On peut se poser le problème plus général de chercher la meilleure limitation en supposant que les éléments du déterminant soient compris entre deux nombres et . On peut supposer-, sans restreindre la généralité. Nous pouvons résoudre ce problème en suivant la même voie que plus haut, mais it est à remarquer que les résultats sont, en général, plus compliqués…
Il suffit encore de considérer seulement des formes symétriques. par rapport aux variables. Les nombres deviennent
La formule (6) devient
(6’) et on voit encore que si .
Dans ce cas il faut poser ,
et on aura encore
dans l’intervalle .
L’expression devient
et tout dépend du signe de cette fonction de dans l’intervalle. ( ). Nous pouvons écrire
7.
—
Supposons, en particulier, que . On voit alors que pour et il est maintenant permis d’écrire encore les formules (7), qui deviennent
(7’) : pour .
Si l’on pose , on vérifie aisément que la dérivée dusecond membre de est positive pour . Le plus petit parmi. les nombres ( ) est donc
(11)
8.
—
Supposons d’abord que soit pair. Nous trouvons alors que et le minimum cherché est égal à
dont la valeur numérique est (11), donc
Thóorème IV. Si tous les éléments du déterminant , d’ordre pair , sont compris entre deux nombres positifs et , con a
Pour que l’égalité ait lieu il faut
1 que
2 que parmi les éléments d’une ligne (ou colonne) soient égaux à et égaux à .
—
La somme est de la forme , où est un entier positif (le cas est évidemment à exclure si ). Nous trouvons facilement
On doit donc avoir . D’autre part on peut toujours écrire les deux prernières lignes d’un déterminant maximisant sous la forme
wet pour qu’on puisse placer une troisième ligne vérifiant les condi-
tions et il faut que . Nous pouvons donc affirmer que pour. il n’y a sûrement pas de déterminaats maximisants.
Remarque. Le cas fait exception. Dans ce cas le déterminant peut être maximisant. Il faut et il suffit pour cela que .
9. - Le cas où est impair est plus intéressant. Dans ce cas et le minimum est donné par la racine de l’équation, qui est égale à
Ce minimum est égal à
qui est effectivement plus petit que (12) ( 5 ), Nous avons donc le
Théorème V. Si tous les éléments du déterminant d’ordre impair , sont compris entre deux nombres positifs et , on .
Pour que l’égalité puisse avoir lieu il faut
que
que parmi les éléments d’une ligne (ou colonne) soient égaux à M et les autres égaux à .
Dans ce cas la somme est de la forme étant un entier
) Sous la forme
revient à l’inégalité élémentaire de Bernoulli.
spositif. On trouve facilement et il faut donc que soit de :la forme . Le résultat est le même que dans le cas . D’ailleurs le fait qu’un déterminant est maximisant ne dépend pas de M et .
Remarque finale. Nous avons voulu montrer simplement quelques conséquences élémentaires de la formule (2). Il resterait à démontrer l’existence de déterminants maximisants de tout ordre de la forme . Lorsque n’est pas de cette forme le problème de maximum ine peut être résolu par la formule (2) (tout au moins pour et pour ).