T. Popoviciu, Sur certaines inegalités entre les zeros, supposés tous réels, d’un polynôme et ceux de sa deriveé, Ann. Sci. Univ. Iassy, 30 (1944-1947 publ. 1948), pp. 191-218 (in French).
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[MR0027899, Zbl 0031.00303]
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SUR CERTAINÉS INEGALITÉS ENTRE LES ZÊROS, SUPPOSÉS TOUS RÉELS, D’UN POLYNOME ET CEUX DE SA DÉRIVÉE
Prof. TIBERIU POPOVICIU
1.
—
Considérons un polynome de degré ayant tous sés zéros réels et soient
(1)
ces zéros.
On sait que la dérivée a aussi tous ses zéros réels. Désignons par
(2)
les zéros de .
Entre les zéros (1) et (2) nous avons d’abord l’égalité fondamentale
exprimant l’égalité de leurs moyennes arithmétiques respectives. Cette égalilé est d’ailleurs vraie sans la restriction de la réalité des zéros.
Il y a aussi entre les zéros (1) et (2) des relations d’inégalité importantes. Nous avons d’abord
qui sont des conséquences immédiates du théorème de Rolle. ll est à remarquer que, par suite des notations employées, le
signe est valable dans les deux formules (4) si et seulement si .
LAGUERRE a précisé les inégalités (4) en démontrant que
(5)
mais, comme l’a montré M. J v. Sz. NAGY 1 ), nous avons aussi les inégalilés plus précises
(6)
2.
—
Nous avons déduit la propriété (6) d’une propriété générale des zéros en fonction des zéros ). Nous allons rappeler cette propriété. Les zéros peuvent varier n’importe comment sur l’axe réel, mais en respectant toujours la convention (1) On peut se faire une idée de cette variation en imaginant que les zéros soient des points matériels impé. nétrables (ce qui n’exclut pas la possibilité, que deux uu plusieurs de ces points soient dans le même point géométrique de l’axe réel). Alors les zéros sont des fonctions contirues des . On peut encore raisonner de la manière suivante. Soit le point de coordonnées dans un espace ordinaire à dimensions. Les étant soumis à la restriciion (1), le point décrit une certaine région de cet espace. Soit aussi le point de coordonnées dans un espace ordinaire à dimensions. Alors le point este une function continue du point .
Complétons encore les observations précédentes par une remarque bien simple. La suite (2) des peut s’appeler la suite dérivée de la suite (1) des . Alors si les premiers resp. les derniers points tendent vers resp. vers , les premiers resp. les derniers points tendent aussi vers resp. vers . De plus, les points
00footnotetext: 1.Julius V. Sz. NAGY „Über algebraische Gleichangen mit lauter reillen Wurzeln" Jahresb. d. D. Math. Ver., 27, 37-43, (1918). Voir aussi, R, GODEAU „Sur les équations algébriques dont toutes les racines sont réelles* Mathesis, 45, 245=252, (1931).2.Tiberru Popoviciu. „Sur les équations algébriques ayant toutes leurs racines réelles". Mathematica 9, 129-145, (1945).
resp. tendent vers les points de la suite derivée de resp. .
Revenons maintenant à la propriété signalée plus haut. C’est la suivante :
Lemme 1. - Les zéros sont des fonctions non-décroissantes des zéros .
Pour êlre complet et aussi pour préciser l’énoncé du lemme nous allons donner la démonstration. Il suffit évidemment d’examiner les variations des lorsque un des points varie très peu. Prenons le zéro et supposons que prenne un petit accroissement positif . Ceci exige . Si et ne varie évidemment pas. Si et devient plus grand d’après la remarque faite plus haut sur les inégalités (4). Soit maintenant et posons
étant toujours un nombre positif assez petit. Pour montrer que , est devenu plus grand il suffit de démontrer que a un zéro dans l’intervalle ouvert ( .). Dans le voisinage gauche de nous avons 3 )
(7)
Nous avons ensuite
Mais
donc
d’où
3) Nous posons, comme d’habitude
(8)
Les égalités (7) et (8) démontrent la propriété.
Finalement donc si un ou plusieurs zésos commencent à croître, tout zéro compris entre deux différents commence aussi à croître.
3. - Le lemme 1 permet immédiatement dè délinitér là somme
(9)
Pour obtehir uné limitation inférieure il suffit de faire déeroitré indéfinimént les zéros èt de faíre décrultre jusqu’à les zétos . De thêthè pour obtenir une limitation supérieure il suffit de faire éroltre indéfiniment les zéros et de faire croître les zéros . jusqu’à . Les limitations cherchées sont donc données par les polynomes
(10)
(11)
et pour les obtenir il suffit d’écrire l’égalité (3) pour ces polynomes.
Nous obtenons ainsi la propriété suivante exprimée par le
THÉOREME 1. - Entre les zéros (1) et (2) nous avons les négalités suivantes
(12)
(13)
La démonstration du lemme 1 nous indique aussi les cas où dans (12) et (13) nous avons l’égalité. D’abord si
nous avois evidemment 10 digne dans (12) et dans (13) puisqu’âlors
Si l’égalité dans (12) et si l’égalité dans (13) sont impossibles poū ūn polynome de degré effectif . Si l’égalité dans (12) n’a lieu que pour le polynome (10) et si l’égalité dans (13) n’a lieu que pour le polynome (11).
Pour mous retrouvons les inégalités (6). Pour , les deux Inégalités se réduisent à l’égalité (3).
En particulier, potur et pour , nous obtenons a propriété suivante :
ThÉORÉME 2. - La moyenne arilsmétique des j premiers zéros (2) est au plus égale à la thoyenne arithmétique des or emiers zéros (1),
La moyenne arithmétique des derniers (2) est au moins égale à la moyenè arithmétique de derniers zéros (1),
Si nous remarquons que par une transformation linéaire la suite dérivée se transforme dans la suite dérivée de la transformée de la suite primitive, nous voyons que les limitations inférieures des sommes (9) peuvent se déduire de leurs limitations supérieures et vice versa.
4. - En combinant entre elles les inégalités (12) et (13) (parmi lesquelles se trouve aussi l’égalité (3)), on peut en déduire d’autres limitations intéressantes pour les sommes (9) Ecrivons
et tenons compte des inégalités (12), (13) et de l’égalité (3).
En faisant les calculs nous trouvons la propriété suivante THÉORÈME 3. - Entre les zéros (1) et (2) nous avons les. inégalités suivantes
(14)
L’égalité dans (14) n’est possible que pour le polynome
et dans (15) n’est possible que pour le polynome
On voit facilement que dans ces cas l’égalité a effectivement lieu. Les cas d’égalité résultent facilement de ce que nous avons dit au No. précédent.
Les deux limitations (12) et (14) de la somme (9) sont distinctes, sauf si lorsqu’elles sont identiques. Il suffit de faire successivement
pour voir que ces deux limitations ne résultent pas l’une del’autre.
On voit de la même manière que les limitations supérieures (13) et (15) sont indépendantes dans le même sens. sauf si lorsqu’elles sont identiques.
Pour les inégalités (14) et (15) deviennent
qui sont aussi dues à M. J. v. Sz. NAGY 4 ).
Nous n’avons pas l’intention d’étudier plus complètement les conséquences des inégalités (12) et (13). Dans la suite nous indiquerons un autre procédé pour obtenir des inégalités entre les zéros (1) et (2).
.
5.
—
Nous allons d’abord compléter le lemme 1 par une autre propriété générale des zéros (1) et (2). Supposons que l’on remplace les zéros par leur moyenne arthmétique
On a alors et les égalités sont impossibles si .
Posons
La dérivée a un seul zéro dans chacun des intervalles . Nous allons démontrer que le zéro de dans l’intervalle est plus grand que si .
En effet, dans le voisinage droit de nous avons
(16)
En remarquant que , ou trouve d’abord .
Mais
4.
Loc. cit. 1).
donc
Nous avons
donc, puisque ,
par suite de l’inégalité classique entre la moyenne arithmén tique et la moyenne harmonique.
Il en résulte que
(17)
et les relations (16) et (17) démontrent la propriété.
Remarquons que la propriété reste vraie aussi pour même si , à condition, bien entendu, que l’on ait ,
Nous avons donc le
LEMME 2. - Si les zéros sont tous remplacés par leur moyenne arithmétique et si , le zéro et tous les zéros qui ne coïnçident pas avec un deviennent plus grands.
Par la transformation de en résulte aussi la propriété suivante
Lemme 3. - Si les zéros sont remplacés par leur moyenne arithmétique et , le zéro et tous les zéros qui ne coïncident pas avec un deviennent plus petits.
Comme application en peut retrouver le théorème 3 en appliquant simultanément les lemmes 1, 2 et 3.
6. - Avant d’aller plus loin nous allons établir quelques limitations relatives au polynome
Dans ce caş une inégalité linéaire et homogène entre les zéros (1) et (2) est de la forme
ou sont respectivement les zéros compris entre et et entre et de (les zéros et ).
On doit nécessairement avoir , comme il est facile de le voir. Par suite de l’égalité (3) et de l’homogénéité de la formule on peut prendre égal à 0 l’un quelconque des coefficients et égal à 1 l’un quelconque des coefficients positifs ou à - 1 l’un quelconque des coefficients négatifs 5 ). Nous pouvons donc prendre et ou -1 suivant qualors ou ,
Ceci étant, nous avons d’abord le
THÉOREME 4.-Si les nombres vérifient les conditions
on a l’inégalité
(19)
pour tout polynome (18).
En effet, d’après l’inégalité ( 6 ) nous avons
et nous pouvons écrire
ef le théorème 4 en résulte.
On voit d’ailleurs que dans (19), l’égalité n’a lieu que dans l’un deş caş suivants
00footnotetext: 5.Le cas trivial ne présente évidemment pas d’interêt.
Nous avons aussi le
Théoreme 5.-Si les nombres vérifient les conditions
on a encore l’inégalité (19) pour tout polynome (18).
Ee effet, d’après le lemme 3, on a
et nous pouvons écrire
ce qui démontre le théorème 5.
Dans ce cas l’égalité dans (19) n’a lieu que dans l’un des cas suivants
Enfin démontrons aussi le
Théoreme 6. - Pour que l’inégalité
(20)
soit vérifiée quel que soit le polynome (18), il faut et il suffit que l’on ait
On voit d’abord que les conditions sont nécessaires en faisant alors et et alors .
Pour voir que les conditions sont aussi suffisantes, remarquons que, d’après l’inégalité (6), nous avons
Nous pouvons écrire
d’où il résulte que les conditions sont aussi suffisantes.
7. - Le lecteur a certainement remarqué la différence essentielle entre les théorèmes d’une part et le théorème d’autre part. Tandis que les deux premiers expriment seulement des conditions suffisantes, le troisième donne des conditions à la foís nécessaires et suffisantes.
Revenons donc à l’inégalité (19). On trouve, comme pour l’inégalité (20), les conditions nécessaires
(21)
Pour résoudre complètement le problème remarquons que nous pouvons prendre
Désignons par le premier membre de (19) multiplié par le nombre positif . Si nous remarquons que est la racine non-négative de l’équation
et si nous faisons les calculs nous trouvons
où
(22)
Il faut trouver les conditions nécessaires et suffisantes pour que l’on ait
(23)
quel que soit .
Avec les notations (22) les eopditions nécessaires (21) deviennent
et expriment que l’inégalilé (23) est bien vérifiée pour et pour infiniment grand, Si
nous sommes dans les conditions du thégrème 4.
Il reste à examiner le cas
(24) ou .
Nous avons
ce qui nous montre que la dérivée est toujours croissante. De
il résulțe que cette dérivée ne devient nulle que pour
Par suite des inégalités (24), est bien un nombre positif.
Pour que l’inégalité (23) soit satisfaite il faut et il suffit que . Nous avons
donc la condition cherchée est
Il est facile de voir que le résultat subsiste aussi pour , - lorsque n’existe pas.
Finalement nous pouvons énoncer la propriété suivante.
THEORÈME. 7. - Pour que l’inégalité (19) ait lieg pour tout
polynome (18) il faut et il suffit que l’on ait et, ou bien
qu bien
(25)
étant définis par les formules (22).
Dans le szcond cas l’égalité n’a lieu que si
.
8. - On voit que les théorèmes 4 et 5 ne nous donnent pas des propriétés plus complètes que celles exprimées par les théorèmes 1 et 3 . Le théorème 6 précise un peu la propriété correspondante exprimée par le théorème 1.
En ce qui concerne la valeur du théorème 7, elle est toute autre. Ce théorème nous donne effectivement des inégalités qui ne sont pas toujours comprises dans les théorèmes 1 et 3. Soit, en effet, l’inégalité (19) où vérifient les conditions (25). Par suite de l’inégalité
l’inégalité (19) considérée n’est pas une conséquence du théorème 1. Pour voir que notre inégalité peut ne pas être une conséquence du théorème 3, il suffit de montrer que les inégalités (25) sont compatibles avec l’inégalité
Pour celail faul et il suffit de montrer que les inégalités
sont compatibles. Cette condition de compatibilité est
et elle est bien vérifiée
9. - Nous n’avons pas l’intention d’étudier toutes les conséquences des résultafs précédents dans le cas d’un polynome quelconque . Nous allons seulement signaler quelques inégalités qui nous seront utiles dans le § suivant,
Soit donc un polynome quelconque à zéros tous réels et considérons une inégalité de la forme
où
(26)
(27)
En vertu du lemme 2, si l’inégalité (26) est vérifiée lorsqu’on remplace par leur moyenne arithmétique, elle sera vérifiée pour tout polynome . Il en résulte qu’il suffit de démontrer l’inégalité (26) pour .
Dans ce dernier cas elle s’écrit :
Mais, l’égalité (3) nous donne
et notre inégalité devient
(28) .
En vertu du lemme 3, si l’inégalité (28) est vérifiée lorsque, de plus, on remplace par leur moyenne arithmétique, elle sera toujours vérifiée. Il suffit donc de démontrer l’inégalité (28) si de plus, . L’inégalité devient alors
(29) .
Mais, nous avos maintenant,
et l’inégalité ( 29 ) devient
Nous en déduisons donc le
Théorème 8. - Pour que l’inégalité (26), sous les conditions (27), ait lieu pour tout polynome , à zéros tous réels, il faut et il suffit que l’on ait
Dans le cas , il faut prendre dans les formules (26) et (27) et . Sous les conditions données, l’égalité dans (26) n’a lieu que pour lorsque et seulement si lorsque .
10. - Nous allons étudier maintenant des inégalités un peu plus générales. Considérons l’inégalité
(30) , où
(31)
Comme plus haut, nous voyons que, en vertu du lemme 2, il suffit de dénontrer l’inégalité si . L’inégalité devient alors
De même, en vertu du lemme 3, il suffit de démontrer cette inégalité si, de plus, on a . Dans ce dernier cas l’égalité (3) nous donne encore
et notre inégalité devient
(32) où
L’inégalité (32) est de la forme (19) correspondant au polynome (18) où
.
Finalement nous déduisons donc le
THEORÈME 9. - Pour que l’inégalité (30), sous les conditions (31), ait lieu pour tout polynome à zéros tous réels, il faut et il suffit que l’on ait, ou bien
(34)
ou bien
(35) , où
étant donnés par les formules (33).
On peut facilement obtenir les conditions d’égalité dans (30), mais il est inutile d’insister ici sur ce point. Remarquons aussi que le théorème 5 nous montre que les conditions
sont suffisantes pour l’inégálité (30).
§ 3.
11.
—
Considérons deux suites de nombres réels
Nous dirons que là suite (38) est ufie suite moyeñne (èn anglais "average") de la suite (37) si on peut trouver nombres non-négatifs tels que l’on ait
Cette condition ne dépend pas de l’ordre des termes des suites (37), (38). Nous pouvons done supboser que
(39)
MM. G. H, HARDY, J. E. LITfLEWOOD et G. POLYA ont démontré 6 ) la propriéłé suivante, exprimée par le
LEMME 4.-Pour que la suite (38) soit une suite moyenne de la suite (37), il faut et il suffit que l’on ait
(40)
en supposant que les deux suiles sont ordonnées de la manière (39). On voit facilement que si, au lieu de (39), on avait
()
on aurait, au lieu de (41), les inégalités
(41’) .
12 - Reprenons la suite (1) et sa suite dérivée (2). Définissons les suites (37), (38), en prenant , de la manière suivante
6.
G. H. HARDY, J. E. LittlafwOOD, G. POLYA „Inequalities" Cambridge Univ. Press, 1934, Chap. II.
L’égalité (40) est alors bien vérifiée et revient à (3). Nous avons (39) et les inégalités (41) s’écrivent 7 )
Considérons, en particulier, les inégalités
(43)
Toutes les autres inégalités (42) sont des conséquences de ces dernières et des inégalités (4).
Mais, les inégalités (43) ne sont autres que les inégalités (12) pour . Nous pouvons donc énoncer la proprété suivante :
THÉORÉME 10. - La suite dérivée (2), où chaque terme est répété fois, est une suite moyenne de la suite primitive (1) dans laquelle chaque terme est répélé fois.
De cette propriété il résulte qu’on peut trouver nombres non-négatifs de manière que l’on ait
Dans un travail antérieur 8 ) nous avons établi cette propriété en remarquant que
00footnotetext: 7.Lorsque les sommes telles que sont remp.acées par zéro.8i Tiberiu Popoviciu, „Notes sur les fonctions convexes d’ordre supérieur" (III) ", Mathematica, 16, 74-86 (1940).
et en démontrant que
C’est de cette manière que nous avons d’abord obtenu les inégalités .
13. - Considérons encore la suite (i) et sa suite dérivée
(2). Posons maintenant
(44)
en supposant, bien entendu, .
De cette façon nous obtenons les suites
(45)
(46)
et l’égalité
(47)
Le théorème 2 nous montre que
(48)
Définissons maintenant les suites (37), (38) de la manière suivante, en prenant encore ,
00footnotetext: 9.Voir loc. cít. 8).
et cherchons si les conditions de lemme 4 sont vérifiées.
L’égalité (40) est satisfaite par suite de (47).
Cette fois nous avons ( ) et nous devons donc examiner les inégalités ( ). Ces inégalités deviennent 10 ).
(49)
De ces inégalités choisissons les suivantes
(50)
(51)
(52)
(53)
Toutes les autres inégalités (49) sont des conséquences de ces inégalités, des inégalités (45), (46), (48) et de l’égalité (47). Remarquons, en passant, que pour les inégalités (49) sont démontrées. Il reste à démontrer les inégalités (50), (51), (52), et (53) pour . Tout d’abord nous allons exprimer ces inégalités à l’aide des zéros (1) et (2), en tenant compte de (44). Faisant les calculs nous trouvons
10) Pour les mêmes coaventions que plus haut. Voir 7).
(54)
(55)
(56)
(57)
Avant de faire les calculs dans (52) et (53) nous avons changé en .
Il nous reste à démontrer les inégalités (54), (55), (56), (57).
14. - Occupons-nous d’abord de l’inégalité (55), qui est la plus simple.
L’inégalité (55) est de la forme (26), où nous avons
et les conditions (27) sont bien vérifiées.
Nous avons
et on peut donc appliquer le théorème 8.
L’inégalité (55) est donc démontrée.
15. - Les inégalités (54), (56), (57) sont de la forme (30).
I. L’inégalité (54). Nous avons
,
Les conditions (31) sont bien vérifiées.
Pour les nombres (33) nous avons
Nous avons
et il est facile de vérifier que pour ce nombre esl négatif. la seconde condition (34) n’est donc pas vérifiée.
Nous avons
et il nous reste à examiner la première inégalité (35).
Compte tenant de (36), nous trouvons
et la première inégalité (35) devient, après simplifications,
ou
qui est évidemment vérifiée.
On peut donc appliquer le théorème 9 et l’inégalité (54) est démontrée.
II. L’inégalité (56). Nous procédons exactement comme pour (54). Nous avons
Nous déduisons
et la seconde inégalité (34) n’est pas vériliée.
Nous avons aussi
et la première inégalité (35) devient, après simplifications,
ou
En vertu du théorème 9, l’inégalité (56) est donc démontrée.
III. L’inégalité (57). Nous avons
et nous déduisons
La seconde inégalité (34) n’est donc pas vérifiée.
Nous avons aussi
et la première inégalité (35) devient
ou
qui est évidemment vérifiée.
L’inégalité (57) est donc aussi démontrée.
16. - Finalement nous avons obtenu la propriété suivante, analogue à celle exprimée par le théorème 10.
Théorème 11. - La suite (45) où chaque terme est répété fois est une suite moyenne de la suite (46) dans laquelle chaque terme est répété fois ( ).
Il en résulte qu’on peut trouver nombres nonnégatifs , de manière que l’on ait
.
17.
—
MM. G. H. Hardy, J. L. Littlewood et G. Polya ont introduit la notion de suite moyenne en étudiant certaines in égalités vérifiées par les fonctions convexes 11 ). Cette propriélé, sous une forme un peu plus générale 12 ), s’énonce de la manière suivante.
11.
G. H. Hardy, J. E. Littlewood, G. Polya „Some simple inequalities satisfied by convex functions ∗ Messenger of Math., 58, 145-152 (1928). 12) Voir loc. cit. 8).
Lemme 5.-Pour que l’inégalité
(58)
où
, soit vérifiée pour toute fonction non-concave (d’ordre 1) dans un intervalle contenant les points , il faut et il suffit que l’on puisse trouver rs nombres non-négatifs de manière que l’on ait
Si est convexe, dans (58) le signe est valable.
De cette propriété nous déduisons le
THÉOREME 12. - Si esi une fonction non-concave dans un intervatle contenant les (1) et si (2) est la suite dérivée de (1), on a l’inégalité
Si la fonction est convexe, l’égalité n’a lieu que st .
Cette propriété est due à M. K. TodA 13 ).
Nous avons signalé, il y a déjà quelque temps, cette inégalité, et elle a été effectivement démontrée par M. H. E BRAY 14 ), pour entier positif. Pour quelconque l’inégalité a été étudiée par M. S. KaKeya 15 ).
18. - Le lemme 5 peut aussi être -appliqué aux suites (45) et (46). De cette façon nous obtenois une nouvelle propriété qui est donnée par le
13) Kiyoshi toda "On certains functional inequalities" Journal of the Hiroshima Univ., (A), 4, 27-40 (1934).
14) Hubert E. Bray "On the zeros of a polynomial and of its derivative" Amer. Journal of Math, 55, 864-872 (1931).
15) Soichi Kakeya. On an inequality between the roots of an equation and its derivative" Proc. Phys. - Math. Soc. Japan, (3), 15, 149-154 (1933).
THÉORÈME 13. - Si les suites (45) et (46) s’obtiennent de (1) et (2) par les formules (44) et si est une fonction nonconcave dans un intervalle contenant les points (45) et (46), on a l’inégalité
(59)
Si la fonction est convexe l’égalité n’a lieu que si .
En effet, de l’étude du lemme 5 il résulte que l’égalité ne peut avoir lieu, si est convexe, que si , ce qui exige .
En particulier, nous avons l’inégalité
(60)
si , l’égalité ayant lieu seulement si ; en supposant, bien entendu, que tous les zéros (1), donc aussi les nombres (45), (46) soient non-négatifs. Ceci résulte du fait que la fonction est convexe si . La fonction étant concave si , l’inégalité contraire est valable dans ce cas. On voit aussi, de la même manière, que l’inégalité (60) subsiste aussi lorsque , à condition que les zéros (1), donc aussi les nombres (45), (46), soient tous positifs.
19. - Faisons encore une dernière application de l’inégalité (59). La fonction est concave pour . Il en résulte que si les zéros (1) sont positifs nous avons l’inégalité
(61) .
Cette inégalité est valable aussi lorsque (1) sont seulement non-négatifs. L’hypothèse exige donc et par suite . Il en résulte que dans (61) l’égalité n’a lieu que si ou bien tous les zéros (1) sont égaux ou bien les premiers sont nuls.
Soit un polynome de degré à zéros tous réels et les zéros de la .ème dérivée . Désignons par les moyennes arithméti-
ques des zéros pris à . L’inégalité (61) nous donne la suite d’inégalités
en supposant, bien entendu, que les zéros de soient tous non négatifs.
Il est facile de voir que pour toutes ces inégalités les conditions d’égalité sont les mêmes que pour (61).
20. - Enfin, changeons encore un peu les notations. Désignons par les zéros de . On voit facilement que sont les zéros de . Mais, le produit de ces zéros est égal à la moyenne arithmétique des produits deux à deux des nombres . Nous obtenons donc la propriété suivante.
THEOREME 14. - Si sont des nombres non-négatifs et si sont les moyennes arithmé. tiques de ces nombres pris à , nous avons l’inégalité
(62)
l’égalité ayant lieu sì et seulement si ou bien tous les nombres sont égaux, ou bien de ces nombres sont nuls.
Notre inégalité, pour et pour , peut s’écrire
étant des nombres non-négatifs.
L’interêt de l’inégalité (62) consiste dans le fait que le premier membre est une superposition de movennes arithmétiques et d’une moyenne géométrique. Si sont les moyennes arithmétique et géométrique des nombres , on a
D’autre part on a aussi
et on voit que (62) est une élégante précision de la première de ces inégalités.