Notes sur les fonctions convexes d’ordre supérieur (IV)

Abstrait

Traduction en anglais du titre

Notes on Higher-Order Convex Functions (IV)

Auteur(s)

T. Popoviciu
Institutul de Calcul

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Pour citer ce travail

T. Popoviciu, Notes sur les fonctions convexes d’ordre supérieur (IV), Disquisitiones mathematicae et physicae, 1 (1940) no. 2, pp. 162-171 (in French) [MR0021040, JFM 66.0242.01].

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NOTES SUR LES FONCTIONS CONVEXES D’ORDRE SUPÉRIEUR (IV)

PAR
TIBERIU POPOVICIU
(Cluj)

NOTES SUR LES FONCTIONS CONVEXES D’ORDRE SUPÉRIEUR (IV) 1 )

  1. 1.

    Avant de nous occuper des inégalités que nous voulons établir dans ce travail, il est nécessaire de résumer quelques propriétés des polynomes orthogonaux que nous utiliserons plus loin.

Une suite de polynomes en xx

P0P1,,Pm,P_{0}P_{1},\ldots,P_{m},\ldots (1)

Pm=Pm(x)=xm+,m=0,1,,(P0=1)P_{m}=P_{m}(x)=x^{m}+\ldots,m=0,1,\ldots,\left(P_{0}=1\right)

est une suite orthogonale si :
11^{\circ}. On peut trouver une opération linéaire U(f)U(f), définie dans le champ des polynomes, tellé que
22^{\circ}. On ait
a)
U(PiPj)=0,ijU\left(P_{i}P_{j}\right)=0,i\neq j
b) U(Pi2)>0U\left(P_{i}^{2}\right)>0,
quels que soient i,j=0,1,2,i,j=0,1,2,\ldots
Il en résulte que la suite orthogonale est complètement caractérisée par les moments

U(xi)=ci,i=0,1,U\left(x^{i}\right)=c_{i},\quad i=0,1,\ldots

et on a alors

U(a0xi+a1xi1++ai)=a0ci+a1ci1++aic0U\left(a_{0}x^{i}+a_{1}x^{i-1}+\ldots+a_{i}\right)=a_{0}c_{i}+a_{1}c_{i-1}+\ldots+a_{i}c_{0}
0

A l’aide de 22^{\circ} on montrc facilement que les polynomes (1) sont complètement déterminés et on peut les calculer explicitement. On sait, d’ailleurs, que l’opération U(f)U(f) est nécessairement de la forme 2 )

U(f)=+f(x)𝑑α(x)U(f)=\int_{-\infty}^{+\infty}f(x)d\alpha(x)

α(x)\alpha(x) est une fonction non-décroissante dans ( -\infty, ++\infty ).
On peut supposer que seuls les 2r2r moments c0,c1,c2r1c_{0},c_{1},\ldots c_{2r-1} sont donnés ( α(x)\alpha(x) ne prend alors qu’un nombre fini de valeurs distinctes). Dans ce cas nous prenons dans 2a)i,j=0,1,r\left.2^{\circ}a\right)i,j=0,1\ldots,r et dans 2b)i=0,1\left.2^{\circ}b\right)i=0,1\ldots, r1r-1. On a alors une suite orthogonale finie P0,P1,,PrP_{0},P_{1},\ldots,P_{r}. Mais, on le voit facilement, une telle suite est toujours la section d’une suite infinie (1).
2. Soit (1) une suite orthogonale. On sait que les zéros du polynome Pi(i>0)P_{i}(i>0) sont tous réels et distincts. Deux polynomes consécutifs Pi1,PiP_{i-1},P_{i} n’ont jamais de zéros communs et les zéros de PiP_{i} séparent ceux de Pi1P_{i-1}.

Soient x1<x2<<xmx_{1}<x_{2}<\ldots<x_{m} les zéros du polynome PmP_{m}. Considérons le système de 2m2m équations
(2) ci=λ1x1i+λ2x2i++λmxmi,i=0,1,2m1\quad c_{i}=\lambda_{1}x_{1}^{i}+\lambda_{2}x_{2}^{i}+\ldots+\lambda_{m}x_{m}^{i},\quad i=0,1\ldots,2m-1,
dans les inconnues λ1,λ2,,λm,x1,x2,,xm\lambda_{1},\lambda_{2},\ldots,\lambda_{m},x_{1},x_{2},\ldots,x_{m}. On trouve immédiatement que les xix_{i} sont précisément les zéros du polynome PmP_{m} et les λi\lambda_{i}, qui sont alors déterminés complètement par les mm premières équations, sont des nombres positifs. Nous dirons que ces nombres λi\lambda_{i} sont les poids du polynome PmP_{m}. Ces poids jouissent, d’ailleurs, de la propriété que l’opération

Um(f)=i=1mλif(xi)U_{m}(f)=\sum_{i=1}^{m}\lambda_{i}f\left(x_{i}\right)

est une opération U(f)U(f) correspondant à la suite orthogonale finie P0P_{0}, P1,,PmP_{1},\ldots,P_{m}. Ces résultats s’obtiennent facilement en remarquant que la condition d’orthogonalité 22^{\circ} a) nous donne U(xiPm)=0,i=0,1,U\left(x^{i}P_{m}\right)=0,i=0,1,\ldots, m1m-1, qui expriment justement que les xix_{i} sont les zéros de PmP_{m} et que le système (2) est alors compatible en λ1,λ2,,λm\lambda_{1},\lambda_{2},\ldots,\lambda_{m}. La positivité des poids résulte facilement du fait que ces nombres sont inversement proportionnels aux nombres Pm1(xi)Pm(xi)P_{m-1}\left(x_{i}\right)P_{m}^{\prime}\left(x_{i}\right). On peut aussi remarquer que
done

c2r=\displaystyle c_{2r}= U(x2r)=U((i=1mxirPm(x)(xxi)Pm(xi))2)=\displaystyle U\left(x^{2r}\right)=U\left(\left(\sum_{i=1}^{m}\frac{x_{i}^{r}P_{m}(x)}{\left(x-x_{i}\right)P_{m}^{\prime}\left(x_{i}\right)}\right)^{2}\right)= (3)
=i=1mxi2rU((Pm(x)(xxi)Pm(xi))2),r=0,1,,m1\displaystyle=\sum_{i=1}^{m}x_{i}^{2r}U\left(\left(\frac{P_{m}(x)}{\left(x-x_{i}\right)P_{m}^{\prime}\left(x_{i}\right)}\right)^{2}\right),\quad r=0,1,\ldots,m-1
λi=U((Pm(x)(xxi)Pm(xi))2)>0,i=1,2,,m\displaystyle\quad\lambda_{i}=U\left(\left(\frac{P_{m}(x)}{\left(x-x_{i}\right)P_{m}^{\prime}\left(x_{i}\right)}\right)^{2}\right)>0,\quad i=1,2,\ldots,m

car l’opération U(f)U(f) est positive.

00footnotetext: 2 ) Voir H. Hamburger. «Über eine Lrweiterung des Stieltjesschen Momentenproblems». Math. Ann., 81, 235-319 (1920).

Remarquons encore que dans une suite orthogonale (1) on peut prendre arbitrairement les polynomes Pm1,PmP_{m-1},\mathrm{P}_{m} avec les seuls conditions de réalité et de séparation de leurs zéros. On peut, aussi prendre arbitrairement le polynome PmP_{m} à zéros réels et distincts et les poids positifs de ce polynome. Par ces données les polynomes P0,P1,,PmP_{0},P_{1},\ldots,P_{m} de la suite (1) sont déterminés complètement.

Considérons maintenant le polynome Pm+ϱPm1P_{m}+\varrho P_{m-1}ϱ\varrho est une constante 0\not\subset 0. On voit facilement’ que les zéros y1<y2<<yny_{1}<y_{2}<\ldots<y_{n} de ce polynome sont tous réels et distincts. Nous avons les propriétés de séparation

y1<x1<y2<x2<<ym<xm si ϱ>0\displaystyle y_{1}<x_{1}<y_{2}<x_{2}<\ldots<y_{m}<x_{m}\quad\text{ si }\varrho>0
x1<y1<x2<y2<<xm<ym si ϱ<0\displaystyle x_{1}<y_{1}<x_{2}<y_{2}<\ldots<x_{m}<y_{m}\quad\text{ si }\varrho<0

Le nombre ϱ\varrho est complètement déterminé par le fait que y1y_{1} a une valeur donnée quelconque <x1<x_{1} ou ymy_{m} une valeur donnée quelconque >xm>x_{m}. On peut aussi remarquer que les zéros de Pm1P_{m-1} séparent toujours ceux de Pm+ϱPm1P_{m}+\varrho P_{m-1}.

Le système
(4) ci=v1y1i+v2y2i++vmymi,i=0,1,,2m2\quad c_{i}=v_{1}y_{1}^{i}+v_{2}y_{2}^{i}+\ldots+v_{m}y_{m}^{i}\quad,\quad i=0,1,\ldots,2m-2
est encore compatible en νi\nu_{i}. Nous dinons encore que les nombres ν1,ν2,,νm\nu_{1},\nu_{2},\ldots,\nu_{m}. déterminés par ce système, sont les poids du polynome Pm+ϱPm1P_{m}+\varrho P_{m-1}, Ces poids sont positifs quel que soit o. En effet, la formule (3) est encore applicable. Nous avons

c2r=U(x2r)=\displaystyle c_{2r}=U\left(x^{2r}\right)= i=1myi2rU((Q(x)(xyi)Q(yi))2)\displaystyle\sum_{i=1}^{m}y_{i}^{2r}U\left(\left(\frac{Q(x)}{\left(x-y_{i}\right)Q^{\prime}\left(y_{i}\right)}\right)^{2}\right)
r=0,1,,m1\displaystyle r=1,\ldots,m-1

done

vi=U((Q(x)(xyi)Q(yi))2)>0,i=1,2,,mv_{i}=U\left(\left(\frac{Q(x)}{\left(x-y_{i}\right)Q^{\prime}\left(y_{i}\right)}\right)^{2}\right)>0,\quad i=1,2,\ldots,m

où nous avons posé Q(x)=Pm(x)ϱPm1(x)Q(x)=P_{m}(x)\not-\varrho P_{m-1}(x).
On peut aussi montrer facilement qu’on obtient ainsi toutes les solutions du système (4).
3. Revenons maintenant aux fonctions convexes. Nous allons donner tout d’abord une interprétation de la différence divisée [x1,x2,,xn+2;f]\left[x_{1},x_{2},\ldots,x_{n+2};f\right] d’ordre n+1n+1. Nous pouvons écrire

[x1,x2,,xn+2;f]=p1f(x1)+p2f(x2)++pn+2f(xn+2)\left[x_{1},x_{2},\ldots,x_{n+2};f\right]=p_{1}f\left(x_{1}\right)+p_{2}f\left(x_{2}\right)+\ldots+p_{n+2}f\left(x_{n+2}\right)

où les pip_{i} ne dépendent. pas de là fonction f(x)f(x). Si nous-supposons x1<x2<<xn+2x_{1}<x_{2}<\ldots<x_{n+2}, l’expression bien connue, par le quotient de deux
déterminants, de la différence divisée, nous montre que les coefficients p1,p2,,pn+2p_{1},p_{2},\ldots,p_{n+2} sont alternativement positifs et négatifs, le dernier étant toujours posit f,pn+2>0\mathrm{f},p_{n+2}>0. D’autre part, ces coefficients sont, à un facteur constant près, déterminés par les relations

p1x1i+p2x2i++pn+2xn+2i=0,i=0,1,,np_{1}x_{1}^{i}+p_{2}x_{2}^{i}+\ldots+p_{n+2}x_{n+2}^{i}=0,\quad i=0,1,\ldots,n

Nous pouvons donc énoncer les propriétés suivantes :
Si n=2m3n=2m-3 est impair et x1<x2<<xn+2x_{1}<x_{2}<\ldots<x_{n+2}, nous poupons écrire

[x1,x2,,xn+2;f]=i=1mλif(x2i1)i=1m1μjf(x2j)\left[x_{1},x_{2},\ldots,x_{n+2};f\right]=\sum_{i=1}^{m}\lambda_{i}f\left(x_{2i-1}\right)-\sum_{i=1}^{m-1}\mu_{j}f\left(x_{2j}\right)

et alors x2,x4,,x2m2x_{2},x_{4},\ldots,x_{2m-2} sont les zéros et μ1,μ2,,μm1\mu_{1},\mu_{2},\ldots,\mu_{m-1} les poids du polynome Pm1P_{m-1} de la suite orthogonale P0,P1,,PmP_{0},P_{1},\ldots,P_{m}, où x1,x3,,x2m1x_{1},x_{3},\ldots,x_{2m-1} sont les zéros et λ1,λ2,,λm\lambda_{1},\lambda_{2},\ldots,\lambda_{m} les poids du polynome PmP_{m}.

Si n=2m2n=2m-2 esi pair et x1<x2<<x2mx_{1}<x_{2}<\ldots<x_{2m}, nous pousons écrire

[x1,x2,,xn+2;f]=i=1mλif(x2i)j=1mvif(x2j1)\left[x_{1},x_{2},\ldots,x_{n+2};f\right]=\sum_{i=1}^{m}\lambda_{i}f\left(x_{2}i\right)-\sum_{j=1}^{m}v_{i}f\left(x_{2j-1}\right)

et alors x1,x3,,x2m1x_{1},x_{3},\ldots,x_{2m-1} sont les zéros et ν1,ν2,,νm\nu_{1},\nu_{2},\ldots,\nu_{m} les poids d’un polynome Pm+ϱPm1P_{m}+\varrho P_{m-1}, où ϱ>0\varrho>0 et Pm1,PmP_{m-1},P_{m} appartiennent à la suite orthogonale P0,P1,,Pm1,Pm,P_{0},P_{1},\ldots,P_{m-1},P_{m},\ldots, déterminée par les zéros x2,x4,x_{2},x_{4},\ldots, x2mx_{2m} et les poids λ1,λ2,,λmdu\lambda_{1},\lambda_{2},\ldots,\lambda_{m}du polynome PmP_{m}.
4. Supposons n=2m1n=2m-1 impair et écrivons l’inégalité

i=1rλif(xi)j=1mμjf(yj)\sum_{i=1}^{r}\lambda_{i}f\left(x_{i}\right)\geqq\sum_{j=1}^{m}\mu_{j}f\left(y_{j}\right) (5)

r>m,λ1,λ2,,λrr>m,\lambda_{1},\lambda_{2},\ldots,\lambda_{r} sont positifs et x1<x2<<xrx_{1}<x_{2}<\ldots<x_{r}, y1<y2<<ymy_{1}<y_{2}<\ldots<y_{m}.

Cherchons les conditions nécessaires et suffisantes pour que l’inégalité (5) soit vérifiée pour toute fonction f(x)f(x), non-concave d’ordre nn, définie sur les points xi,yj,i=1,2,,r,j=1,2,,mx_{i},y_{j},i=1,2,\ldots,r,j=1,2,\ldots,m.

En nous reportant à la Note précédente 3 ), nous voyons que les conditions
(6) i=1rλixis=j=1mμjyis,s=0,1,,n(n=2m1)\quad\sum_{i=1}^{r}\lambda_{i}x_{i}^{s}=\sum_{j=1}^{m}\mu_{j}y_{i}^{s}\quad,s=0,1,\ldots,n(n=2m-1)
sont nécessaires. Il faut donc que les yiy_{i} soient les zéros et les μj\mu_{j} les poids du polynome PmP_{m} de la suite orthogonale P0,P1,,Pm,,PrP_{0},P_{1},\ldots,P_{m},\ldots,P_{r}, déterminée par les zéros xix_{i} et les poids λi\lambda_{i} du polynome PrP_{r}.

00footnotetext: 3 ) Voir la note III dans Mathématica, 16, 74-86 (1940).

Nous nous proposons de démontrer que les égalités (6) sont aussi suffisantes. Nous ferons cette démonstration par induction. La propriété est vraie pour r=m+1r=m+1, car alors l’inégalité (5) est une inégalité de définition de la non-concavité d’ordre nn. En effet, la différence entre le premier et le second membre est, à un facteur constant positif près, une différence divisée d’ordre n+1n+1. Montrons maintenant qu’en supposant vraie la propriété si dans le premier membre de (5) il y a r1r-1 termes ( r>m+1r>m+1 ), elle résultera vraie pour rr termes. Par hypothèse, si nous déterminons les yjy_{j}^{\prime} et les μj>0\mu_{j}^{\prime}>0 par les égalités

i=1r1λixis=j=1mμjyjs,s=0,1,,n\sum_{i=1}^{r-1}\lambda_{i}x_{i}^{s}=\sum_{j=1}^{m}\mu_{j}^{\prime}y_{j}^{\prime}s\quad,\quad s=0,1,\ldots,n (7)

nous avons

i=1r1λif(xi)j=1mμjf(yj)\sum_{i=1}^{r-1}\lambda_{i}f\left(x_{i}\right)\geqq\sum_{j=1}^{m}\mu_{j}^{\prime}f\left(y_{j}^{\prime}\right)

donc

j=1rλif(xi)j=1mμjf(ys)+λrf(xr)\sum_{j=1}^{r}\lambda_{i}f\left(x_{i}\right)\geq\sum_{j=1}^{m}\mu_{j}^{\prime}f\left(y_{s}^{\prime}\right)+\lambda_{r}f\left(x_{r}\right) (8)

Mais, nous savons que les yjy_{j}^{\prime} sont distincts et tous compris entre x1x_{1} et xr1x_{r-1}. Nous pouvons done déterminer les yj′′y_{j}^{\prime\prime} et les μj′′>0\mu_{j}^{\prime\prime}>0 par les égalités

j=1mμjyjs+λrxrs=j=1mμj′′yj′′s,s=0,1,,n\sum_{j=1}^{m}\mu_{j}^{\prime}y_{j}^{s}+\lambda_{r}x_{r}^{s}=\sum_{j=1}^{m}\mu_{j}^{\prime\prime}y_{j}^{\prime\prime s}\quad,\quad s=0,1,\ldots,n (9)

Nous avons alors

j=1mμjf(y)+λrf(xr)j=1mμj′′f(yj′′)\sum_{j=1}^{m}\mu_{j}^{\prime}f\left(y^{\prime}\right)+\lambda_{r}f\left(x_{r}\right)\geq\sum_{j=1}^{m}\mu_{j}^{\prime\prime}f\left(y_{j}^{\prime\prime}\right) (10)

Mais, (7) et (9) comparés avec (6) nous montrent que μi′′=μi\mu_{i}^{\prime\prime}=\mu_{i}, yj′′=yjy_{j}^{\prime\prime}=y_{j} et alors, de (8) et (10), il résulte l’inégalité (5).

Nous pouvons donc énoncer la propriété suivante :
Si y1,y2,,ymy_{1},y_{2},\ldots,y_{m} sont les zéros et μ1,μ2,,μm\mu_{1},\mu_{2},\ldots,\mu_{m} les poids du polynome PmP_{m} de la suite orthogonale P0,P1,,Pm,,PrP_{0},P_{1},\ldots,P_{m},\ldots,P_{r} déterminée par les zéros x1,x2,,xrx_{1},x_{2},\ldots,x_{r} et les poids λ1,λ2,,λr(r>m)\lambda_{1},\lambda_{2},\ldots,\lambda_{r}(r>m) du polynome PrP_{r}, l’inégalité (5) est vérifiée pour toute fonction non-concape d’ordre impair n=2m1n=2m-1, définie sur les points xi,yjx_{i},y_{j}.

Si, de plus, la fonction est convexe d’ordre n=2m1n=2m-1 sur les points xi,yjx_{i},y_{j} on a dans (5) le signe >>.

La dernière partie de l’énoncé se justifie immédiatement.
5. Si m=1,n=1m=1,n=1 ; l’inégalité (5) devient

i=1rλif(xi)i=1rλif(i=1rλixii=1rλi)\frac{\sum_{i=1}^{r}\lambda_{i}f\left(x_{i}\right)}{\sum_{i=1}^{r}\lambda_{i}}\geq f\left(\frac{\sum_{i=1}^{r}\lambda_{i}x_{i}}{\sum_{i=1}^{r}\lambda_{i}}\right)

qui est l’inégalité classique de Jensen pour les fonctions non-concaves ordinaires (d’ordre 1) 4 ).

Considérons un intervalle fini et fermé (a,b)(a,b) et soit f(x)f(x) une fonction continue non-concave d’ordre 1,3,5,1,3,5,\ldots, donc de tout ordre impair.

Soit alors (1) une suite orthogonale choisie de manière que les zéros de tous les polynomes PmP_{m} soient dans (a,b)(a,b). On peut par exemple, prendre la suite orthogonale correspondant à l’opération

U(f)=abp(x)f(x)𝑑xU(f)=\int_{a}^{b}p(x)f(x)dx (11)

p(x)p(x) est une fonction sommable positive dans l’intervalle ( a,ba,b ). Désignons par xm1,xm2,,xmmx_{m1},x_{m2},\ldots,x_{mm} les zéros et par λm1,λm2,,λmm\lambda_{m1},\lambda_{m2},\ldots,\lambda_{mm} les poids du polynome Pm,m=1,2,P_{m},m=1,2,\ldots, Si nous posons

Mm(f)=i=1mλmif(xmi)M_{m}(f)=\sum_{i=1}^{m}\lambda_{mi}f\left(x_{mi}\right)

nous avons les inégalités

M1(f)M2(f)Mm(f)M_{1}(f)\leqq M_{2}(f)\leqq\ldots\leqq M_{m}(f)\leqq\ldots

La suite

M1(f),M2(f),,Mm(f),M_{1}(f),M_{2}(f),\ldots,M_{m}(f),\ldots (12)

est donc non-décroissante. Elle est, d’ailleurs, bornée puisque

|Mm(f)|(i=1mλmi)max(a,b)|f(x)|=c0max(a,b)|f(x)|\left|M_{m}(f)\right|\leqq\left(\sum_{i=1}^{m}\lambda_{mi}\right)\max_{(a,b)}|f(x)|=c_{0}\max_{(a,b)}|f(x)|

Il en résulte que la suite (12) est convergente. Il est facile de voir que dans ce cas U(f)U(f) a un sens parfaitement déterminé et nous avons

limmMm(f)=U(f)\lim_{m\rightarrow\infty}M_{m}(f)=U(f)

En effet, il suffit de remarquer que la formule est vraie pour un polynome et que l’opération U(f)U(f), définissant la suite (1), se prolonge immédiatement sur l’ensemble des fonctions continues dans ( a,ba,b ).

Par exemple, si nous avons (11) on peut écrire

limmMm(f)=abp(x)f(x)𝑑x\lim_{m\rightarrow\infty}M_{m}(f)=\int_{a}^{b}p(x)f(x)dx
00footnotetext: 4 ) J. L. W. V. Jensen. «Sur les fonctions conpexes et les inégalités entre les saleurs moyennes ». Acta Math., 30, 175-193 (1906).

En choisissant convenablement la fonction f(x)5f(x)^{5} ), on arrive à diverses inégalités entre les zéros des polynomes orthogonaux.
6. Examinons maintenant le problème analogue pour les fonctions d’ordre pair n=2m2n=2m-2. Considérons encore l’inégalité (5), où λi,μi\lambda_{i},\mu_{i} sont positifs et x1<x2<<xr,y1<y2<<ymx_{1}<x_{2}<\ldots<x_{r},y_{1}<y_{2}<\ldots<y_{m}. Pour que cette inégalité soit vérifiée pour toute fonction non-concave d’ordre n=2m2n=2m-2, définie sur les points xi,yjx_{i},y_{j} les conditions

i=1rλixis=j=1mμjyjs,s=0,1,,n(n=2m2)\sum_{i=1}^{r}\lambda_{i}x_{i}^{s}=\sum_{j=1}^{m}\mu_{j}y_{j}^{s},s=0,1,\ldots,n\quad(n=2m-2) (12)

sont nécessaires. Donc, si P0,P1,,Pm1,Pm,,PrP_{0},P_{1},\ldots,P_{m-1},P_{m},\ldots,P_{r} est la suite orthogonale déterminée par les zéros xix_{i} et les poids λi\lambda_{i} de polynome PrP_{r}, il faut que les yiy_{i} soient les zéros et μi\mu_{i} les poids d’un polynome de la forme Pm+ϱPm1P_{m}+\varrho P_{m-1}, ϱ\varrho étant une constante. Mais, en dehors de (12), il y a encore une condition nécessaire. Il faut, en effet, que l’on ait
(12’)
a) y1<x1y_{1}<x_{1}
ou
b) y1=x1,μ1>λ1y_{1}=x_{1},\quad\mu_{1}>\lambda_{1}.

Montrons d’abord que ces deux possibilités peuvent s’écrire sous la forme unique

y1x1y_{1}\leqq x_{1} (13)

On voit, en effet, de (12), que si y1=x1y_{1}=x_{1}, il faut que l’on ait μ1>λ1\mu_{1}>\lambda_{1}. Dans le cas contraire on pourait écrire

(λ1μ1)x1s+i=2rλixis=j=2mμjyjs,s=0,1,,n(n=2m2)\left(\lambda_{1}-\mu_{1}\right)x_{1}^{s}+\sum_{i=2}^{r}\lambda_{i}x_{i}^{s}=\sum_{j=2}^{m}\mu_{j}y_{j}^{s},s=0,1,\ldots,n(n=2m-2)

ce qui, d’après la remarque du Nr. 2, est impossible.
Nous nous proposons de démontrer maintenant que les égalités (12) et l’inégalité (13) sont aussi suffisantes. On peut encore procéder par induction. Si r=mr=m la propriété est évidente par suite des résultats du Nr. 3. Montrons maintenant qu’en supposant vraie la propriété si dans le premier membre de (5) il y a r1r-1 termes (r>m)(r>m), elle résultera vraie aussi pour rr termes. Par hypothèse, si nous déterminons les yiy_{i}^{\prime} et les μi>0\mu_{i}^{\prime}>0 par les égalités

i=2rλixis=j=1mμjyjs,s=0,1,,n\sum_{i=2}^{r}\lambda_{i}x_{i}^{s}=\sum_{j=1}^{m}\mu_{j}^{\prime}y_{j}^{\prime s},\quad s=0,1,\ldots,n

et y1=x1y_{1}^{\prime}=x_{1}, nous avons

i=1rλif(xi)j=1mμjf(yj)+λ1f(x1)\sum_{i=1}^{r}\lambda_{i}f\left(x_{i}\right)\geq\sum_{j=1}^{m}\mu_{j}^{\prime}f\left(y_{j}^{\prime}\right)+\lambda_{1}f\left(x_{1}\right)

5 ) Par exemple log 1x\frac{1}{x} est un telle fonction dans un intervalle (a,b),0<a<b(a,b),0<a<b.

Nous pouvons ensuite déterminer les yj′′y_{j}^{\prime\prime} et les μj′′>0\mu_{j}^{\prime\prime}>0 de manière que l’on ait

j=1mμjyjs+λ1x1s=j=1mμj′′yj′′s,s=0,1,,n\sum_{j=1}^{m}\mu_{j}^{\prime}y_{j}^{\prime s}+\lambda_{1}x_{1}^{s}=\sum_{j=1}^{m}\mu_{j}^{\prime\prime}y_{j}^{\prime\prime s}\quad,\quad s=0,1,\ldots,n

et y1′′x1y_{1}^{\prime\prime}\leqq x_{1}.
Nous voyons immédiatement que yj′′=yj,μj′′=μjy_{j}^{\prime\prime}=y_{j},\mu_{j}^{\prime\prime}=\mu_{j} et l’inégalité (5) en résulte.

Nous pouvons donc énoncer la propriété suivante :
Si y1<y2<<ymy_{1}<y_{2}<\ldots<y_{m} sont les zéros et μ1,μ2,,μm\mu_{1},\mu_{2},\ldots,\mu_{m} les poids d’un polynome Pm+ϱPm1P_{m}+\varrho P_{m-1}Pm1,PmP_{m-1},P_{m} appartiennent à la suite orthogonale P0,P1,,Pm1,Pm,,PrP_{0},P_{1},\ldots,P_{m-1},P_{m},\ldots,P_{r} déterminée par les zéros x1<x2<<xmx_{1}<x_{2}<\ldots<x_{m} et les poids λ1,λ2,,λr\lambda_{1},\lambda_{2},\ldots,\lambda_{r} du polynome PrP_{r} et où ϱ\varrho est une constante (positive) déterminée de manière que l’on ait y1x1y_{1}\leqq x_{1}, l’inégalité (5) est wérifiée pour toute fonction non-concase d’ordre pair n=2m2n=2m-2, définie sur les points xi,yjx_{i},y_{j}.

Si, de plus, la fonction est consexe d’ordre n=2m2n=2m-2 sur les points xi,yjx_{i},y_{j} et si r>mr>m ou r=m,y1<x1r=m,y_{1}<x_{1} le signe >> est valable dans (5).
7. On peut déduire de l’inégalité (5) des inégalités intégrales par des passages à la limite.

Supposons n=2m1n=2m-1 impair. Soit p(x)p(x) une fonction sommable et positive dans l’intervalle fini (a,b)6),φ(x)\left.(a,b)^{6}\right),\varphi(x) une fonction sommable et bornée dans (a;b)(a;b) et soit Aφ(x)BA\leqq\varphi(x)\leqq B. Nous avons alors la propriété suivante :

Si f(x)f(x) est une fonction continue, non-concase d’ordre n=2m1n=2m-1 dans l’intersalle ( A,BA,B ), on a l’inégalité

abp(x)f(φ(x))𝑑xabp(x)𝑑xj=1mμjf(yj)\frac{\int_{a}^{b}p(x)f(\varphi(x))dx}{\int_{a}^{b}p(x)dx}\geqq\sum_{j=1}^{m}\mu_{j}f\left(y_{j}\right) (14)

yjy_{j} sont les zéros et μj\mu_{j} les poids du polynome PmP_{m} de la suite orthogonale P0,P1,P2,P_{0},P_{1},P_{2},\ldots, déterminée par les moments

ci=abp(x)φi(x)𝑑xabp(x)𝑑x,i=0,1,c_{i}=\frac{\int_{a}^{b}p(x)\varphi^{i}(x)dx}{\int_{a}^{b}p(x)dx},i=0,1,\ldots (15)
00footnotetext: {}^{\text{6 }} ) Plus généralement il suffit que p(x)0p(x)\geqq 0 dans (a,b)(a,b) et abp(x)𝑑x>0\int_{a}^{b}p(x)dx>0.

Dans le cas m=1,n=1m=1,n=1, nous retrouvons l’inégalițé

abp(x)f(φ(x))𝑑xabp(x)𝑑xf(abp(x)φ(x)𝑑xabp(x)𝑑x)\frac{\int_{a}^{b}p(x)f(\varphi(x))dx}{\int_{a}^{b}p(x)dx}\geq f\left(\frac{\int_{a}^{b}p(x)\varphi(x)dx}{\int_{a}^{b}p(x)dx}\right)

bien connue pour les fonctions non-concaves d’ordre 1.
Pour n=2m2n=2m-2 pair nous avons une propriété analogue :
Si f(x)f(x) est une fonction continue, non-concase d’ordre n=2m2n=2m-2 dans l’intervalle ( A,BA,B ), on a l’inégalité (14), où y1<y2<<ymy_{1}<y_{2}<\ldots<y_{m} sont les zéros et μj\mu_{j} les poids d’un polynome Pm+ϱPm1P_{m}+\varrho P_{m-1} dans lequel Pm1P_{m-1}, PmP_{m} sont les polynomes orthogonaux de degré m1,mm-1,m de la suite déterminée par les moments (15) et o une constante choisie de manière que y1Ay_{1}\leqq A.

1940

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