Quelques propriétés des équations algebriques dont les équations derivées ont toutes leurs racines réelles

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Some properties of algebraic equations whose derived equations have all roots real

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T. Popoviciu, Quelques propriétés des équations algebriques dont les équations derivées ont toutes leurs racines réelles, Mathematica, 11 (1935), pp. 205-221 (in French).

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QUELQUES PROPRIÉTÉS DES EQUATIONS ALGÉBRIQUES: DONT LES EQUATIONS DÉRIVÉES ONT TOUTES LEURS RACINES RÉELLES

par
Tiberiu Popoviciu
à Cluj

Reçu le 15 Déccmbre 1934.

I.

Démonstration d’une propriété générale.

  1. 1.
    • Dans le présent travail nous ne considérons que des équations algébriques à coefficients réels. Si le coefficient đu terme de plus haut degré d’une telle équation est égal à 1 , les racines sont des fonctions continues par rapport aux autres coefficients. Il en résulte, en paticulier, que si une telle équation a exactement N racines dans levoisinage d’un certain point et si N-1 de ces racines sont réelles, la Nème est aussi, nécessarement, réelle. Nous tiendrons compte encore du fait que si une suite de polynomes de degré NN, ayant tous leurs zéros réels, tend vers un polynome limite, cette limite est de degré N\leq N et a tous ses zéros réels. Par le passage à la limite, certaines des racines àe l’équation limite peuvent disparaitre à l’infini et alors 1a degré est inférieur à NN.

Etant donné un polynome P(x)\mathrm{P}(x) de degré n(n1)n(n\geq 1), nous nous proposons de chercher une condition pour l’éxistence d’un autre polynome Q(x)Q(x) tel que la dérivée de l’équation P(x)Q(x)=0P(x)\cdot Q(x)=0 àit toutes ses racines réelles. Plus exactement, nous établirons que si un tel polynome Q(x)Q(x) existe on peut en trouver un autre tel que la dérivée du produ t ait un certain nombre limité, nombre ne dépendant que du degré du. polynome P(x)\mathrm{P}(x), de racines distinctes.

Dans le cas général le polynome P(x)\mathrm{P}(x) peut se mettre sous la forme

P(x)=(xβ1)q1(xβ2)q2(xβr)qrP1(x)\mathrm{P}(x)=\left(x-\beta_{1}\right)^{q_{1}}\left(x-\beta_{2}\right)^{q_{2}}\ldots\left(x-\beta_{r}\right)^{q_{r}}\mathrm{P}_{1}(x)

où, qν2,v=1,2,,r;β1,β2,,βrq_{\nu}\geq 2,v=1,2,\ldots,r;\beta_{1},\beta_{2},\ldots,\beta_{r} sont réels et distincts et P1(x)\mathrm{P}_{1}(x) est aun polynome de degré nν=1rqνn-\sum_{\nu=1}^{r}q_{\nu} dont les zéros réels sont tous distincts æt différents des βν\beta_{\nu}. Posons k=nν=1rqν+rk=n-\sum_{\nu=1}^{r}q_{\nu}+r, le nombre kk représente alors la somme du nombre des zéros réels distincts et du nombre des zéros complexes du polynome P(x)\mathrm{P}(x).

Supposons qu’il existe un polynome Q(x)Q(x) de degré mm vériniant la propriété, donc un polynome

Q(x)=xm+a1xm1++am1x+amQ(x)=x^{m}+a_{1}x^{m-1}+\ldots+a_{m-1}x+a_{m}

stel que si F(x)=P(x)Q(x)\mathrm{F}(x)=\mathrm{P}(x)\cdot\mathrm{Q}(x), l’équation

F(x)=0\mathrm{F}^{\prime}(x)=0 (1)

ait toutes ses racines réelles.
Nous avons alors
(x)T=C(xβ1)q11(xβ2)q21(xβr)qr1(xα1)p1(xα2)p2(xαs)ps{}^{T}{}^{\prime}(x)=\mathrm{C}\left(x-\beta_{1}\right)^{q_{1}-1}\left(x-\beta_{2}\right)^{q_{2}\cdot 1}\ldots\left(x-\beta_{r}\right)^{qr-1}\left(x-\alpha_{1}\right)^{p_{1}}\left(x-\alpha_{2}\right)^{p_{2}}\ldots\left(x-\alpha_{s}\right)^{p_{s}} où, pμ1,μ=1,2,s,ν=1rqνr+μ=1spμ=n+m1\quad p_{\mu}\geq 1,\mu=1,2,\ldots s,\sum_{\nu=1}^{r}q_{\nu}-r+\sum_{\mu=1}^{s}p_{\mu}=n+m-1,
1<α2<<αs\mathscr{H}_{1}<\alpha_{2}<\ldots<\alpha_{s} et C est une constante.

2. - Admettons, pour le moment, que les zéros αμ\alpha_{\mu} sont tous distincts des zéros βν\beta_{\nu} et supposons que sks\geq k.

Remplaçons d’abord le polynome Q(x)Q(x) par un polynome

ϕ(x)=xm+ξ1xm1++ξm1x+ξm\phi(x)=x^{m}+\xi_{1}x^{m-1}+\ldots+\xi_{m-1}x+\xi_{m}

dont les coefficients ξ1,ξ2,,ξm\xi_{1},\xi_{2},\ldots,\xi_{m} sont variables.
Posons Φ(x)=P(x).ϕ(x)\Phi(x)=\mathrm{P}(x).\phi(x) ot écrivons les conditions
(2)

Φ(fμ)(αμ)=0\Phi^{\left(f_{\mu}\right)}\left(\alpha_{\mu}\right)=0

jμ=1,2,,pμ1,μ=1,2,,sj_{\mu}=1,2,\ldots,p_{\mu}-1,\quad\mu=1,2,\ldots,s\quad (aucun jμj_{\mu} si pμ=1p_{\mu}=1 )
jμ=pμ,μ=k+1,k+2,,sj_{\mu}=p_{\mu},\quad\mu=k+1,\quad k+2,\ldots,s\quad (aucun si s=ks=k ).

Considérons les systèmes de mm é fuations qu’on obtient en ajoutant au système (2) succesivement les équations, linéaires par rapport waux inconnues ξj\xi_{\mathrm{j}},

Φ(p1)(α1)=0,Φ(p2)(α2)=0,,Φ(pk)(αk)=0\Phi^{\left(p_{1}\right)}\left(\alpha_{1}\right)=0,\quad\Phi^{\left(p_{2}\right)}\left(\alpha_{2}\right)=0,\ldots,\quad\Phi^{\left(p_{k}\right)}\left(\alpha_{k}\right)=0 (3)

Aucune des équations (2) et (3) ne se rêduit identiquement à zéro, puisqu’autrement P(x)\mathrm{P}(x) devrait posséder au moins un des zéros αμ\alpha_{\mu} avec un degré de multiplicité au moins égal à 2 . Le système total formé par les équations (2) et (3) est compatible puisqu’il est, par construction, vérifié par les valeurs

ξ1=a1,ξ2=a2,,ξm=am\xi_{1}=a_{1},\quad\xi_{2}=a_{2},\ldots,\xi_{m}=a_{m} (4)
Φ(pσ)(α0)=0,(1σs)\Phi^{\left(p_{\sigma}\right)}\left(\alpha_{0}\right)=0,\quad(1\leq\sigma\leq s) (5)

:soit la première qui avec (2) donne un système de mm équations avec un déterminant non nul. Nous pouvons alors, parmiles équations (2) et des σ1\sigma-1 premières équations (3), en choisir m1m-1 qui soient linéairesment indépendantes et qui donnent avec (5) un système avec un déterminant non nul. Les équations négligées seront des conséquences de ces m1m-1 équations.

Considérons ce dernier système de mm équations et substituons à l’équation (5) la suivante

Φ(pσ)(ασ+ε)=0\Phi^{\left(p_{\sigma}\right)}\left(\alpha_{\sigma}+\varepsilon\right)=0 (6)

où, ε\varepsilon est un nombre positit. Le déterminant du système ainsi obtenu sera alors différent de zéro tout au moins pour des valeurs suffisamment petites de ε\varepsilon. Résolvant ce système on trouve pour les ξj\xi_{\mathrm{j}} de S valeurs qui sont des fonctions continues de ε\varepsilon pour ε\varepsilon assez petit et se réduisent aux valeurs initiales (4) pour ε=0\varepsilon=0.

Il en résulte qu’on peut déterminer le polynome ϕ(x)\phi(x) do manière
que Φ(x)=0\Phi^{\prime}(x)=0 ait les racines indiquées, avec leur ordre de multiplicités, par les égalités (2) et en plus kk autres racines α1,α2,,αk\alpha_{1}^{\prime},\alpha_{2}^{\prime},\ldots,\alpha^{\prime}{}_{k}. Ici nous avons α1=α1,α2=α2,,ασ1=ασ1,ασ=ασ+ε\alpha_{1}^{\prime}=\alpha_{1},\alpha_{2}^{\prime}=\alpha_{2},\ldots,\alpha_{\sigma-1}^{\prime}=\alpha_{\sigma-1},\alpha_{\sigma}^{\prime}=\alpha_{\sigma}+\varepsilon et ασ+1\alpha_{\sigma+1}^{\prime}, α,σ+2,αk\alpha^{\prime}{}_{\sigma+2},\ldots,\alpha^{\prime}{}_{k} sont des fonctions continues de ε\varepsilon et se réduisent be ασ+1,ασ+2,,αk\alpha_{\sigma+1},\alpha_{\sigma+2},\ldots,\alpha_{k} pour ε=0\varepsilon=0. Pour ε\varepsilon suffisamment petit ces racinessont réelles et on a

ασ+1<ασ+2<<αk\alpha_{\sigma+1}^{\prime}<\alpha_{\sigma+2}^{\prime}<\ldots<\alpha_{k}^{\prime} (7)

Faisons croître ε\varepsilon à partir de la valeur initiale 0 . Deux cas sont. alors à priori possibles,
101^{0}. Pour une première valeur ε=ε1>0\varepsilon=\varepsilon_{1}>0 il se produit des coüneidences entre les racines (7). Donnons à ε\varepsilon cette valeur et soit Q4(x)Q_{4}(x) la polynome ϕ(x)\phi(x) correspondent. Le produit F1(x)=P(x).Q1(x)\mathrm{F}_{1}(x)=\mathrm{P}(x).\mathrm{Q}_{1}(x) jouit alors de la propriété que l’équation dérivée F(x)1=0\mathrm{F}^{\prime}{}_{1}(x)=0 a encore toutesses racines réelles. Les p1+p2++pσ1p_{1}+p_{2}+\cdots+p_{\sigma}-1 premières racines de cette équation coïncident avec les p1+p2++pσ1p_{1}+p_{2}+\ldots+p_{\sigma}-1 premières racines de l’équation (1) mais sa (p1+p2++pσ)ome \left(p_{1}+p_{2}+\ldots+p_{\sigma}\right)^{\text{ome }} racine est plus grande que la ( p1+p2++pσ)èmu \left.p_{1}+p_{2}+\ldots+p_{\sigma}\right)^{\text{èmu }} racine de (1).
20. Il y a une première valeur 0<ε2<ε10<\varepsilon_{2}<\varepsilon_{1} telle que si εε2\varepsilon\rightarrow\varepsilon_{2} certains des coefficients ξj\xi_{\mathrm{j}} deviennent infinis. Dans ce cas, en faisant tendre ε\varepsilon vers ε2\varepsilon_{2}, les inégalités (7) se maintiennent mais certaines desracines αμ(μ>σ)\alpha^{\prime}\mu(\mu>\sigma) tendent vers l’infini. Par ce passage à la limite on trouve un polynome Q(x)Q^{*}(x) de degré plus petit que mm tel que si F(x)=P(x)Q(x)\mathrm{F}^{*}(x)=\mathrm{P}(x)\cdot\mathrm{Q}^{*}(x) l’équation F(x)=0\mathrm{F}^{*\prime}(x)=0 ait toutes ses racines réelles

Remarquons que nous sommes encore dans ce cas si ε1\varepsilon_{1} n’existepas, alors ε2\varepsilon_{2} peut être égal à ++\infty.
4. - Si pour le polynome F1(x)\mathrm{F}_{1}(x) on a encore sks\geq k nous répétons sur ce polynome le procédé employé. Nous devons arriver finalement à la propriété suivante

Si on a sks\geq k les trois cas suivants peuvent se présenter :
10. On tombe sur un polynome du type F(x)\mathrm{F}(x) pour lequel s<k\mathrm{s}<k_{\text{a }}.
2. On tombe sur un polynome du type F(x)=P(x)Q(x)\mathrm{F}^{*}(x)=\mathrm{P}(x)\cdot\mathrm{Q}^{*}(x)Q(x)\mathrm{Q}^{*}(x) est de degré < m.
33^{\circ}. On tombe sur un polynome du type F1(x)\mathrm{F}_{1}(x) pour lequel la plus : petite racine de l’équation dérivée F1(x)=0\mathrm{F}_{1}^{\prime}(x)=0 est plus grande que α1\alpha_{1}.

Le cas 303^{0} veut dire qu’on arrive à σ=1\sigma=1. En effet, si aucun des cas 10,20,301^{0},2^{0},3^{0} n’arrive par pour F1(x)\mathrm{F}_{1}(x) nous répétons le procédé en déduisant de F1(x)\mathrm{F}_{1}(x) un F2(x)\mathrm{F}_{2}(x), de F2(x)\mathrm{F}_{2}(x) un F3(x)\mathrm{F}_{3}(x), et ainsi de suite. Si nousn’arrivons pas à démontrer la propriété après un nombre fini de tellesopérations, nous considérons la suite infinie F1(x),F2(x),,Fν(x),\mathrm{F}_{1}(x),\mathrm{F}_{2}(x),\ldots,\mathrm{F}_{\nu}(x),\ldots

Faisant ν\nu\rightarrow\infty nous arrivons à une équation limite Fω(x)=0\mathrm{F}_{\omega}(x)=0 du même t ype. Si Fω(x)\mathrm{F}_{\omega}(x) ne vérifie pas la propriété nous recommençons le procédé sur ce polynome et ainsi de suite transfiniment. Nous formons ainsi un ensemble de polynomes du type F(x)F(x) tel qu’aucun ne vérifie la propriété. Il y a un ensemble correspondant formé par les premières racines des équations dérivées, un autre ensemble formé par les secondes racines des équations dérivées ,… etc. Un de ces ensembles est non borné (supérieurement) d’après la définition même de l’ensemble des polynomes du type F(x)\mathrm{F}(x). Or ceci est en contradiction avec l’hypothèse qu’on n’arrive pas au cas 202^{0}.

La propriété est donc démontrée.
5. - A l’aide de ces observations nous pouvons démontrer maintenant la propriété suivante

S’il existe un polynome Q(x)Q(x) (de degré mm ) tel que la dérivée de l’équation P(x),Q(x)=0\mathrm{P}(x),\mathrm{Q}(x)=0 ait toutes ses racines réelles, il existe certainement un polynome R(x)\mathrm{R}(x) (de degré m\leq m ) tel que la dérivée de l’équation P(x)R(x)=0\mathrm{P}(x)\cdot\mathrm{R}(x)=0 ait toutes ses racines réelles dont au plus k+r1k+r-1 distinctes.

Dans le cas 101^{0} la propriété est démontrée.
Dans le cas 303^{0} on continue le procédé. En raisonnant comme plus haut on voit qu’on doit arriver à 101^{0} ou 909^{0}.

Dans le cas 202^{0} on a abaissé le degré du polynome Q(x)Q(x) et on combine alors la démonstration avec un raisonnement d’induction complète en remarquant que si m=0m=0 on est toujours dans le cas 101^{0} puisqu’alors sμ=1spμ=nν=1rqν+r1=k1s\leq\sum_{\mu=1}^{s}p_{\mu}=n-\sum_{\nu=1}^{r}q_{\nu}+r-1=k-1.

La propriété est donc complètement démontrée.
6. - N’oublions pas que nous avons supposé qu’aucune des : racines αμ\alpha_{\mu} ne coïncide avec une racine βν\beta_{\nu}. Dans le cas contraire γ nous modifions les polynomes P(x)\mathrm{P}(x) et Q(x)Q(x). Si par exemple αμ=βν\alpha_{\mu}=\beta_{\nu}, F(x)\mathrm{F}(x) est divisible par (xβν)qν+pμ\left(x-\beta_{\nu}\right)^{q_{\nu}+p_{\mu}} donc Q(x)Q(x) par (xβν)pμ\left(x-\beta_{\nu}\right)^{p_{\mu}}. Nous écrivons (xβν)pμP(x)\left(x-\beta_{\nu}\right)^{p_{\mu}}\mathrm{P}(x) au lieu de P(x)\mathrm{P}(x) et nous prenons pour Q(x)\mathrm{Q}(x) son quotient par (xβν)pμ\left(x-\beta_{\nu}\right)^{p_{\mu}}. Nous faisons ce changement pour chaque couple αμ,βν\alpha_{\mu},\beta_{\nu} coincidant et chaque fois que cela arrive. Remarquons que : les nombres kk et rr ne changent pas par cette modification. On en déduit que la propriété est tout à fait générale.

Notons encore que, sans préciser la nature des zéros du polynome P(x)\mathrm{P}(x), nous pouvons énoncer la propriété suivante,

S’il existe ur polynome Q(x)\mathrm{Q}(x) tel que la dérivée de l’équationP(x)Q(x)=0\mathrm{P}(x)\cdot\mathrm{Q}(x)=0 ait toutes ses racines réelles, il existe certainement un polynome R(x)\mathrm{R}(x) tel que la dérivée de l’équation P(x).R(x)=0\mathrm{P}(x).\mathrm{R}(x)=0 ait toutes ses racines réelles dont au plus n1n-1 distinctes.

II.

Etude d’un cas particulier.

%. - Considérons un polynome de la forme

F(x)=(xc)p[(xc)2+d2]Q(x)F(x)=(x-c)^{p}\left[(x-c)^{2}+d^{2}\right]Q(x)

Q(x)Q(x) étant un autre polynome, c,d0c,d\neq 0 des constantes réelles et pp un entier positif.

Nous nous proposons de démontrer que,
L’équation dérivée F(x)=0\mathrm{F}^{\prime}(x)=0 ne peut avoir toutes ses racines réelles.

Remarquons d’abord que la propriété est indépendante des valeurs des constantes cc et dd puisqu’une transformation réelle et linéaire n’influe pas sur la realité des racines de la dérivée.

Pour démontrer la propriété supposons le contraire. Il existe alors un polynome Q(x)Q(x) de degré mm

Q(x)=xm+a1xm1++amQ(x)=x^{m}+a_{1}x^{m-1}+\ldots+a_{m}

tel que la dérivée du polynome F(x)=xp(x2+1)Q(x)F(x)=x^{p}\left(x^{2}+1\right)\cdot Q(x) soit de la forme

F(x)=Cxp1(xα1)p1(xα2)p2(xαs)ps(C=m+p+2)\mathrm{F}^{\prime}(x)=\mathrm{C}x^{p-1}\left(x-\alpha_{1}\right)^{p_{1}}\left(x-\alpha_{2}\right)^{p_{2}}\ldots\left(x-\alpha_{s}\right)^{p_{s}}\quad(\mathrm{C}=m+p+2)

où, pμ1,μ=1,2,,s,p1+p2++ps=m+2p_{\mu}\geq 1,\mu=1,2,\ldots,s,p_{1}+p_{2}+\ldots+p_{s}=m+2 et α1,α2,\alpha_{1},\alpha_{2},\ldots
αs\alpha_{s} sont réels, distincts et différents de zéro. Nous pouvons supposer que α1\alpha_{1} est positif et que les autres αμ\alpha_{\mu} sont tous négatifs ou positifs et plus grands que α1\alpha_{1}. Nous fixons deux de ces racines αγ\alpha_{\gamma} et αδ\alpha_{\delta}. Si p1>1p_{1}>1 nous prenons γ=1,δ=2\gamma=1,\delta=2 et si p1=1p_{1}=1 nous prenons γ=3\gamma=3, δ=2\delta=2.
8. - Supposons s>1s>1. Introduisons à la place de Q(x)Q(x) le polynome

ϕ(x)=xm+ξ1xm1++ξm\phi(x)=x^{m}+\xi_{1}x^{m-1}+\ldots+\xi_{m}

à coefficients variables et posons Φ(x)=(xε)p[(xε)2+1]ϕ(x),ε\Phi(x)=(x-\varepsilon)^{p}\left[(x-\varepsilon)^{2}+1\right]\phi(x),\varepsilon étant un nombre positif.

Déterminons le polynome ϕ(x)\phi(x) par les conditions
(8) Φ(jμ)(αμ)=0,jμ=1,2,,pμ1,μ=γ,δ\quad\Phi^{\left(j_{\mu}\right)}\left(\alpha_{\mu}\right)=0,\quad j_{\mu}=1,2,\ldots,p_{\mu}-1,\mu=\gamma,\delta\quad (aucun si pμ=1p_{\mu}=1 ) jμ=1,2,,pμj_{\mu}=1,2,\ldots,p_{\mu} pour tous les μ\mu différents de γ\gamma et δ\delta, qui est un système linéaire par rapport aux mm inconnues ξ1,ξ2,,ξm\xi_{1},\xi_{2},\ldots,\xi_{m}. Désignons par D(ε)D(\varepsilon) le déterminant de ce système.
9. - Supposons d’abord D(0)=0(1)D(0)=0(1). Le système (8) est indéterminé. Il existe donc deux polynomes distincts ϕ1(x),ϕ2(x)\phi_{1}(x),\phi_{2}(x) tel que si Φ1(x)=xp(x2+1)ϕ1(x),Φ2(x)=xn(x2+1)ϕ2(x)\Phi_{1}(x)=x^{p}\left(x^{2}+1\right)\phi_{1}(x),\Phi_{2}(x)=x^{n}\left(x^{2}+1\right)\phi_{2}(x), les polynomes Φ1(x),Φ2(x)\Phi_{1}^{\prime}(x),\Phi_{2}^{\prime}(x) soient tous les deux divisibles par F(x)(xαγ)(xαδ)\frac{\mathrm{F}^{\prime}(x)}{\left(x-\alpha_{\gamma}\right)\left(x-\alpha_{\delta}\right)}. Si nous formons la difference Φ3(x)=xp(x2+1)\Phi_{3}(x)=x^{p}\left(x^{2}+1\right). [ ϕ1(x)ϕ2(x)\phi_{1}(x)-\phi_{2}(x) ] nous voyons que le polynome Φ(x)3\Phi^{\prime}{}_{3}(x) de degré <m+p+1<m+p+1 est divisible par le polynome F(x)(xαγ)(xαδ)\frac{\mathrm{F}^{\prime}(x)}{\left(x-\alpha_{\gamma}\right)\left(x-\alpha_{\delta}\right)} de degré m+p1m+p-1. Il en résulte que Φ3(x)\Phi_{3}(x) a tous ses zéros réels.

Le problème est ainsi réduit au caş où le degré m du polynome Q(x)\mathrm{Q}(x) est devenu plus petit.
10. - Supposons maintenant que D(0)0D(0)\neq 0. Alors ξ1,ξ2,ξm\xi_{1},\xi_{2},\ldots\xi_{m} seront des fonctions continues de ε\varepsilon dans le voisinage de ε=0\varepsilon=0 et se réduisent respectivement à a1,a2,,ama_{1},a_{2},\ldots,a_{m} pour ε=0\varepsilon=0. L’équation Φ(x)=0\Phi^{\prime}(x)=0 aura les racines α1,α2,,αs\alpha_{1},\alpha_{2},\ldots,\alpha_{s} avec l’ordre de multiplicité indiqué par (8) et en outre deux racines αγ,αδ\alpha_{\gamma}^{\prime},\alpha_{\delta}^{\prime} qui sont continues en ε\varepsilon pour les valeurs suffisamment petites de ε\varepsilon et se réduisent à αγ\alpha_{\gamma} et αδ\alpha_{\delta} pour ε=0\varepsilon=0.

Faisant croître ε\varepsilon à partir de la valeur 0 les cas suivants peuvent se présenter,
10. αγ,αδ\alpha_{\gamma}^{\prime},\alpha_{\delta}^{\prime} restent distincts, donc réels, jusqu’à ce que ε\varepsilon coïncide avec α1\alpha_{1}.
202^{0}. Il existe une valeur 0<ε1<α10<\varepsilon_{1}<\alpha_{1} tel que pour ε=ε1\varepsilon=\varepsilon_{1} les racines αγ,αδ\alpha_{\gamma}^{\prime},\alpha_{\delta}^{\prime} coïncident.
30. Il existe une valeur 0<ε2<ε10<\varepsilon_{2}<\varepsilon_{1} tel que pour εε2\varepsilon\rightarrow\varepsilon_{2} au moins une des racines α,γαδ\alpha^{\prime}{}_{\gamma},\alpha^{\prime}{}_{\delta} tend vers infini.

Dans le cas 101^{0} en faisant croître ε\varepsilon jusqu’à α4\alpha_{4} on a rédait le problème au cas où pp est remplacé par p+p1p+p_{1} et mm pari mp1m-p_{1}.

00footnotetext: (1) Il importe peu ici, comme dans la suite, que ce cas puisse ou nor arriver effectivement.

Dans le cas 33^{\circ} en faisant εε2\varepsilon\rightarrow\varepsilon_{2} on réduit le prob’ème au cac où, pp restant fixe, le degré du polynome ϕ(x)\phi(x) devient <m<m.

Dans le cas 2a2^{a}, en appliquant une transformation linéaire, on voit qu’il existe un polynome F1(x)=xp(x2+1)Q1(x)\mathrm{F}_{1}(x)=x^{p}\left(x^{2}+1\right)\mathrm{Q}_{1}(x) du même type, Q1(x)Q_{1}(x) étant encore de degré mm mais le plus petit zéro positif de loc dérivée F(x)1\mathrm{F}^{\prime}{}_{1}(x) est plus petit que α1\alpha_{1}.
11. - On voit donc que ce procédé de réduction nous conduit. aux quatre cas suivants,
11^{\circ}. On arrive au cas où s=1s=1.

33^{\circ}. On arrive a faire croître l’exposant pp et à faire diminuer, en même temps, le degré du polynome Q(x)Q(x).
44^{\circ}. On arrive à un polynome Q(x)Q(x)α1\alpha_{1} et devenu plus petit.
Dans le cas 404^{0} nuus répétons le procédé et un raisonnement analogue à celui employé dans le No 5 nous montre alors qu’il faut quenous tombions sur 10,201^{0},2^{0}, ou 303^{0}.

Finalement, en raisonnant par récurrence, on voit que la propriétésera prouvée si nous faisons la démonstration dans les trois cas suivants

  1. 1.

    m=0m=0,

  2. 2.

    s=1s=1.

  3. 3.

    s2,p1=1s\curvearrowleft 2,p_{1}=1.

  4. 4.
    • Achevons maintenant la démonstration en discutant les trois derniers cas.

Dans le premier cas F(x)=xp(x2+1)\mathrm{F}(x)=x^{p}\left(x^{2}+1\right) et l’équation

F(x)=xp1[(p+2)x2+p]=0F^{\prime}(x)=x^{p-1}\left[(p+2)x^{2}+p\right]=0

a évidemment des racines imaginaires.
Dans le second cas il faut que le système de m+1m+1 équations

F(i)(α1)=0,j=1,2,,m+1,\mathrm{F}^{(i)}\left(\alpha_{1}\right)=0,\quad j=1,2,\ldots,m+1, (9)

linéaires par rapport aux mm coefficients a1,a2,,ama_{1},a_{2},\ldots,a_{m} soit compatible.
Le déterminant de ce système est le déterminant de Wronskis 𝐖(f1,f2,,fm+1)\mathbf{W}\left(f_{1},f_{2},\ldots,f_{m+1}\right) relatif aux fonctions

fj+1=[xp+j(x2+1)],j=0,1,2,,m,f_{j+1}=\left[x^{p+j}\left(x^{2}+1\right)\right]^{\prime},\quad j=0,1,2,\ldots,m,

calculées pour x=α1x=\alpha_{1}.
Posons

g1=1xp(x2+1) et gi+2=xj,j=0,1,2,,mg_{1}=\frac{1}{x^{p}\left(x^{2}+1\right)}\quad\text{ et }\quad g_{\mathrm{i}+2}=x^{j},\quad j=0,1,2,\ldots,m

aalors

fj+1=(gj+2g4),j=0,1,2,,m.f_{j+1}=\left(\frac{g_{j+2}}{g_{4}}\right)^{\prime},\quad j=0,1,2,\ldots,m.

On connait la relation ( 2 )

1g1m+2W(g1,g2,,gm+2)=W[(g2g1),(g3g1),,(gm+2g1)]\frac{1}{g_{1}^{m+2}}\mathrm{\penalty 10000\ W}\left(g_{1},g_{2},\ldots,g_{m+2}\right)=\mathrm{W}\left[\left(\frac{g_{2}}{g_{1}}\right)^{\prime},\left(\frac{g_{3}}{g_{1}}\right)^{\prime},\ldots,\left(\frac{g_{m+2}}{g_{1}}\right)\right]

Me second membre étant précisement le déterminant du système (9).
Nous trouvons facilement que W(g1,g2,,gm+2)\mathrm{W}\left(g_{1},g_{2},\ldots,g_{m+2}\right), à un facteur numérique près, est égal à

Dp,m+1=|1xp(x2+1)|(m+1)\mathrm{D}_{p,m+1}=\left|\frac{1}{x^{p}\left(x^{2}+1\right)}\right|^{(m+1)}

Supposons d’abord p=1p=1. Si nous posons x=cotgθx=\operatorname{cotg}\theta nous déduissons par un calcul simple

D1,k=(1)kk!(tgθ)k+1[1cosk+1θcos(k+1)θ].D_{1,k}=(-1)^{k}k!(\operatorname{tg}\theta)^{k+1}\left[1-\cos^{k+1}\theta\cos(k+1)\theta\right].

On voit done que

(1)kD1,k>0,\displaystyle(-1)^{k}\mathrm{D}_{1,k}>0, pour x>0\displaystyle\text{ pour }x>0
D1,k>0,\displaystyle-\mathrm{D}_{1,k}>0, pour x<0.\displaystyle\text{ pour }x<0.

Remarquons maintenant que

Dp,k=|1xp11x(x2+1)|(k)=v=0k(kv)(1xp1)(ν)D1,kv\mathrm{D}_{p,k}=\left|\frac{1}{x^{p-1}}\frac{1}{x\left(x^{2}+1\right)}\right|^{(k)}=\sum_{v=0}^{k}\binom{k}{v}\left(\frac{1}{x^{p-1}}\right)^{(\nu)}\mathrm{D}_{1,k-v}

donc

(1)kDp,k>0, pour x>0(1)pDp,k>0, pour x<0\begin{array}[]{ll}(-1)^{k}\mathrm{D}_{p,k}>0,&\text{ pour }x>0\\ (-1)^{p}\mathrm{D}_{p,k}>0,&\text{ pour }x<0\end{array}

Le déterminant du système (9) ne peut donc être nul ce qui est cen contradiction avec la compatibilité du système.

Dans le troisième cas les conclusions sont les mêmes sauf qu’au Aieu de la racine α1\alpha_{1} nous prenons α2\alpha_{2} dans la formation du système (9).

La propriété est donc complètement démontrée.

00footnotetext: (2) Voir Pólya u. Szegő „Aufgaben und Lehrsälze aus der Analysis"

III.

Sur la distribution des racines des équations algébriques dont l’équation dérivée a toutes ses racines réelles.
13. - Considérons un polynome f(x)f(x) divisible par (x2+1)\left(x^{2}+1\right) et tel que f(x)=0f^{\prime}(x)=0 ait toutes ses racines réolles. De l’étude précédente résulte alors que l’équation f(x)=0f(x)=0 ne peut avoir de racines réelles tropaprochées de l’origine.

Supposons que
(10)

f(x)=(xc)(x2+1)g(x)f(x)=(x-c)\left(x^{2}+1\right)\cdot g(x)

cc est positif, g(x)g(x) un polynome de degré mm et f(x)=0f^{\prime}(x)=0 a toutes : ses racines réelles. La racine cc a alors un minimum positif que nous nous proposons de déterminer. Ce minimum, on peut l’établir facilement, est nécessairement atteint pour au moins un polynome g(x)g(x) de degré <m<m.

D’après la propriété générale, démontrée dans le § I (3), il suffit : d’examiner le cas où

f(x)= C. (xα)p(xβ)f^{\prime}(x)=\text{ C. }(x-\alpha)^{p}(x-\beta)^{\prime} (11)

α,β\alpha,\beta réels et p+q=m+2p+q=m+2.
Nous écrivons encore Φ(x)=(xc+ε)(x2+1)ϕ(x)\Phi(x)=(x-c+\varepsilon)\left(x^{2}+1\right)\phi(x) avec ε>0\varepsilon>0 m ϕ(x)=xm+ξ1xm1++ξm\phi^{\prime}(x)=x^{m}+\xi_{1}x^{m-1}+\ldots+\xi_{m} et nous posons les conditions

Φ(ν)(α)=0,ν=1,2,3,,p1Φ(μ)(β)=0,μ=1,2,3,,q1.\begin{array}[]{ll}\Phi^{(\nu)}(\alpha)=0,&\nu=1,2,3,\ldots,p-1\\ \Phi^{(\mu)}(\beta)=0,&\mu=1,2,3,\ldots,q-1.\end{array}

Cie système nous montre, exactement comme plus haut, que si αβ\alpha\neq\beta ou bien on peut diminuer la racine cc, ou bien il existe un polynome Φ(x)\Phi(x) avee ε=0\varepsilon=0 et ϕ(x)\phi(x) de degré <m<m tel que Φ(x)=0\Phi^{\prime}(x)=0 ait encore toutes ses racines réelles.

Un raisonnement par récurrence nous montre donc que le minimum de la racine e sera déterminé par les polynomes de la forme (10),. (11) pour lesquels α=β\alpha=\beta.
14. - Ces polynomes sont de la forme
(12)

f(x)=(xα)n+Af(x)=(x-\alpha)^{n}+A

α\alpha, A étant doux constantes réelles. Il faut écrire que f(x)f(x) est divisible
(3) On peut éviter l’emploi de cette propriété. Nous en tenons compte uniquement pour simplifier l’exposé.
par ( x2+1x^{2}+1 ). En posant α=cotgθ\alpha=\operatorname{cotg}\theta on trouve

sinnθ=0,A=(1)ncosnθ(sinθ)n\sin n\theta=0,\quad A=-\frac{(-1)^{n}\cos n\theta}{(\sin\theta)^{n}}

d’où les n1n-1 solutions

α=cotgvπn,A=(1)n+v(sinvπn)nv=1,2,,n1\alpha=\operatorname{cotg}\frac{v\pi}{n},\quad A=-\frac{(-1)^{n+v}}{\left(\sin\frac{v\pi}{n}\right)^{n}}\quad v=1,2,\ldots,n-1

Il faut maintenant distinguer deux cas.
Si nn est pair l’équation f(x)=0f(x)=0 n’a des racines réelles que si ν\nu est pair aussi et les racines sont alors

cotgvπ2n,tgvπ2n,v=2,4,,n2\operatorname{cotg}\frac{v\pi}{2n},\quad-\operatorname{tg}\frac{v\pi}{2n},\quad v=2,4,\ldots,n-2

La plus petite racine positive est cotg(n2)π2n=tgπn\operatorname{cotg}\frac{(n-2)\pi}{2n}=\operatorname{tg}\frac{\pi}{n} et la plus grande racine négative, comme il était à prévoir par raison de simétrie, est égale à tgπn-\operatorname{tg}\frac{\pi}{n}.

Si nn est impair l’équation f(x)=0f(x)=0 a toujours une racine réelle qui est

cotgvπ2n pour v impair, tgvπ2n pour v pair. \operatorname{cotg}\frac{v\pi}{2n}\text{ pour }v\text{ impair, }-\operatorname{tg}\frac{v\pi}{2n}\quad\text{ pour }v\text{ pair. }

La plus petite racine positive est encore lgπn\lg\frac{\pi}{n} et la plus grande racine négative tgπn-\operatorname{tg}\frac{\pi}{n}.

Finalement donc, en tenant compte aussi d’une transformation linéaire, nous arrivons au théorème suivant

Si l’équation dérivée f(x)=0f^{\prime}(x)=0 d’une équation algébrique de de degré nn a toutes ses racines réelles et si l’équation f(x)=0f(x)=0 a un couple de racines imaginaires conjuguées a ±ib\pm ib, cette équation ne peut avoir aucune racine réelle dans l’intervalle

(abtgπn,a+btgπn)\left(a-b\operatorname{tg}\frac{\pi}{n},\quad a+b\operatorname{tg}\frac{\pi}{n}\right)

Les limites ne sont atteintes respectivement que pour les équations

f(x)=G|(xa±bcotg2πn)n(±b)n(sin2πn)n|=0f(x)=G\cdot\left|\left(x-a\pm b\operatorname{cotg}\frac{2\pi}{n}\right)^{n}-\frac{(\pm b)^{n}}{\left(\sin\frac{2\pi}{n}\right)^{n}}\right|=0

C étant une constante.
15. – Nous allons restreindre maintenant le problème en imposant au polynome g(x)g(x) de la formule (10) la condition d’avoir lui aussi tous ses zéros réels.

Considérons donc le polynome

f(x)=(x2+1)(xc)(xα1)p1(xα2)p2(xαs)ps\displaystyle f(x)=\left(x^{2}+1\right)(x-c)\left(x-\alpha_{1}\right)^{p_{1}}\left(x-\alpha_{2}\right)^{p_{2}}\cdots\left(x-\alpha_{s}\right)^{p_{s}} (13)
p1+p2++ps+3=n\displaystyle p_{1}+p_{2}+\cdots+p_{s}+3=n

où, p1,p2,,ps1,c>0,α1,α2,,αsp_{1},p_{2},\ldots,p_{s}\geq 1,c>0,\alpha_{1},\alpha_{2},\ldots,\alpha_{s} sont réels, distincts et tous négatifs et plus grands que cc. Enfin l’équation dérivée f(x)=0f^{\prime}(x)=0 a toutes ses racines réelles.

La racine cc a encore un minimum qui est évidemment atteint et qui (sauf pour n=3n=3 ou 4) est plus grand que le minimum obtenu dans le problème plus général, puisque les polynomes (12) ne peuvent avoir plus de deux zéros réels. L’existence d’au moins un polynome de la forme (13) resultera d’ailleurs, comme dans le problème précédent, de la construction même du polynome donnant ce minimum.

  • Nous allons chercher à déterminer ce minimum.

L’équation dérivée f(x)=0f^{\prime}(x)=0 a d’abord ns3n-s-3 racines communes avec f(x)=0f(x)=0 et en plus s+2s+2 racines distinctes de cc et des αν\alpha_{\nu}. De ses dernières ss sont certainement distincte et séparées par cc et les αν\alpha_{\nu}. Ces s+2s+2 racines peuvent donc présenter les configurations suivantes
101^{0}. Toutes sont distinctes.
22^{\circ}. Une est une racine double.
33^{\circ}. Deux sont des racines doubles.
404^{0}. Une est une racine triple.
Dans le cas 101^{0} le polynome (13) ne donne évidemment pas le minimum puisqu’on peut diminuer un peu la valeur de cc de manière que, par suite de la continuité, la réalité de zéros de l’équation dérivée ne souffre pas de changement.

Il en est de même dans le cas 33^{\circ} puisqu’aucun couple de racines doubles ne peut devenir un couple de racines imaginaires conjuguées, en vertu du théorème de Rolle ( 4 ).

Dans le cas 202^{0} soit β\beta la racine double et posons

f(x)=(xα1)h(x)f(x)=\left(x-\alpha_{1}\right)h^{\prime}(x)

Nous avons

[h(x)x]x=βx1h(x)]x=β=0.\left.[h(x)x]_{x=\beta}^{\prime}-x_{1}^{\prime}h(x)\right]_{x=\beta}^{\prime}=0. (14)

(4) Dans ce cas, les s+2s+2 racines en question se réduisent à ss racimes distinctes qui sont séparées par les racines de l’équation f(x)=0f(x)=0.

Le coefficient de α1\alpha_{1} n’est pas nul puisqu’autrement l’autre terme adevrait aussi être nul, donc h(β)=0h(\beta)=0, ce qui est impossible car nous savons que f(β)0f(\beta)\neq 0.

On peut donc diminuer cc et déterminer la valeur correspondante α1\alpha_{1}^{\prime} de α1\alpha_{1} par l’équation (14) de manière que si f1(x)h(x)(xα1)f_{1}(x)\curvearrowleft h(x)\left(x-\alpha_{1}^{\prime}\right), ce polynome soit encore de la forme (13).

Il en résulte que le minimum de la racine c ne peut être atteint que si f(x)=0af^{\prime}(x)=0a, en dehors des zéros communs avec f(x)=0f(x)=0, une racine triple.
16. - Supposons donc que l’équation dérivée ait une racine triple, distincte des racines de l’équation primitive et supposons aussi que s2s\geq 2. Posons

f(x)=h(x)(xα1)(xα2),(xα1)(xα2)=x2+Ax+Bf^{\prime}(x)=h(x)\left(x-\alpha_{1}\right)\left(x-\alpha_{2}\right),\quad\left(x-\alpha_{1}\right)\left(x-\alpha_{2}\right)=x^{2}+\mathrm{A}x+\mathrm{B}

set désignons par β\beta la racine triple en question.
Le système en AA et BB

[h(x)x2]x=β+Axh(x)x]x=β+B[h(x)]x=β=0\displaystyle\left.\left[h(x)x^{2}\right]_{x=\beta}^{\prime}+\mathrm{A}_{x}^{\prime}h(x)x\right]_{x=\beta}^{\prime}+\mathrm{B}[h(x)]_{x=\beta}^{\prime}=0 (15)
[h(x)x2]′′+x=βA[h(x)x]x=β′′+B[h(x)]x=β′′=0\displaystyle{\left[h(x)x^{2}\right]^{\prime\prime}{}_{x=\beta}+\mathrm{A}[h(x)x]_{x=\beta}^{\prime\prime}+\mathrm{B}[h(x)]_{x=\beta}^{\prime\prime}=0}

est alors compatible par construction. Si son déterminant est 0\neq 0, on de voit immédiatement, on peut diminuer la valeur de cc.

Si le déterminant de ce système est nul la seconde équation est une conséquence de la première. Il existe donc une infinité de valeurs A1,B1A_{1},B_{1} voisines de A,BA,B vérifiant le système (15). Prenons un système de telles valeurs A1,B1A_{1},B_{1} et posons

f1(x)=h(x)(x2+A1x+C1)f_{1}(x)=h(x)\left(x^{2}+\mathrm{A}_{1}x+\mathrm{C}_{1}\right)

On voit que le polynome

f1(x)f(x)=h(x)[(A1A)x+(B1B)]f_{1}(x)-f(x)=h(x)\left[\left(\mathrm{A}_{1}-\mathrm{A}\right)x+\left(\mathrm{B}_{1}-\mathrm{B}\right)\right]

est de la forme (13), est de degré n1n-1 ou n2n-2 et sa dérivée a tous ses zéros réels. Le zéro β\beta est en ϵ\epsilon ffet au moins double et ce zéro ne peut appartenir au polynome primitif puisque hβ)0\left.h^{\prime}\beta\right)\neq 0.

En completant donc la démonstration par un raisonnement par récurrence on voit que le minimum de c ne peut être atteint par un polynome de la forme (13) pour lequel s>1s>1.

Remarquons que la démonstation précédente exclut le cas s=0s=0, donc le cas où

f(x)=(x2+1)(xc)n2f(x)=\left(x^{2}+1\right)(x-c)^{n-2}
  1. 74.

    Dans ce cas la dérivée n’a que deux zéros différents de cc et ile est clair que le minimum ne peut avoir lieu que si ces deux racines : coïncident. Ce cas d’ailleurs est compris dans le cas 101^{0} du No. précédent.

Finalement donc, le minimum de la racine c ne peut être donnê que par les polynomes de la forme

f(x)=(x2+1)(xc)(xd)qqn3f(x)=(x+1)(xc)rrn2\begin{array}[]{ll}f(x)=\left(x^{2}+1\right)(x-c)(x-d)^{q}&q\leq n-3\\ f(x)=(x+1)(x-c)^{r}&r\leq n-2\end{array}

dont la dérivée a un zéro triple différent de cc et d ou, pour le second, un zéro double différènt de c.
17. - Prenons d’abord le polynome

f(x)=(x2+1)(x1)rf(x)=\left(x^{2}+1\right)(x-1)^{r}

Nous avons

f(x)=(xc)r1[(r+2)x23cx+r]f^{\prime}(x)=(x-c)^{r-1}\left[(r+2)x^{2}-3cx+r\right]

Les deux zéros de la dérivée sont égales si c=r(r+2)c=\sqrt{r(r+2)}. Nous : trouvons ainsi pour cc un minimum relatif égal à 3\sqrt{3}.

Examinons maintenant le cas

f(x)=(x2+1)(xc)(xd)qf(x)=\left(x^{2}+1\right)(x-c)(x-d)^{q}

Nous avons

f(x)=(xd)γ1𝔼(x)f^{\prime}(x)=(x-d)^{\gamma-1}\cdot\mathbb{E}(x)

E(x)=(q+3)x3[3d+(q+2)c]x2+(q+1+2cd)x(d+qc)\mathrm{E}(x)=(q+3)x^{3}-[3d+(q+2)c]x^{2}+(q+1+2cd)x-(d+qc).
Il faut donc déterminer cc et dd de manière que l’équation E(x)=0\mathrm{E}(x)=0 ait toutes ses racines confondues. Désignant par e cette racine on doit. avoir

3d+(q+2)c=3(q+3)eq+1+2cd=3(q+3)e2d+qc=(q+3)e3\begin{array}[]{r}3d+(q+2)c=3(q+3)e\\ q+1+2cd=3(q+3)e^{2}\\ d+qc=(q+3)e^{3}\end{array}

Eliminant dd et ee entre ces équations on trouve, en fais nt les calculs, que cc vérifie l’équation
(16)

2(q+2)3c2(c2+9)227(q+1)(q+4)2(c2+1)2=02(q+2)^{3}c^{2}\left(c^{2}+9\right)^{2}-27(q+1)(q+4)^{2}\left(c^{2}+1\right)^{2}=0

L’élimination de ee nous donne en effet

9d26cd+(q+2)2c23(q+3)(q+1)=03cd2+(q+2)c23(q+4)d(4q2+12q1)c=0\begin{gathered}9d^{2}-6cd+(q+2)^{2}c^{2}-3(q+3)(q+1)=0\\ 3cd^{2}+\left\lfloor(q+2)c^{2}-3(q+4)\right\rfloor d-\left(4q^{2}+12q-1\right)c=0\end{gathered}

d’où, en éliminant dd, nous obtenons la relation (16).
c étant supposé positif, l’équation (16) peut s’écrire

(q+2)2(q+2)c(c2+9)3(q+4)3(q+1)(c2+1)=0.(q+2)\sqrt{2(q+2)}c\left(c^{2}+9\right)-3(q+4)\sqrt{3(q+1)}\left(c^{2}+1\right)=0.

On vérifie immédiatement que cette équation, du troisième degré en cc, a une soule racine réelle et positive. Cette racîné décroît lorque qq croît. Il suffit en effet de remarquer que la fonction

(x+1)2x(x+9)2x>0\frac{(x+1)^{2}}{x(x+9)^{2}}\quad x>0

est décroissante et que le rapport

(q+2)3(q+1)(q+4)2q>0\frac{(q+2)^{3}}{(q+1)(q+4)^{2}}\quad q>0

croit avec qq.
Il en résulte donc que le minimum de la racine cc, pour les équations de degré nn, est égal à la racine positive de l’équation du. troisième degré

(n1)2(n1)x(x2+9)3(n+1)3(n2)(x2+1)=0(n-1)\sqrt{2(n-1)}x\left(x^{2}+9\right)-3(n+1)\sqrt{3(n-2)}\left(x^{2}+1\right)=0

Ce minimum décroît lorsque nn croît et lend, pour nn\rightarrow\infty, vers : a racine positive de l’équation

2x(x2+9)33(x2+1)=0\sqrt{2}x\left(x^{2}+9\right)-3\sqrt{3}\left(x^{2}+1\right)=0
  1. 18.
    • Nous pouvons donc énoncer les théorèmes suivants

Si l’équation dérivée f(x)=0f^{\prime}(x)=0 d’une équation algébrique de degré n a toutes ses racines réelles et si l’équation f(x)=0f(x)=0 a un seut coúple de racines imaginaires conjuguées a±iba\pm ib, cette équation ne peut avoir aucune racine dans l’intervalle

(aλnb,a+λnb)\left(a-\lambda_{n}b,\quad a+\lambda_{n}b\right)

χn\chi_{n} est la racine réelle et positive de l’équation

(n1)2(n1)x(x2+9)3(n+1)3(n2)(x2+1)=0(n-1)\sqrt{2(n-1)}x\left(x^{2}+9\right)-3(n+1)\sqrt{3(n-2)}\left(x^{2}+1\right)=0

Les limites ne sont atteintes que pour les équations
[(xa)2+b2](x±λn)(x±μn)n3=0\left[(x-a)^{2}+b^{2}\right]\left(x\pm\lambda_{n}\right)\left(x\pm\mu_{n}\right)^{n-3}=0, (les signes se correspondent)

μn=λn[(n1)2λ2n+3(3n210n1)]3(n+1)(3λ2n).\mu_{n}=-\lambda_{n}\frac{\left[(n-1)^{2}\lambda^{2}n+3\left(3n^{2}-10n-1\right)\right]}{3(n+1)\left(3-\lambda^{2}n\right)}.

Si l’équation dérivée f(x)=0f^{\prime}(x)=0 d’une équation algébrique a toutes ses racines réelles et si l’équation f(x)=0f(x)=0 a un seul couple de
racines imaginaires coniuquées a ±ib\pm ib cette équation ne peut avoir -aucune racine dans l’intervalle

(aλb,a+λb)(a-\lambda b,\quad a+\lambda b)

λ\lambda est la racine réelle et positive de l’équation

2x(x2+9)33(x2+1)=0\sqrt{2}x\left(x^{2}+9\right)-3\sqrt{3}\left(x^{2}+1\right)=0

Les limites ne sont jamais atteintes, mais λ\lambda ne peut être remplacé par aucun autre nombre plus grand.

Ce nombre λ\lambda est voisin de 0,5 . Plus exactement, il est compris entre 0,4946 et 0,4947 .
19. - On peut encore chercher, dans ce dernier problème, le minimum d’une racine d’ordre donné pp de multiplicité. On trouve encore, «par un raisonnement analogue, que ce minimum est donné par le polynome

f(x)=(x2+1)(xc)p(xd)np2f(x)=\left(x^{2}+1\right)(x-c)^{p}(x-d)^{n-p-2}

déterminé de manière que l’équation dérivée f(x)=0f^{\prime}(x)=0 ait une racine driple différent de cc et dd.

En désignant encore par e cette racine triple on doit avoir

(p+2)d+(np)c=3nen2+2cd=3ne2pd+(np2)c=ne3\begin{array}[]{r}(p+2)d+(n-p)c=3\mathrm{n}e\\ n-2+2cd=3ne^{2}\\ pd+(n-p-2)c=ne^{3}\end{array}

Eliminant dd et ee on trouve une équation du troisième degré en c2c^{2} donnant le minimum de cette racine cc. Si on fait les calculs on trouve encore que ce minimum décroit lorsque nn croit et tend, pour nn\rightarrow\infty, vers une certaine limite λ(p)\lambda^{(p)}. On peut déterminer ce nombre λ(p)\lambda^{(p)} de la manière suivante : Dans les équations (17) on remplace dd par nd, on divise ces équations par nn et on fait ensuite nn\rightarrow\infty. On obtient ainsi

(p+2)d+c=3e1+2cd=3e2pd+c=e3\begin{array}[]{r}(p+2)d+c=3e\\ 1+2cd=3e^{2}\\ pd+c=e^{3}\end{array}

Eliminant dd et ee on trouve que λ(p)\lambda^{(p)} est la racine positive de d’équation

2x6+3(5p2)x4+6(4p2+13p+1)x2(p+2)(4p1)2=02x^{6}+3(5p-2)x^{4}+6\left(4p^{2}+13p+1\right)x^{2}-(p+2)(4p-1)^{2}=0

Cette racine est toujours compris entre p213\sqrt{\frac{p}{2}-\frac{1}{3}} et p214\sqrt{\frac{p}{2}-\frac{1}{4}}\ldots On peut même montrer que, si p>5,λ(p)p>5,\lambda^{(p)} est compris entre p213\sqrt{\frac{p}{2}-\frac{1}{3}} et p2516\sqrt{\frac{p}{2}-\frac{5}{16}}. Nous avons donc, dans ce cas, la valeur de λ(p)\lambda(p) avecune erreur plus petite que

135162p2131965213<1100\frac{\frac{1}{3}-\frac{5}{16}}{2\sqrt{\frac{p}{2}-\frac{1}{3}}}\leq\frac{1}{96\sqrt{\frac{5}{2}-\frac{1}{3}}}<\frac{1}{100}
1935

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