1931 a -Popoviciu- Mathematica - Sur les suites de polynomes
SUR LES SUITES DE POLYNOMES
par
T. Popoviciu
Ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure de Paris
Reçue le 4 décembre 1980.
M. R. Lagrange dans un mémoire paru dans les „Acta Mathematica." ^((1)){ }^{(1)} a etudié les suites de nombres d'un point de vue algébrique. Il en a fait des applications pour certaines suites de polynomes. Dans: le présent travail, nous allons compléter "l'algèbre des suites de nombres" par une "algèbre des suites de polynomes". Nous aborderons dansd'autres mémoires les applications.
Nous ne donnons que des définitions et des résultats. Les démonstrations conduisent souvent à des calculs un peu longs mais neprésentant aucune difficulté.
Définition diune suite de polynomes. Considérons une suite do: polynomes en xx
pris dans un ordre bien déteminé. Cet ordre est caractérisé par le: nombre nn qui est l'indice ou le rang du polynome P_(n)\mathbb{P}_{n}. Désignons parp(n)p(n) le degré du polynome P_(n)\mathrm{P}_{n}. Si P_(n)\mathrm{P}_{n}, est identiquement nul, nous sup-posons que p(n)p(n) a une valeur négative aussi grande qu'on veut. Lat différence
est l'ordre du polynome P_(n)\mathrm{P}_{n}. Si p(n) < 0p(n)<0, donc si. P_(n)^(')\mathrm{P}_{n}^{\prime} est identiquement. nul nous disons qu'il esti d'ordre - oo\infty.
Si les ordnes de tous les éléments d'une suite sont égaux à -oo-\infty, nous disons que cette suite est la suite nulle. Pour toutes les autres suites les ordres des éléments ont une limite supérieure mm finie ou infinie. Si mm est fini nous disons que la suite est d'ordre fini mm. Dans;
(1) R. Lagrange. „Mémoire sur les suites de polynomes" Acla. Math. 51 (1928), p. 201..
ce cas la suite (1) possède au moins un élément d'ordre mm. Nous appelons indice caractéristique la plus petite valeur de nn pour lequel
p(n)-n=mp(n)-n=m
Nous disons qu'une suite est complète si tous ses éléments ont même ordue. Une suite complète est nécessairement d'ordre fini et son indice caractéristique est 0 .
Si mm est infini la suite est d'ordre infini. Une telle suite ne peut pas être complète et n'admet pas d'indice caractéristique. Nous appeilons classe de la suite (1) le nombre kk tel que
On voit que les premiers membres sont des nombres.
Nous désignons par [P][\mathrm{P}] la suite (1). Lorsqu'on envisage plusieurs : suites [P],[Q],dots[\mathrm{P}],[\mathrm{Q}], \ldots on désigne par p(n),q(n),dotsp(n), q(n), \ldots le degré des polynomes P_(n),Q_(n),dots\mathrm{P}_{n}, Q_{n}, \ldots
Toutes les relations que nous écrivons entre plusieurs polynomes sont vérifiées identiquement par rapport à xx.
2. L'algèbre des suites de polynomes. 10. Nous désignons par [0] rla suite nulle.
20. La suite
Nous écrivons P]\mathrm{P}] est la suite opposée de [P][\mathrm{P}] et est égale à -[P]-[\mathrm{P}].
50. La somme de deux suites [P],[Q][P],[Q] est une nouvelle suite |R|∣|R| \mid définie par
{:[6^(0)". Le produit élémentaire de "[P]" par "[Q]" est une nouvelle suite- "],[" léfinie par les égalités "]:}\begin{aligned}
& 6^{0} \text {. Le produit élémentaire de }[\mathrm{P}] \text { par }[\mathrm{Q}] \text { est une nouvelle suite- } \\
& \text { léfinie par les égalités }
\end{aligned}ééééé
On vérifie facilement que le second mombre contient un nombre fini de termes. Pour les suites d'ordre négatif ou nul nous pouvonsécrire les formules condensées
nous disons que les suites [P],[Q][\mathrm{P}],[\mathrm{Q}] sont permutables. La suite unité est permutable avec une suite quelconque.
La multiplication par un nombre non nul ne change pas l'ordre, la classe, la normalité et la permutabilité d'une suite.
L'ordre d'une somme est au plus égal au plus grand des ordres des suites ajoutées et sa classe au moins égale à la plus petite des
olasses dès suites ajoutées. Dans la formule
[R]=[P]+[Q][\mathrm{R}]=[\mathrm{P}]+[\mathrm{Q}]
on a en effet
r(n) <= max[p(n),q(n)]r(n) \leq \max [p(n), q(n)]
Quelle que soit la suite [P][\mathrm{P}] on a
[P]+[0]=[P][\mathrm{P}]+[0]=[\mathrm{P}]
L'ordre d'un produit est au plus égal à la somme des ordres des. facteurs et sa classe au moins égale à la classe de la suite multipliée. On a en effet r(n) <= max[q(0)+p_(1)(n),q(1)+p_(1)(n)-1,q(2)+p_(1)(n)-2,dots q(p_(1)(n))]r(n) \leq \max \left[q(0)+p_{1}(n), q(1)+p_{1}(n)-1, q(2)+p_{1}(n)-2, \ldots q\left(p_{1}(n)\right)\right] où
Si l'un des facteurs est [0] ]e produit est égal à [0] .
Pour les suites normales de classe 0 la réciproque est vraie, mais dans le cas général le produit de deux suites non nulles peut être nul ; par exemple pour les suites
Connaissant le produit de deux suites, on peut calculer une puissance ontière positive quelconque. Nous désignerons par [P]^(m)[\mathrm{P}]^{m}, ou [mP][\mathrm{mP}] la m^("èm ")m^{\text {èm }}è. puissance de lá suite [P][\mathrm{P}]. Nous posons par définition .
Il faut dire encore quelques ,mols sur la division élémentaire des suites.
Nous disons qu'une suile [P][\mathrm{P}] est divisible à gauche par la suite [Q][Q] s'il existe une suite [R][R] unique et bien déterminée telle que
(6)
L'équation (6) n'est pas toujours possible en [R] et si elle est possible la solution n'est pas toujours unique.
Si [R][\mathrm{R}] est la suite [1] nous disons que [P] a une inverse à gauche. Désignons par [P]_(g)^(-1)[\mathrm{P}]_{g}^{-1} cette inverse. Nous avons
d'où on déduit que la suite [P][\mathrm{P}] est divisible à gauche par toute suite admettant une inverse à gauche.
D'une façon analogue on définit la division à droite et l'inverse à droite [Pi_(d)^(-1):}\left[\mathrm{Pi}_{d}^{-1}\right.. Pour que [P]_(d)^(-1)[\mathrm{P}]_{d}^{-1} existe il faut que la suite [P][\mathrm{P}] soit de classe 0 .
Si une suite [P][\mathrm{P}] a une inverse à gauche et une inverse à drojte et si
nous disons qu'elle est inversible. Nous désignons alors par [P]^(-1)[\mathrm{P}]^{-1} l'inverse de [P]. Toutes les puissances entières d'une telle suite sont déterminées.
3. Nous allons signaler quelques propriétés des suites normales.
Le produit de deux suites normales est une suite normale de classe égale à la somme des classes des facteurs
k,k^(')\boldsymbol{k}, \boldsymbol{k}^{\prime} étant les classes de [P][\mathrm{P}] et [Q][\mathrm{Q}].
Il en résuite que le produit de deux suites normales est toujours différent de [0] .
Toute suite normale de classe 0 est inversible et son inverse est encore une suite normale de classe 0 .
Le nombre [U_(0)^((0)),U_(0)^((1)),dotsU_(0)^((n))]\left[\mathrm{U}_{0}^{(0)}, \mathrm{U}_{0}^{(1)}, \ldots \mathrm{U}_{0}^{(n)}\right] généralişe le nombre ((m)/(n))\binom{m}{n} et se réduit à ce dernier pour P^(')_(1)=0\mathrm{P}^{\prime}{ }_{1}=0.
Si P^(')_(1)!=0\mathrm{P}^{\prime}{ }_{1} \neq 0 la série
nn étant égal à (n)/(2)\frac{n}{2} ou (n-1)/(2)\frac{n-1}{2} suivant que nn est pair ou impair.
4. Sur quelques suites particulières. Désignons par [a],[b],dots[a],[b], \ldots les: suites de nombres, donc les suite (1) telles que p(n) <= 0n=0,1,2,dotsp(n) \leq 0 n=0,1,2, \ldots Une suite de nombres est toujours normale. Son ordre est égal à sa classe changée de signe.
Les suites de nombres de classe 0 forment un sous-groupe permutable du groupe des suites normales de classe 0.
Une suite normale de classe 0 permutable avec une suite de nombres de classe 0 n'est pas nécessairement une suite de nombres. Si la suite de nombres a tous ses éléments différents de zéro toutesuite permutable avec elle est une suite de nombres.
Ces suites sont caractérisées par la suite de nombres [ aa ]. Nous les désignerons par [ P;[a]\mathrm{P} ;[a] ]. Pour qu'une telle suite soit normale il faut qu'elle soit de la classe 0 . Les conditions de normalité sont alors
convergent à l'intérieur des cercles de rayon respectivement éga à R_(a),\mathrm{R}_{a},. R_(b)\mathrm{R}_{b}, la série
converge certainement à l'intérieur du cercle de rayon
[A] étant une suite harmonique. Désignons ces suites par [P;[alpha],a][P ;[\alpha], a]. Les suites de cette forme sont normales et de classe 0 si a!=-1a \neq-1. Elle forment un groupe. La suite inverse, [-1P;[-1alpha],-1a][-1 \mathrm{P} ;[-1 \alpha],-1 a] est telle que:
-1a=-(a)/(1+a)-1 a=-\frac{a}{1+a}
et la suite [-1alpha][-1 \alpha] est telle, que la suite
On voit que ce groupe n'est pas permutable.
6. Transformation d'une suile par rapport à une suite fondamentale. Une suite sera dite fondamentale si elle est normale et de classe 1. Soit donc une suite fondamentale
[G]
où G_(0)=0,G_(1)=c^("te ")!=0\mathrm{G}_{0}=0, \mathrm{G}_{1}=c^{\text {te }} \neq 0. Nous considérons les puissances entières positives {:_([m)G]\left.{ }_{[m} \mathrm{G}\right] de [G][\mathrm{G}]. La suite [mG][m \mathrm{G}] est normale et de classe mm. La suite [G] sera désignée aussi par [iG][\mathrm{i} \mathrm{G}]. La suite [_(0)G]\left[{ }_{0} \mathrm{G}\right] est la suite unité.
Nous appellons transformée de la suite [P][P] par rapport à la suite fondamentale [G][G] la nouvelle suite
expriment justement la normalité de la suite fondamentale. Nous regarderons la suite transformée comme étant prise par rapport à la suite [G][G] et nous la désignons par[Q∣G]\operatorname{par}[Q \mid G].
Pour les suites prises par rapport à une suite fondamentale nous pouvons établir aussi une algèbre. Cette algèbre sera caractérisée par la multiplication.
. Le produit
De cette façon le produit des transformées de deux suites est égal ^(-){ }^{-} à la transformée do leur produit élémentaire.
On voit que la multiplication élémentaire correspond aux suites. prises par rapport à la suite tondamentale
0,1,0,0,dots0,dots0,1,0,0, \ldots 0, \ldots
La suite fondamentale [G][G] a été prise elle même par rapport à cette suite.
Soient [G],[H][G],[H] deux suites fondamentales. D'une manière générale la transformée [P∣H][P \mid H] par rapport à la suite [G][G] est une suite [Q∣G][Q \mid G]; définie par les égalités.
La suite bar([G)∣G]\overline{[\mathrm{G}} \mid \mathrm{G}] est la réciproque de [A][A]. Nous pouvons calculer la m^(éme)m^{e ́ m e} puissance entière positive [m bar(G)∣G][m \bar{G} \mid \mathrm{G}] de [ bar(G)∣G][\overline{\mathrm{G}} \mid \mathrm{G}]. On trouve que cette puissance est donnée par les équations
Si on considère la suite réciproque par rapport à la suite (12) elle est aussi une suite fondamentale. A l'aide de la suite réciproque tes formules (10), (11) peuvent s'écrire
La classe et l'ordre d'une suite sont invariants par rapport à une transformation. L'indice caractéristique est aussi indépendant d'une trasformation. La permutabilité est une propriété invariante par rapport :.\therefore à une transformation.
Si la suite [P∣G][\mathrm{P} \mid \mathrm{G}] est prise par rapport à la suite fondamentale [G] nous disons qu'elle est normale si elle est de classe kk, d'ordre - kk et si
On voit donc qu'une suite normale se transforme en une suite normale.
On en déduit encore que la transformée par rapport à [G] d'une suite normale de classe 0 admet une inverse qui est égale à la transformée de l'inverse.
La multiplication des suites de nombres prises par rapport à une suite fondamentale [G][G] se fait a'après la règle ordinaire
a_(i)a_{i} étant des constantes, forment un groupe permutable.
On pourrait étudier encore diverses autres questions relativement aux suites de polynomes. L'étude des suites jouissant de propriétés particulières conduit à des identités intéressantes, comme l'a fait M. Lagrange pour les suites de nombres (^((1)):}\left({ }^{(1)}\right.. Nous faisons remarquer encore que la conception de M. Lagrange est la suivante: On associe à une suite de nombres [a] la série de puissances a_(0)+a_(1)z+a_(2)z^(2)+cdots+a_(n)z^(n)+cdotsa_{0}+a_{1} z+a_{2} z^{2}+\cdots+a_{n} z^{n}+\cdots
(') loc. cit.
Le lecteur s'en apercevra facilement que nous associons à la suite [P][P], l'opération fonctionnelle:
Ce nouveau point de vue nous a permis de généraliser la théorie de M. Lagrange. Nous l'avons déjà exposé dans un mémoire antérieur où nous en avons donné quelques applications. En particulier nous avonsdonné des propriétés fonctionnelles intéréssantes pour les suites binomiales, que M. Lagrange a également étudié sous le nom de suites: d'interpolation (^(1))\left({ }^{1}\right).
( ^(1){ }^{1} ) Voir T. Popovicu "Asupra unor polinoame remarcabile". La note à la fin du mémoire. (Autographié 1927).