T. Popoviciu, Sur les solutions bornées et les solutions mesurables de certaines équations fonctionnelles, Mathematica, 14 (1938), pp. 47-106 (in French).
SUR LES SOLUTIONS BORNÉES ET LES SOLUTIONS MESURABLES DE CERTAINES EQUATIONS FONCTIONNELLES
Tiberiu Popoviciu
à Cernăuţi
par
Reçu le 5 Novembre 1937.
SOMMAIRE
INTRODUCTION.
CHAPITRE I. - Notations et quelques propriétés préliminaires.
CHAPITRE II. - Sur une classe d’équations fonctionnelles à une variable.
CHAPITRE III. - Sur les pseudo-polynomes de deux ou de plusieurs variables.
CHAPITRE IV. - Sur quelques équations fonctionnelles à plusieurs variables indépendantes.
CHAPITRE V. - Sur quelques propriétés fonctionnelles caractérisant les polynomes de deux variables.
BIBLIOGRAPHIE.
Introduction
Le but de ce travail est de résoudre l’équation fonctionnelle
(l) ,
où est la fonction inconnue à variables. On suppose que l’équation (I) est vérifiée, dans un certain domaine D, quels que soient . Les et les sont des constantes données et la sommation est étendue aux valeurs .
Nous avons déjà étudié un cas particulier de l’équation (I), lorsqu’il y a deux variables indépendantes [11] (*).
00footnotetext: (*) Les chiffres gras dans les crochets renvoient à la bibliographie placée à la fin du travail.
Dans le cas d’une variable, l’équation peut s’écrire
(II)
et est une généralisation de l’équation aux différences, bien connue,
(III)
Dans le cas de variables, l’équation aux différences peut s’écrire
(IV)
où opère sur la variable .
Remarquons que si la solution , de l’équation (I), admet un nombre suftisant de dérivées partielles, elle doit vérifier un certain système d’équations aux dérivées partielles, homogènes et à coefficients constants. On obtient facilement ces équations en faisant tendre, après des modifications convenables, vers zéro les dans le premier membre de l’équation. (I).
La solution générale de ce système d’équations aux dérivées partielles est une somme de fonctions de la forme
(V)
où les sont des entiers non-négatifs et A est une fonction arbitraire de variables (on a ).
Nous démontrons que la solution générale de l’équation (I) est de la méme forme, sous des hypothèses beaucoup plus générales. Il en est ainsi si on suppose la fonction mesurable par rapport à chacune des variables. En particulier, il en est ainsi si on suppose la fonction mesurable B.
Nous signalons aussi des équations pour lesquelles on a le même résultat sous la seule hypothèse que la fonction est bornée. En particulier, l’équation (IV) jouit de cette propriété, comme l’a démontré (pour ) M. A. Marchaud [8].
Nous avons divisé ce travail en cinq chapitre.
Dans le chap. I nous étudions, avec détails, les propriétés de l’opération exprimée par le premier membre de l’équation (I). Ces sont des propriétés algébriques qui permettent de réduire le problème à la résolution d’une équation de la même forme mais plus
simple [équation (52) du chap. IV]. On peut dire aussi que nous établissons des propriétés algébriques qui permettent de revenir toujours à des équations dans lesquelles les coefficients ont des valeurs plus simples (sont d’ailleurs égaux à ).
Au chap. II nous faisons une étude complète de l’équation (II), en complétant et en généralisant nos résultats antérieurs [11].
Le chap. III. est consacré à l’étude des pseudo-polynomes de deux ou de plusieurs variables indépendantes. Cette étude préliminaire est nécessaire pour pouvoir bien préciser la forme de la solution générale de l’équation (I).
Le problème de la résolution de l’équation (I) est traité au chap. IV. Nous déterminons complètement toutes les solutions de la forme (V). En particulier, nous établissons des conditions nécessaires et suffisantes pour que, sous les hypothèses signalées, la solution générale de l’équation soit un polynome.
Dans le chap. V nous faisons une application des résultats précédents. Nous démontrons que, sous des hypothèses très générales, toute fonction de deux variables, qui est un psendo-polynome par rapport à deux systèmes d’axes complètement distinctes, se réduit nécessairement à un polynome. Nous possédons également la généralisation de cette propriété pour le cas de variables, mais notre démonstration est basée sur la théorie des équations que nous appelons de première espèce. Nous avons seulement signalé ces équations, leur étude fera l’objet d’un autre travail et nous domerons alors aussi la généralisation des résultats du chap. V.
CHAPITRE I
Notations et quelques propriétés préliminaires
1.
Etant donnée une fonction , d’une variable , nous définissons l’opération par la formule suivante:
(1
Une telle opération est donc caractérisée par deux suites de constantes: les coefficients (réels) et les pseudopériodes (réelles) . Dans les problèmes, que nous exa-
minerons dans ce travail, chacune de ces suites a un caractéré homogèrie; seuls les rapports mutuels de leurs termes interviendent d’une taçón essentielle. Bien entendu, l’opération n’a de sens que si les coefficients ne sont pas tous nuls. D’ailleurs nous supposerons, en général, que tous les sont différents de zéro et que les sont distincts. Ceci étant, le produit de deux opérations est encore une opération de nême nature. Si les expressions et contieunent et termes respectivement, l’expression produit contient termes en général, mais ce nombre peut être aussi plus petit. Ce qui est essentiel est que:
Le produit de deux opérations a toujours un sens et cette multiplication est commutative.
Examinons quelques cas particuliers de l’opération (1). I’expression
(2)
est une différence d’ordre de la fonction . Posons et supposons que ; l’opération correspondante nous donne alors l’expression
(3)
C’est une généralisation de la différence (2). Cette expression a été étudiée, en particulier, par M. A. Denjoy [5]. Un autre cas particulier important est le cas où . Nous obtenons l’expression
(4)
où il est inutile de faire la restriction pour tous les .
C’est le cas où les rapports mutuels des pseudo-périodes sont rationnels. Enfin, nous considérons aussi des expressions de la forme
(5)
où la sommation est étendue à toutes les valeurs , .
Avant d’aller plus loin, disons, une fois pour toute, que nous parlerons d’ordre, de polynome caractéristique, de réductibilité, … etc. indifféremment de l’opération , de l’expression , de l’équation ,… etc. Le même langage commun sera employé dans le cas de plusieurs variables.
2. Définissons maintenant l’ordre de l’expression (1). Cet ordre est égal au nombre pour lequel
Si l’expression est d’ordre 0 . Si l’expression est d’ordre et est nécessairement de la forme (3).
Attachons à l’expression (1) le polynome caractéristique du premier type . En général ce n’est pas un polynome proprement dit, mais un polynome en . L’ordre est alors çaractérisé par les relations
Par exemple, l’expression (5) est d’ordre .
Deux expressions ayant pour polynomes caractéristiques et , où est un entier positif, sont équivalentes. Dans le cas de l’expression (4) est effectivement un polynome. En particulier, pour (2) nous avons .
Nous dirons qu’une expression de la forme (1) est une conséquente de (1) si son polynome caractéristique du premier type est de la forme où sont des entiers positifs des polynomes en ou, plus généralement, des combinaisons linéaires de certaines puissances de .
Nous introduisons aussi un polynome caractéristique du second type. Nous pouvons toujours supposer, sans restreindre la généra-
lité, qué dans (1) on a . Appelons alors expressión assbecieè i (1) toute expression de la forme
(6)
où sont les coefficients et les sont de la forme , les étant des entiers positifs ou nuls. Nous dirons alors que le polynome à variables est le polynome caractéristique, du second type, de l’expression (6). De cette façon, le polynome caractéristique du second type est défini pour toutes les expressions associées à (1). En particulier, l’expression (1) elle-même a pour polynome caractéristique . Deux expressions ayant pour polynomes caractéristiques où est un entier positifs, sont équivalentes. Toute expression (6) dont le polynome caractéristique est de la forme
où sont des entiers positifs et des polynomes en , est une conséquente de (1).
Dans l’expression (1) et jouent le rôle de variables. Il en résulte que les expressions dont le polynome caractéristique du premier type est de la forme ou celles dont le polynome caractéristique du second type est de la forme sont équivalentes à (1).
Cette notion d’expression équivalente est bien claire. Deux expressions équivalentes à une troisième sont équivalentes entre elles. Toute expression équivalente à une conséquente de (1) est encore une conséquente de (1).
La considération des polynomes caractéristiques facilite considérablement notre étude.
Par exemple, l’expression (5), associée à (1), a pour polynome caractéristique .
3. - Nous allons démontrer maintenant que:
T’oute expression (1) a une conséquente de la forme (5).
Posons , en désignant, comme d’habitude, par
[ ] le plus grand entier compris dans . Soit
si est pair,
si est impair.
On voit alors que l’expression dont le polynome caractéristique est
est une conséquente de (1). Ici C est une constante (non-nulle) égale à ou , suivant que est pair ou impair et est le déterminant de Vandermonde des nombres . L’expression dont le polynome caractéristique est est équivalente à la précédente, donc est encore une conséquente de (1). Cette dernière expression est bien de la forme (5). Bien entendu, les de ces deux expressions (1) et (5) correspondantes ne sont pas les mêmes. Les a de l’expression obtenue sont et , , chacun pris deux fois.
4. - Nous dirons que l’expression (1) est réductible si on peut trouver une conséquente de la forme (2) (ou une conséquente équivalente à (2)).
L’expression (1) est, en général, réductible. Soit toujours le polynome caractéristique (du second type) de (1). On peut, en général, trouver polynomes , tels que l’on ait
étant un polynome ell seul. Ceci signifie qu’il existe une conséquente de la forme
(7)
qui eat aussi de la forme (4) et a pour polynome caractéristique
du premier type . Il est évident qu’une expression est réductible si elle a une conséquente réductible. Au Nr. suivant nous démontrerons que les expressions (4) sont réductibles, notre propriété énoncée est donc démontrée.
On sait, de la théorie de l’élimination, qu’on peut trouver les polynomes tels que soit de degré . L’ordre de l’expression (7) est 0 en général, mais si l’expression (1) est d’ordre , (7) ext au moins d’ordre , ce qui résulte immédiatement du fait que les coefficients ne dépendent pas des nombres . On peut d’ailleurs voir facilement que si l’expression (1) est d’ordre , le polynome est de la forme , C étant une constante, la réductibilité est donc démontrée. Dans des cas particuliers l’élimination peut donner un polynome de degré !, toujours de la forme si (1) est d’ordre , mais ce polynome est au moins de degré , à moins qu’il ne soit nul identiquement. Ces remarques ne s’appliquent pas aux expressions (1) d’ordre 0 .
Il y a des cas d’exceptions oú le raisonnement précédent ne s’applique plus. Il peut, en effet, arriver que le polynome soit nul identiquement. Dans ce cas on est tenté de chercher, tout d’abord, d’autres valeurs pour les entiers positifs tel que l’on ait une relation de la forme
mais il résulte de ce qui va suivre que cette égalité n’est pas possible si est nul identiquement.
On peut bien reconnaître si nous sommes dans ce cas exceptionnel par la propriété suivante:
La condition nécessaire et suffisante pour que le polynome soit nul identiquement est qu’on puisse trouver deux égalites de la forme
(9)
()
où et les sont tous distincts et choisis parmi les nombres 2, 3, . . . , n.
On voit facilement que la condition est suffisante. Montrons qu’elle est aussi nécessaire. Nous allons démontrer cette propriété
par induction complète. Le fait que le polynome est nul identiquement signifie que le système
(10)
a une solution en pour toute valeur de . Pour qu’il en soit ainsi il suffit évidemment que cette propriété soit vraie pour une infinité de valeurs de . Remarquons encore qu’il existe alors certainement une solution finie en pour tout , d’après la forme même des équations (10). Rappelons aussi que nous supposons toujours .
La propriété est vraie pour (et aussi pour ) puisque dans ce cas ne peut être nul identiquement. Supposons que la propriété soit vraie jusqu’à et démontrons-la pour . Le système (algébrique) (10) nous montre qu’il existe certainement un intervalle et des fonctions ..,, de , continues et dérivables lorsque est dans ( ) et qui vérifie le système pour . Substituant ces valeurs dans le système (10) et dérivant par rapport à , on trouve
Ce système doit être compatible en et on en déduit que pour . Il faut donc que, pour une infinité de valeurs de , deux au moins des variables soient égales. On voit qu’ainsi notre problème est réduit au même problème où est plus petit. Si on arrive au cas , donc il faut que , qui sont exactement les conditions (9) et (9’). Il faut toutefois remarquer que si est égal à l’une des variables une infinité de fois, il-se peut que le nouveau système (10) soit toujours de la forme (10) où cependant . On voit alors que l’égalité ( 9 ’) est déjà démontrée et il reste à établir l’égalité ( 9 ). Or, cette égalité peut être obtenu très simplement, et indépendamment des considérations précédentes, en remarquant que le système
a une solution en . On trouve immédiatement que l’un au moins des nombres , constituant une solu-
tion, doit être égale à 1. On procède ensuite par induction. La propriété est complètement démontrée.
Si est nul identiquement on peut rechercher l’éliminant en l’une des autres variables . De plus, on peut prendre comme premier coefficient l’un quelconque des autres coefficients . Il peut, bien entendu, arriver que tous les éliminants ainsi obtenus soient nuls identiquement. Enfin, dans certains cas particuliers, on peut démontrer la réductibilité de l’expression (1) en cherchant un éliminant en variables. Nous n’insistons pas sur ces cas.
Pour l’expression (1) est toujours réductible, sauf si les coefficients sont proportionnels aux nombres . Pour l’expression est réductible, sauf si ses coetficients sont proportionnels aux nombres 2, 1, -1, -1, -1. Pour le problème est déjà plus compliqué. Toute expression 1) est réductible dans ce cas, sauf si les coefficients sont proportionnels aux nombres de l’un des groupes suivants
1,
1,
1,
-1,
-1,
3,
1,
-1,
-1,
-1,
1,
-1,
,
,
,
1,
-1,
,
,
,
1,
1,
,
,
1,
étant un nombre quelconque. On vérifie que, pour , toute expression d’ordre est réductible. Donc, pour , nous savons que l’expression (3) est réductible. Il en est ainsi, trés probablement, pour quelconque. Nous croyons d’ailleurs qu’il existe, pour tout , un nombre tel que toute expression (1) d’ordre est sûrement réductible. La détermination de ce nombre est un problème algébrique dont la résolution paraît présenter certaines dificultés.
5. - Il reste à démontrer que l’expression (4) est réductible. Nous avons déjà démontré cette propriété dans notre travail antérieur [11]. Nous allons préciser ici nos résultats.
Démontrons d’abord le lemme suivant:
Si , il existe une infinité d’entiers positifs tel que soient premiers entre eux.
Ici est le polynome caractéristique du premier type de l’expression (4). Ce polynome est de la forme , où sont nombres distincts (réels ou complexes) et différents de 1 et . Supposons d’abord , et soient les arguments, compris entre 0 et , des nombres . Supposons, d’une manière générale, que soient des racines primitives de l’unité d’ordres respectivement et que les autres ne soient pas des racines de l’unité. Si et ne sont pas tous les deux racines de l’unité on ne peut avoir qu’au plus pour une valeur de . Si , os sont tous les deux des racines de l’unité on a si est un multiple de . Le lemme en résulte dans ce cas. Il reste à examiner le cas ou les sont quelconque . Ce cas résulte du précédent puisque si ne sont pas tous les deux égaux à 1 , on a sûrement pour suffisamment grand.
Considérons maintenant le cas d’un ordre quelconque . On peut écrire , où . On peut donc trouver un entier tel que soient premiers entre eux, donc aussi deux polynomes tels que
Nous en déduisons immédiatement qu’il existe deux polynomes tels que
et nous pouvons énoncer la propriété suivante:
Toute expression (4), d’ordre , a une conséquente de la forme , d’ordre et de la forme (2).
La réduction précédente à la forme (5) nous montre que si parmi les nombres il y a au moins quiont leurs rapports mutuels rationnels, l’expression (1) est réductible. Il en est toujours ainsi si , donc toute expression 1) à trois termes est réductible.
6. - Nous pouvons étendre les résultats précédents au cas de plusieurs variables. Etant donnée une fonction
de variables , l’opération a le sens suivant
(11)
oú la sommation est étendue aux valeurs , . Pour abréger l’écriture, nous poserons souvent au lieu de . Une telle opération est caractérisée par la suite (multiple) des coefficients (réels) et par suites de pseudo-périodes (réelles) . Chacune de ces suites présente un caractere d’homogenéité. Les et les sont des variables, ce qui précise l’équivalence de deux opérations. Il est encore avantageux de considérer une opération comme ayant un sens seulement si les coefficients ne sont pas tous nuls. On a alors la propriété :
Le produit de deux opérations a toujours un sens, est encore une opération de la même nature et cette multiplication est commutative.
Cette propriété a d’ailleurs lieu non seulement pour les opérations qui opèrent sur toutes les variables mais aussi pour celles qui opèrent sur certaines de ces variables.
Quand nous considérons l’expression générale (11) nous pouvons supposer que et que , . En ce qui concerne les coefficients, nous pouvons supposer que l’on ait
(12)
Examinons quelques cas particuliers. L’expression
(13)
est une différence d’ordre ( ) de la fonction . On obtient un cas plus général en considérant des opérations de la forme , où opère sur la variable .
Posons , nous avons l’expression
(14)
qui est de cette forme. Une autre expression de cette forme, que nous utiliserons plus loin, est
(15)
où est l’opération (5), opérant sur la variable . Enfin, si , nous avons l’expression
(16)
où il est maintenant inutile de faire les restrictions (12).
7. - Définissons et précisons maintenant l’ordre d’une expression (11). Cet ordre est où est le minimum des ordres des expressions
De cette façon, chaque variable contribue par un nombre à la définition de l’ordre. Nous dirons aussi que l’expression a l’ordre simple par rapport à .
Séparons les variables en deux groupes .
Nous employerons des séparations analogues dans la suite. Pour simplifier l’écriture posons pour et pour . Introduisons alors les notations suivantes ( 1 )
(’) Pour nous avons les nombres
Le nombre de l’ordre est alors caractérisé par les relations
Ces relations définissent done l’ordre simple . Nous allons maintenant introduire d’autres ordres, doubles, triples, . . . multiples qui caractérisent l’expression (11).
Nous dirons que est un ordre double (relatif aux variables ) de l’expression (11) si et si
(17)
.
Il est inutile de considérer le cas ou le cas , puisque
et l’égalité (17) est alors une conséquence de la définition de l’ordre.
On détermine les ordres doubles de la maniére suivante. Soit donné et considérons les expressions
en convenant de poser, ici et dans la suite, . Chacune de ces expressions a un ordre simple, soit , par rapport à . Le minimum du nombre est le nombre . On voit, en effet, que la définition du nombre est identique à la définition (17. On en déduit aussi la propriété suivante:
La condition nécessaire et suffisante pour que l’expression
(11), d’ordre ( ), n’ait pas d’ordres doubles est que les expressions
(18)
soient d’ordre .
Réciproquement, si les expressions (18) sont d’ordre ( ; ), l’expression (11) est d’ordre ( ) où .
Nous pouvons définir, en général, les ordres ruples de l’expression (11). Le symbole représente un ordre ruple (relatif aux variables ) si
. Aucun des symboles , n’est un ordre ( ; uple et, plus généralement, aucun des symboles n’est un ordre . En particulier done .
. On a
(19)
Une partie des égalités (19) est d’ailleurs une conséquence de l’existence des ordres simples, doubles, .
On détermine encore très simplement les ordres ruples. Supposons que ne soit pas un ordre . Considérons alors les expressions
(20)
.
Chacune a un ordre simple par rapport à . Le minimum de des ordres est le nombre . Bien entendu, nous considérons seulement les expressions (20) qui n’ont pas tous leurs coefficients nuls. Il se peut, en effet, par suite de l’existence d’ordres doubles, , que certaines des expressions (20) n’aient pas de sens.
On voit encore, de proche en proche, que:
La condition nécessaire et suffisante pour que l’expression (11), d’ordre ( ), n’ait pas d’ordres doubles, triples …, ruples est que les expressions
(21)
soient toutes d’ordres .
Nous appelons l’expression
(22)
tine rème expression dérivée de (11). Cette expression existe seulement si .
Nous avons la propriété suivante, que nous utiliserons plus loin:
Si toutes les rèmes expressions dérivées sont d’ordre ( ), l’expression (11) elle-même et toutes les expressions dérivées, avec , sont aussi d’ordre ( ).
8. - La notion de polynome caractéristique peut être éten due au cas de variables. Nous avons le polynome caractéristique du premier type
qui dans le cas de l’expression (16) est un polynome proprement dit. L’ordre ( ) est alors caractérisé par les relations
l’identité ou la non-identité étant toujours par rapport aux variables restantes.
Par exemple, dans le cas de l’expression (15), nous avons
et cette expression est, par conséquent, d’ordre ( ).
Le polynome caractéristique de l’expression dérivée (22) sobtient de en y faisant .
Le polynome caractéristique de l’expression (20) s’obtient en faisant dans
On en déduit facilement que pour l’existence d’un ordre ruplé, ; il est nécessaire que l’on ait
Considérons encore l’expression (15). Le polynome caractéristique de l’expression (22) est alors (à un facteur constant près)
et on voit done que
L’expression (15) n’a pas d’ordres doubles, triples, … muples :
On en déduit encore facilement que dans un ordre rupto, , il faut que l’on ait .
9. - Appelons encore expression associée à (11), toute expression de la forme
(23)
où les sont les coefficients et les sont de la forme , les étant des entiers positif ou nuls. Nous dirons alors que le polynome, à variables,
est le polynome caractéristique du second type de l’expression (23).
En particulier, l’expression (11) elle-même a pour polynome caractérístique du second type
Le polynome caractéristique de l’expression associée (15) est .
On définit encore, comme dans le cas d’une seule variable, les expressions conséquentes à l’aide des polynomes caractéristiques (du premier et du second type).
Démontrons maintenant la généralisation de la propriété du No. 3 :
Toute expression (11) a une conséquente de la forme (15).
Pour ne pas compliquer inutilement, il suffira de donner la démonstration dans le cas de deux variables ( ). Posons alors ; le polynome caractéristique peut éécrire
Sous cette forme ce polynome est de la forme du Nr. 2. Les coefficients ne sont pas identiquement nuls. En appliquant la méthode du Nr. 3, on voit que l’expression (11) a une conséquente ayant un polynome caractéristique de la forme
On peut dans le polynome ageimiler chaque terme à une variable et on peut en faire autant pour . En d’autres mots, l’expression obtenue est associée à une certaine expression qui est elle-même associée à (11) et a un polynome caractéristique de la forme
où on peut supposer les constantes . Appliquant encore une fois la méthode d’élimination du Nr. 3, on trouve la propriété cherchée.
On démontre exactement de la même manière la propriété pour quelconque.
Bien entendu, l’expression de la forme (15) obtenue n’a pas les mêmes a que (11). On peut préoiser la forme de cette expression, mais il est inutile de le faire ici.
10. - Nous pouvons dire encore que l’expression (11) est réductible si elle à une conséquente de la forme (13) (ou une conséquente équivalente à (13)). On peut chercher comme dans le cas d’une seule variable, des conditions sous lesquelles une expres* sion (11) est réductible, mais nous n’insistons pas sur ce point.
Démontrons seulement la propriété suivante :
Toute expression de la forme (16) est réductible.
Il suffit encore de taire la démonstration pour . Soit le polynome caractéristique du premier type de l’expression (16). On a, en général, , où ) n’est divisible ni par ni par . L’ordre de l’expression (16) est ( ). Les résultats du Nr. 5 nous montrent qu’on peut trouver un entier et deux polynomes tels que l’on ait
g ) étant un polynome (non identiquement nul) en . Puisque, par hypothèse, n’est pas identiquement nul, on en conclut l’existence d’un pour lequel sont premiers entre eux (par rapport à ) pour une infinité de valeurs de (plus exactement sauf peut être pour un nombre fini de valeurs de ). Ceci suffit pour l’établissement de la formule. Ce polynome est, en général, de la forme , . Finalement, on voit donc qu’on peut determiner deux entiers et les polynomes , tels que l’on ait
ce qui démontre la propriété.
La démonstration est analogue dans le cas d’un nombre quelconque de variables.
11. - Dans la définition de l’expression (11) nous avons supposé que les sont des variables indépendantes. On peut au contraire supposer que les ne soient pas linéairement indépendantes. Supposons que
(24)
où les nombres sont donnés, la matrice ( ) est de rang et les sont des variables indépendantes. Nous désignons alors l’opération correspondante par . Nous dirons qu’une telle opération est de espèce. De cette façon la notation signifie une opération de espèce.
Mathematica, vol. XIV.
Si nous avons les relations (24), le premier membre de (13) s’écrira et nous avons une différence d’ordre ( ) de kème espèce.
Nous porterons notre attention tout particulièrement sur les opérations ou sur les expressions de première espèce, les seules que nous étudierons avec plus de détails. Une telle expression peut s’écrire sous la forme
(25) .
Ici nous pouvons supposer .
et si .
Une expression associée à (25) sera de la forme
(26)
où les sont de la forme , les entiers positifs ou nuls , étant les mémes pour .
Le polynome caractéristique de (26) est alors . En particulier, le polynome caractéristique de (25) est
On voit qu’il y a une parfaite analogie avec le cas d’une seule variable et que le polynome caractéristique joue exactement le même rôle que le polynome caractéristique du second type des expressions à une variable. La seule différence est qu’il y a correspondance simultanée entre les termes du polynome caractéristique et les valeurs des variables . Les propriétés établies plus haut s’appliquent donc ici avec cette dernière précaution. En particulier,
Toute expression de premier espèce (25) a une conséquente de la forme
(27)
où la sommation est étendue à toutes les valeurs , .
Dans les expressions de la forme (27) il faut supposer pour .
Nous étudierons les équations de première espèce dans un autre travail. Les différences de diverses espèces interviendront également dans les problèmes traités au chap. V.
CHAPITRE II
Sur une classe d’équations fonctionnelles à une variable
12.
•
Nous supposerons toujours qu’il s’agit de fonctions , réelles, de la variable réelle , uniformes et définies dans un intervalle borné et ouvert .
Dans ce chapitre nous nous proposons d’étudier l’équation fonctionnelle
(28)
Nous chercherons les fonctions qui vérifient l’équation (28) pour toutes les valeurs de et telles que , .
En général, nous supposerons que les nombres sont distincts, mais il est parfois avantageux de ne pas faire cette restriction. Nous prenons toujours . Quand il s’agit de l’équation générale (28) on peut supposer .
Nous pouvons laisser de côté le cas , quand la solution générale de l’équation est une constante arbitraire ou la fonction identiquement nulle, suivant que l’on a ou .
L’équation (28) est linéaire et homogène; ses solutions jouissent donc de quelques propriétés immédiates simples telles que: la somme de deux solutions est encore une solution, une solution multipliée par une constante queloonque est aussi une solution etc.
L’importance de la notion d’ordre résulte, tout d’abord, de la propriété suivante, qu’on démontre facilement:
Dans le champ des polynomes, la solution générale de l’équation (28), d’ordre , est un polynome quelconque de degré k-1.
Un polynome_de degré est une expression de la forme où sont des constantes, le premier pouvant lui aussi être nul. Pour la symétrie nous dirons que la fonction identiquement nulle est un polynome de degré -1 .
On voit immédiatement que:
Toute fonction vérifiant l’équation (28), vérifie également toute équation conséquente.
On en déduit, en particulier, que:
Toute fonction vérifiant l’équation (28) vérifie également une équation de la forme
(29)
Toute fonction vérifiant une équation (28) qui est réductible, vérifie également une équation de la forme
(30)
13.
•
Examinons d’abord quelques propriétés générales des solutions de l’équation (28). Supposons toujours et que dans . En prenant , donc et , nous trouvons
où et . Nous en déduisons facilement que pour pour
………………………… pour .
On a posé succesivement
Si est le plus petit entier positif tel que , on a
et nous potvons donc énoncer la propriété suivante :
Toute solution de l’équation (28) bornée dans un intervalle partiel, aussi petit que l’on veut, est bornée dans l’intervalle (a, b).
Dans la démonstration nous avons supposé que la fonction soit bornée dans l’intervalle ( ), ce qui ne restreint pas la généralité.
On voit que:
Toute solution de l’equation (28), qui est nulle identiquement dans un sous-intervalle, si petit soit-il, est nulle identiquement dans ( ).
On peut énoncer cette propriété aussi sous la forme suivante :
Si deux solutions de l’équation (28) coüncident dans un sousintervalle, si petit soit-il, elles coïncident partout dans ( ).
En particulier :
Toute solution de l’équation (28) qui se réduit à un polynome dans un sous-intervalle, si petit soit-il, est un polynome de degré dans ’ ).
Démontrons encore le lemme suivant:
Toute solution de l’équation (28) qui est nulle presque partout, est nulle identiquement dans l’intervalle ( ).
Supposons qu’il existe un point où . Faisons varier entre les limites où ; alors le point décrit l’intervalle ( ) et ces intervalles sont non empiétant et ne contiennent pas le point . A tout point de ( ) correspond, de la manière précédente, les points dans les intervalles ( ) respectivement. A tout ensemble de points de ( ) correspond un ensemble de ( ) qui s’obtient de par une similitude. Soit l’ensemble, de mesure , des points de ( ) sur lequel la fonction est nulle. La relation nous montre qu’à tout zéro de correspond au moins un où la fonction n’est pas nulle. Soit, en général, le sous-ensemble de sur lequel . On a
(31)
Mais l’ensemble correspondant à est de mesure nulle, il en est done de même pour . La formule (31) est donc absurde. Le lemme énoncé est donc complètement démontré.
00footnotetext: (9) Ces conditions ne sont pas d’ailleurs indispensables pour la démonstration,
14. - Les propriétés de l’équation ( 30 sont bien connues et ont déjà été obtenues presque toutes . Nous allons rappeler ces propriétés.
Toute solution continue de l’équation (30) est un polynome de degré .
Le quotient
est la différence divisée d’ordre de la fonction sur les points , supposés toujours distincts. Ici est le déterminant qu’on déduit du déterminant de Vandermonde en remplaçant les éléments par respectivement. La différence d’ordre , est, à un facteur indépendant de la fonction près, une différence divisée,
Si la fonction vérifie l’équation (30), on a aussi
(32)
étant des nombres rationnels. Cette formule résulte d’ailleurs d’une relation plus générale [10]. Considérons une suite de points . Toute différence divisée prise sur de ces points est de la forme
(33)
les étant indépendants de la fonction . Donc, toute différence divisée est une moyenne arithmétique des différences divisées .
(5) Pour l’équation (30) se posent encore d’autres problèmes intéressants qui n’ont pas été encore résolus mais dont nous ne nous occuperons pas dans ce travail.
De la formule (32) résulte que se réduit à un polynome de degré sur l’ensemble des points qui divisent rationnellement l’intervalle ( ). La solution étant supposée continue, la propriété énoncée en résulte. Cette propriété est un cas particulier d’un théorème de M. L. E. J. Brouwer [2]. Une démonstration directe en a été donné par M. Th. Anghelutza [1].
Démontrons maintenant que:
Toute solution bornée de l’équation (30) est continue dans l’intervalle ( ).
Soit, en effet, un nombre entier positif choisi convenablement. On peut écrire
et, en développant,
4)
(34)
La fonction étant supposée bornée, on peut trouver un suffisamment grand pour que la valeur absolue du second membre soit , et ceci quel que soit . On peut ensuite trouver un nombre positif tel que l’on ait pour . La formule (34) est alors effectivement appliquable et nous donne
ce qui prouve la continuité ( 4 ).
Nous ayons le théorème suivant:
Toute solution bornée de l’équation (30) est un polynome de degré .
Ce théorème est un cas particulier d’un théorème plus général de M. A. Marchaud [8], qui généralise celui de M. L. E. J. Brouwer.
00footnotetext: ( 1 ) On peut d’ailleurs choisir convenablement les nombres et de manière que l’on ait
étant une constante indépendante de .
Nous avons done aussi le théorème suivant:
La solution bornée générale d’une équation réductible d’ordre est un polynome quelconque de degré .
Les diverses propriétés que nous avons établi ont été étudiées, pour l’équation , par Darboux [4, 9]. Darboux s’occupe de l’équation de Cauchy dans l’intervalle . Pour démontrer l’équivalence des deux problèmes il faut d’abord prouver, ce qui n’est pas tout à fait évident, que toute solution de l’équation dans est constituée par les valeurs dans ( ) d’une solution de cette même équation considérée dans l’intervalle ( ). Nous pouvons supposer l’intervalle ( ), fermé et soit alors un point extérieur à ( ) et un point de ( ) qui divise rationnellement l’intervalle . Nous définissons la valeur de la fonction au point par l’égalité . De cette façon est. complètement. déterminée. On vérifie sans peine que la fonction ainsi définie vérifie l’équation
(35)
Cette propriété nous dit aussi que toute solution de l’équation (35) est complètement déterminée dès qu’on connait ses valeurs dans un intervalle, si petit soit-il. On voit immédiatement que si est une solution de l’équation (35), la fonction vérifie l’équation de Cauchy. Darboux a aussi démontré qu’il suffit que la fonction soit bornée supérieurement (ou inférieurement) pour tirer la conclusion qu’elle se réduit à un polynome. Cette propriété n’est plus vraie pour .
15. - L’étude de l’équation générale (28) revient à l’étude des équations de la forme (29). De cette dernière équation nous déduisons
ce qu’òn peut aussi écrire
(36)
où sont des entiers positifs. Toute solution de l’é-
quation (29) vérifie d’ailleurs toute équation (36) où sont des nombres rationnels, positifs ou négatifs.
Considérons maintenant une solution continue de l’équation (29). On peut toujours choisir des nombres rationnels tels que soient aussi près que l’on veut de 1 . De la continuité résulte alors que:
Toute solution continue de l’équation (29) vérifie aussi l’équation (29) dans laquelle on suppose , donc l’équation (30).
Nous pouvons donc énoncer le théorème suivant:
Toute solution continue de l’équation (28) est un polynome de degré k-1.
Nous pouvons démontrer facilement que ce résultat subsiste encore si on suppose la fonction sommable dans l’intervalle .
Soit une solution sommable de l’équation (28). On sait que l’intégrale indéfinie est une tonction continue et dérivable presque partout. De plus on a presque partout. On voit facilement que si vérifie l’équation (28), la fonetion vérifie l’équation
d’ordre . Il en résulte que est un polynome de degré , donc que coïncide presque partout avec un polynome de degré . La différence vérifie l’équation (28) et est nulle presque partout, donc on peut énoncer, en vertu du lemme du Nr. 13, le théorème suivant:
Toute solution sommable de l’équation (28) est un polynome. de degré k-1.
16. - Démontrons maintenant le lemme suivant:
Toute solution mesurable de l’équation (28) est bornée dans l’intervalle ( ).
Supposons le contraire. Soit donc une solution mesurable non bornée. D’après les résultats du Nr. 13, cette fonction n’est bornée dans aucun sous-intervalle. Dans tout sous-intervalle il existe donc au moins un point où , quel que soit le nombre positif A.
Supposons toujours . Soit le milieu de l’intervalle et les milieux des intervalles .
Etant donné un nombre positif A , il existe dans l’intervalle ( ) un point où
(37)
Prenons et soient . Les intervalles sont alors non empiétants et ne contiennent pas le point . Soit un nombre compris entre et . En posant , le point est dans l’intervalle (ouvert) et l’égalité
nous montre qu’il faut que l’on ait pour au moins une valeur de . Autrement l’inégalité (37) serait impossible. Les points se correspondent par similitude dans les intervalles ( ). Soit l’ensemble des points de l’intervalle ( ) où l’on a . Soit l’ensemble des points de ( ) où , les points étant deux points correspondants dans et soit l’ensemble de ces points . D’une manière générale, soit l’ensemble des points de où , les points étant des points correspondants dans les intervalles et soit l’ensemble de ces points . Tous ces ensembles sont mesurables, en vertu des propriétés bien connues de la mesure et des fonctions mesurables. En désignant par la mesure de l’ensemble E , on a
puisque
Mais, la mesure de l’ensemble sur lequel on a est au moins . Or, , donc on a
le premier membre désignant la mesure de l’ensemble des pour lesquels . Cette inégalité étant vraie quel que soit A , la fonction ne peut être mesurable, en vertu d’un théorème de M. E. Borel (5). Cette contradiction démontre le lemme énoncé.
Toute fonction mesurable et bornée est sommable, donc nous avons, finalement, le théorème suivant:
La solution mesurable générale de l’équation (28), d’ordre , est un polynome quelconque de degré k-1.
C’est la généralisation du théorème de M. W. Sierpinske, qui a considéré l’équation (30) pour [12]. Nous avons déjà donné cette propriété pour l’équation (30) et quelconque [10]. La démonstration précédente est d’ailleurs analogue a celle de M. W. Sierpinski (6).
17. - Nous avons supposé jusqu’ici que la fonction soit définie dans un intervalle ( ). Pour la suite il y a intérêt à considérer aussi un cas un peu plus général. Supposons la fonction définie sur un ensemble E , contenu dans et de mesure b.-a. L’équation (28) doit alors être satisfaite pour toutes les valeurs de et telles que appartiennent à l’ensemble E. Supposons encore et faisons sur la structure de l’équation (28) la remarque que si le point appartient à l’ensemble E , tous les points , appartiennent aussi à E pour presque toutes les valeurs de vérifiant les égalités . La démonstration est immédiate. Le nombre varie dans l’intervalle . Soit l’ensemble des pour lesquels n’appartient pas à E. Les ensemble sont de mesure nulle, il en est donc de même pour leur somme et la propriété en résulte. On voit aussi que pour tout (tel que ), les points appartiennent à E pour presque toutes les valeurs de vérifiant les inégalités .
Nous avons maintenant les propriétés suivantes:
Toute fonction, définie sur E , qui vérifie l’équation (28) et qui est nulle presque partout, est nulle identiquement sur E .
La démonstration est analogue à celle donnée dans le cas où E est un intervalle (Nr. 13).
00footnotetext: ) D’après ce théorème si est mesurable, à tout correspond un nombre A tel que l’on ait .
(8) En ce qui concerne l’équation de Cauchy, ainsi que la bibliographie de cette question, voir les travaux de M. W. Serrpingki dans le tome I des Fundamenta Mathematicae.
Toute solution de l’équation (28), sommable sur E , est un polynome de degré .
Considérons encore l’intégrale indéfinie , qui est une fonction continue de dans l’intervalle . On voit facilement que la fonction vérifie encore l’équation
dans l’intervalle ( ) Le reste de la démonstration se fait exactement comme au Nr. 15. Tout ceci réussit à cause de la propriété de pouvoir négliger les ensembles de mesure nulle dans l’intégration au sens de M. Lebesgue.
Toute solution de l’équation (28), qui est bornée sur la partie de E appartenant à un sous-intervalle de ( ), si petit soit-il, est bornée sur E.
La propriété se démontre en suivant la démonstration du Nr. 13. Remarquons seulement que dans cette démonstration on ne pourra pas prendre toujours , car il se peut que l’expression ne soit pas définie pour cet h. Mais on peut toujours prendre et aussi près que l’on veut de pour lequel est définie et nous avons encore
Toute solution mesurable de l’équation (28) est bornée sur . La démonstration de cette propriété se fait comme au Nr. 16.
Enfin, le théorème final du Nr. précédent subsiste encore,
La solution mesurable générale de l’équation (28), sur l’ensemble E , est un polynome quelconque de degré k-1.
On le démontre exactement comme plus haut.
En résumé, toutes les propriétés étudiées pour le cas d’un intervalle restent vraies si on exclut de cet intervalle un ensemble de mesure nulle.
Cette extension a bien réussi à cause des propriétés bien connues des ensembles de mesure nulle et surtout à cause de cette propriété que tout sous-ensemble d’un ensemble de mesure nulle est encore mesurable et de mesure nulle.
CHAPITRE III
Sur lés pséudo-polynomes de deux ou de plusieurs variables
18.
•
Nous considérons des tonctions réelles, de variables réelles , uniformes et définies dans un domaine borné et ouvert D. Le point ( ) est rapporté à un système d’axes de coordonnées , que nous pouvons supposer rectangulaires. Soit un hyperparallélipipède complètement intérieur à D (donc tous les points du domaine fermé appartiennent à ) et ayant ses faces parallèles aux hyperplans de coordonnées. A tout point P de D correspond une suite de hyperparallélipipèdes jouissant des propriétés suivantes:
19.
tous les ont leurs faces respectives paralleles et sont complètement intèrieurs à D.
. les domaines ouverts ont une partie commune, .
20.
le point est à l’intérieur de .
Nous désignons par R l’hyperparallélipipède minimum contenant et ayant ses faces parallèles aux hyperplans des coordonnées. R est donc le domaine défini par les inégalités , . Le plus souvent on peut d’ailleurs supposer que D coïncide avec et on peut alors aussi supposer, sans grand inconvéniant, que ce domaine soit fermé.
Les propriétés précédentes restent valables si nous prenons au lieu des axes , un nouveau système d’axes , formant un véritable -èdre. Au chap. V nous ferons grand usage des changements d’axes.
Pour mieux comprendre les questions qui vont suivre nous commencerons par les propriétés des pseudo-polynomes de deux variables.
19. - Rappelons la définition des différences divisées partielles de la fonction . Appelons, avec M. A. Marchaud [8], un réseau d’ordre ( ) un système formé par droites parallèles à l’axe et droites parallèles à l’axe . Nous supposerons que les droites formant le réseau sont distinctes. Toute droite du réseau est caractérisée par son abscisse si elle est parallèle à l’axe Oy et par son ordonnée si elle est parallèle à laxe , Plus
explicitement nous pouvons désigner un réseau d’ordre ( ) par
(38)
mettant en évidence les abscisses et les ordonnées des droites composantes. Les droites qui forment le réseau (38) se coupent en points qui sont les noeuds de ce réseau. Il va sans dire que dans la suite il suffit de considérer seulement les parties des droites composantes du réseau, comprises dans le domaine envisagé dans chaque problème. En particulier nous ne considérons que des réseaux dont les noeuds sont compris dans .
Considérons le réseau (38) et désignons par les noeuds de ce réseau, donc les points , . Désignons par le déterminant d’ordre dont la ligne générale est formée par les éléments et soit le déterminant qu’on déduit du précédent en remplaçant les éléments par respectivement, . Par définition, la différence divisée partielle d’ordre ( ) de la fonction sur les points , ou sur le réseau (38), est égale au quotient
(39)
qui a bien un sens puisque le dénominateur est . Changeant un peu notre notation antérieure [10], nous désignerons l’expression (39) par
On peut mettre cette différence divisée sous une forme qui permet de mieux voir sa structure. Soit , , nous avons
(40)
Cette forme justifie complètement la dénomination de différence divisée partielle car elle n’est qu’une superposition de différences divisées prises succesivement par rapport aux variables . Si nous posons et au lieu de et , l’expression est, à un facteur indépendant de la fonction près, de la torme (14).
La différence d’ordre ( ), est, à un facteur indépendant de la fonction près, une différence divisée d’ordre ( ) .
Le réseau correspondant est formé par des droites équidistantes.
Si nous faisons , la différence précédente devient donc une différence d’ordre ( ) de première espèce. On peut dire que toute différence de seconde espèce contient une différence de première espèce. De cette façon, certaines des propriétés que nous énoncerons plus loin pour les différences de première espèce restent à fortiori vraies pour celles de seconde espèce.
Considérons le réseau
(41)
d’ordre ( ), oú . La forme (40) de la différence divisée partielle, nous montre que:
Toute différence divisée partielle d’ordre ( ), prise sur points choisis parmi les noeuds du reseau (41), est une moyenne arithmétique des différences divisées partielles
Les différences divisées partielles ont été définies par rapport aux axes de coordonnées Oxy. Prenant un nouveau système d’axes on définit de la même manière les réseaux et les différences divisées partielles par rapport à ces axes. On peut écrire immédiatement ces différences divisées, par exemple sous la foritie (40), qui est particulièrement commode.
20. - Appelons, toujours d’après M. A. Marghaud [8], pseudopolynome d’ordre ( ), toute expression de la forme
(42)
où sont des fonctions de seule et des fonctions de seule (de la forme indiquée au debut du Nr. 12). Nous les appelerons les coefficients du pseudo- polynome. On convient d’appeler pseudo-polynome d’ordre ( ) un polynome de degré en ,
pseudo-polynome d’ordre ( ) un polynome de degré en et pseudo-polynome d’ordre ( ) la fonction identiquement nulle.
La différence divisée partielle d’ordre ( ) d’un pseudopolynome d’ordre ( ) est nulle identiquement.
On en déduit immédiatement que:
Un pseudo-polynome d’ordre ( ) est complètement déterminé si on connaît ses valeurs sur un réseau d’ordre (m, n).
Dans l’étude des pseudo-polynomes il suffit de supposer que le domaine D se réduit au rectangle R . Ceci résulte aussi d’une sorte de propriété de prolongement qui est à peu près évidente. Supposons que soit un pseudo-polynome d’ordre ( ) dans chacun des rectangles . Si ces domaines (ouverts) ont une partie commune, il en résulte immédiatement que est un pseudo-polynome d’ordre ( ) dans le domaine formé par la réunion des rectangles . Pour le voir il suffit de prendre un réseau d’ordre ( ) dont les noeuds appartiennent à la partie commune de .
Nous avons aussi la propriété réciproque:
Toute fonction dont la différence divisée partielle d’ordre ( ) est nulle identiquement est un pseudo-polynome d’ordre ( ).
Certaines des propriétés du pseudo-polynome se reflètent sur ses coefficients. Ainsi
Si le pseudo-polynome (42) est borné dans le rectangle R, ses coefficients sont des fonctions bornées dans les intervalles respectivement.
Supposons que pour le pseudo-polynome , d’ordre ( ), on ait . Donnons à valeurs distinctes et écrivons le système
(43)
On peut déterminer un nombre tel que l’on ait
quel que soit . Résolvant le système (43) par rapport aux coefticients , on déduit la propriété énoncée pour ces coefficients.
On procède de la même manière pour montrer que les sont bornées. Cette propriété n’est pas vraie, ainsi d’ailleurs que les suivantes, pour les pseudo-polynomes de plus de deux variables. Nous verons un peu plus loin comment il faut les modifier. De la relation
nous déduisons d’ailleurs qu’on peut écrire un pseudo-polynome d’ordre ( ) sous la forme suivante
(44)
où . Les coefficients correspondants de deux pseudo-polynomes identiques ne différent que par des polynomes en et . La propriété précédente résulte ainsi de la simple inspection de la formule (44). On voit encore que:
Si un pseudo-polynome est continue ses coefficients sont des fonctions continues.
La réciproque de cette propriété est évidemment vraie.
Disons qu’une fonction est linéairement mesurable si elle est mesurable par rapport à chacune des variables et séparément. Une fonction mesurable n’est pas, en général, linéairement mesurable mais, d’après un théorème de M. G. Fubini [6], toute sonction mesurable est une fonction mesurable de pour presque tous les et une fonction mesurable de pour presque tous les . Considérons maintenant un pseudo-polynome mesurable. Ce pseudo-polynome est mesurable sur parallèles à l’axe et sur parallèles à l’axe et on en déduit que:
Les coefficients d’un pseudo-polynome mesurable sont des fonctions mesurables.
Réciproquement :
Si les coefficients d’un pseudo-polynome sont mesurables ce pseudo-polynome est mesurable.
En effet, si et sont des fonctions mesurables, leur produit est une fonction mesurable (superficiellement) par rapport à et .
Mathematica, vol. XIV.
D’ailleurs tout pseudo-polynome mesurable est linéairement mesurable et réciproquement. Il est clair aussi que si un pseudopolynome est mesurable B ses coefficients sont mesurables B et réciproquement.
21. - Les droites du réseau (41) se divisent rationnellement si les points ainsi que les points se divisent rationnellement. Il est clair maintenant ce qu’il faut entendre par un réseau qui se divise rationnellement et qui est partout dense dans le rectangle R. Les droites du réseau parallèles à l’axe respectivement à l’axe se divisent rationnellement et ont des abscisses respectivement des ordonnées denses dans les intervalles . Bien entendu un tel réseau n’est pas d’un ordre déterminé. C’est un réseau infini et plus exactement un réseau doublement infini. Nous avons alors la propriété suivante:
Si une différence d’ordre ( ) de première espèce de la fonction est nulle identiquement dans R , on peut construire un réseau qui se divise rationnellement et qui est partout dense dans R tel que toute différence divisée partielle d’ordre ( ), prise sur points choisis parmi les noeuds de ce réseau, soit nulle.
On peut construire le réseau partout dense de la manière suivante. Les abscisses des droites parallèles à sont , où est rationnel ( ) et les ordonnées des droites parallèles à sont , où est rationnel ( ). Les nombres et sont choisis tels que l’on ait . La propriété résulte du fait que la fonction se réduit à un pseudo-polynome d’ordre ( ) sur tout ensemble formé par les noeuds d’un réseau qui se divise rationnellement.
La forme générale d’une différence de première espèce est en réalité
Nous avons suppossé , ce qui ne restreint pas la généralité. En effet, on revient à ce cas par une transformation simple (dilatation) faite sur la variable .
On en déduit immédiatement que:
Si une différence d’ordre ( ) de première espèce de la fonction continue est nulle identiquement, la différence
divisée partielle d’ordre ( ) est nulle identiquement dans D. La fonction se réduit donc dans D à un pseudo-polynome d’ordre .
Cette propriété résulte du fait qu’étant donné un réseau d’ordre ( ), on peut construire un autre réseau qui se divise rationnellement tel que les noeuds correspondants de ces deux réseaux soient aussi près que l’on veut.
Considérons l’équation fonctionnelle de seconde espèce
(45)
dans le domaine , que nous pouvons supposer coïncidant avec . Nous avons le théorème suivant, dû à M. A. Marchaud [8]:
Toute solution bornée de l’équation (45) est un pseudo-polynome d’ordre ( ) dans .
La démonstration est immédiate. Il suffit de démontrer que si est nulle sur un réseau d’ordre ( ), elle est nulle identiquement. Posant
on a , donc est un polynome de degré en qui, étant nul pour valeurs de , est nul identiquement. La relation nous montre que est un polynome de degré en qui, étant nul pour valeurs de , est nul identiquement.
L’énoncé précédent est, bien entendu, valable aussi pour le domaine quelconque D .
22. - Les questions exposées plus haut peuvent être éten dues aux fonctions d’un nombre quelconque de variables.
Un réseau d’ordre est un système de hyperplans parallèles à l’hyperplan de coordonnées , . Tout hyperplan du réseau est caractérisé par l’abscisse de son point d’intersection avec le axe de coordonnées. Mettant en évidence les abscisses des hyperplans constituants, on peut désigner un réseau d’ordre ( ) par
(46)
Les points , sont les noeuds du réseau (46).
La différence divisée partielle d’ordre sur le réseau (46) a une définition analogue que pour deux variables. Nous désignerons cette différence divisée par
(47)
et si nous posons , la différence divisée (47) peut aussi s’écrire
(48)
qui justifie complètement la dénomination de différence divisée partielle.
La différence d’ordre ( ) est, à un facteur indépendante de la fonction près, une différence divisée partielle d’ordre ,
Le réseau correspondant est done formé par d’hyperplans équidistants.
Nous avons encore la propriété :
L’oute différence divisée partielle d’ordre ( ), prise sur points choisis parmi les noeuds du réseau
est une moyenne arithmétique des différences divisées
On peut définir les réseaux et les différences divisées partielles par rapport à un système d’axes quelconques . On peut écrire immédiatement ces différences 1 divisées par exemple sous la forme (48).
23. - Un pseudo-polynome d’ordre ( ) est une expression de la forme
où les coefficuents sont des fonctions dépendant des variables seules.
Si dans l’ordre ( ) on a on convient que les , sont tous nuls identiquement. En particulier, le pseudo-polynome d’ordre ’( ) est la fonction identiquement nulle.
Nous avons les propriétés suivantes :
La différence divisée partielle d’ordre ( ) d’un pseudo-polynome d’ordre ( ) est nulle identiquement.
Un pseudo-polynome d’ordre ( ) est complètement déterminé si on connait ses valeurs sur un réseau d’ordre .
Dans l’étude des pseudo-polynomes nous pouvons supposer que coüncide avec un hyperparallélipipède R. L’explication se fait comme dans le cas de deux variables.
Toute fonction dont la différence divisée partielle d’ordre ( ) est nulle identiquement, est un pseudo-polynome d’ordre ( ).
Nous avons déjà dit que les propriétés du Nr. 20 ne s’étendent pas, sans modifications, aux pseudo-polynomes de plus de deux variables. Considérons, par exemple, le pseudo-polynome
d’ordre , de trois variables . Si est bornée les coefficients ne sont pas nécessairement bornés.
Ceci résulte du fait que ces coefficients ne sont pas complètement déterminés par le pseudo-polynome considéré. Plus exactement le pseudo-polynome
où est une fonction quelconque de , est identique à .
Pour un pseudo-polynome d’ordre ( ) nous pouvons écrire
(49) où sont des valeurs fixes et les variables. De cette relation nous pouvons tirer la valeur de . Cette formule donne comme coefficients du pseudo-polynome des expressions linéaires par rapport à des tonctions de , ou variables qui s’obtiennent en fixant, dans la fonction ou 1 des variables. Les coefficients de deux pseudo-polynomes identiques different par des pseudo-polynomes en des variables . Lorsque les coefficients d’un pseudo-polynome sont déterminés à des expressions près qui contiennent des fonctions arbitraires. La relation (49) nous montre toutefois qu’on a les propriétés suivantes.
On peut écrire les coefficients d’un pseudo-polynome borné de manière que ces coefficients soient des fonctions bornées dans leur domaine d’exstence.
On peut écrire les coefficients d’un pseudo-polynome continue de manière que ces coefficients soient des fonctions continues dans leur domaine d’existence.
Disons qu’une fonction est linéairement mesurable si elle est mesurable par rapport à chacune des variables . Par exemple, toute fonction mesurable est linéairement mesurable .
Pour ne pas compliquer inutilement notre exposition considérons seulement des pseudo-polynomes linéairement mesurables. Nous avons alors la propriété suivante:
On peut écrire les coefficients d’un pseudo-polynome linéairement mesurable de manière que ces coefficients soient des fonctions linéairement mesurables dans leur domaine d’existence.
Réciproquement:
Si les coefficients d’un pseudo-polynome sont linéairement mesurables ce pseudo-polynome est linéairement mesurable.
Si le pseudo-polynome est mesurable B, on peut écrire ses coefficients de manière qu’ils soient des fonctions mesurables et réciproquement.
24. - Les propriétés du Nr. 21 se généralisent immédiatement. Il suffit ici d’énoncer ces propriétés.
Si une différence d’ordre ( ) de première espèce de la fonction est nulle identiquement dans R , on peut construire un reseau qui se divise rationnellement et qui est partout dense dans R tel que toute différence divisée partielle d’ordre , prise sur points choisis parmi les noeuds de ce réseau, soit nulle.
Si une différence d’ordre ( ) de première espèce de la fonction continue est nulle identiquement, la différence divisée partielle d’ordre ( ) est nulle identiquement dans D . La fonction se réduit done dans D à un pseudo-polynome d’ordre ( ).
Soit l’équation fonctionnelle de mème espèce
(50)
Le théorème de M. A. Marchaud s’étend au cas de variables,
Toute solution bornée de l’équation (50) est un pseudo-polynome d’ordre ( ) dans R .
Faisons la démonstration par induction complète. Nous avons vu que la propriété est vraie pour . Démontrons que si elle est vraie pour variables, elle sera vraie aussi pour variables. Il suffit de démontrer que si s’annule sur un réseau d’ordre , elle est nulle identiquement. Posons
.
Donnant à et des valeurs fixes, on a
Mais, est une fonction bornée et nulle sur un réseau d’ordre ( ) donc, par hypothèse, est nulle identiquement. Donnant maintenant à des valeurs fixes la relation nous montre que
est un polynome de degré en . Ce polynome étant nul pour valeurs de est nul identiquement, ce qui démontre la propriété.
25. - Pour pouvoir bien se rendre compte de la forme des solutions des équations que nous étudierons dans le chap. suivant, il faut encore préciser un peu la forme des pseudo-polynomes.
Nous dirons qu’un polynome en est de degré s’il est de degré en , de degré en , de degré en .
Considérons, dans le champ des fonctions à variables , , un polynome de degré . Nous dirons que est un polynome quelconque en variables si ses coefficients sont des fonctions arbitraires pai rapport aux variables restantes . Ce polynome est donc de la forme
où sont des fonctions arbitraires de .
Une fonction qui est une somme de polynomes quelconques en variables sera appelé un pseudo-polynome quelconque de rème espèce. La structure d’une telle fonction est telle que si elle contient un terme de la forme
où le coefficient A est une fonction arbitraire, elle contient aussi toutes les termes de la forme
CHAPITRE IV
Sur quelques équations fonctionnelles à plusieurs variables indépendantes
26.
•
Considérons maintenant l’équation à variables (de espèce)
(51)
Nous nous proposons de chercher les fonctions qui vérifient l’équation (51) pour toutes les valeurs , telles que les points ( ) soient dans le domaine D. Pour simplifier, nous pouvons supposer que soit un rectangle , ce qui ne restreint pas d’ailleurs la généralité des nos résultats.
Quand il s’agit de l’équation générale (51), nous faisons les hypothèses signalées au Nr. 6 et, en particulier, nous supposons que l’on ait les inégalités (12). Nous supposons en général que l’équation (51) soit d’ordre ( ).
Nous avons encore les propriétés suivantes:
Toutes fonction vérifiant l’équation (51), vérifie également toute équation conséquente.
En particulier :
Toute fonction vérifiant l’équation (51), vérifie également une équation de la forme
(52)
Toute fonction vérifiant une équation réductible, vérifie également une équation de la forme (50).
Le premier résultat démontré au Nr. 13 peut être généralisé. Nous dirons qu’une fonction vérifie une propriété autour d’un réseau d’ordre , si elle vérifie cette propriété dans le domaine formé par les bandes ,
, contenant ce réseau ( ). Nous avons alors la propriété :
Toute solution de l’équation (51) qui est bornée autour d’un réseau d’ordre ( ), est bornée dans R .
Il suffit de donner la démonstration pour deux variables et . Soit donc l’équation (51) avec . On peut supposser et que la solution soit bornée autour du réseau , donc si est dans l’intervalle ( ) ou dans l’intervalle . La démonstration se fait exactement comme au Nr. 13 dans le cas d’une seule variable. Nous pouvons encore supposser que , autrement nous raisonnerions sur l’équation de la forme (52) à laquelle se réduit l’équation . Posant
nous en déduisons
Nous trouvons ensuite
Ces inégalités se déduisent toujours en écrivant l’équation (51) pour des valeurs convenables de et . De la même manière on obtient
pour et .
En répétant le procédé, on déduit que
pour et , donc
si .
La démonstration se fait exactement de la même manière pour quelconque.
Nous en déduisons la propriété suivante:
Si deux solutions de l’équation (51) coüncident autour d’un réseau d’ordre , elle coüncident partout dans R.
En particulier :
Toute solution de l’équation (51) qui se réduit à un pseudopolynome autour d’un réseau d’ordre ( ), est un pseudopolynome dans R.
27. - Occupons-nous maintenant de l’équation (52), supposée d’ordre ( ).
Démontrons le théoreme suivant :
Toute solution linéairement mesurable de l’équation (52) est un pseudo-polynome d’ordre ( ).
Nous démontrons ce théorème par induction complète. Il euffit évidemment de démontrer que si cette solution s’annule sur un réseau d’ordre ( ), elle est nulle identiquement. Posons
Nous avons . Mais, les étant donnés, est une fonction mesurable de , donc elle se réduit à un polynome de degré qui, étant nul pour valeurs de , est nul identiquement. La fonction vérifie donc l’équation
pour toute valeur donnée de . Le théorème étant supposé vrai pour variables, il en résulte qu’il est aussi vrai pour variables.
Nous pouvons énoncer maintenant le théorème suivant:
La solution linéairement mesurable générale de l’équation (51) est la même que sa solution générale dans le champ des pseudo-polynomes linéairement mesurables.
En particulier :
La solution mesurable B générale de l’équation (51) est la même que sa solution générale dans le champ des pseudo-polynomes mesurables B.
28. - II reste à trouver maintenant la solution générale de l’équation (51) dans le champ des pseudo-polynomes.
Supposons que l’équation (51) ait un ordre ( ) et cherchons alors une solution de la forme
(53)
avec A fonction arbitraire.
On trouve que les conditions nécessaires et suffisantes pour qu’il en soit ainsi sont précisément les égalités (19) pour , . Nous avons donc la propriété suivante:
Si l’équation (51) a l’ordre ruple elle est vérifiée par un polynome quelconque de degré ( ) en .
En particulier:
Tout pseudo-polynome d’ordre ( ) vérifie l’équation (51), supposée d’ordre ( ).
Pour trouver la solution générale dans le champ des pseudopolynomes linéairement mesurables il suffit de chercher les solutions de la forme
(54) .
Nous savons qu’on peut supposer les coefficients linéairement mesurables. Nous avons
où est l’opération de différence définie au Nr. 6 et executée sur les variables . Or, l’opération de différence et l’opération (11) sont permutables. En écrivant que vérifie l’équation, on trouve donc
les termes non écrits formant un polynome de degré en .
Il faut done que l’on ait
Cette équation est de la forme (51), en variables et, par suite de la définition du nombre , ses coefficients ne sont pas tous nuls. Il en résulte bien que est un pseudo-polynome. Dans nous pouvons faire rentrer le terme dans les termes . La solution cherchée est donc de la forme (54) où les sont, en général, changés mais est remplacé par . Répétant le procédé, on démontre que les sont tous des pseudo-polynomes. On démontre de la même manière que les sont tous des pseudo-polynomes.
Finalement donc la solution linéairement mesurable générale de l’équation (51) est de la forme
(56)
où est un pseudo-polynome quelconque d’ordre ( ) et, en général, est une somme de fonctions de la forme (53) contenant des fonctions arbitraires de variables. En particulier, est un polynome en .
29. - Nous pouvons démontrer maintenant le théorème général suivant:
La solution linéairement mesurable générale de l’équation (51) est de la forme (56) où est un pseudo-polynome quelconque de rème espèce. Le pseudo-polynome est une somme de polynomes quelconques à r variables, à chaque ordre ruple correspondant un tel polynome.
Tout d’abord le fait que est un pseudo-polynome de rème espèce ne résulte pas encore de ce qui précéde. On démontre facilement ce résultat par induction complete. En effet, en supposant vraie la propriété pour variables, les résultats précédents nous montrent, qu’elle est vraie aussi pour variables. L’induction est complète puisque la propriété est évidemment vraie pour .
Il faut observer que la démonstration du théorème n’est pas encore complète. En effet, il faut encore démontrer que peut elfectivement se mettre sous la forme d’une somme de fonctions
de la forme
(57)
qui sont des solutions de l’équation (51). Ce fait ne résulte pas immédiatement de ce qui précède à cause des équations (55) où l’opération a pour effet de trop éléver l’ordre des équations auxquelles doivent satisfaire les fonctions ,
On démontre cette propriété de proche en proche pour , , et . La propriété est évidente pour . Il suffira d’indiquer la marche de la démonstration en la faisant pour . Le terme peut se partager en deux, où contient les termes dans lesquels et sont 1 et 2 et les autres termes de . Nous pouvons trouver des entiers suffisamment grands tels que
l’opération se rapportant aux variables .
Il suffit maintenant d’écrire que
est vérifiée identiquement en . Soit
(58)
l’un des termes de plus haut degré en de , . On en déduit que la fonction doit vérifier les équations
Si (58) n’est pas une solution de (51) l’une au moins de ces équations a ces coefficients non tous nuls, donc est un pseudo-polynome. Dans ce cas le terme (58) de peut être mis dans l’un des . En répétant ce procédé un nombre suffisant de fois et en faisant la même démonstration pour les
autres termes de , on arrive à la démonstration de la propriété pour . On démontre ensuite, de la même manière, la propriété pour . Pour ce dernier on vérifie facilement que tout polynome vérifiant l’équation est une somme de solutions de la forme , A étant une constante arbitraire.
Le théorème général a lieu, en particulier, en supposant la solution mesurable . Dans ce cas dans la solution générale on peut supposer les fonctions arbitraires mesurables .
30. - Mettons les récultats précédents sous une forme plus claire. Il résulte, en effet, de l’analyse précédente qu’on peut énoncer notre résultat fondamental sous la forme suivante:
La solution linéairement mesurable générale de l’équation (51) est de la forme
étant la fonction linéairement mesurable la plus générale vérifiant les équations
(59)
par rapport aux variables .
Cherchons par exemple les conditions pour que dans la solution générale (56) les termes disparessent.
Les définitions et les résultats du Nr. 7 nous montrent que:
La condition nécessaire et suffisante pour que la solution linéairement mesurable générale de l’équation (51) ne contienne que des fonctions arbitraires d’au plus variables est que toutes les ( )èmes équations dérivées soient d’ordre ( ).
En particulier, pour que la solution générale ne contienne que des fonctions arbitraires d’une seule variable, il faut et il suffit que toutes les ( ) èmes équations dérivées soient d’ordre ( ).
De même :
La condition nécessaire et suffissante pour que la solution linéairement mesurable générale de l’équation (51) soit un poly-
nome est que toutes les ( )èmes équations dérivées soient d’ordre .
Par exemple si , la condition nécessaire et suffissante pour que la solution linéairement mesurable générale soit un polynome est que l’équation soit d’ordre ( 0,0 ). Nous avons déjà établi partiellement ce résultat dans notre travail antérieur [11].
Nous voyons aussi que:
La condition nécessaire et suffisante pour que la solution linéairement mesurable générale de l’équation (51) d’ordre ( ), soit un pseudo-polynome d’ordre ( ) est que l’équation (ou l’expression de son premier membre) n’ait aucun ordre double, triple, … , muple.
L’équation (52) jouit, en particulier, de cette propriété.
Considérons points dans l’hyperespace. Nous pouvons former le déterminant à lignes et colonnes dont la ligne générale est formée par les éléments , . Nous en déduisons le déterminant , en remplaçant les éléments par respectivement. Le quotient
est la différence divisée d’ordre ( ) de la tonction sur les points . Cette définition n’a de sens, bien entendu, que si le déterminant du dénominateur est . Pour nous avons donné déjà cette définition [ 10 ].
Si nous posons , , l’équation
est de la forme (51). Cette équation est, en général, d’ordre et est vérifiée par tout polynome de degré qui ne contient pas de terme en . Soit, en particulier, l’équation
Cette équation est d’ordre ( ) et sa solution liné-
airement mesurable générale est un polynome quelconque d’ordre .
31. - Nous avons toujours fait l’hypothèse que les fonctions sont linéairement mesurables. Considérons, pour simplifier, le cas de deux variables et soit l’équation
(60)
Considérons maintenant une solution mesurable de l’équation (60). Soit l’ensemble, de mesure , des valeurs pour lesquelles est une tonction mesurable de et l’ensemble, de mesure , des valeurs pour lesquelles est une fonction mesurable de . Soit le pseudo-polynome d’ordre ( ) qui prend les mêmes valeurs que sur le réseau ( ), où et posons . La fonction vérifie l’équation, s’annule sur le réseau ( ), est mesurable par rapport à pour et est mesurable par rapport à pour . Si nous posons , la fonction est mesurable pour et vérifie l’équation . Pour la fonction est mesurable par rapport à et vérifie l’équation sur est donc un polynome de degré en qui, étant nul pour , est nul identiquement sur . Il en résulte que si , donc
Toute solution mesurable de l’équation (60) se réduit à un pseudo-polynome, sauf peut être sur un ensemble & formé par un ensemble de mesure nulle de droites parallèles à l’axe Ox et par un ensemble de mesure nulle de droites parallèles à l’axe .
On peut facilement construire un exemple qui montre que le théorème général énoncé plus haut (Nr. 29) ne peut être étendu aux fonctions simplement mesurables. Considérons le rectangle . Soit une solution discontinue de l’équation de Cauchy . On peut choisir cette solution de manière que l’on ait et sur un ensemble partout dense [7]. Il suffit de prendre une solution telle que , Considérons alors la fonction
définie de la manière suivante
Cette fonction vérifie bien l’équation, de la sorme ( 60 ),
mais ne se réduit pas à un pseudo-polynome (autrement la fonction devrait être identiquement nulle).
Il y a cependant des cas où l’on peut affirmer que toute solution mesurable de l’équation (51) est un pseudo-polynome. Soit encore . Supposons, par exemple, que dans cette équation . Soit une solution mesurable de cette équation et considérons l’ensemble correspondant. Il existe un pseudo-polynome tel que si le point n’appartient pas à . Mais, quels que soient et en peut trouver un et un tels que les points n’appartiennent pas à. Il en résulte immédiatement que l’on a partout.
La réductibilité peut aussi souvent servir à reconnaître si une équation jouit de la propriété précédente.
32. - Comme dans le cas d’une seule variable, on peut considérer des équations réductibles.
Toute solution bornée d’une équation réductible est un pseudopolynome.
En général on peut même affirmer que la solution bornée la plus générale d’une équation réductible est la même que sa solution dans le champ des pseudo-polynomes. Il en est sûrement ainsi si les équations (55), (59) sont réductibles.
Ce cas arrive certainement pour l’équation
(61)
que nous avons déjà examiné pour [11].
La solution bornée générale de l’équation (61) est de la forme (56), où tous les coefficients fonctions arbitraires sont des fonctions bornées quelconques.
Pour que la solution bornée générale de l’équation (61) soit un polynome de degré en , de degré en , de degré en , il faut et il suffit que le polynome caractéristique de premier type soit de la forme
(62) ,
où la sommation est étendue aux valeurs , les valeurs pour lesquelles on a à la fois étant exclues. Il faut, en outre, que les constantes , …, soient toutes différentes de zéro. Des cas particuliers simples sont
.
Pour que la solution bornée générale de l’équation (61) soit un polynome quelconque de degré il faut et il suffit que le polynome caractéristique de premier type soit de la forme (62), où la sommation est étendue aux valeurs , pour lesquelles . Il faut en outre que toutes les constantes , pour lesquelles , soient différentes de zéro. Des cas particuliers simples sont
si est pair
On peut aussi voir tacilement que si
la sommation étant étendue à toutes les combinaisons à des nombres , la solution générale ne contient que des fonctions arbitraires d’au plus variables.
CHAPITRE V
Sur quelques propriétés fonctionnelles caractérisant les polynomes de deux variables
33.
•
Considérons le pseudo-polynome d’ordre ( ),
défini dans le domaine .
Faisons le changement de variables
(63)
la fonction devient alors .
Cherchons maintenant à déterminer les coefficients du pseudo-polynome de manière que soit encore un pseudopolynome en et . Sil en est ainsi, on peut trouver deux entiers positifs tels que l’on ait
identiquement en . Compte tenant de (63) et en appliquant l’opération par rapport à , nous trouvons
identiquement en . Il faut donc, en particulier, que l’on ait
ou, après de legères modifications,
Si nous sommes dans le cas où l’on peut affirmer que la solution générale de cette équation est un polynome, nous voyons que est de la forme
En répétant le procédé, on voit que
et, en général,
(64)
sous l’hypothèse que les solutions générales des équations pour sont des polynomes. Sous des hypothèses analogues on trouve que
(65)
Pour simplifier le langage nous dirons qu’une transformation (63) définit une direction T. Cette transformation signifie qu’on a pris un nouveau système d’axes . En particulier, le système initial Oxy est la direction . Nous pouvons supposer, sans restreindre la généralité, qu’on ne change jamais d’unité de longueur et nous pouvons alors supposer, ce que nous ferons toujours, que . De cette manière le système est complètement déterminé par les coefficients de la transformation (63). Nous dirons que deux directions sont complètement distinctes si les droites portant les quatres axes sont distinctes. Pour que les directions T et soient complètement distinctes il faut et il suffit que l’on ait
Si nous remarquons que les équations (64), (65) sont réductibles, nous pouvons énoncer le théorème suivant:
La condition nécessaire et suffisante pour qu’une fonction bornée, ou pour qu’une fonction mesurable, soit un pseudo-polynome dans deux directions complètement distinctes est que cette fonction se réduise à un polynome.
La condition est évidemment suffisante. Nous avons démontré qu’elle est aussi nécessaire pour et T ce qui ne restreint pas d’ailleurs la généralité. Nous avons tenu compte des propriétés du chap. III. Le théorème est vrai pour le domaine D. Dans la démonstration les variables varient de manière qu’on ne sorte pas du domaine D. Nous pouvons d’ailleurs raisonner de proche en proche, en décomposant le domaine D en domaines partiels convenables. Les conclusions sont parfaitement justifiées à cause de la propriété de prolongement dont jouissent les pseudopolynomes (Nr. 20).
On peut voir facilement que si les deux directions ne sont pas complètement distinctes la propriété n’est plus vraie.
34. - Déterminons maintenant la forme générale des polynomes qui sont des pseudo-polynomes d’ordre donné ( ) dans la direction initiale et d’ordre donné ( ) dans la direction T. Un tel polynome est évidemment une somme de polynomes homogènes jouissant de la même propriété, donc
où est un polynome homogène de degré .
On trouve facilement que si le polynome est complètement arbitraire. Dans le cas contraire il y a
conditions pour déterminer les coefficients . Ces conditions sont
où .
On peut d’ailleurs écrire les hypothèses faites sur sous la forme
(66)
De ces relations on déduit facilement que
donc,
Tout polynome qui est un pseudo-polynome d’ordre ( ) dans la direction et un pseudo-polynome d’ordre ( ) dans la direction T , est au plus de degré .
Supposons . De (66) on déduit facilement que pour que soit un pseudo-polynome d’ordre ( ) dans toute
direction il faut et il suffit que
donc,
La condition nécessaire et suffisante pour qu’une fonction bornée, ou pour qu’une fonction mesurable, soit un pseudo-polynome d’ordre ( ) dans toute direction est que cette fonction soit un polynome quelconque de degré .
35. - Il peuvent exister des polynomes de degré qui sont des pseudo-polynomes d’ordre ( ) dans une infinité de directions différentes. Nous dirons que la direction ’ T est rectangulaire si la transformation (63) est orthogonale, donc si les axes Ox’y’ sont rectangulaires (les axes primitifs Oxy le sont par hypothèse).
Pour que soit un pseudo-polynome d’ordre ( ) dans toute direction rectangulaire, il faut et il suffit que l’on ait
On en déduit immédiatement que
donc que est au plus de degré . Ce polynome est donc de la forme , où est un polynome arbitraire de degré . Pour déterminer le polynome , il est avantageux de l’écrire sous la forme , où avec et désigne le nombre imaginaire conjugué de . On a bien entendu, . Ce polynome doit vérifier l’équation
quel que soit . On trouve que
(67)
Le coefficient est nul ou arbitraire suivant que le second facteur de (67) est ou . Il peut arriver que disparesse complètement. Dans le cas contraire, on voit, qu’il est toujours divisible par . Le tableau suivant nous montre les résultats pour quelques valeurs de et
0
pair
1
+. 3 différent d’un carré parfait
0
1
2
impair, différent d’un carré parfait
0
2
pair, différent d’un carré parfait
2
impair,
2
pair,
Ici sont des constantes réelles et une constante complexe arbitraires.
36. - Faisons quelques remarques sur les résultats précédents. Le pseudo-polynome du Nr. 33 a été soumis en réalité à la seule condition de vérifier les équations , . Si, plus généralement, nous supposons que vérifie une certaine équations de première espèce, , nous obtenons, en partie au moins, les mêmes résultats. La seule différence et que les équations vérifiées par les
coefificients sont d’une forme un peu plus générale que (64), (65), mais sont, en tout cas, de la forme (28) (plus exactement de la forme (29). Nous pouvons donc énoncer la propriété suivante:
La fonction linéairement mesurable la plus générale, dont une différence de seconde espèce dans une direction et une différence de première espèce dans une direction , complètement distincte de , sont nulles identiquement, est un polynome.
La forme de ce polynome est d’ailleurs, évidemment, celle trouvée plus haut.
On peut supposer la fonction mesurable (superficiellement) et le résultat subsiste encore. En effet, on démontre facilement que la fonction est linéairement mesurable. Soit l’ensemble (de mesure ) des pour lesquelles eat une fonction mesurable de . Soit une valeur de et tenons compte du fait que vérifie l’équation . Faisons varier et de manière que l’on ait constamment . Pour tout couple de telles valeurs de , les nombres , appartiennent à , pour presque toutes les valeurs de h. En particulier, il en est ainsi pour des valeurs aussi petites que l’on veut de , ce qui suffit pour conclure que est mesurable de pour tout . On démontre de la même manière que est une fonction mesurable de pour toute valeur de . Remarquons que, en réalité, la fonction vérifie un système de deux équations de la forme (51). La seconde de ces équations est justement de la forme indiqué à la fin du Nr. 3I, qui assure la linéaire mesurabilité.
On pourait encore généraliser le résultat précédent, en supposant que dans la première direction seulement une différence de première espèce est nulle identiquement. Bien entendu, on suppose que la fonction vérifie encore certaines conditions, sous lesquelles on peut affirmer qu’elle est un pseudo-polynome.
Désignons par la valeur de la fonction au point : M. N. Ciorinnescu [3] a démontré que si la fonction vérifie l’équation fonctionnelle
(68)
pour tout quadruple de points formant un rectangle ( sommets oposés ’, elle se réduit à
M. N. Cioranescu suppose l’existence des dérivées de deux pre-
miers ordres de . On voit que le résultat de M. N. Crorxnescu subsiste sous des hypothéses beaucoup plus générales. Par exemple, sous les hypothèses suivantes:
est une fonction mesurable.
. l’équation (68) subsiste si forment un rectangle à cotés parallèles aux axes Oxy .
. l’équation (68) subsiste aussi si forment un carré à côtés parallèles aux axes d’une direction rectangulaire , complètement distincte de ’ .
En effet, doit être de la forme et la condition 30 donne encore .
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