Remarques sur un théorème de Cauchy relatif aux séries à termes constants, non-négatifs et non-croissants

Abstrait

Traduction en anglais du titre

Remarks on a Theorem of Cauchy Concerning Series with Constant, Non-Negative, and Non-Increasing Terms

Auteur(s)

Tiberiu Popoviciu
Institutul de Calcul

Mots-clés

PDF

Pour citer ce travail

T. Popoviciu, Remarques sur un théorème de Cauchy relatif aux séries à termes constants, non-négatifs et non-croissants, Rev. Roumaine Math. Pures Appl., 13 (1968), pp. 1017-1025 (in French)

Sur ce travail

Journal

Revue Roumaine de Mathématiques Pures et Appliquées

Publié par

Publishing House of the Romanian Academy

DOI

Non disponible.

Print ISSN

Non disponible.

Online ISSN

Non disponible.

google scholar link

HTML forme du travail (preprint)

Remarques sur un théorème de cauchy relatif aux séries à termes constants, non-négatifs et non-croissants

PAR
TIBERIU POPOVICIU
(Cluj)

On établit des conditions dans lesquelles, de la convergence, respectivement de la divergence de la série (4), résulte celle de la série (1). Les suites (un)\left(u_{n}\right), (cn)\left(c_{n}\right) sont soumises à certaines restrictions de non-négativité ou de monotonie.

  1. 1.

    A. L. Cauchy a démontré [2] que si la suite (un)n=0\left(u_{n}\right)_{n=0}^{\infty} est non-négative et non-croissante, les séries

    n=0un\displaystyle\sum_{n=0}^{\infty}u_{n} (1)
    n=02nu2n\displaystyle\sum_{n=0}^{\infty}2^{n}u_{2^{n}} (2)

    sont toujours de la même nature (toutes les deux convergentes ou toutes les deux divergentes). O. Schlömilch a généralisé [6] cette propriété de la manière suivante : si la suite de nombres entiers (gn)n=0\left(g_{n}\right)_{n=0}^{\infty} vérifie les propriétés […]

gn>gn10,gn÷1gnM(gngn1),n=1,2,g_{n}>g_{n-1}\geqq 0,g_{n\div 1}-g_{n}\leqq M\left(g_{n}-g_{n-1}\right),\quad n=1,2,\ldots

MM est un nombre positif, les séries (1) et
(3)

n=0(gn+1gn)ugn\sum_{n=0}^{\infty}\left(g_{n+1}-g_{n}\right)u_{g_{n}}

sont de la même nature, quelle que soit la suite ( unu_{n} ) non-négative et noncroissante. J. C. Kluyver a encore précisé ce résultat [3].

Dans la suite, en complétant ces résultats, nous nous proposons de trouver des conditions suffisantes et nécessaires que doit vérifier la suite
non-négative (cn)n=0\left(c_{n}\right)_{n=0}^{\infty} (la suite des multiplicateurs) telles que, quelle que soit la suite (un)n=0\left(u_{n}\right)_{n=0}^{\infty} non-négative et non-croissante, les séries (1) et

n=0cnun\sum_{n=0}^{\infty}c_{n}u_{n} (4)

soient de la même nature.
Nous allons examiner un problème analogue, en soumettant la suite (un)\left(u_{n}\right) à une condition, en général, moins restrictive que la non-croissance.
2. D’après K. Knopp [4] on dit que la suite (un)n=0\left(u_{n}\right)_{n=0}^{\infty} est α\alpha-fois monotone
si on a

Δαun=ν=0(1)ν(αν)un+ν=ν=0(να1ν)un+ν0,n=0,1,\Delta^{\alpha}u_{n}=\sum_{\nu=0}^{\infty}(-1)^{\nu}\binom{\alpha}{\nu}u_{n+\nu}=\sum_{\nu=0}^{\infty}\binom{\nu-\alpha-1}{\nu}u_{n+\nu}\geqq 0,\quad n=0,1,\ldots (5)

les séries du second membre étant convergentes.
Pour α=0\alpha=0 nous avons Δvun=un\Delta^{\mathrm{v}}u_{n}=u_{n} et nous obtenons les suites nonnégatives et pour α=1\alpha=1 nous avons Δ1un=unun+1\Delta^{1}u_{n}=u_{n}-u_{n+1} et nous obtenons les suites non-croissantes. Enfin Δ1un(α=1)\Delta^{-1}u_{n}(\alpha=-1) se réduit à la série v=0un+v\sum_{v=0}^{\infty}u_{n+v}.

A vrai dire pour α>0\alpha>0 la définition de K. Knopp est un peu plus restrictive puisqu’il considère seulement des suites ( unu_{n} ) non-négatives, hypothèse que nous admettrons toujours dans la suite. Si α>0\alpha>0, une suite (un)\left(u_{n}\right) dont tous les termes sont égaux à un même nombre quelconque (positif, nul on négatif) est α\alpha-fois monotone puisqu’alors Δαun=0\Delta^{\alpha}u_{n}=0, n=0,1,n=0,1,\ldots

Désignons par

Δmαun=ν=0m(να1ν)un+ν,m=0,1,\Delta_{m}^{\alpha}u_{n}=\sum_{\nu=0}^{m}\binom{\nu-\alpha-1}{\nu}u_{n+\nu},\quad m=0,1,\ldots (6)

les sommes partielles de la série du second membre de (5).
Les différences d’ordre α(5)\alpha(5), pour α\alpha réel quelconque, ont été introduites par A. F. Andersen [1]. Ce même auteur considère les sommes (6) (avec une notation un peu différente).
3. Dans la suite nous considérons seulement le cas 0α10\leqq\alpha\leqq 1. Nous avons alors le

Lemme 1. Si 0α10\leqq\alpha\leqq 1, pour que la suite (un)n=0\left(u_{n}\right)_{n=0}^{\infty} soit α\alpha-fois monotone, il faut et il suffit que

Δmαun0,.m,n=0,1,\Delta_{m}^{\alpha}u_{n}\geqq 0,\quad.\quad m,n=0,1,\ldots (7)

Remarquons que (si 0α10\leqq\alpha\leqq 1 ) nous avons (να1ν)0,ν==1,2,\binom{\nu-\alpha-1}{\nu}\leqq 0,\quad\nu==1,2,\ldots (l’égalité n’est d’ailleurs pas possible si 0<α<10<\alpha<1 ). Nous pouvons passer à la démonstration du lemme.

La condition est nécessaire. En effet, si m0m\geqslant 0, la série m+1(να1ν)un+ν\sum_{m+1}^{\infty}\binom{\nu-\alpha-1}{\nu}u_{n+\nu} est convergente et a termes non-positifs. De Δαun0\Delta^{\alpha}u_{n}\geqq 0 il résulte donc

Δmαun=ν=m+1(να1ν)un+ν0,m=0,1,\Delta_{m}^{\alpha}u_{n}=-\sum_{\nu=m+1}^{\infty}\binom{\nu-\alpha-1}{\nu}u_{n+\nu}\geqq 0,\quad m=0,1,\ldots

La condition est suffisante. De (7) il résulte que

ν=1(να1ν)un+νun,m=1,2,\sum_{\nu=1}^{\infty}\binom{\nu-\alpha-1}{\nu}u_{n+\nu}\geqq-u_{n},\quad m=1,2,\ldots

ce qui nous montre que la série v=1(vα1v)un+v\sum_{v=1}^{\infty}\binom{v-\alpha-1}{v}u_{n+v}, à termes non-positifs, est convergente. La propriété en résulte.

Le lemme 1 est done démontré.
4. Dans la suite nous ferons usage d’une importante généralisation de la célèbre formule de transformation d’Abel. Cette formule générale est aussi due à A. F. Andersen [1] et on peut l’écrire sous la forme symétrique

ν=0nanνbν=ν=0nΔναanνΔnναbν,\sum_{\nu=0}^{n}a_{n-\nu}b_{\nu}=\sum_{\nu=0}^{n}\Delta_{\nu}^{-\alpha}a_{n-\nu}\cdot\Delta_{n-\nu}^{\alpha}b_{\nu},

α\alpha est un nombre quelconque.
Nous écrivons cette formule sous la forme suivante

ν=0naνbν=ν=0n(μ=0ν(α+νμ1νμ)aμ)Δnναbν\sum_{\nu=0}^{n}a_{\nu}b_{\nu}=\sum_{\nu=0}^{n}\left(\sum_{\mu=0}^{\nu}\binom{\alpha+\nu-\mu-1}{\nu-\mu}a_{\mu}\right)\Delta_{n-\nu}^{\alpha}b_{\nu} (8)

Remarquons que v=0n(α+nv1nv):=(α+nn)\sum_{v=0}^{n}\binom{\alpha+n-v-1}{n-v}:=\binom{\alpha+n}{n} et posons

Cn=1(α+nn)ν=0n(α+nν1nν)cν,n=0,1,C_{n}=\frac{1}{\binom{\alpha+n}{n}}\sum_{\nu=0}^{n}\binom{\alpha+n-\nu-1}{n-\nu}c_{\nu},\quad n=0,1,\ldots (9)

et

Cm,n=1(α+nn)ν=0n(α+nν1nν)cm+ν,m,n=0,1,C_{m,n}=\frac{1}{\binom{\alpha+n}{n}}\sum_{\nu=0}^{n}\binom{\alpha+n-\nu-1}{n-\nu}c_{m+\nu},\quad m,n=0,1,\ldots (10)

qui ont un sens si 0α10\leqq\alpha\leqq 1 (même pour d’autres valeurs de α\alpha, par exemple pour α>1\alpha>-1 ).

Nous avons C0,n=Cn,n=0,1,C_{0,n}=C_{n},n=0,1,\ldots
Pour α=0\alpha=0, les formules (9), (10) reviennent à Cn=cn,Cm,n=cm+nC_{n}=c_{n},C_{m,n}=c_{m+n}. respectivement.

Nous avons la formule

Cm+1,n=(α+n+1)Cm,n+1αcmn+1.C_{m+1,n}=\frac{(\alpha+n+1)C_{m,n+1}-\alpha c_{m}}{n+1}. (11)
  1. 5.

    De la formule (11) il résulte que lim¯Cm,n,lim¯m,n\underline{\lim}C_{m,n},\varlimsup_{m,n} sont indépendants de mm. En particulier donc nous avons

limCn=lim𝑛Cm,n,lim¯Cn=lim¯nCm,n\lim C_{n}=\underset{n}{\lim}C_{m,n},\varlimsup C_{n}=\varlimsup_{n}C_{m,n} (12)

pour toute valeur de l’indice mm.
Nous en déduisons le
Lemme 2. 11^{\circ}. Pour que l’on ait limCn>0\lim C_{n}>0 il faut et il suffit qu’il existe un indice mm tel que infCm,n>0¯\inf C_{m,n}>\overline{0}.
22^{\circ}. Pour que l’on ait limnCn<+\lim_{n}C_{n}<+\infty il faut et il suffit qu’il existe un indice mm tel que sup Cm,n<+C_{m,n}<+\infty.

Démontrons la première partie du lemme. Si limCn>0\lim C_{n}>0, la suite (cn)n=0\left(c_{n}\right)_{n=0}^{\infty} doit contenir une infinité de termes positifs. Si mm est un indice tel que cm>0c_{m}>0, on a Cm,n>0,n=0,1,C_{m,n}>0,n=0,1,\ldots Nous avons alors inf Cm,n>0C_{m,n}>0, car autrement (si donc infnCm,n=0\inf_{n}C_{m,n}=0 ) il en résulterait limn¯𝒞m,n=0\underline{\lim^{n}}\cdot\mathscr{C}_{m,n}=0, ce qui contredit la première formule (12). Réciproquement, de inf Cm,n>0C_{m,n}>0 il résulte lim¯Cm,n>0\underline{\lim}C_{m,n}>0, donc lim¯Cn>0\underline{\lim}C_{n}>0, d’après la formule (12)n{}^{n}(12).

Passons à la démonstration (plus simple) de la seconde partie du lemme 2.

Ceci résulte du fait qu’une suite est bornée supérieurement si et seulement si sa limite supérieure est <+<+\infty. D’ailleurs, lim¯limCn\varlimsup\mathrm{lim}C_{n} et lim¯nCm,n\varlimsup_{n}C_{m,n}, quel que soit mm, sont en même temps finis ou infinis.
6. Désignons maintenant par sn,n=0,1,s_{n},n=0,1,\ldots, les sommes partielles de la série (1) et par tn,n=0,1,t_{n},n=0,1,\ldots, les sommes partielles de la série (4).

En appliquant la formule de transformation (8), nous en déduisons ( t1=0t_{-1}=0 )
(13)

tm+ntm1=ν=0ncm+νum+ν=ν=0nCmν(α+νν)Δnναum+ν,m,n=0,1,t_{m+n}-t_{m-1}=\sum_{\nu=0}^{n}c_{m+\nu}u_{m+\nu}=\sum_{\nu=0}^{n}C_{m\cdot\nu}\binom{\alpha+\nu}{\nu}\Delta_{n-\nu}^{\alpha}u_{m+\nu},\quad m,n=0,1,\ldots

et, en particulier (en prenant cn=1,n=0,1,c_{n}=1,n=0,1,\ldots, et s1=0s_{-1}=0 )

sm+nsm1=v=0n(α+vv)Δnvαum+v,m,n=0,1,s_{m+n}-s_{m-1}=\sum_{v=0}^{n}\binom{\alpha+v}{v}\Delta_{n-v}^{\alpha}u_{m+v},\quad m,n=0,1,\ldots (14)

Nous allons maintenant démontrer le
Théorème 1. Si 0α10\leqq\alpha\leqq 1 et si la suite (un)n=0\left(u_{n}\right)_{n=0}^{\infty} est non-négative et α\alpha-fois monotone :
11^{\circ}. Lorsque la suite non-négative (cn)n=0\left(c_{n}\right)_{n=0}^{\infty} vérifie l’inégalité lim¯Cn>0\underline{\lim}C_{n}>0, de la divergence de la série (1) résulte celle de la série (4).
22^{\circ}. Lorsque la suite non-négative (cn)n=0\left(c_{n}\right)_{n=0}^{\infty} vérifie l’inégalité 1m¯Cn<+\overline{1m}C_{n}<+\infty, de la convergence de la série (1) résulte celle de la série (4).

Si la suite (un)n=0\left(u_{n}\right)_{n=0}^{\infty} a seulement un nombre fini de termes différents de zéro, les séries (1) et (4) sont toujours toutes les deux convergentes et le théorème 1 en résulte.

Dans le cas contraire (si donc une infinité de unu_{n} sont différents de zéro), supposons limCn>0\lim C_{n}>0. D’après le lemme 2 , il existe un indice mm tel que inf Cm,n>0¯C_{m,n}>\overline{0}. Il existe alors un NN tel que sm+nsm1>0s_{m+n}-s_{m-1}>0 pour. n>N. De (13) et (14) il résulte que nn>N.\stackrel{{\scriptstyle n}}{{\text{ De (13) et (14) il résulte que }}}

0<infpCm,pmin(Cm,0,Cm,1,,Cm,n)tm+ntm1sm+nsm1, pour n>N\begin{gathered}0<\inf_{p}C_{m,p}\leqq\min\left(C_{m,0},\quad C_{m,1},\ldots,C_{m,n}\right)\leqq\\ \leqq\frac{t_{m+n}-t_{m-1}}{s_{m+n}-s_{m-1}},\text{ pour }n>N\end{gathered}

d’où résulte la première partie du théorème 1, en vertu des propriétés des séries à termes non-négatifs et de la première formule de la moyenne (relative aux moyennes arithmétiques pondérées).

La seconde partie du théorème résulte de la même manière de la formule

tm+ntm1sm+nsm1max(Cm,0,Cm,1,,Cm,n)suppCm,p<+, pour n>N\begin{gathered}\frac{t_{m+n}-t_{m-1}}{s_{m+n}-s_{m-1}}\leqq\max\left(C_{m,0},C_{m,1},\ldots,C_{m,n}\right)\leqq\\ \leqq\sup_{p}C_{m,p}<+\infty,\text{ pour }n>N\end{gathered}

en supposant que sup Cm,n<+C_{m,n}<+\infty, le nombre NN étant toujours déterminé tel que sm+nsm1>0s_{m+n}-s_{m-1}>0 pour n>Nn>N.

Du théorème 1 résulte le
Corollatre 1. Si 0α10\leqq\alpha\leqq 1 et si la suite (cn)n=0\left(c_{n}\right)_{n=0}^{\infty} vérifie les inégalités

0<lim¯Cnlim¯limCn<+0<\underline{\lim}C_{n}\leqq\varlimsup\lim C_{n}<+\infty

où les CnC_{n} sont donnés par les formules (9), les séries (1) et (4) sont de la même nature.

Remarques. La généralité plus ou moins grande des conditions du théorème 1 résulte, d’une part, du fait que d’après K. Knopp [4] si 0βα10\leqq\beta\leqq\alpha\leqq 1 toute suite α\alpha-fois monotone (et tendant vers 0 ) est aussi β\beta-fois monotone et, d’autre part, si pour mettre en évidence l’ordre α\alpha, nous désignons par Cn(α)C_{n}^{(\alpha)} les expressions (9), nous avons

Cn(α)=1(α+nn)v=0n(αβ+nv1nv)(β+vv)Cv(β).C_{n}^{(\alpha)}=\frac{1}{\binom{\alpha+n}{n}}\sum_{v=0}^{n}\binom{\alpha-\beta+n-v-1}{n-v}\binom{\beta+v}{v}C_{v}^{(\beta)}.

On a

v=0n(αβ+nv1nv)(β+vv)=(α+nn)\sum_{v=0}^{n}\binom{\alpha-\beta+n-v-1}{n-v}\binom{\beta+v}{v}=\binom{\alpha+n}{n}

tous les termes de la somme du premier membre étant 0\geq 0. Remarquons aussi que, pour tout vv donné, on a
(αβ+nν1nν)(β+νν)(α+nn)=(β+νν)(nν)nν1(α+nν)γ=0n(1β+1α+γ+1)0\frac{\binom{\alpha-\beta+n-\nu-1}{n-\nu}\binom{\beta+\nu}{\nu}}{\binom{\alpha+n}{n}}=\frac{\binom{\beta+\nu}{\nu}\binom{n}{\nu}^{n-\nu-1}}{\binom{\alpha+n}{\nu}}\prod_{\gamma=0}^{n}\left(1-\frac{\beta+1}{\alpha+\gamma+1}\right)\rightarrow 0
pour n0n\rightarrow 0. Il résulte alors de la théorie de la sommabilité par séries divergentes que

limCn(β)limCn(α)lim¯Cn(α)lim¯Cn(β).\lim C_{n}^{(\beta)}\leqq\lim C_{n}^{(\alpha)}\leqq\varlimsup C_{n}^{(\alpha)}\leqq\varlimsup C_{n}^{(\beta)}.

Pour le cas α=1\alpha=1 nous allons donner un résultat plus complet.
7. Pour être complet nous allons examiner d’abord le cas α=0\alpha=0, qui est d’ailleurs bien connu dans la théorie des séries. Nous avons le

Théorème 2. Si la suite (un)n=0\left(u_{n}\right)_{n=0}^{\infty} est non-négative :
11^{\circ}. Pour que de la divergence de la série (1) résulte celle de la série (4), il faut et il suffit que l’on ait limcn>0\lim c_{n}>0.
22^{\circ}. Pour que de la convergence de¯\overline{de} la série (1) résulte celle de la série
(4), il faut et il suffit que l’on ait lim¯cn<+\overline{\lim}c_{n}<+\infty.

On suppose, bien entendu, que la suite (cn)n=0\left(c_{n}\right)_{n=0}^{\infty} est non-négative.
La suffisance des conditions résulte du théorème 1. Il reste à démontrer que ces conditions sont aussi nécessaires.

Nous montrerons d’abord que si lim¯cn=0\underline{\lim}c_{n}=0, on peut trouver une série
(1) divergente telle que la série (4) soit convergente. En effet, dans ce cas, on peut trouver une suite partielle (infinie)
(15)

cnt,cn2,,cnk,c_{n_{t}},c_{n_{2}},\ldots,c_{n_{k}},\ldots

de (cn)\left(c_{n}\right) telle que l’on ait

cnk<1k,k=1,2,c_{n_{k}}<\frac{1}{k},\quad k=1,2,\ldots

Il suffit alors de considérer la série (1), où

un=0,nnk,unk=1k,k=1,2,u_{n}=0,n\neq n_{k},u_{n_{k}}=\frac{1}{k},\quad k=1,2,\ldots
  • Montrons maintenant que si lim¯cn=+\varlimsup c_{n}=+\infty, on peut trouver une série (1) convergente telle que la série correspondante (4) soit divergente. Dans ce cas on peut trouver la suite partielle (15) de manière que

cnk>k,k=1,2,c_{n_{k}}>k,\quad k=1,2,\ldots

et il suffit de prendre

un=0,nnk,unk=1k2,k=1,2,u_{n}=0,n\neq n_{k},u_{n_{k}}=\frac{1}{k^{2}},\quad k=1,2,\ldots

Nous déduisons aussi le
Corollatre 2. Pour que les séries (1) et (4) soient de la même nature quelle que soit la suite non-négative (un)n=0\left(u_{n}\right)_{n=0}^{\infty}, il faut et il suffit que la suite non-négative (cn)n=0\left(c_{n}\right)_{n=0}^{\infty} vérifie les inégalités 0<lim¯cnlimcn<+0<\underline{\lim}c_{n}\leqq\lim c_{n}<+\infty.
8. Reprenons maintenant le cas α=1\alpha=1. Nous avons alors le

Théorème 3. Si la suite (un)n=0\left(u_{n}\right)_{n=0}^{\infty} est non-négative et non-croissante :
11^{\circ}. Pour que de la divergence de la série (1) résulte calle de la série (4), il faut et il suffit que l’on ait l>0l>0.
22^{\circ}. Pour que de la convergence de la série (1) résulte celle de la série (4), il faut et il suffit que l’on ait L<+L<+\infty.

Conservant les notations précédentes, dans l’énoncé de ce théorème nous avons posé aussi

l=lim¯c0+c1++cnn+1,L=lim¯c0+c1++cnn+1.l=\underline{\lim}\frac{c_{0}+c_{1}+\ldots+c_{n}}{n+1},\quad L=\overline{\lim}\frac{c_{0}+c_{1}+\ldots+c_{n}}{n+1}. (16)

La suffisance des conditions résulte du théorème 1 . Nous avons donné cette propriété il y a déjà longtemps [5]. Il reste à démontrer que les conditions sont aussi nécessaires.

Supposons d’abord l=0l=0. Nous allons construire une série (1) divergente telle que la série (4) soit convergente.

En vertu de la première formule (12), de toute suite (Cm,n)n=0\left(C_{m,n}\right)_{n=0}^{\infty} on peut extraire une suite partielle tendant vers zéro. On peut, en particulier, trouver un n1n_{1} tel que Cn1<1C_{n_{1}}<1. On peut ensuite trouver un n2n_{2}, aussi grand que l’on veut, en particulier un n2>n1n_{2}>n_{1} tel que Cn1+1,n2n11<12C_{n_{1}+1,n_{2}-n_{1}-1}<\frac{1}{2}. On peut trouver ensuite un n3n_{3} aussi grand que l’on veut, en particulier tel que n32n2+n1>0n_{3}-2n_{2}+n_{1}>0 et tel que Cn2+1,n3n21<13C_{n_{2}+1,n_{3}-n_{2}-1}<\frac{1}{3}. En général, pour tout k=2,3,k=2,3,\ldots et les n1,n2,,nk1n_{1},n_{2},\ldots,n_{k-1} étant déterminés, on peut trouver un nkn_{k}, aussi grand que l’on veut, en particulier un nkn_{k} vérifiant l’inégalitó

nk2nk1+nk2>0,k=3,4,(n2>n1)n_{k}-2n_{k-1}+n_{k-2}>0,\quad k=3,4,\ldots\left(n_{2}>n_{1}\right) (17)

et tel que

Cnk1+1,nknk11<1k,k=1,2,(n0=1).C_{n_{k-1}+1,n_{k}-n_{k-1}-1}<\frac{1}{k},\quad k=1,2,\ldots\left(n_{0}=-1\right). (18)

Définissons alors la série (1) telle que

unk1+1=unk1+2==unk=1k(nknk1),k=1,2,(n0=1).u_{n_{k-1}+1}=u_{n_{k-1}+2}=\ldots=u_{n_{k}}=\frac{1}{k\left(n_{k}-n_{k-1}\right)},\quad k=1,2,\ldots\left(n_{0}=-1\right).

Cette série est divergente puisque

snk=1+12++1k,k=1,2,s_{n_{k}}=1+\frac{1}{2}+\ldots+\frac{1}{k},\quad k=1,2,\ldots

mais la série (4) est convergente puisque dans ce cas de la formule (13) il résulte

tnktnk1=Cnk1+1,nknk11(nknk1)unk\displaystyle t_{n_{k}}-t_{n_{k-1}}=C_{n_{k-1}+1,n_{k}-n_{k-1}-1}\left(n_{k}-n_{k-1}\right)u_{n_{k}}
k=1,2,(n0=1,t1=0)\displaystyle k=2,\ldots\left(n_{0}=-1,t_{-1}=0\right)

d’où, en tenant compte de (18),

tnk<1+122++1k2,k=1,2,t_{n_{k}}<1+\frac{1}{2^{2}}+\ldots+\frac{1}{k^{2}},\quad k=1,2,\ldots

Pour que la démonstration soit complète il faut démontrer que dans cet exemple la suite (un)n=0\left(u_{n}\right)_{n=0}^{\infty} est bien non-croissante. Or ceci résulte de (17). En effet, on a d’abord nknk1>0n_{k}-n_{k-1}>0 et l’inégalité unk1>unku_{n_{k-1}}>u_{n_{k}} revient à
ou

1(k1)(nk1nk2)>1k(nknk2)k(nknk1)(k1)(nk1nk2)==k(nk2nk1+nk2)+(nk1nk2)>0\begin{gathered}\frac{1}{(k-1)\left(n_{k-1}-n_{k-2}\right)}>\frac{1}{k\left(n_{k}-n_{k-2}\right)}\\ k\left(n_{k}-n_{k-1}\right)-(k-1)\left(n_{k-1}-n_{k-2}\right)=\\ =k\left(n_{k}-2n_{k-1}+n_{k-2}\right)+\left(n_{k-1}-n_{k-2}\right)>0\end{gathered}

ce qui est vrai.
Supposons maintenant que L=+L=+\infty. Nous allons construire une série (1) convergente telle que la série correspondante (4) soit divergente.

Dans ce cas nous pouvons choisir les nombres n1,n2,,nk,n_{1},n_{2},\ldots,n_{k},\ldots de manière que l’on ait encore (17) et

Cnk1+1,nknk11>k,k=1,2,(n0=1)C_{n_{k-1}+1,n_{k}-n_{k-1}-1}>k,\quad k=1,2,\ldots\left(n_{0}=-1\right)

Définissons alors la série (1) telle que
unk1+1=unk1+2==unk=1k2(nknk1),k=1,2,(n0=1)u_{n_{k-1}+1}=u_{n_{k-1}+2}=\ldots=u_{n_{k}}=\frac{1}{k^{2}\left(n_{k}-n_{k-1}\right)},\quad k=1,2,\ldots\left(n_{0}=-1\right).
Dans ce cas la série (1) est convergente puisque

snk=1+122++1k2,k=1,2,s_{n_{k}}=1+\frac{1}{2^{2}}+\ldots+\frac{1}{k^{2}},\quad k=1,2,\ldots

mais la série (4) est divergente puisque

tnk>1+12++1k,k=1,2,t_{n_{k}}>1+\frac{1}{2}+\ldots+\frac{1}{k},\quad k=1,2,\ldots

La suite (un)n=0\left(u_{n}\right)_{n=0}^{\infty} est encore non-croissante puisque l’inégalité unk2>unku_{n_{k-2}}>u_{n_{k}} revient à

1(k1)2(nk1nk2)>1k2(nknk1)\frac{1}{(k-1)^{2}\left(n_{k-1}-n_{k-2}\right)}>\frac{1}{k^{2}\left(n_{k}-n_{k-1}\right)}

ou

k2(nk2nk1+nk2)+(2k1)(nk˙1nk2)>0k^{2}\left(n_{k}-2n_{k-1}+n_{k-2}\right)+(2k-1)\left(n_{\dot{k}-1}-n_{k-2}\right)>0

Du théorème 3 nous déduisons le
Corollarre 3. Pour que les séries (1) et (4) soient de la même nature, quelle que soit la suite non-négative et non-décroissante (un)n=0\left(u_{n}\right)_{n=0}^{\infty}, il faut et il suffit que la suite non-négative (cn)n=0\left(c_{n}\right)_{n=0}^{\infty} vérifie les inégalités 0<lL<+0<l\leqq L<+\infty, où les nombres l,Ll,L sont donnés par (16).

Dans le cas (3) de Schlömilch nous pouvons d’abord remarquer que gngn1+1g_{n}\geqq g_{n-1}+1, donc gng0+ng_{n}\geqq g_{0}+n, pour n=1,2,n=1,2,\ldots Le nombre MM est nécessairement 1\geqq 1. Fn. effet, rous avons 1gn+1gnMn(y1g0)1\leqq g_{n+1}-g_{n}\leqq\leq M^{n}\left(y_{1}-g_{0}\right) qui, pour 0<M<10<M<1 ne peut être vérifié pour nn assez grand. Si gkn<gk+1,(k>0)g_{k}\leqq n<g_{k+1},\quad(k>0) nous avons

gk+1g0gk+1Cngk+1gngk+1\frac{g_{k+1}-g_{0}}{g_{k+1}}\leqq C_{n}\leqq\frac{g_{k+1}-g_{n}}{g_{k}+1}

d’où il résulte

k+1g0+k+1\displaystyle\frac{k+1}{g_{0}+k+1} gk+1g0gk+1Cngk+M(gkgk1)g0gk+1=\displaystyle\leqq\frac{g_{k+1}-g_{0}}{g_{k+1}}\leqq C_{n}\leqq\frac{g_{k}+M\left(g_{k}-g_{k-1}\right)-g_{0}}{g_{k}+1}=
=(1+M)gkgk+1Mgk1+g0gk+1<M+1\displaystyle=\frac{(1+M)g_{k}}{g_{k}+1}-\frac{Mg_{k-1}+g_{0}}{g_{k}+1}<M+1

ce qui nous montre que dans ce cas l1,LM+1l\geqq 1,L\leqq M+1. D’ailleurs de Cgk+11=gk+1g0gk+1C_{g_{k+1}-1}=\frac{g_{k+1}-g_{0}}{g_{k+1}} et de gk+1+g_{k+1}\rightarrow+\infty pour k+k\rightarrow+\infty, il résulte que l=1l=1.

Dans le cas particulier (2), de Cauchy, nous avons gk=2k,k=0,1,g_{k}=2^{k},k=0,1,\ldots et l=1,L=2l=1,L=2.

Reçu le 23 octobre 1967
Institut de Calcul
la République Socialiste de Roumanie de la Filiale de Cluj

BIBLIOGRAPHIE

  1. 1.

    Andersen, A. F., Studier over Cesaro’s summabililetsmetode, Diss. Köbenhavn, 1921.

  2. 2.

    Cauchy, A. L., Analyse algébrique, p. 135.

  3. 3.

    Kluyver, J. C., Eene uitbreiding van het convergentiekenmerk van Cauchy, Nieuw Archief (2), 8, 373–374 (1909).

  4. 4.

    Knopp, K., Mehrfach monotone Zahlenfolgen, Mathematische Zeitschrift, 22, 75–85 (1925).

  5. 5.

    Popoviciu, T., Curs de calcul diferențial și integral, I partie, 1940–41 (Bucarest) (lithographie).

  6. 6.

    Schlömilch, O., Über die gleichzeitige Konvergenz oder Divergenz zweier Reihen, Zeitschrift für Math. u. Physik, 18, 425–426 (1873).

1968

Related Posts